Une mise en garde directe au nouveau régime syrien
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a adressé un avertissement direct au président intérimaire syrien Ahmad al-Sharaa, affirmant que « Israël le surveille depuis les hauteurs du mont Hermon », une zone stratégique que l’armée israélienne a capturée l’an dernier pour établir une zone tampon en territoire syrien.
Cette déclaration s’accompagne d’une nouvelle vague de frappes israéliennes sur le sud de la Syrie, avec au moins 40 cibles militaires touchées dans la nuit de lundi à mardi. L’armée israélienne affirme que ces frappes visent à empêcher la militarisation du sud de la Syrie, une région clé située à proximité du plateau du Golan, territoire occupé par Israël depuis 1967 et annexé en 1981 en violation du droit international.
Une présence israélienne durable dans la zone tampon syrienne
Le ministre israélien a précisé qu’Israël n’avait pas l’intention de quitter la zone tampon en Syrie à court terme, invoquant des raisons de sécurité nationale. Cette présence militaire prolongée a pour objectif de garantir que le sud de la Syrie reste démilitarisé et qu’aucune force hostile ne puisse menacer les localités israéliennes situées à proximité du Golan.
Dans ce contexte, Israël a également annoncé son intention de permettre aux membres de la minorité druze de Syrie de travailler dans les zones du Golan contrôlées par Israël dès la semaine prochaine. Cette mesure vise à consolider les liens entre les Druzes et l’État hébreu, alors que cette communauté est historiquement partagée entre plusieurs pays : Israël, le Liban, la Syrie et la Jordanie.
L’effondrement de la Syrie et les craintes israéliennes
Ces frappes interviennent dans un contexte de violences extrêmes en Syrie, où des affrontements sanglants ont récemment fait plus de 1 130 morts, dont 830 civils issus principalement de la minorité alaouite. Ces violences ont été commises par des forces syriennes liées au nouveau régime, qui ont mené des attaques de représailles contre des civils après la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé à Londres, a qualifié ces violences de massacres ethniques, mettant en évidence un nettoyage confessionnel ciblant les populations restées fidèles à l’ancien régime alaouite.
L’adjoint au ministre israélien des Affaires étrangères, Sharren Haskel, a réagi en déclarant que les événements survenus en Syrie relevaient d’une purification ethnique, ajoutant qu’Israël ne pouvait pas tolérer qu’un régime jihadiste menace directement ses frontières. Cette déclaration reflète la grande inquiétude israélienne quant à la montée en puissance des insurgés islamistes en Syrie et aux risques d’une extension du conflit vers les territoires contrôlés par Israël.
Israël face à un nouvel ordre en Syrie
Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier, Israël suit de près l’évolution du nouveau régime syrien. La prise de pouvoir par une coalition islamiste inquiète particulièrement Tel-Aviv, qui craint que :
- Les nouvelles forces syriennes s’emparent d’équipements militaires sophistiqués et les utilisent contre Israël.
- Le chaos syrien provoque des incursions terroristes en territoire israélien.
- L’Iran et ses milices alliées exploitent l’instabilité pour renforcer leur influence en Syrie.
Pour contrer ces menaces, Israël a intensifié sa présence militaire dans le sud de la Syrie et déployé des troupes dans une zone tampon, empêchant tout mouvement des forces syriennes vers Damas et la frontière israélienne.
Les frappes aériennes de cette semaine font partie d’une stratégie préventive visant à détruire les infrastructures militaires syriennes avant qu’elles ne tombent entre de mauvaises mains. Selon l’armée israélienne, ces raids ont visé des radars, des entrepôts d’armements et des infrastructures de communication militaire.
Le Golan, un territoire stratégique au cœur des tensions
Israël considère le plateau du Golan comme une zone stratégique essentielle pour sa sécurité. Ce territoire, conquis en 1967 lors de la guerre des Six Jours puis annexé en 1981, reste un sujet de tensions avec la Syrie, qui revendique toujours sa souveraineté sur cette région.
En occupant une zone tampon à l’intérieur de la Syrie, Israël cherche à prévenir toute tentative de reconquête par le régime syrien ou par des forces hostiles, telles que les milices pro-iraniennes.
L’implantation de travailleurs druzes syriens dans le Golan vise également à renforcer la présence israélienne et à créer un réseau d’influence parmi les communautés locales, limitant ainsi les risques d’insurrection.
Vers une escalade militaire en Syrie ?
La décision d’Israël de maintenir indéfiniment ses troupes en territoire syrien et de frapper des cibles militairespourrait provoquer une réaction du nouveau gouvernement syrien ou de ses alliés.
Plusieurs scénarios sont possibles :
- Une riposte des forces syriennes, qui pourraient tenter d’attaquer les positions israéliennes dans la zone tampon.
- Une intensification des frappes israéliennes, visant à éliminer tout risque sécuritaire émanant du sud de la Syrie.
- Une réaction de l’Iran ou du Hezbollah, qui pourraient utiliser la situation pour s’impliquer davantage en Syrie et contrer Israël.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour comprendre si la situation débouche sur une stabilisation progressive ou au contraire une escalade du conflit entre Israël et le nouveau pouvoir syrien.