Le Ministre de l’économie, Raoul Nehmé a indiqué qu’un haircut sur les eurobonds est inévitable. Il a également estimé inévitable la fin de la politique de parité entre la livre libanaise et le dollar à long terme dans une interview accordée au quotidien anglophone The Daily Star.

Dans ces cas, nous avons trois solutions: radier une partie de la dette, augmenter la durée [échéance], augmenter les intérêts et / ou une combinaison de tout cela. Je pense que nous ne pouvons pas éviter une décote sur les euro-obligations

Ces propos interviennent alors que les autorités libanaises se sont déclarées en état de défaut de paiement, suite à l’impossibilité de rembourser la somme de 1.2 milliards de dollars d’eurobonds qui sont arrivés à échéance le 9 mars dernier.

La dette libanaise est actuellement estimée à 92 milliards de dollars fin janvier 2020, moins de 14.5 milliards de dollars étant détenus par les banques libanaises, ces dernières auraient vendu 1.1 milliards de dollars à des fonds vautours, et 5.5 milliards de dollars par la Banque du Liban.

Selon le ministre, la décote à appliquer sera a négocier avec les détenteurs de ces eurobonds. Cependant l’objectif serait de revenir à un déficit nul. Les négociations avec les créanciers n’auraient pas encore commencé, indique le Ministre de l’économie, contredisant également son homologue des finances.

Tout cela dépend des négociations et de la capacité et du montant d’argent nécessaire pour revenir à des déficits de zéro pour cent. Sur cette base, nous pouvons dire ce que nous allons faire au sujet de la dette. Toute autre hypothèse est prématurée

Concernant toujours les négociations avec les fonds vautours, le ministre de l’économie estime que ces derniers ne souhaiteraient pas, pour le moment, porter plainte contre le Liban en raison de la situation mondiale actuelle et la crise économique induite par l’épidémie de coronavirus.

Cependant, des procédures judiciaires ne sont pas à exclure pour lesquelles, le Liban pourrait perdre ou gagner.

Raoul Nehmé s’est également totalement déclaré opposé à une décote sur les comptes bancaires. Il a cependant estimé possible une autre option: “Ce que nous pouvons faire est une sorte de bail-in et cela signifie donner aux déposants des parts dans les banques et c’est une recapitalisation des banques”

Il est également revenu sur la restructuration du secteur bancaire.

La consolidation bancaire est importante pour la croissance de l’économie car l’économie ne peut pas se développer sans les banques. Mais les banques doivent accorder des prêts au secteur privé plutôt qu’au gouvernement

Il a également reconnu qu’il y a trop de banques au Liban et qu’il serait nécessaire pour les établissements bancaires de changer leurs modèles de développement et ne pas compter seulement sur des prêts aux autorités libanaises.

Aussi, un plan de relance sera nécessaire, estime Raoul Nehmé.

Nous sommes en pourparlers avec le Fonds monétaire international. Mais nous ne demanderons pas nécessairement uniquement de l’aide au FMI. Nous allons contacter des pays amis et d’autres agences pour fournir au Liban une aide financière

Les fonds seront conditionnés à un plan de réforme et une restructuration de la dette publique.

Concernant le contrôle des capitaux, il a estimé que la loi, qui sera discutée ce jeudi par le conseil de ministres a, pour objectif “d’assurer que l’argent frais est en lieu sur et que Les banques transfèrent de l’argent à l’étranger à la demande des déposants pour des fins médicales et éducatives

Sur la politique monétaire, un débat serait en court au sein du gouvernement. Toute mesure actuelle ne serait être que temporaire. “À long terme, tout est sur la table y compris la fin de la politique de parité”, allusion à un possible flottement de la livre libanaise face au dollar.

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