Les élections municipales organisées dimanche dans le gouvernorat du Liban-Nord ont été marquées par une série d’incidents violents, éclipsant par moments le bon déroulement du scrutin. Alors que les électeurs se rendaient aux urnes dans plusieurs districts, les tensions locales ont dégénéré en affrontements physiques, tirs illégaux et violations sécuritaires, nécessitant l’intervention directe des forces de sécurité et de l’armée.
Multiplication des affrontements au cours de la journée
Le ministre de l’Intérieur Ahmad al-Hajjar, en déplacement à Tripoli, a alerté sur l’escalade des tensions dans certaines zones. « Nous avons été témoins de plusieurs affrontements au cours de la journée », a-t-il déclaré, ajoutant que « la fièvre électorale s’est transformée par endroits en violence, obligeant les forces de sécurité et l’armée à intervenir pour contrôler la situation ».
Ces propos illustrent le climat de forte instabilité dans lequel s’est déroulé le vote. Si certaines zones sont restées calmes, d’autres ont connu une montée inquiétante des violences interpersonnelles et partisanes, allant jusqu’à des altercations physiques.
Scènes de célébration armée et blessés graves
À la fermeture des bureaux de vote, des tirs de célébration ont retenti dans plusieurs localités du Liban-Nord, provoquant des blessures parfois graves. La chaîne LBCI a rapporté que sa journaliste Nada Andraous a été touchée à la cuisse gauche alors qu’elle quittait Tripoli après avoir couvert le scrutin. Bien que sa blessure soit légère, cet incident met en lumière les dangers liés aux armes légères dans l’espace public.
Un événement encore plus grave s’est produit dans la localité de Bhannine, district de Minieh. Un enfant y a été grièvement blessé lors des tirs, et selon certaines sources locales, un homme a également trouvé la mort. Ces actes, bien que survenus après la fermeture des urnes, sont directement liés à l’environnement tendu du jour de vote.
Arrestations massives et saisie d’armes
Face à cette situation explosive, l’armée libanaise a immédiatement renforcé son dispositif sécuritaire. Dans un communiqué, elle a annoncé l’arrestation de 35 individus soupçonnés d’avoir tiré en l’air ou détenu des armes de manière illégale. De nombreuses armes et munitions ont été saisies, témoignant de la prolifération incontrôlée de l’armement léger dans certaines régions.
Les autorités ont également confirmé que les opérations de sécurisation se poursuivent et que d’autres arrestations sont attendues. Ce renforcement sécuritaire vise à prévenir d’éventuels débordements similaires lors des prochains scrutins prévus à Beyrouth, dans la Bekaa orientale et au Sud.
Un bilan préoccupant confirmé par le ministère
En dressant le bilan sécuritaire de la journée, Ahmad al-Hajjar a annoncé que les services de l’ordre ont enregistré un total de 675 plaintes liées au processus électoral. Il a également évoqué 143 incidents sécuritaires distincts et environ 120 altercations physiques ou bagarres entre individus.
Malgré cette série d’événements, le ministre a tenu à souligner que le processus électoral a pu être mené à son terme. Ce constat souligne à la fois la résilience institutionnelle et la fragilité sécuritaire du pays, encore marqué par les séquelles de conflits récents et la circulation libre des armes dans certaines zones.
Des violences symptomatiques d’un climat instable
Les incidents du 11 mai 2025 témoignent d’un malaise profond au sein de certaines communautés libanaises. Si les élections municipales offrent traditionnellement un cadre d’expression démocratique au niveau local, elles peuvent aussi exacerber des tensions anciennes entre groupes rivaux.
La forte mobilisation des forces armées et la fréquence des affrontements traduisent un manque de confiance généralisé dans les mécanismes de régulation politique pacifique. La violence devient un prolongement de la compétition électorale, ce qui constitue une menace directe pour la stabilité nationale.