L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) du Liban continue de croître, alimenté par une crise économique persistante. Alors que le mois dernier a vu une hausse notable des prix, l’année 2024 montre une tendance globale à l’inflation. De septembre 2023 à septembre 2024, le taux d’inflation est de 32,92%. En regardant en arrière, depuis 2019, l’IPC a grimpé de façon dramatique, entraînant des conséquences sociales et économiques désastreuses pour les ménages libanais.
1. Focus sur le mois dernier : septembre 2024
Les données pour septembre 2024 montrent des hausses significatives dans plusieurs secteurs clés, accentuant encore la pression sur les ménages même si le taux global est négatif de 0,18%. En voici les principales évolutions pour le mois dernier :
- Alimentation et boissons non alcoolisées : L’indice atteint 27 167 en septembre, une hausse par rapport à août (26 913), marquant une progression de près de 1 % en un mois. Cette augmentation continue reflète la flambée des prix des denrées alimentaires de base, due à l’instabilité économique et à la dépréciation de la livre libanaise.
- Boissons alcoolisées et tabac : Le prix des boissons alcoolisées et du tabac passe de 22 605 en août à 23 274 en septembre, soit une augmentation de 2,96 %. Cette progression est alimentée par la taxation accrue et l’augmentation des coûts d’importation.
- Habillement et chaussures : Ce secteur enregistre une baisse relative, avec un indice tombant de 27 857 en août à 27 475 en septembre, soit une diminution de 1,4 %. Cette légère baisse pourrait être liée à une demande saisonnière moins forte.
- Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles : Après plusieurs mois de hausse, les prix se stabilisent, l’indice reste inchangé à 1 440 entre août et septembre. Cependant, cette stabilité ne masque pas la hausse globale observée depuis le début de l’année (1 335 en mars).
- Loyer réel : L’indice du loyer passe de 602 en août à 606 en septembre, soit une augmentation de 0,7 %. Cette hausse, bien que modérée, continue de peser lourdement sur les ménages, d’autant plus que les salaires stagnent.
En résumé :
Le mois de septembre 2024 confirme une tendance inflationniste globale, avec des hausses marquées dans l’alimentation, les boissons alcoolisées et les loyers. Les baisses observées dans le secteur de l’habillement ne suffisent pas à compenser l’augmentation généralisée du coût de la vie avec des prix tout juste stables
2. Vue d’ensemble sur l’année 2024
En comparant les indices depuis le début de l’année 2024, on observe une progression nette des prix dans presque toutes les catégories.
- Alimentation et boissons non alcoolisées : L’indice a commencé l’année à environ 26 000 et a progressé pour atteindre 27 167 en septembre, soit une augmentation de près de 4,5 %. Cette hausse constante démontre l’impact de la dépréciation monétaire et des coûts d’importation.
- Boissons alcoolisées et tabac : L’indice était à 22 127 en mars et atteint 23 274 en septembre, marquant une augmentation de 5,2 %. Cette hausse est le reflet de l’augmentation des taxes et des coûts de production.
- Habillement et chaussures : Le secteur a connu une fluctuation tout au long de l’année, avec un pic en avril à 28 497 avant de redescendre à 27 475 en septembre. Le coût de l’habillement a diminué en raison de la baisse de la demande, bien que les prix restent plus élevés que ceux de mars 2024.
- Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles : Le coût de l’énergie et du logement a fortement augmenté en 2024. L’indice était de 1 335 en mars et a atteint 1 440 en septembre, une hausse de 7,8 % en seulement six mois. Cette augmentation est due en partie à la pénurie d’énergie et aux coûts d’importation de combustibles.
- Loyer réel : L’indice du loyer a augmenté de manière régulière depuis mars (567) jusqu’à atteindre 606 en septembre, soit une hausse de 7 %. Cette augmentation reflète l’aggravation de la crise du logement, exacerbée par la dépréciation de la livre et la pression sur l’offre locative.
Bilan pour l’année 2024 :
Les données montrent une inflation constante dans presque tous les secteurs, avec une progression régulière des prix des denrées alimentaires, des boissons, et des services essentiels comme le logement et l’énergie. Ces hausses pèsent lourdement sur la majorité des ménages, dont les revenus ont considérablement diminué en termes de pouvoir d’achat.
3. L’évolution depuis 2019 : de la crise économique à l’hyperinflation
Depuis 2019, le Liban a plongé dans une spirale inflationniste sans précédent, entraînée par la dévaluation de la livre libanaise, l’effondrement des institutions financières et la crise politique. En comparant les niveaux actuels à ceux de 2019, l’ampleur de la crise devient évidente.
- Alimentation et boissons non alcoolisées : En 2019, l’indice des prix alimentaires était bien en dessous des niveaux actuels. Depuis, les prix ont explosé, augmentant de plusieurs centaines de pourcents. Cette hausse est exacerbée par les difficultés d’importation dues à la dépréciation de la monnaie.
- Boissons alcoolisées et tabac : Depuis 2019, ce secteur a vu une augmentation significative, largement influencée par la taxation accrue et la rareté des produits importés. Les prix ont grimpé de manière exponentielle, rendant ces produits inaccessibles pour une grande partie de la population.
- Habillement et chaussures : Les fluctuations des prix dans ce secteur reflètent la volatilité de l’économie libanaise depuis 2019. Bien que les prix aient grimpé, la demande a chuté en raison de la diminution du pouvoir d’achat, entraînant parfois des baisses temporaires.
- Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles : Depuis 2019, le coût du logement et des services énergétiques a grimpé en flèche. Les augmentations régulières depuis 2024 s’inscrivent dans une tendance globale où le coût du logement a augmenté de plusieurs milliers de pourcents depuis la crise.
- Loyer réel : Le loyer, qui était relativement stable avant 2019, a explosé dans le contexte de l’effondrement économique. L’indice actuel de 606 (contre 567 en mars 2024) est très élevé comparé aux niveaux pré-crise, rendant le logement inabordable pour la plupart des Libanais.