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Après Nasrallah : vers une nouvelle ère au sein du Hezbollah ?

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La transition silencieuse : une succession sans tumulte apparent

L’annonce officielle du remplacement de Hassan Nasrallah par Naïm Qassem à la tête du Hezbollah a marqué, sans éclat public, l’ouverture d’un nouveau chapitre pour la principale formation politico-militaire chiite du Liban. Dans les éditions du 14 mai 2025, la presse libanaise, bien que discrète, évoque une « transition maîtrisée » (Al Akhbar, 14 mai 2025), marquée par un consensus interne et une volonté de préserver l’image d’unité.

Depuis plus de trois décennies, Hassan Nasrallah a été la figure de proue d’un Hezbollah tantôt perçu comme une force de résistance, tantôt accusé de mener une politique parallèle à celle de l’État libanais. Son retrait, motivé officiellement par des raisons de santé, coïncide avec un moment de grande instabilité régionale : guerre à Gaza, levée des sanctions sur la Syrie, repositionnements stratégiques iraniens.

Le nouveau secrétaire général, Naïm Qassem, longtemps numéro deux de l’organisation, est connu pour sa ligne rigide et doctrinaire. Mais selon plusieurs sources citées par Al Joumhouriyat, il n’est pas porteur de la même légitimité charismatique que son prédécesseur. Le journal relève une différence de ton : « là où Nasrallah savait adapter sa rhétorique aux évolutions de l’opinion publique chiite, Qassem s’inscrit davantage dans la continuité idéologique que dans l’agilité politique » (Al Joumhouriyat, 14 mai 2025).

Un repositionnement idéologique ou tactique ?

L’arrivée de Qassem intervient alors que le Hezbollah est confronté à des défis multiples : contestation dans ses bastions sudistes, pression croissante des partenaires occidentaux sur Beyrouth pour contenir son influence, et réorganisation des alliances régionales après le retour diplomatique de la Syrie.

Selon Al Bina’, « Qassem est attendu sur des sujets concrets : la stratégie face à Israël, les relations avec les partis libanais, la politique économique interne » (Al Bina’, 14 mai 2025). En d’autres termes, il devra prouver sa capacité à maintenir la cohésion tout en ajustant l’appareil politique à une scène libanaise profondément transformée.

Les observateurs s’interrogent : le Hezbollah poursuivra-t-il son insertion dans le jeu parlementaire ou reviendra-t-il à une posture davantage axée sur la résistance militaire ? Qassem, dans ses premières déclarations, a insisté sur « la continuité du projet de résistance et la nécessité de maintenir le cap face à l’ennemi sioniste », sans évoquer directement les réformes institutionnelles ou les enjeux économiques.

Relations extérieures : fidélité à l’axe de résistance ?

Le changement de leadership intervient à un moment où les partenaires régionaux du Hezbollah – Iran, Syrie – réévaluent leur stratégie d’expansion. Al Akhbar note que « les récents signaux d’ouverture iraniens vers l’Arabie saoudite et la normalisation syrienne pourraient isoler le Hezbollah si celui-ci reste sur une ligne de confrontation totale » (Al Akhbar, 14 mai 2025).

La capacité de Naïm Qassem à dialoguer avec des acteurs arabes non alignés sur l’axe irano-syrien reste inconnue. Jusqu’à présent, son profil idéologique a surtout été mobilisé dans les prêches internes et les publications doctrinales, peu dans les forums diplomatiques.

Une source diplomatique citée anonymement par Annahar indique que « certains émissaires du Golfe attendent de voir si le nouveau secrétaire général est capable de parler un langage politique moins doctrinaire », notamment dans le cadre des discussions sur l’avenir des armes du parti et son rôle dans la sécurité intérieure libanaise (Annahar, 14 mai 2025).

Le facteur générationnel : une base à renouveler

L’un des défis les plus complexes pour Qassem reste celui du renouvellement de la base militante et du leadership intermédiaire. Ad Diyar mentionne que « de nombreux jeunes militants, notamment dans la Békaa et dans la banlieue sud, expriment une fatigue face à l’enracinement de cadres jugés déconnectés des réalités socio-économiques » (Ad Diyar, 14 mai 2025).

Les nouvelles générations, tout en restant fidèles au discours de résistance, souhaitent voir le Hezbollah s’engager plus activement dans la gestion des services publics, la lutte contre la corruption et l’accès à l’emploi. Or, la figure de Qassem reste associée à une époque révolue du parti, fondée sur la clandestinité et le cloisonnement idéologique.

Une évolution structurelle pourrait consister à intégrer des figures issues des mouvements de jeunes chiites, voire de technocrates, dans les instances du parti. Mais cela supposerait une réforme interne que Qassem n’a, pour l’instant, ni annoncée ni amorcée.

La position face aux réformes de l’État libanais

Dans le contexte des efforts de Nawaf Salam pour réformer l’administration et relancer l’économie, la position du Hezbollah reste observée de près. Selon Al Sharq, le parti soutient certains projets, notamment dans le domaine des infrastructures et de la santé, mais continue de bloquer ou d’édulcorer les réformes financières qui pourraient fragiliser son réseau social interne (Al Sharq, 14 mai 2025).

L’arrivée de Qassem pourrait accentuer cette logique de double discours : un soutien de façade aux réformes nationales, tout en consolidant un modèle d’assistance parallèle contrôlé par le parti. Cette stratégie, efficace à court terme, risque toutefois de créer des frictions croissantes avec les donateurs internationaux et les partenaires politiques du gouvernement.

Le Hezbollah dans le système : menace ou acteur stabilisateur ?

Une partie de l’analyse repose sur une question clef : le Hezbollah de Qassem choisira-t-il de renforcer sa position comme un acteur parmi d’autres dans le système libanais, ou optera-t-il pour une logique d’exception permanente ? La réponse déterminera en grande partie la stabilité du pays dans les mois à venir.

Pour certains analystes, cités dans Al Liwa’, « la succession de Nasrallah est une occasion manquée de réorienter le parti vers une logique de compromis et de gouvernance partagée » (Al Liwa’, 14 mai 2025). D’autres, plus optimistes, estiment que Qassem, sous pression régionale, n’aura pas d’autre choix que de réajuster ses priorités.

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Newsdesk Libnanews
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