mardi, novembre 11, 2025

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Blida : l’offensive verbale de Joseph Aoun masque l’inaction de l’armée face aux incursions israéliennes

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Le village de Blida, à un kilomètre de la Ligne bleue, a été le théâtre d’une incursion israélienne sanglante dans la nuit du 29 au 30 octobre 2025. Des soldats de Tsahal ont pénétré dans la mairie locale, abattant Ibrahim Salamé, employé municipal de 55 ans qui assurait un tour de garde. Le président Joseph Aoun a réagi par un ordre sans précédent : « s’opposer à toute incursion israélienne » et « faire face » pour défendre le territoire. À ce 31 octobre, pourtant, l’armée libanaise n’a enregistré aucun accrochage direct. Des patrouilles renforcées et des déploiements défensifs : voilà l’étendue de la réponse sur le terrain. Ce décalage entre rhétorique présidentielle tonitruante et inaction opérationnelle cristallise les faiblesses structurelles des Forces armées libanaises (FAL) et conforte le Hezbollah dans son refus obstiné de désarmement, au mépris de la résolution 1701 de l’ONU.

L’opération israélienne, qualifiée d’« infiltration » par Beyrouth, visait selon Tsahal la destruction d’une « infrastructure terroriste » du Hezbollah nichée dans le bâtiment municipal. Vers 2 heures du matin, des cris en hébreu ont précédé des rafales d’armes automatiques. Le corps d’Ibrahim Salamé, père de quatre enfants, a été retrouvé au milieu de ses lunettes et papiers éparpillés, criblé de balles. Hassan Hijazi, président de la municipalité, a témoigné : « Nous avons entendu les soldats, puis les tirs ont retenti ». L’armée libanaise est arrivée au petit matin, déplorant une « agression criminelle » et promettant une enquête. Aucun soldat n’a été touché, aucune riposte n’a eu lieu sur le moment.

Joseph Aoun : des mots forts, un terrain muet

Élu le 9 janvier 2025 après 870 jours de vacance, Joseph Aoun, 61 ans, ancien commandant en chef des FAL pendant 23 ans, sait de quoi il parle. Diplômé de l’École de guerre interarmes de Paris, il a dirigé l’armée durant la guerre de 2024 contre le Hezbollah et Israël. Son communiqué du 30 octobre est sans ambiguïté : « Je demande à l’armée de s’opposer à toute incursion israélienne, de faire face et de défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens ». Pour la première fois depuis le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, le chef de l’État assigne aux FAL un rôle de confrontation active.

Pourtant, 48 heures plus tard, rien n’a changé sur le front sud. Pas un seul coup de feu tiré sur des forces israéliennes. Les unités libanaises – 25 000 hommes déployés au sud du Litani – se bornent à quadriller Blida, Adaissé et Aitaroun avec des blindés M113 et des jeeps. Vendredi 31 octobre à 14 heures, des coups de semonce ont été tirés près d’Aitaroun face à un drone israélien, mais sans engagement direct. Le général Nemr Abi Nasr, commandant en chef par intérim, a visité le site à midi, ordonnant « vigilance accrue ». L’ordre présidentiel reste donc une déclaration d’intention, non une réalité opérationnelle.

Nawaf Salam et Michel Menassa : la défense sous tension

Le Premier ministre Nawaf Salam, en poste depuis le 14 février 2025 à la tête d’un cabinet de 24 ministres, a qualifié Blida d’« agression flagrante contre la souveraineté ». Lors du Conseil des ministres du 30 octobre, il a appelé à une « pression internationale ». Le ministre de la Défense, Michel Menassa, général de brigade retraité, maronite, a supervisé le renfort de 2 000 hommes au sud.

Menassa prépare un « plan souveraineté active » : 5 000 soldats supplémentaires, 50 miradors high-tech et une hot line avec la Finul. Vendredi 31 octobre, des exercices de tir à Nabatiyeh ont mobilisé 500 hommes, avec tirs réels de 155 mm.

Déploiements immédiats : patrouilles et vigilance

Ce matin, 31 octobre, l’armée a annoncé des rotations : la 5e brigade à Marjayoun, la 7e à Nabatiyeh. Des hélicoptères Gazelle survolent Blida toutes les heures. Une patrouille mixte Finul-libanaise a inspecté la mairie à 10 heures. À midi, le commandant en chef, le général à quatre étoiles Nemr Abi Nasr, a visité le site.

Aucune nouvelle incursion n’a été signalée depuis Blida, mais des drones israéliens ont survolé Kfarkela. L’armée a tiré des coups de semonce à 14 heures près d’Aitaroun, premier geste depuis l’ordre d’Aoun.

Le Hezbollah : « L’État ne protège pas, la Résistance oui »

Le parti de Hassan Nasrallah, qui refuse catégoriquement de déposer les armes, jubile. Dans un communiqué du 30 octobre, il a « condamné l’agression sioniste » et exhorté à une « position nationale unifiée ». Un cadre du Hezbollah, sous couvert d’anonymat : « L’armée patrouille, nous défendons. Blida prouve que sans notre présence, le sud est à leur merci ».

Affaibli par 4 000 tués en 2024, le Hezbollah conserve 100 000 roquettes, dont 20 000 de précision. Il réarme via la Syrie, malgré les frappes israéliennes. La résolution 1701, adoptée en 2006, exige son désarmement et le déploiement exclusif de l’armée au sud. Nasrallah rétorque : « Tant que Tsahal viole, la Résistance reste légitime ».

À Blida, chiite à 70 %, des portraits de Salamé côtoient ceux de martyrs du Hezbollah lors d’un rassemblement de 500 personnes jeudi soir.

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Newsdesk Libnanews
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