samedi, novembre 8, 2025

Les derniers articles

Articles liés

Visite du pape au Liban : programme officiel, enjeux pastoraux et logistiques

- Advertisement -

Séquence d’arrivée et rencontres d’État

Le déplacement débute à 15 h 45 le 30 novembre par l’arrivée à l’aéroport international de Beyrouth, suivie d’une cérémonie d’accueil. À 16 h 45, une visite de courtoisie est prévue auprès du président de la République au palais présidentiel. À 17 h 15, une rencontre est annoncée avec le président de l’Assemblée nationale, puis à 17 h 30 avec le Premier ministre. À 18 h 00, le pape s’adresse aux autorités, à la société civile et au corps diplomatique. Ce premier volet protocolaire inscrit la visite dans la séquence républicaine classique : accueil d’État, entretiens séparés avec les trois têtes de l’exécutif et du législatif, puis discours de cadrage. Les priorités attendues de ces échanges portent sur la protection de la présence chrétienne au Levant, l’appui aux réformes institutionnelles, la consolidation de l’autorité de l’État et la défense de la liberté de religion et de conscience. La salle et le format retenus pour l’allocution aux autorités facilitent un message transversal : encouragement au dépassement des blocages, rappel du rôle social des communautés religieuses et invitation au dialogue politique comme méthode. Dans un contexte de tensions au Sud et de pression internationale sur les réformes économiques et judiciaires, cette séquence d’ouverture permettra d’aligner la dimension pastorale avec les attentes civiques : la diplomatie pontificale mise sur le langage des passerelles, la modération des discours et l’invitation à l’écoute réciproque. La présence conjointe des représentants des autorités civiles et du corps diplomatique donne à l’adresse du souverain pontife une portée simultanément nationale et internationale, utile pour renforcer la visibilité des messages sur la souveraineté, la coexistence et l’État de droit.

Lundi 1er décembre 2025 : Annaya, Harissa, Bkerké, axe spirituel et ecclésial

La journée du lundi s’articule autour de trois pôles : la mémoire spirituelle à Annaya, la vie ecclésiale à Harissa, puis l’ouverture œcuménique et la jeunesse à Beyrouth et Bkerké. À 9 h 45, le pape effectue une visite et une prière sur la tombe de saint Charbel Makhlouf au monastère de Saint-Maron à Annaya. Ce geste inscrit la visite dans la grande tradition des pèlerinages aux figures de sainteté locales, très ancrées dans l’imaginaire national. La dimension est double : un temps de recueillement adressé au pays entier, au-delà des appartenances, et une reconnaissance du rôle des monastères comme lieux de prière et de service social. Le choix de commencer par Annaya est hautement symbolique : la sainteté de la vie monastique, le silence, l’universalité d’une figure qui attire croyants et non-croyants, et l’appel implicite à la sobriété des cœurs face aux fractures publiques. À 11 h 20, un temps fort ecclésial réunit évêques, prêtres, consacrés et agents pastoraux au sanctuaire de Notre-Dame du Liban à Harissa. L’adresse du pape y assume un rôle de confirmation dans la foi et d’encouragement au ministère. Les sujets pressentis : la formation au discernement, la présence de l’Église auprès des pauvres, la protection des mineurs et des personnes vulnérables, l’éducation catholique dans un paysage socio-économique fragilisé, et la coopération inter-rituelle entre Églises orientales catholiques et latine. La localisation à Harissa, point de vue sur la baie et cœur marial national, ancre l’invitation à l’espérance : spiritualité populaire, liturgie, mission scolaire et hospitalière. À 12 h 30, une rencontre privée est prévue avec les patriarches catholiques à la nonciature apostolique. Ce format restreint favorise la franchise : gouvernement de l’Église, coordination pastorale, synodalité, situations locales de diaspora, et dossiers de coopération caritative. L’après-midi, à 16 h 00, une rencontre œcuménique et interreligieuse est programmée sur la place des Martyrs à Beyrouth. Le choix de ce lieu, chargé d’histoire nationale, manifeste un double pari : rappeler la vocation de la capitale comme espace de libertés et promouvoir l’estime mutuelle entre responsables religieux. Les thèmes attendus : refus de l’instrumentalisation de la religion, protection des lieux de culte et du patrimoine, pédagogie de la paix dans les écoles et médias, et levier de projets communs au service du bien commun. À 17 h 45, un rendez-vous avec les jeunes se tient sur la place devant le patriarcat maronite d’Antioche à Bkerké. La parole aux jeunes constitue un baromètre de confiance : elle aborde l’exode, l’emploi, l’engagement citoyen, le volontariat, la culture numérique, la santé mentale et l’écologie intégrale. Le registre est résolument positif : encourager l’apprentissage, l’entrepreneuriat social, l’art et le sport comme chemins d’amitié civique, et proposer la foi comme source de responsabilité personnelle et de service.

Mardi 2 décembre 2025 : Jal ed Dib, la mémoire du port, messe au Waterfront, adieux

La dernière journée commence à 8 h 30 par une visite au personnel et aux patients de l’hôpital « De la Croix » à Jal ed Dib. Ce passage hospitalier atteste la priorité constante donnée aux malades et aux soignants : reconnaissance des métiers du soin, appel à soutenir les structures hospitalières, rappel de la dignité des personnes âgées et des personnes handicapées. Dans un système sanitaire éprouvé par les crises économiques, les pénuries et l’émigration des professionnels de santé, le témoignage concret auprès d’une équipe médicale livre un message : soutenir l’accès aux soins, protéger la mission des établissements à but non lucratif et promouvoir l’éthique clinique. À 9 h 30, un temps de prière silencieuse est prévu sur le site de l’explosion du port de Beyrouth. Ce moment est central par sa sobriété et sa force symbolique : proximité aux familles des victimes, mémoire des sauveteurs, refus de l’oubli, et intercession pour la vérité, la justice et la réconciliation. La prière silencieuse se passe de longs discours ; elle offre une place à la souffrance et confie la nation à la miséricorde de Dieu. À 10 h 30, la messe est célébrée au « Beirut Waterfront ». La célébration rassemble des fidèles de toutes régions et rites, suggérant des lectures liturgiques autour de la paix, de la consolation et de l’espérance théologale. L’homélie, attendue comme le grand texte pastoral de la visite, articule trois axes : choisir la fraternité contre la peur, bâtir la paix sociale en acte, et porter un regard chrétien sur l’épreuve. À 12 h 45, une cérémonie d’adieu à l’aéroport international de Beyrouth clôt le voyage, avec ultime adresse de remerciements, bénédiction et prière pour la nation. À 13 h 15, départ, et à 16 h 10 arrivée à Rome-Fiumicino.

Protocole d’État et neutralité active

La séquence des rencontres d’ouverture avec le chef de l’État, le président de l’Assemblée nationale et le chef du gouvernement relève d’un protocole qui respecte l’équilibre institutionnel libanais. Au plan du contenu, ces entrevues permettent d’insister sur la primauté du droit, la protection des libertés publiques, la nécessité d’un climat social pacifié et le soutien international à des réformes crédibles. La diplomatie pontificale adopte une neutralité active : elle n’arbitre pas les clivages politiques, mais invite chacun à se recentrer sur la dignité de la personne et le bien commun. Le discours aux autorités et au corps diplomatique met en relation la vocation pluraliste du pays, sa responsabilité régionale en matière de coexistence, et l’impératif d’institutions qui servent équitablement tous les citoyens. Le registre attendu : sobre, ferme, constructif, privilégiant les verbes « écouter, protéger, servir, réconcilier ».

Signification des lieux et pédagogie des gestes

Chaque étape porte un sens. Annaya et saint Charbel : le silence, la prière, la fidélité cachée qui fécondent la société. Harissa : Marie, mère de l’Église, et la pastorale de la proximité. La nonciature : la collégialité des patriarches et la synodalité comme méthode de gouvernement ecclésial. La place des Martyrs : la mémoire des combats pour la liberté, convertie en engagement commun pour la paix. Bkerké : la tradition maronite et la jeunesse comme avenir du pays. Jal ed Dib : la charité organisée et la dignité dans la souffrance. Le port : la blessure ouverte, visitée dans le silence pour appeler à la vérité et à la guérison. Le Waterfront : la liturgie rassembleuse, à ciel ouvert, qui symbolise la vocation de la nation à respirer plus large que ses peurs. L’aéroport : la gratitude et la bénédiction comme dernier mot.

Sécurité, mobilités et participation des fidèles

La circulation papale implique un dispositif coordonné : sécurisation des itinéraires Annaya–Harissa–Bkerké, périmètres de contrôle aux abords de la place des Martyrs et du Waterfront, gestion des flux pour l’hôpital et le site du port. La participation des fidèles suppose des zones d’accueil, des points d’eau, une attention aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite, des équipes de secours et des annonces multilingues. Les célébrations et rencontres comportent des protocoles précis : accréditations, badges, horaires d’entrée et de sortie, consignes de sûreté. L’ensemble favorise la sérénité des rassemblements et la lisibilité du message pastoral.

Œcuménisme, dialogue interreligieux et bien commun

La rencontre œcuménique et interreligieuse traduit une conviction : les traditions religieuses, tout en demeurant fidèles à leur identité, peuvent coopérer au service du bien commun. Le format choisi – place des Martyrs – appelle des paroles de respect, de vérité et de responsabilité partagée. Les thèmes attendus : refus de l’extrémisme, pédagogie de la fraternité dans les familles et les écoles, projets communs d’aide sociale, préservation des patrimoines religieux, et défense de la liberté de conscience. La valeur ajoutée d’une telle scène publique est pédagogique : donner aux citoyens un signe visible d’estime mutuelle et inspirer une culture de la rencontre, antidote aux discours de peur et de repli.

Jeunesse, éducation et culture de l’espérance

La rencontre de Bkerké avec les jeunes se veut concrète : écouter des témoignages, encourager l’étude et l’apprentissage, promouvoir l’engagement social, et offrir des clés de discernement dans l’univers numérique. Le pape y propose son lexique : proximité, responsabilité, courage, créativité, patience. L’horizon n’est pas l’exil, mais la construction patiente : servir, créer des entreprises sociales, faire rayonner l’art, investir l’espace public avec respect. L’appel à l’écologie intégrale relie la maison commune, la justice sociale et la spiritualité, pour ancrer l’espérance dans des gestes quotidiens.

Santé et dignité : la halte à l’hôpital

Le passage à l’hôpital « De la Croix » confirme l’option préférentielle pour les malades. Le pape salue le personnel, remercie les soignants, écoute des patients et rappelle la valeur de chaque vie. Au plan public, cette halte interpelle : financement durable des structures, accès équitable aux traitements, soutien aux hôpitaux non lucratifs, revalorisation des carrières soignantes. La charité, ici, s’exprime aussi par des choix politiques et budgétaires : une société se juge à la manière dont elle protège les plus fragiles.

Mémoire et justice : la prière au port

La prière silencieuse sur le site de l’explosion du port est un pivot moral : il s’agit de se tenir devant la douleur, d’honorer les victimes, de remercier les sauveteurs et de confier à Dieu la quête de vérité et de justice. Le silence n’évacue pas l’exigence de comptes ; il l’ennoblit en refusant la colère stérile et en appelant à des institutions qui fonctionnent. Ce geste touche toute la nation : il guérit la mémoire en ouvrant un espace de dignité, où la compassion devient force civique.

Liturgie au Waterfront : consolation et envoi

La messe au Waterfront rassemble. L’homélie attendue conjugue consolation et envoi : le Christ console, relève et envoie comme artisans de paix. Les fidèles y entendent une grammaire simple et exigeante : pardonner sans renoncer à la justice, servir sans se résigner, bâtir des ponts sans se diluer. La liturgie devient un laboratoire de fraternité : diversité des rites catholiques, participation des chorales, signes de paix, prière universelle pour les autorités, les familles, les malades, les jeunes, et les artisans de la réconciliation.

Messages transversaux : dignité, institutions, amitié sociale

Sur toute la visite, trois messages s’entrecroisent. La dignité humaine : chaque personne vaut plus que ce qu’elle produit ou possède, et la société se repense à partir des plus petits. Les institutions : l’État est garanti par le droit, l’équité et la transparence, et les responsables sont serviteurs du bien commun. L’amitié sociale : elle est une méthode, qui préférer la médiation à l’invective, la coopération à l’obstruction, le long terme à l’immédiat. Ces trois fils se retrouvent dans l’ouverture protocolaire, la journée spirituelle et pastorale, et la clôture liturgique et mémorielle.

Adieux et prolongements

La cérémonie d’adieu récapitule les remerciements : autorités, organisateurs, forces de sécurité, soignants, bénévoles, communautés religieuses, jeunes. Le départ et l’arrivée à Rome bouclent la séquence, mais l’itinéraire pastoral reste ouvert : consolider les liens entre Églises, encourager les partenariats éducatifs et sociaux, et nourrir le dialogue civique. La visite, par son agenda précis, parle le langage des gestes : prier avec, écouter, remercier, bénir, et renvoyer chacun à sa responsabilité pour le bien du pays.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

A lire aussi