Le Liban poursuit ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour établir un nouveau programme économique et financier, en remplacement de l’accord précédent. Lors d’une série de réunions tenues à Beyrouth, les autorités libanaises ont souligné leur engagement à mettre en place des réformes structurelles, notamment dans les secteurs de l’énergie, des finances publiques et de la régulation bancaire.
Des discussions intensifiées avec le FMI
Ernesto Ramírez Rigo, chef de la mission du FMI au Liban, a rencontré le président de la République, Joseph Aoun, pour discuter de l’urgence d’une stratégie de redressement financier unifiée. Ce plan vise à sortir le pays de la crise économique qui l’affecte depuis plusieurs années. Le président libanais a réaffirmé son engagement à poursuivre les réformes, condition sine qua non pour obtenir un soutien international.
En parallèle, le ministre des Finances, Yassine Jaber, s’est entretenu avec la délégation du FMI en présence du représentant résident de l’institution au Liban, Federico Lima, et de plusieurs hauts responsables du ministère. Il a insisté sur la nécessité des réformes, non pas sous la pression extérieure, mais pour la stabilité du pays. Parmi les dossiers prioritaires figurent la réforme du secteur de l’électricité, la réorganisation bancaire et la modernisation des finances publiques.
La restructuration du secteur bancaire en débat
L’un des points centraux des discussions concerne l’avenir des dépôts bancaires et la restructuration du secteur financier. Contrairement aux propositions antérieures qui envisageaient l’effacement partiel des dépôts bancaires, le gouvernement actuel explore des solutions permettant la restitution progressive des fonds des déposants, en commençant par les petits épargnants.
Le ministre des Finances a rappelé que le secteur bancaire est sous l’autorité de la Banque du Liban (BDL) et que de nouveaux responsables, notamment le gouverneur de la banque centrale et ses adjoints, devraient être désignés dans les prochains mois pour superviser ce processus. La nouvelle équipe sera chargée d’élaborer une évaluation complète du système bancaire et monétaire avant la mise en œuvre d’un plan global de restructuration.
Une contribution financière accrue au FMI
Dans un contexte de renégociation des engagements financiers, la commission parlementaire des Finances et du Budget, présidée par le député Ibrahim Kanaan, a examiné une proposition d’augmentation de la contribution du Liban au capital du FMI de 50 %, soit près de 500 millions de dollars. Cette proposition soulève plusieurs interrogations, notamment sur la capacité financière du Liban à honorer cet engagement et sur les avantages que le pays pourrait en tirer.
Les discussions ont également porté sur l’usage des fonds du FMI dans le passé, avec des préoccupations concernant la transparence des dépenses effectuées par les précédents gouvernements. Le ministre des Finances a demandé un délai supplémentaire avant de fournir des réponses détaillées sur la viabilité financière de cette contribution.
Des réformes législatives en cours
Plusieurs réformes législatives sont en préparation pour faciliter la mise en œuvre des engagements avec le FMI. La commission des Finances et du Budget a discuté d’un projet de modernisation de l’administration financière, financé par un don de 5,5 millions de dollars et un prêt de 28,5 millions de dollars de la Banque mondiale. Ce projet vise à améliorer la gestion budgétaire et la transparence des finances publiques.
Par ailleurs, des modifications du Code monétaire et de crédit sont envisagées pour adapter le cadre réglementaire aux exigences du FMI et renforcer le contrôle des flux monétaires. Ces ajustements seront finalisés après la nomination du prochain gouverneur de la BDL, qui devra superviser l’évaluation des banques et l’élaboration d’une stratégie de stabilité monétaire.
Les prochaines étapes des négociations avec le FMI
Le gouvernement libanais a fixé une feuille de route pour la poursuite des négociations avec le FMI. Une mission supplémentaire du FMI est attendue à Beyrouth début avril 2025, sous réserve de la nomination du gouverneur de la BDL. À défaut, une délégation libanaise se rendra aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington pour finaliser les discussions.
D’ici là, les autorités s’emploient à préparer une nouvelle version du plan de redressement économique, intégrant les recommandations du FMI et prenant en compte les équilibres politiques internes. Le ministre des Finances a insisté sur la nécessité d’un consensus entre le gouvernement, le Parlement, la BDL et les déposants, afin d’assurer la viabilité de l’accord.
L’issue de ces négociations déterminera l’avenir du programme d’aide internationale et, plus largement, la capacité du Liban à sortir de la crise économique et financière.
Données essentielles sur le Fonds monétaire international (FMI)
- Fondation : 1944
- Siège : Washington, États-Unis
- Nombre de pays membres : 190
- Encours de prêts (2024) : 115 milliards de dollars
- Principales missions : Surveillance économique, assistance financière, appui aux réformes structurelles