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La crise économique au Liban : faillites, restructurations et secteurs touchés

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Une vague de faillites dans le secteur privé

En 2024, le Liban a enregistré une augmentation spectaculaire des fermetures d’entreprises, avec plus de 1 100 entreprises qui ont cessé leurs activités, soit une hausse de 27 % par rapport à 2023. Ces chiffres, rapportés par Al Joumhouriyat (21 février 2025), témoignent de l’ampleur de la crise économique qui frappe le pays. Les secteurs les plus touchés par cette vague de faillites sont le commerce de détail, le tourisme, et la grande distribution, tous confrontés à une contraction sévère du pouvoir d’achat.

Le Liban, plongé dans une crise financière sans précédent depuis 2019, fait face à une dévaluation de sa monnaie et à un manque de liquidités. La baisse de la demande dans les secteurs clés, combinée à l’incapacité d’obtenir des financements pour relancer les activités commerciales, a conduit de nombreuses entreprises à la fermeture. En particulier, les entreprises des secteurs du commerce et du tourisme, qui sont des moteurs économiques historiques du pays, ont été gravement impactées. Des enseignes bien établies dans le secteur des magasins de détail, telles que Spinneys et Carrefour Liban, ont vu leur activité se réduire de manière drastique, certaines fermant plusieurs points de vente dans tout le pays.

Les petits commerces, notamment dans les quartiers populaires de Beyrouth et Tripoli, ont été particulièrement vulnérables à cette crise. Selon des statistiques de l’Association des commerçants libanais45 % des petites entreprises ont été contraintes de fermer en 2024. L’incapacité de s’adapter aux nouvelles réalités économiques, ainsi que le manque de politiques publiques pour soutenir le secteur privé, a aggravé la situation. Les employés de ces entreprises ont souvent été licenciés, augmentant le taux de chômage déjà élevé au Liban, qui, selon le Banque mondiale, a atteint plus de 35 % en 2024.

Cette crise des faillites d’entreprises, bien que principalement concentrée dans certains secteurs, a des répercussions profondes sur l’ensemble de l’économie libanaise. L’impact est ressenti sur plusieurs fronts : baisse de la consommation, perte de recettes fiscales, et érosion de la confiance des investisseurs. De plus, les fermetures massives d’entreprises ont mené à un ralentissement général de l’activité économique, affectant la productivité des autres secteurs industriels.

La grande distribution : impact de la crise sur les géants du secteur

Le secteur de la grande distribution a été l’un des plus durement frappés par la crise économique. Selon les données rapportées par Al Diyar (21 février 2025), les grandes surfaces au Liban ont enregistré une baisse de 35 % de leur chiffre d’affaires en 2024 par rapport à l’année précédente. Cette chute est attribuée à la contraction du pouvoir d’achat des consommateurs libanais, causée par la dévaluation de la livre libanaise, l’inflation galopante, et la perte de la stabilité économique qui a asséché la demande pour des produits non essentiels.

Les acteurs majeurs de la grande distribution, tels que CarrefourSpinneys, et Monoprix, ont vu leurs ventes chuter en raison de l’incapacité de la population à maintenir un niveau de consommation stable face à la baisse de leurs revenus. Le secteur alimentaire, autrefois un des piliers de la consommation au Liban, a été particulièrement touché, avec des hausses de prix de près de 50 % sur certains produits de base, comme les céréales, les huiles alimentaires, et les produits laitiers, ce qui a contraint les familles libanaises à réduire leur panier de courses.

Les entreprises de grande distribution ont réagi de différentes manières pour tenter de limiter les pertes. Certaines, comme Carrefour Liban, ont réduit le nombre de magasins ouverts et diminué les horaires d’ouverture pour réduire les coûts opérationnels. D’autres ont mis en place des stratégies de promotion et de réduction, mais ces initiatives se sont avérées insuffisantes pour compenser l’effondrement de la demande. L’Association des commerçants libanaisestime qu’en raison de la situation actuelle, jusqu’à 30 % des grandes surfaces pourraient fermer définitivementd’ici la fin de 2025 si la situation économique ne s’améliore pas.

Le secteur de la distribution alimentaire a également souffert d’une perturbation des chaînes d’approvisionnement, exacerbée par la crise politique et la fermeture partielle des ports. Les produits importés ont connu des ruptures de stock régulières, ce qui a affecté les magasins et leurs capacités à satisfaire la demande des consommateurs. L’instabilité des devises a rendu difficile l’approvisionnement en produits en provenance de l’étranger, tandis que les producteurs locaux ont été contraints de faire face à l’inflation des coûts de production.

En réponse à cette crise, la grande distribution a également exploré de nouvelles avenues, telles que la digitalisation de leurs services. Carrefour et Spinneys, par exemple, ont renforcé leurs services de vente en ligne, mais cette transition n’a pas été suffisante pour compenser la baisse des ventes physiques. Ces initiatives numériques, bien qu’elles aient apporté une certaine stabilité dans les grandes villes, n’ont pas atteint les mêmes niveaux de succès dans les régions plus rurales, où la connexion Internet et l’accès aux plateformes numériques restent limités.

La crise de la grande distribution met en lumière les fragilités économiques du Liban, en particulier la dépendance du pays aux importations et les difficultés des entreprises à s’adapter à des conditions économiques de plus en plus instables. Les perspectives de reprise pour ce secteur restent incertaines, tant que l’instabilité politique et l’absence de réformes économiques structurelles persistent.

Les secteurs résilients : technologie, agriculture et énergie solaire

Si certains secteurs de l’économie libanaise se trouvent en difficulté, d’autres ont montré une résilience remarquablemalgré la crise. Parmi eux, le secteur technologiquel’agriculture, et l’énergie solaire se distinguent par des performances économiques relativement positives, offrant ainsi une lueur d’espoir dans un environnement autrement dégradé.

Le secteur technologique : croissance soutenue grâce aux start-ups

Le secteur technologique libanais a enregistré une croissance de 11,5 % en 2024, une performance exceptionnelle dans un contexte économique particulièrement difficile. Cette croissance est largement alimentée par l’émergence de start-ups spécialisées dans les services numériques, les fintechs, et les solutions logicielles adaptées aux besoins des entreprises libanaises et internationales. Ces start-ups bénéficient de la jeunesse dynamique de la populationlibanaise, qui est bien formée et particulièrement présente dans des domaines comme le développement d’applications, la cybersécurité, et les solutions fintech.

Des entreprises comme PreoFintech Innovation, et Zoomaal ont vu leur chiffre d’affaires augmenter grâce à l’expansion rapide des services numériques dans un Liban où les services traditionnels peinent à survivre. Ces entreprises tirent parti de l’évolution des technologies cloud et de la demande croissante pour des services bancaires numériques dans un pays où les banques traditionnelles sont largement perçues comme peu fiables depuis l’effondrement du secteur financier. En conséquence, des investisseurs étrangers et locaux ont continué à investir dans ces secteurs, attirés par l’innovation technologique et l’agilité des entreprises libanaises.

L’agriculture : une croissance des exportations malgré la crise interne

L’agriculture libanaise, bien que confrontée à de nombreux défis internes, a également connu une augmentation des exportations de 16 % en 2024, principalement vers l’Europe et les pays du Golfe. Cette performance est due à plusieurs facteurs : une adaptation des producteurs agricoles à de nouveaux marchés et un renforcement de la qualité des produits locaux, notamment dans des secteurs comme l’huile d’oliveles agrumes, et les produits frais.

Le Liban a longtemps été un acteur majeur dans la production et l’exportation de fruits et légumes, mais l’effondrement économique a incité de nombreux producteurs à se diversifier et à chercher des solutions plus durables et rentables. Les producteurs ont intensifié leurs efforts pour augmenter la production biominimiser les coûts de production et améliorer la qualité des produits en réponse à la demande croissante des marchés européens pour des produits alimentaires de haute qualité.

Des initiatives locales soutenues par des ONG et des entreprises du secteur privé ont permis d’ouvrir de nouveaux canaux d’exportation, notamment en renforçant les liens commerciaux avec des distributeurs européens et en développant des solutions logistiques adaptées. Ces efforts ont permis à l’agriculture libanaise de maintenir sa compétitivité, malgré les difficultés économiques internes.

L’énergie solaire : un secteur porteur d’avenir

Un autre secteur qui s’est distingué en 2024 est l’énergie solaire. Selon les données collectées, le nombre de nouvelles installations solaires a augmenté de 28 % par rapport à 2023, un signe encourageant dans un contexte où le Liban souffre de coupures d’électricité fréquentes et de prix de l’électricité prohibitifs. De nombreuses entreprises et particuliers se tournent vers l’énergie solaire comme une solution alternative face aux pannes d’électricité qui frappent régulièrement le pays.

Le marché de l’énergie solaire a attiré des investissements locaux, principalement dans des projets résidentiels et commerciaux. Des entreprises telles que Solar Energy Lebanon et Green Energy Lebanon ont connu une forte demande pour leurs installations solaires, et de nombreuses entreprises de petite et moyenne taille ont choisi d’adopter des solutions solaires pour assurer leur autonomie énergétique. Cette tendance a contribué à l’expansion rapide du secteur solaire, qui est perçu comme une alternative rentable et durable face à la crise énergétique du Liban.

L’énergie solaire s’impose ainsi comme un secteur stratégique dans un pays où l’accès à l’électricité demeure une problématique majeure. Grâce à des incitations fiscales, une diminution des coûts d’installation, et un marché de plus en plus mature, l’énergie solaire pourrait jouer un rôle clé dans la reconstruction économique du Liban à long terme.

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