Image by Ella87 on Pixabay
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La gauche au pouvoir, au temps où elle portait encore l’espoir des travailleurs et s’en donnait elle-même l’illusion, a commis des fautes immenses et dont on paie toujours le prix. Mitterrand au pouvoir c’est, dans l’esprit des socialistes, le rêve du socialisme accompli.

Parmi celles-ci, j’en relèverai une dont l’effet ne cesse de s’amplifier pour en devenir dévastateur pour les travailleurs et le combat pour la justice sociale.

Le combat social et politique rabaissé à un délit de droit commun

La suppression de la Cour de sûreté de l’État, œuvre de Robert Badinter dont on ne peut douter de la probité ni de l’éthique, pour légitime qu’elle puisse être du fait qu’elle relevait de juges militaires, abolissait en même temps le principe du délit politique, réduit dès lors  et de fait à un délit de droit commun. Il aurait été plus avisé de la remplacer ou la réformer en la transformant en juridiction civile, même s’il est de bon ton de réécrire l’histoire.

La conséquence en est que de nombreux prisonniers politiques de fait, malgré des aménagements et approches ouvertes durant les premières années qui ont suivi cette mesure, sont au jugés et traités comme de simples délinquants de droit commun. Aujourd’hui, c’est par centaines qu’on peut les compter dans les prisons de Macron et son acolyte Castaner.

À ce compte, notons que nous allons bientôt rattraper nos chers amis (ou ennemis) dictateurs officiels du Moyen-Orient.

Pour dire et clarifier la nature de la dérive totalitaire dans laquelle glisse l’État macronien, il est absolument nécessaire de réhabiliter le délit politique et d’en réclamer le statut pour les centaines de Gilets jaunes déjà en prison ou en voie de jugement.

Il est plus facile pour les bonnes âmes de dormir tranquillement et de fermer les yeux sur cette dérive qui ne dit jamais son nom et qui sait si bien s’habiller des meilleures intention, et pour ce cas précis, en intégrant l’idée qu’il s’agit de délits de droit commun plutôt que de délits relevant du combat politique pour des droits sociaux et démocratiques.

Jamais répression contre la population française n’a été aussi féroce, massive, aveugle depuis l’occupation nazie.

Le lourd handicap tissé contre le droit  droit de grève

Une autre handicap pèse de plus en plus fort sur les mobilisations sociales suite au passage au pouvoir de la gauche.

Cela a permis d’anesthésier progressivement la lutte des travailleurs et des organisations syndicales et générer bien des compromis qui ont fini par les en détourner. Une des conséquences douloureuses de cet affaiblissement concerne le paiement partiel des jours de grève et de l’amenuisement de la solidarité financière au profit des grévistes.

Les négociations entre syndicats et patronat incluaient toujours le paiement des jours de grève. Les travailleurs l’exigeaient. Dans la fonction publique, le paiement partiel des jours de grève était systématiquement pris en compte.

Fort de cette situation, le patronat a été de moins en moins enclin aux concessions face aux revendications des travailleurs. D’autant plus qu’un matraquage médiatique intense se met en place pour dénoncer régulièrement la prise en otage des usagers dès qu’une grève ou mobilisation revendicative prend de l’ampleur.  De défaite en affaiblissement des syndicats, les travailleurs se sont retrouvés de plus en plus démobilisés, soumis de plus en plus à un pouvoir d’achat toujours plus érodé.

Faire grève est devenu une gageure. Compter sur ce type d’action est aujourd’hui inopérant. Pourtant le blocage de l’économie (micro ou macro) reste une nécessité pour faire aboutir des revendications.

Quelles perspectives d’actions ?

Pour lutter contre la guerre que mènent le pouvoir Macron et les ultras riches contre l’écrasante majorité de la population, il est temps de réfléchir aux principes de la guerre de résistance élaborée par la Suisse pour faire face à une occupation étrangère et les adapter aux conditions de la lutte pour la justice sociale et le progrès démocratique en France face à ce pouvoir soft totalitaire : systématiser et amplifier les occupations de carrefours, blocages de certaines voies et les élargir à toutes actions pouvant avoir un impact économique, idéologique ou psychologique de telle sorte que, même dans leurs moments festifs, les membres des oligarchies financières et politico-technocratiques se trouvent confrontés systématiquement à la présence des Gilets jaunes et à des pressions qui finiront par leur donner mauvaise conscience de telle sorte qu’ils (eux ou leurs proches) en aient des cauchemars au sens propre du terme, ou à tout le moins se sentent mal à l’aise (à comparer à “l’œil qui regarde Caïn” évoqué dans le célèbre poème de Victor Hugo). Même si elles ont fait sécession d’avec le reste de la population et vivent dans leurs propres sphères, elles ne sont pas inaccessibles.

Face au soft totalitarisme et à la multiplication des gardes à vue, des procès expéditifs, des emprisonnements, des fouilles et des interdictions administratives, il serait important de réfléchir à la possibilité d’une grève de la faim pour réclamer le statut de procès et de prisonniers politiques pour ceux qui sont déjà emprisonnés.

Dans cette optique d’une guérilla sociale de longue haleine qu’il faut rythmer par des actions d’ampleur, une semaine de mobilisations tous azimuts pourrait être programmée au mois de juin ainsi qu’une fête des Gilets jaunes au mois d’août sur une semaine entière, dans l’esprit des mobilisations au Larzac dans les années soixante-dix, avec forums, conférences, concerts, etc… Un moment de travail, d’échanges, de fête et de vacances.

Scandre Hachem

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