samedi, juin 14, 2025

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LE LIBAN À LA TRAÎNE DE LA TRANSITION NUMÉRIQUE : UN PAYS SANS CAP TECHNOLOGIQUE

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Alors que les pays voisins accélèrent leur mutation vers une économie numérique, le Liban, lui, semble stagner. En cause : l’absence totale de stratégie publique claire en matière d’innovation technologique et de transformation digitale.

Depuis plus d’un an, aucun document officiel de planification n’a été rendu public. Aucune feuille de route n’a été proposée pour encadrer ou stimuler les initiatives dans les domaines du numérique, de la recherche appliquée ou de l’industrie technologique.

UN MINISTÈRE SANS MARGE D’ACTION DANS UN ÉTAT IMMOBILE
Le ministère de l’Économie numérique, censé jouer un rôle central dans la coordination des efforts publics en matière de digitalisation, est paralysé.

Entre instabilité politique, vacance de certains postes de direction et absence de budget autonome, ce ministère ne parvient pas à remplir sa mission.

Les retards s’accumulent dans les projets de numérisation des services publics, dans la régulation des plateformes numériques ou dans la modernisation de l’administration.

Cette inertie s’explique aussi par la fragilité des institutions centrales, elles-mêmes minées par les conflits de compétences, le sous-financement chronique et le manque de coordination interministérielle.

DES BUDGETS DÉRISOIRES POUR LA SCIENCE ET LA RECHERCHE
Al Bina’ (11 juin 2025) souligne que les budgets alloués à la recherche scientifique et à l’enseignement supérieur au Liban ne dépassent pas 0,3 % du PIB.

Ce chiffre reste très en deçà des normes internationales, qui recommandent un investissement d’au moins 1 à 2 % pour espérer intégrer les économies innovantes.

Faute de soutien structurel, les laboratoires de recherche souffrent d’un équipement obsolète, les chercheurs se retrouvent souvent isolés, et les universités privées sont livrées à elles-mêmes pour financer leur production scientifique.

Les initiatives individuelles existent, mais elles ne peuvent compenser l’absence de vision publique et d’encadrement stratégique.

UNE DÉSERTION DES PARTENARIATS PUBLIC-PRIVÉ
Le secteur privé, pourtant très dynamique dans les domaines du web, des fintechs ou de l’ingénierie logicielle, peine à trouver des relais publics.

Les partenariats public-privé, censés être un levier d’innovation et de croissance, sont pratiquement absents. Aucune plateforme nationale de coordination entre l’État, les startups et les universités n’a vu le jour ces dernières années.

En l’absence de cadre fiscal ou juridique incitatif, les grandes entreprises évitent les investissements de long terme dans la recherche ou la technologie.

La fragmentation des initiatives locales, souvent portées par des ONG ou des incubateurs privés, ne suffit pas à créer un écosystème cohérent.

DES TALENTS DISPONIBLES MAIS DÉSORGANISÉS
Malgré ces blocages, le Liban dispose de ressources humaines qualifiées. Les ingénieurs et développeurs libanais sont présents dans les grandes entreprises internationales, et plusieurs success stories témoignent du potentiel local.

Mais cette ressource précieuse est en train de s’éroder. Faute d’opportunités et d’encadrement, nombre de jeunes diplômés choisissent l’émigration ou se tournent vers des missions freelances pour des clients étrangers.

L’absence de reconnaissance institutionnelle, les salaires faibles en livres libanaises et la précarité du statut professionnel dans la tech ont amplifié cet exode.

La multiplication des initiatives informelles, souvent portées par des réseaux diasporiques ou des communautés d’entraide, ne saurait compenser l’inexistence d’un cadre structuré.

LE LIBAN MARGINALISÉ DANS LA COMPÉTITION NUMÉRIQUE RÉGIONALE
Sur le plan régional, cette inertie a un coût. Les pays du Golfe, de l’Égypte à l’Arabie saoudite, en passant par les Émirats arabes unis, déploient des stratégies offensives pour attirer les talents numériques, développer l’intelligence artificielle, robotiser les services ou financer les deeptech.

Le Liban, autrefois reconnu pour la qualité de ses ingénieurs et sa créativité entrepreneuriale, se retrouve en retrait, faute d’une politique de soutien à l’innovation.

Cette absence de projection condamne le pays à une position défensive, où il consomme les technologies développées ailleurs, sans pouvoir ni produire ni réguler les innovations sur son sol.

UNE OPPORTUNITÉ GASPILLÉE POUR LA RELANCE ÉCONOMIQUE
Dans un pays où les leviers classiques de croissance sont grippés – secteur bancaire en crise, tourisme à l’arrêt, infrastructures délabrées – le numérique aurait pu représenter une voie d’exception.

Or, faute d’action publique, le Liban a laissé passer une occasion de transformer la crise en opportunité. Aucun plan d’exportation de services numériques n’a été formulé, aucune incitation fiscale n’a été pensée pour attirer les entreprises technologiques de la diaspora.

La numérisation des services publics, qui aurait pu améliorer la transparence, réduire la corruption et offrir de nouveaux débouchés aux PME locales, reste à l’état de promesse.

Le pays se prive ainsi d’un levier stratégique pour reconstruire son économie sur des bases modernes et résilientes.

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Newsdesk Libnanews
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