FocusLiban: Les inégalités régionales, comment expliquer l’abandon des périphéries par l’État ?

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Un développement déséquilibré : Beyrouth accapare les ressources

Le développement économique du Liban a suivi une trajectoire inégale qui favorise Beyrouth et certaines villes côtières au détriment des régions périphériques. Depuis des décennies, les investissements publics et privés se concentrent dans la capitale et ses environs, laissant des régions entières en état d’abandon.

Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, Beyrouth concentre 80 % des institutions financières et des grandes entreprises, ce qui en fait le centre névralgique du pays. L’absence de politiques de décentralisation a conduit à une répartition inégale des richesses et des opportunités. La majorité des infrastructures modernes – aéroports, ports, hôpitaux de pointe et universités – sont concentrées dans un rayon limité autour de la capitale, laissant les autres régions dans un état de sous-développement criant​.

L’impact de cette concentration est particulièrement visible dans les services de base. Tandis que Beyrouth bénéficie de meilleures infrastructures électriques et d’un accès relativement stable à l’eau et aux soins de santé, des zones comme le Akkar, la Békaa ou certaines parties du Sud souffrent de pannes récurrentes, d’un manque d’infrastructures médicales et d’une pauvreté croissante​.

Des infrastructures inexistantes et des services publics défaillants

L’un des aspects les plus marquants des inégalités régionales au Liban est l’effondrement des services publics en dehors de la capitale. Plusieurs secteurs clés illustrent cette situation :

Un réseau électrique à l’abandon : un handicap pour l’économie et la vie quotidienne

L’accès à l’électricité est l’un des problèmes majeurs qui touchent les régions périphériques du Liban. Depuis plusieurs années, les coupures de courant dépassent les 22 heures par jour dans certaines zones rurales, laissant les habitants dépendants de générateurs privés extrêmement coûteux.

Le réseau électrique libanais est contrôlé par Électricité du Liban (EDL), une entreprise publique chroniquement déficitaire qui peine à assurer une production et une distribution stable. En raison du manque d’investissements dans les infrastructures, du détournement des fonds publics et de la mauvaise gestion, l’approvisionnement en électricité est devenu un luxe pour des millions de Libanais, en particulier dans les régions rurales et les petites villes.

Cette situation a des conséquences économiques désastreuses. Sans électricité fiable, les usines, les ateliers artisanaux et les commerces ne peuvent pas fonctionner normalement, freinant le développement de secteurs clés comme l’agriculture et l’industrie locale. Les petites entreprises, qui constituent l’essentiel du tissu économique des périphéries, sont particulièrement touchées, car elles n’ont pas les moyens de payer des groupes électrogènes fonctionnant au diesel, dont les coûts ont explosé avec la crise économique.

Dans les foyers, cette absence d’électricité complique le quotidien. Impossible de conserver des aliments dans un réfrigérateur, de pomper de l’eau pour les besoins domestiques ou de permettre aux enfants d’étudier le soir. De nombreuses familles doivent choisir entre payer leur alimentation ou financer l’abonnement à un générateur privé, qui peut représenter jusqu’à 50 % du revenu d’un ménage moyen en zone rurale.

Un système de santé à deux vitesses : la détresse des hôpitaux en dehors de Beyrouth

L’accès aux soins de santé au Liban est extrêmement inégalitaire, avec une surconcentration des équipements médicaux modernes et des hôpitaux de pointe à Beyrouth, tandis que les régions périphériques sont laissées à l’abandon.

Dans des villes comme Tripoli, Baalbek ou Nabatieh, les hôpitaux publics sont sous-financés, souffrant d’un manque criant de personnel qualifié, de matériel médical et de médicaments essentiels. Cette situation oblige les habitants de ces régions à parcourir de longues distances pour recevoir des soins appropriés, ce qui peut être dramatique en cas d’urgence médicale.

L’une des causes de cet effondrement du secteur de la santé est la fuite massive des médecins et du personnel soignant vers l’étranger. Avec la crise économique, les salaires des professionnels de santé ont été divisés par dix, passant de 2 000 dollars par mois à parfois moins de 200 dollars, forçant de nombreux praticiens à émigrer vers les pays du Golfe ou l’Europe pour trouver des conditions de travail dignes. Cette hémorragie du personnel médicala fragilisé encore plus les infrastructures de santé en dehors de Beyrouth, où les médecins spécialistes et les chirurgiens sont désormais quasiment absents.

Les centres de santé locaux, censés fournir des soins primaires, manquent de médicaments de base comme l’insuline, les antibiotiques ou les analgésiques. Dans certains villages, des femmes enceintes doivent parcourir plus de 50 km pour accoucher dans un hôpital disposant d’un service de maternité fonctionnel. De même, les patients atteints de maladies chroniques, comme le diabète ou les maladies cardiaques, peinent à obtenir un suivi médical régulier, faute de spécialistes disponibles.

Face à cet effondrement, les ONG et les organisations humanitaires jouent un rôle crucial en assurant des consultations médicales gratuites et en distribuant des médicaments. Cependant, cette aide reste insuffisante face à l’ampleur de la crise sanitaire qui frappe les régions marginalisées.

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Newsdesk Libnanews
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