Le burkini, les chasseurs de Pokémon et la blonde – Nasri Messarra

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Je suivais avec passion le débat international sur le burkini, espérant qu’il en sortirait quelque chose de bon. Entre ceux qui veulent couvrir la femme et ceux qui veulent la déshabiller, tu ne sais plus c’est qui les méchants et c’est qui les gentils. Au lieu de combattre l’obscurantisme, on combat ses victimes.

Je n’ai rien contre les femmes qui choisissent délibérément de se couvrir de la tête jusqu’aux pieds, ce qui me perturbe c’est celles qu’on a convaincues à 7 ans que Dalida n’a jamais retrouvé Gigi au Paradis parce qu’elle aimait la chanson et les maillots, et que, sans la burka, violer les petites filles c’est halal. Ces femmes qui, sans l’avoir choisi, passeront leur vie sans que les regards des hommes ne se posent sur elles, ni les regards des autres femmes, ni même le regard d’une bête. Celles qui, sans l’avoir choisi, traverseront la vie sans que personne ne remarque, couvertes jusque dans la tombe, victimes d’une culture qui n’a rien à voir avec les religions puisque dans les années 70, en Egypte, en Iran, en Turquie, en Afghanistan, en France, en Amérique et au Liban, chrétiens et musulmans dansaient indifféremment et ensemble « le jerk sur de la musique bonne sous les éclairs des stroboscopes » et finissaient tous ensemble dans le même Paradis.

L’autre culture du moment, face aux fous de Dieu? Une débilisation massive ; une perte totale de repères ; des églises, des châteaux et des musées convertis en boites de nuit ; une génération d’imberbes mutants métamorphosés en chasseurs à Pokémons et en tueurs-en-série virtuels façon GTA (Grand Theft Auto). Une masse de consommateurs idiots robotisés dont les fonctions cérébrales se limitent au niveau reptilien. De bons consommateurs et de cons électeurs…

Entre les deux cultures, dans le pays qui voulait se faire plus gros que le bœuf, une chanteuse blonde à moitié nue dans ses habits de poupée (gonflable), se plaignait que “Marc” (comprendre “Mark Zuckerberg”) lui avait bloqué “son” Facebook parce qu’elle y avait affiché son support pour LA résistance. Heureux qui, comme toi, la blonde pense que “Marc”, lui-même lit tes posts avec le plus grand intérêt avant de s’endormir auprès de Priscilla. Heureux qui, comme toi, ne sait pas qu’il a accepté, sans les lire, il y a deux jours, les nouvelles conditions de whatsapp qui stipulent que la CIA a droit d’accès à tes discussions, et que, dans aucun cas tu ne prendras parti contre la politique américaine, et que, lorsque Mark ou Barak se présenteront à toi, tu devras te mettre dans la position la plus difficile du kamasutra pour les recevoir. Bon, ce n’est pas vrai, mais admets que ça se pourrait, et que malgré tout, tu aurais accepté les conditions les yeux fermés (comme tu l’as fait hier), parce qu’il n’y a que dans ton esprit tordu que tu n’es pas gouverné par l’oncle Sam.

Oui, nous ne sommes pas beaucoup mieux que le reste du monde, assis devant la télé à écouter, le regard mouillé d’admiration et de passion, nos zaïms qui se préparent à plumer ce qui nous reste sur la peau avec leur “panier global” où l’un prend le téléphone et l’autre le pétrole. Oui, tu te crois plus intelligent que les burkinés et le grand Satan. Mais, réfléchis un coup et dis-toi que, si l’univers Pokémon des ados américains est virtuel, chez toi, la forêt d’ordures elle, est bien réelle…

Par Nasri Messarra

Nasri Messarra
Nasri Messarra est maître de conférences et docteur en gestion, spécialisé dans la communication et les stratégies du marketing viral sur Internet et sur les réseaux sociaux en ligne. Il joue le rôle de consultant auprès de plusieurs entreprises, organisations et individus (personal branding) depuis 1994.

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