Des billets de 100 dollars. Crédit Photo: Libnanews.com
Des billets de 100 dollars. Crédit Photo: Libnanews.com

La parité de la livre libanaise face au dollar s’effondre au marché noir, avec un taux de change de 11 100 LL/USD à l’achat et de 11 150 LL/USD à la vente alors que certaines sources font état d’une manipulation du cours de la monnaie nationale cette fin de semaine de manière similaire à celles qui ont eu lieu les 2 semaines précédentes.

Pour rappel, ces sources font allusion aux rumeurs faisant état de l’intervention de certaines banques sur le marché noir, avec l’achat massif de devises étrangères, chose que pourtant l’Association des Banques du Liban avait réfuté par un communiqué. Cependant, des sources du milieu bancaire confirment l’intervention de banques locales en défaveur de la monnaie locale.

Ces mêmes sources font état de tentatives de pression des banques libanaises et d’une non-intervention volontaire de la BdL afin de forcer la présidence de la république à accepter la formation d’un gouvernement conforme aux intentions du premier ministre désigné Saad Hariri, la famille Hariri détenant par ailleurs 10% des actions de la totalité du secteur financier libanais, sur fond de rumeurs d’un déplacement à Paris du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé qui pourrait rencontrer un certain nombre de décideurs internationaux.

Une décision prise au plus haut niveau 

Ces manipulations du cours de la livre libanaise interviennent en dépit de l’intervention des autorités libanaises

Cette information intervient en effet suite à une réunion extraordinaire ce lundi qui s’est tenue au Palais présidentiel de Baabda. Etaient notamment présents, le premier ministre sortant, Hassan Diab, la ministre de La Défense et vice-présidente du gouvernement Zeina Akar, les ministres des finances, Ghazi Wazni, de l’intérieur Mohammed Fahmi, de l’économie Raoul Nehmé et les principaux responsables du secteur financier dont le président de l’Association des Banques du Liban Salim Sfeir. 

S’exprimant depuis Baabda, le Premier ministre sortant a accusé certaines personnes “de pousser le pays vers une explosion”. Il a souligné sa volonté d’être ferme face “à la manipulation du sort du pays par un parti ou des partis qui conspirent”, contre la stabilité sociale et la sécurité nationale.

Le premier ministre sortant estime ainsi que les plateformes de cotation de la parité de la livre libanaise face au dollar ont des visées politiques et non financières et visent à inciter les gens à avoir recours à la rue. 

Le Président de la République, le Général Michel Aoun a également appelé les services de sécurité à réprimer toute manipulation des prix des denrées alimentaires, en raison de leurs répercussions sur la sécurité nationale. “Il faut prendre des mesures rapides et décisives, financières, judiciaires et sécuritaires, pour poursuivre ceux qui manipulent les moyens de subsistance des Libanais,” a-t-il ajouté, mettant en avant la nécessité d’oeuvrer en faveur de réformes comme première étape pour tenter de résoudre la crise actuelle.

Ainsi, le Procureur de la République, le juge Ghassan Oweidat, a ordonné l’ouverture d’une enquête et l’arrestation des agents de change accusés de manipuler la parité de la livre libanaise suite à la réunion de lundi. 

La circulaire appelle tous les services de sécurité à savoir les agences de renseignement de l’armée, les forces de sécurité intérieure, la sécurité publique, la sécurité de l’État et la police des douanes à l’arrestation de “tous les changeurs de monnaie qui manipulent la monnaie nationale, ainsi que la spéculation illégale sur les devises étrangères, et les arrêter où qu’ils se trouvent et les interroger afin de découvrir l’identité de ceux qui les incitent et participent à de tels des actions qui portent atteinte au statut de la monnaie nationale”.

“Si on casse le thermomètre, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de fièvre”

Les observateurs en la matière notent que cette décision de fermeture des sites d’information en continue concernant la parité de la Livre Libanaise face au dollar pourrait au contraire aggraver la situation alors que plusieurs taux de change ont été mis en place au cours des 2 dernières années alors que la Banque du Liban et son gouverneur semblent être incapables de redresser la situation comme pourtant le rôle leur revient. 

Ainsi, si la parité officielle reste toujours arbitrairement fixée à 1507 LL/USD mais avec des billets verts introuvables à ce taux sur le marché local, différents taux de change ont été mis en place dont certains même reconnus par la Banque du Liban. Il s’agit notamment du cours de la livre face au dollar pour les changeurs ou encore pour les entreprises de transfert de fonds. Cependant, tout comme la parité officielle, il est aujourd’hui impossible pour les libanais d’y obtenir des devises étrangères. 

Ces observateurs considèrent par conséquent le marché noir comme le principal indicateur de parité réelle de la livre libanaise face aux devises étrangères.

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