Le député Ibrahim Kanaan a pris la parole depuis Dimane, après une rencontre avec le patriarche maronite Mar Béchara Boutros Al-Raï, aux côtés des députés Elias Bou Saab, Simon Abi Ramia et Alain Aoun. Il a souligné l’importance d’unir les efforts pour dépasser les divisions et les intérêts personnels. Kanaan a déclaré :
« Notre mouvement dépasse les personnes et les intérêts individuels, c’est une invitation à se rassembler autour de mesures concrètes, loin des accumulations passées, car il est impossible de construire un avenir commun dans un esprit de division, de haine et de méfiance entre Libanais, frères et partenaires dans ce pays. »
Un appel à l’unité pour surmonter la crise présidentielle
Kanaan a insisté sur la nécessité de briser l’impasse présidentielle, affirmant que le premier déblocage doit être celui de l’élection présidentielle. Il a précisé que cela nécessite la formation d’une alliance nationale, avec pour objectif de sortir le Liban de la situation chaotique et de l’effondrement économique, tout en permettant la reconstitution du pouvoir et un nouveau départ à tous les niveaux.
Le blocage politique intérieur : un obstacle aux solutions
Kanaan a également critiqué le blocage politique actuel, qu’il considère comme un obstacle majeur à toute solution interne. Selon lui, l’enlisement politique réduit la capacité des Libanais à influer sur les solutions et place le pays sous la dépendance de règlements externes, dans lesquels le Liban n’a ni voix ni pouvoir de décision.
« Notre but, à travers ce mouvement qui va progressivement se concrétiser dans les mois à venir, est de créer une dynamique interne chrétienne et nationale, pour débloquer cette situation fermée. Nous tendons la main à tous, » a ajouté Kanaan.
L’urgence de dépasser les divisions
Il a également souligné que la situation critique dans laquelle se trouve le Liban représente un danger existentiel pour le pays, nécessitant de dépasser les considérations individuelles et partisanes. Selon Kanaan, le Liban est plus grand que les individus et les partis, et seul un effort collectif pourra permettre au pays de retrouver une stabilité durable.
« Le Liban est plus grand que nous tous, plus grand que les personnes et les partis, » a-t-il conclu, appelant à un sursaut national pour sortir de la crise actuelle.
Le Contexte de la Crise et le Rôle du Courant Patriotique Libre (CPL)
Kanaan, figure importante du Courant Patriotique Libre (CPL), a été en conflit avec Gebran Bassil, le chef du parti, ces dernières années. Bien que Kanaan ait proposé une initiative pour résoudre les disputes internes au sein du CPL, il fait face à des critiques persistantes concernant son rôle dans la gestion de la crise financière.
Depuis l’effondrement économique du Liban, Kanaan est accusé de faire partie du « parti des banques » au Parlement, notamment pour avoir saboté le plan Lazard de redressement économique. Ce plan, soutenu par la communauté internationale et le Fonds Monétaire International (FMI), visait à réformer le secteur financier et bancaire libanais. Les critiques soulignent que Kanaan, en tant que président de la commission parlementaire des Finances, aurait favorisé les intérêts des banques et bloqué les réformes proposées pour protéger les déposants et restructurer les dettes publiques.
Les Accusations de Sabotage du Plan Lazard
Le plan Lazard, qui devait permettre un redressement économique en cinq ans, a été torpillé par le Parlement, notamment à travers les actions de Kanaan. En protégeant les intérêts des actionnaires des banques, le plan n’a pas pu être mis en œuvre, aggravant la situation économique et allongeant la durée de récupération à plus de 30 ans. Kanaan est également critiqué pour son refus de répondre à l’invitation de débat de Marie-Claude Najm, ancienne ministre de la Justice, qui l’avait interpellé publiquement sur ses positions concernant le plan de réforme.
La situation actuelle reste critique, et la position de Kanaan sur ces dossiers sensibles continue de susciter des débats animés au Liban.