Le 28 mars 2025, le Liban reste englué dans une crise sécuritaire et diplomatique, alors que le président Joseph Aoun s’est envolé pour Paris afin de rencontrer Emmanuel Macron, cherchant un soutien international face à une occupation israélienne persistante et des violations continues du cessez-le-feu du 27 novembre 2024. Ce même jour, l’armée israélienne a annoncé des frappes dans le sud du Liban, ciblant des positions attribuées au Hezbollah en réponse à deux roquettes tirées vers le nord d’Israël, un incident que le mouvement chiite a nié avoir orchestré. Dans ce climat volatile, les déclarations de Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire « Loyauté à la Résistance » du Hezbollah, et celles d’Aoun à France 24 la veille de son voyage soulignent les défis d’un pays confronté à une occupation prolongée, des menaces israéliennes croissantes, et une quête fragile de souveraineté nationale.
Joseph Aoun à Paris : une quête de soutien diplomatique
Le déplacement de Joseph Aoun à Paris ce 28 mars intervient à un moment critique pour le Liban. Dans une interview accordée à France 24 la veille de son départ, reprise par Al Quds, le président a mis en avant une position pragmatique mais ferme : la coopération militaire avec le Hezbollah dans le sud doit être préservée pour l’instant, tandis qu’un dialogue national est nécessaire pour élaborer une stratégie de défense globale. À Paris, Aoun espère obtenir de Macron un renforcement du soutien français – diplomatique, militaire et humanitaire – pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte le cessez-le-feu et se retire des territoires occupés.
Aoun a reconnu dans son interview qu’« il n’y a pas de garanties pour arrêter les violations israéliennes » et que « notre expérience avec Israël concernant le dernier accord n’a pas été encourageante ». Cette déclaration reflète la réalité du jour : malgré la trêve signée en novembre 2024, Israël maintient une présence militaire au sud du Liban, en violation des termes exigeant son retrait avant le 15 février 2025. À Paris, Aoun devrait plaider pour une action internationale plus ferme, notamment via le groupe de contact international sur le Liban, où la France joue un rôle clé aux côtés des États-Unis et de l’Arabie saoudite.
Une occupation israélienne persistante : le refus d’évacuer
Le cessez-le-feu de novembre 2024 avait offert un espoir de paix après deux mois de guerre dévastatrice entre Israël et le Hezbollah, qui avait coûté la vie à plus de 4000 personnes et déplacé un million d’habitants. L’accord prévoyait le retrait des forces israéliennes du sud du Liban avant mi-février 2025, permettant à l’armée libanaise et à la FINUL de sécuriser la zone au sud du Litani. Pourtant, le 28 mars, cette échéance est largement dépassée, et Israël maintient des unités dans plusieurs secteurs frontaliers, prolongeant une occupation de facto.
L’Agence nationale de l’information (ANI) rapporte ce jour un survol intensif d’avions de combat israéliens à basse altitude au-dessus de Saïda, des villages à l’est, et de Jezzine, signalant une présence militaire active et intimidante. Ces survols, combinés aux frappes dans le sud, montrent qu’Israël n’a pas l’intention d’évacuer complètement, défiant les engagements pris. Mohammad Raad, dans une déclaration jeudi 27 mars, a souligné que « la priorité de la résistance à ce stade est de mettre fin à l’occupation de manière complète, par l’État, les moyens diplomatiques ou la résistance, ou les deux », un objectif partagé par Aoun qui privilégie pour l’instant la voie diplomatique.
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a justifié ce refus dans un communiqué ce matin : « Nous ne permettrons pas un retour à la réalité d’avant le 7 octobre. » Cette posture lie le retrait à une éradication totale des menaces perçues, notamment celles du Hezbollah, une condition qui donne à Israël une excuse pour maintenir ses troupes et ses opérations au Liban, transformant le cessez-le-feu en une paix illusoire.
Violations du cessez-le-feu : frappes et survols le 28 mars
Les événements du 28 mars illustrent la fragilité du cessez-le-feu, déjà entamé par des violations quasi quotidiennes. À 06h12, l’armée israélienne a signalé deux projectiles tirés depuis le Liban : l’un intercepté, l’autre retombant côté libanais, déclenchant des sirènes à Margaliot et Kiryat Shmona. À 10h00, un communiqué sur Telegram annonçait des frappes dans le sud du Liban contre des « cibles de l’organisation terroriste Hezbollah », sans préciser les lieux ou les pertes. Le Hezbollah, à 09h25, a nié toute implication via Telegram, affirmant son « ferme engagement envers le cessez-le-feu », bien qu’il ait reconnu que « l’ennemi ne le respectera pas ».
Ces frappes s’ajoutent à une série d’actions israéliennes depuis novembre. Le 23 mars, des roquettes avaient déjà été tirées depuis le Liban, suivies de bombardements israéliens, et les survols à basse altitude signalés par l’ANI ce jour à Saïda, Jezzine, et dans le sud confirment une violation continue de la trêve. À Tyr, les écoles ont fermé leurs portes après ces incidents, reflétant la peur d’une population sous pression. Aoun a déploré à France 24 que « les violations israéliennes persistent depuis les premiers jours » de l’accord, une réalité confirmée par les événements de ce 28 mars.
Menaces israéliennes : une rhétorique explosive
Les menaces israéliennes ce jour aggravent la situation. À 07h20, Israel Katz a averti : « Si le calme ne règne pas dans les localités de Galilée, il n’y aura pas de calme à Beyrouth. Nous agirons avec force face à toute menace. » Cette déclaration, qui menace directement la capitale libanaise, s’inscrit dans une logique de représailles massives, liant la sécurité israélienne à une pression militaire sur le Liban. Katz a ajouté que « nous ne permettrons pas un retour à la réalité d’avant le 7 octobre », une référence au conflit déclenché par Hamas en 2023, suggérant une politique de tolérance zéro envers toute activité hostile.
Ces menaces se concrétisent par les frappes et les survols du jour. Les avions israéliens à basse altitude au-dessus de Saïda et Jezzine, rapportés par l’ANI, sont une démonstration de force visant à intimider la population et à tester les limites de la trêve. Cette rhétorique, combinée à l’action militaire, place le Liban sous une menace constante, comme en témoigne la fermeture des écoles à Tyr, où les habitants craignent une escalade imminente.
La position du Hezbollah : retenue et soutien à l’État
Mohammad Raad, dans ses déclarations du 27 mars, a offert une perspective clé sur la stratégie du Hezbollah face à cette crise. Il a insisté sur l’engagement du mouvement envers le cessez-le-feu, malgré sa certitude qu’Israël « ne le respectera pas » et les violations persistantes. « La résistance n’a pas remplacé l’État dans ses responsabilités mais l’a aidée pour protéger le Liban, pousser l’occupation à se retirer, et préserver la souveraineté et la dignité nationale », a-t-il affirmé, soulignant un rôle complémentaire plutôt que concurrent.
Raad a ajouté que les priorités actuelles sont « mettre fin à l’occupation complètement, via l’État, les moyens diplomatiques ou la résistance », ainsi que la reconstruction, la préservation de la souveraineté, et les réformes structurelles promises par le gouvernement. Cette position converge avec celle d’Aoun, qui a exclu à France 24 une confrontation militaire interne pour désarmer le Hezbollah, notant que « ses armes ne seront pas retirées par la force » et que leur sort dépendra d’un « consensus » via un dialogue national. Cette coopération dans le sud, où « l’armée libanaise accomplit son devoir » avec le Hezbollah, reflète une alliance tactique face à l’occupation israélienne.
Joseph Aoun : diplomatie comme seule issue
Dans son interview à France 24, Aoun a mis l’accent sur la diplomatie comme « seule option pour mettre en œuvre l’accord et obtenir le retrait israélien des points occupés ». Il a exprimé l’espoir que « la situation sécuritaire reste sous contrôle et ne se détériore pas », une préoccupation cruciale alors que les frappes israéliennes secouent le sud ce 28 mars. Sur les appels américains à des négociations directes avec Israël, Aoun a été clair : « Toute négociation sur une normalisation n’est pas à l’ordre du jour, et nous restons liés à l’Initiative de paix arabe de 2002 », laissant toute entente future aux « circonstances ».
Ce positionnement, qu’il défendra à Paris, vise à rallier un soutien international pour contraindre Israël à respecter le cessez-le-feu, tout en évitant une confrontation interne avec le Hezbollah. Cependant, les événements du jour – frappes, survols, menaces – mettent en doute l’efficacité de cette approche face à l’intransigeance israélienne.
Impacts immédiats : un Liban sous siège
Les développements du 28 mars ont des répercussions immédiates. Les survols à basse altitude signalés par l’ANI à Saïda, Jezzine, et dans le sud ont semé la panique, tandis que les frappes ont poussé Tyr à fermer ses écoles, perturbant la vie quotidienne. Ces actions prolongent une crise humanitaire déjà grave : avec 80 % de la population sous le seuil de pauvreté et un million de déplacés depuis 2024, le Liban n’a ni les ressources ni la stabilité pour absorber ces chocs répétés.