Une baisse significative du chiffre d’affaires dans la grande distribution
Le secteur de la grande distribution au Liban a été particulièrement touché par la crise économique qui s’est intensifiée en 2024. Selon un rapport de Al Diyar (21 février 2025), les grandes surfaces telles que Carrefour Liban, Spinneys et Monoprix ont enregistré une baisse de 35 % de leur chiffre d’affaires en raison de la contraction du pouvoir d’achatdes Libanais. Cette chute est due à plusieurs facteurs : la dévaluation de la livre libanaise (qui a perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar américain), l’inflation galopante et une instabilité économique générale qui empêche les consommateurs de maintenir un niveau de consommation normal.
L’impact de la crise est particulièrement visible dans les quartiers populaires et les régions où le pouvoir d’achat est le plus affecté. Les supermarchés qui servaient autrefois de lieux d’approvisionnement quotidien se trouvent désormais vides, à l’exception des produits de première nécessité, dont la demande a explosé. Le prix des produits alimentaires a augmenté de plus de 50 % en un an, ce qui a obligé de nombreux Libanais à réduire leur panier de consommation. Les produits importés, traditionnellement prisés dans la grande distribution, sont devenus inaccessibles pour la majorité de la population. Par conséquent, la demande a baissé de manière drastique, réduisant les volumes de ventes de manière alarmante.
Les responsables des grandes surfaces ont rapidement réalisé que, face à la hausse des prix et à la baisse des revenus, les consommateurs privilégiaient les produits de base et optaient pour des solutions plus abordables. Cette dynamique a mis en lumière une réduction de la capacité d’achat de la population, ce qui a obligé les acteurs du secteur à revoir leur stratégie pour limiter les pertes.
Les réponses stratégiques des grandes surfaces pour faire face à la crise
Face à la baisse dramatique de leur chiffre d’affaires, les acteurs majeurs de la grande distribution, comme Carrefour Liban, Spinneys, et Monoprix, ont été contraints d’adopter une série de mesures stratégiques pour tenter de limiter les pertes. Ces mesures ont principalement consisté en des ajustements de leur modèle d’affaires, une réduction des coûts opérationnels, et une diversification des services pour s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs.
Les réductions de coûts ont été la première réponse évidente. Certaines enseignes ont choisi de réduire le nombre de leurs points de vente, notamment les plus petits, afin de concentrer leurs efforts sur les magasins principaux et les zones urbaines où la demande restait relativement stable. Spinneys, par exemple, a fermé plusieurs de ses magasins dans les zones périphériques et a concentré ses ressources sur ses établissements en centre-ville, espérant ainsi maximiser le rendement de ses espaces restants. De plus, une réduction des heures d’ouverture a été mise en place, afin de limiter les coûts liés à l’énergie et à la main-d’œuvre, notamment dans les magasins ouverts 24 heures sur 24.
Les entreprises ont également lancé des promotions et des offres pour attirer une clientèle plus restreinte mais fidèle, mais ces initiatives n’ont pas suffi à compenser la perte de pouvoir d’achat de la majorité des Libanais. Les programmes de fidélité ont été réactivés et de nouvelles cartes de réduction ont été introduites pour fidéliser les consommateurs, même dans un environnement économique difficile. Cependant, malgré ces efforts, les marges bénéficiaires ont considérablement diminué. L’inflation des prix a aggravé la situation, et certains produits ont vu leurs prix augmenter plus rapidement que la capacité d’achat des consommateurs.
En outre, face à l’essor du commerce en ligne, les grandes surfaces ont accéléré leur transition numérique. Carrefour Liban et Monoprix ont intensifié leurs efforts pour développer des plateformes de vente en ligne et des applications mobiles, permettant ainsi aux clients de commander des produits à domicile. Cependant, ces initiatives ont eu un succès mitigé, principalement en raison de la pénurie de produits et de l’instabilité des services de livraison. La capacité des plateformes de commerce électronique à compenser la baisse des ventes physiques a été limitée par les coûts élevés de la livraison et les interruptions régulières des services de messagerie, principalement dues aux pannes électriques et à la situation sécuritaire instable dans certaines régions du pays.
Les géants de la grande distribution ont également dû faire face à une augmentation des coûts logistiques. La hausse des prix du carburant, combinée à des frais de transport plus élevés en raison de l’instabilité des routes et des frontières, a considérablement augmenté leurs coûts d’approvisionnement. Selon des sources de l’Association des commerçants libanais, les coûts logistiques ont augmenté de 25 % en 2024, ce qui a encore affecté la rentabilité des grandes surfaces.