Le quotidien Al Akhbar daté du 11 juin 2025 rapporte que la réunion du Conseil des ministres prévue en début de semaine a été reportée au lundi suivant. La raison principale de ce report est l’incapacité des autorités à se mettre d’accord sur les nominations à la tête de la Banque du Liban. En particulier, les débats se concentrent sur les quatre vice-gouverneurs et le président de la Commission de contrôle des banques. Le président de la République, Joseph Aoun, selon les sources du journal, souhaite remplacer l’ensemble des vice-gouverneurs en exercice, y compris Wassim Mansouri, qui assure actuellement la fonction de premier vice-gouverneur.<h2>Refus catégorique de Nabih Berri de céder le poste chiite</h2>
Al Akhbar (11 juin 2025) indique que Nabih Berri, président de la Chambre, a exprimé un refus catégorique à toute tentative de remplacement de Wassim Mansouri. Un émissaire envoyé par la présidence aurait reçu pour réponse cette formule rapportée mot à mot : « Je suis encore en vie ». Cette réponse signifie clairement que Berri considère le poste de vice-gouverneur attribué à la communauté chiite comme relevant de sa compétence politique. Il n’entend pas le céder ni le voir redistribué sans son approbation directe. L’objectif de Berri est de maintenir l’équilibre communautaire en place, et il voit dans la tentative de remplacement une menace contre cet équilibre.<h2>Le positionnement intermédiaire de Nawaf Salam</h2>
Le Premier ministre Nawaf Salam adopte une position plus nuancée. D’après les éléments rapportés par Al Akhbar dans son édition du 11 juin 2025, Salam se montre favorable à des ajustements limités. Il aurait proposé de remplacer Bachir Yaqzan, le vice-gouverneur druze, par Makram Bonsar. Il ne s’opposerait pas non plus à d’autres remplacements partiels mais souhaiterait conserver une certaine continuité institutionnelle. Ce positionnement vise à ménager les différents acteurs sans provoquer de rupture institutionnelle brutale. Toutefois, cette posture d’équilibriste ne semble pas suffisante pour débloquer la situation, les désaccords persistant sur les profils à désigner.<h2>Commission de contrôle des banques : autre nœud de discorde</h2>
En parallèle des postes à la Banque du Liban, la nomination du président de la Commission de contrôle des banques fait aussi débat. Toujours selon Al Akhbar (11 juin 2025), Joseph Aoun soutiendrait la candidature de Mazen Soueid. Ce choix est contesté par les alliés de Nabih Berri, ainsi que par certains cercles chrétiens. Plusieurs noms alternatifs circulent : Joëlle Chaker, Fouad Tarad, ancien cadre de Byblos Bank en Belgique, et Rabi‘ Naameh. Ces candidatures sont évaluées à la fois sur des critères techniques et selon les équilibres politiques. Le manque de consensus retarde la décision et empêche la nomination d’une nouvelle direction.<h2>Les équilibres communautaires en jeu dans la gouvernance monétaire</h2>
La structure de la Banque du Liban repose sur une répartition confessionnelle tacite : maronite, sunnite, chiite et druze pour les quatre vice-gouverneurs. Toute tentative de modifier cet équilibre entraîne des blocages politiques. Le cas de Wassim Mansouri cristallise cette problématique. En voulant le remplacer, Joseph Aoun déclenche une opposition directe de Nabih Berri. Ce dernier considère que ce poste ne peut être modifié sans son aval. Le Premier ministre, bien que disposé à accepter certaines propositions, ne peut faire avancer le processus sans un accord global entre les trois pôles institutionnels.<h2>Pressions extérieures pour une solution rapide</h2>
Les partenaires internationaux du Liban suivent de près l’évolution de ce dossier. Toujours selon Al Akhbar (11 juin 2025), plusieurs chancelleries, dont celle de la France, ont exprimé leurs inquiétudes. L’instabilité à la tête de la Banque centrale, combinée à l’absence d’un gouverneur permanent depuis le départ de Riad Salamé en 2023, fragilise la position du Liban dans ses négociations avec le Fonds monétaire international. Le FMI demande une clarification rapide de la gouvernance de la Banque du Liban. L’inaction actuelle pourrait retarder le déblocage d’aides financières vitales.<h2>Scénarios envisagés pour un compromis institutionnel</h2>
Plusieurs pistes sont actuellement en discussion pour sortir de l’impasse. L’une des options consisterait à maintenir Wassim Mansouri en poste tout en renouvelant les trois autres vice-gouverneurs. Une autre hypothèse propose une reconduction intégrale de l’équipe actuelle pour une période transitoire de six mois. Ces scénarios ne pourront être validés qu’avec l’accord explicite de Berri et l’acceptation tacite du Hezbollah. Le rôle du Premier ministre Nawaf Salam sera déterminant dans l’issue de cette séquence.<h2>Silence stratégique du Hezbollah et soutien indirect à Berri</h2>
Al Akhbar ne mentionne pas de déclaration officielle du Hezbollah sur ce dossier, mais plusieurs observateurs politiques cités dans le journal estiment que le parti chiite soutient implicitement la position de Nabih Berri. Le maintien de Mansouri permettrait de conserver un canal de continuité dans la gestion des dossiers monétaires. Ce soutien tacite renforce la position du président de la Chambre, rendant toute tentative de changement plus difficile à mettre en œuvre sans accord préalable.<h2>Dissensions internes dans les blocs politiques</h2>
Le débat sur les nominations divise également les formations politiques. Au sein du Courant patriotique libre, certains cadres soutiennent l’initiative présidentielle de changement, tandis que d’autres mettent en garde contre une crise institutionnelle. Chez les centristes, plusieurs députés partagent l’approche de Nawaf Salam mais s’inquiètent du retard accumulé. L’absence de position commune empêche la formation d’une majorité claire autour d’un projet de nominations.<h2>Réunion du Conseil des ministres : échéance cruciale</h2>
La séance du Conseil des ministres prévue pour lundi pourrait être déterminante. Si aucun accord n’est trouvé en amont, la réunion pourrait être ajournée une nouvelle fois. Joseph Aoun souhaite valider rapidement les nouvelles nominations. Berri maintient son refus catégorique. Salam tente une médiation mais sans succès manifeste jusqu’à présent. Le Conseil des ministres pourrait être le théâtre d’une confrontation institutionnelle ouverte si aucun compromis n’est dégagé.<h2>Conséquences économiques et monétaires immédiates</h2>
Le blocage a déjà des effets sur les marchés. Al Akhbar (11 juin 2025) rapporte que l’incertitude autour de la gouvernance de la Banque du Liban aggrave la volatilité de la livre libanaise. Les opérateurs économiques et bancaires attendent des signaux clairs pour reprendre leurs activités de prêt et d’investissement. Le gel des nominations freine également les discussions avec les bailleurs internationaux, qui conditionnent leur appui à une réforme de la gouvernance monétaire.<h2>Parallèle avec d’autres nominations sensibles</h2>
Le dossier de la Banque du Liban s’inscrit dans un contexte plus large de tensions sur les nominations aux postes stratégiques de l’État. Selon les sources citées par Al Akhbar, des désaccords similaires affectent les institutions judiciaires, la Commission des marchés financiers et le Conseil d’État. Le gouvernement se trouve dans l’obligation de traiter plusieurs crises de gouvernance en parallèle, ce qui accroît la complexité des arbitrages.



