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Les conditions de travail des employés domestiques au Liban : Violences, abus et lenteur des réformes

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Une situation précaire et des abus généralisés

Les employées domestiques migrantes au Liban, principalement originaires des Philippines, d’Éthiopie et du Sri Lanka, sont confrontées à des conditions de travail souvent inhumaines et abusives. L’absence de régulation légale et la dépendance quasi totale de ces travailleuses vis-à-vis de leurs employeurs créent un terrain propice aux abus. Violences physiques, travail excessif, privation de nourriture et d’accès à des soins médicaux : les témoignages sont nombreux, mais la protection légale des travailleuses domestiques reste insuffisante.

« J’ai été battue tous les jours, je n’ai pas eu de repos pendant des mois. Ils ont pris mon passeport et m’ont empêchée de quitter la maison », raconte une employée domestique qui a réussi à s’échapper après plusieurs mois de maltraitance. Ce type d’expérience est malheureusement très courant. Les violences psychologiques et physiquesinfligées aux employées domestiques ne sont pas systématiquement dénoncées en raison de la peur de représailles ou de l’absence de soutien légal.

Les employeurs profitent souvent de la vulnérabilité légale de ces travailleuses. En effet, elles sont souvent obligées de signer un contrat qui les lie à un employeur particulier et les empêche de changer d’employeur sans son consentement. Cela renforce leur situation de dépendance et les expose à des abus. Le système de la « kafala », qui lie l’employée domestique à un employeur, est l’un des principaux obstacles à l’amélioration de leur condition de travail.

Manque de régulation légale et absence de protection

Le Liban ne dispose pas de lois suffisantes pour encadrer le travail domestique, laissant ces employés dans un vide juridique. Bien que la loi sur le travail régisse de nombreux secteurs, elle exclut expressément les employés domestiques, ce qui signifie que ces travailleurs n’ont pas accès aux droits de base comme l’assurance sociale, la sécurité au travail, ou des horaires de travail régulés.

En 2021, un projet de loi a été présenté pour améliorer la situation des travailleurs domestiques migrantes, mais les réformes législatives avancent très lentement« Le système politique au Liban est trop corrompu et trop préoccupé par d’autres crises pour prioriser la question des droits des travailleuses domestiques », indique une militante des droits humains. Le manque de volonté politique et la pression de certains groupes d’employeurs ont retardé des réformes législatives vitales.

Les organisations de défense des droits humains ont dénoncé à plusieurs reprises la lenteur des réformes, soulignant que, malgré les promesses de réforme, les violations continuent à un rythme alarmant. Un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) estime qu’environ 30% des travailleuses domestiques au Liban subissent des abus graves, et qu’une majorité d’entre elles ne peuvent accéder à la justice en raison de leur statut précaire.

Les efforts des ONG et la lente progression des réformes

De nombreuses ONG locales et internationales travaillent sans relâche pour améliorer les conditions de vie et de travail des employés domestiques. Des programmes d’aide juridique, des réseaux de soutien psychologique, et des campagnes de sensibilisation ont vu le jour, mais ces initiatives restent trop fragmentées et insuffisantes face à l’ampleur du problème.

Des associations, comme Migrant-Rights.org et Caritas Lebanon, ont lancé des réseaux d’accompagnement pour les travailleuses migrantes, leur offrant un accès à des avocats, des refuges temporaires et un soutien psychologique. Cependant, ces efforts sont limités par le manque de financement et le soutien institutionnel. Les ONG se retrouvent souvent à gérer des cas d’urgence sans avoir les ressources suffisantes pour fournir des solutions à long terme.

Le Liban a signé des conventions internationales, telles que la Convention sur les travailleurs domestiques de l’Organisation internationale du travail (OIT), mais ces engagements ne se traduisent toujours pas par des actions concrètes sur le terrain. Le gouvernement libanais a accepté des recommandations internationales, mais la mise en œuvre des réformes reste insuffisante, laissant les travailleuses domestiques dans une situation de vulnérabilité constante.

Perspectives d’amélioration et de réforme

Certains analystes estiment qu’il est possible de renverser la tendance si des réformes législatives ambitieuses sont mises en place rapidement. La modification du système de « kafala », permettant aux travailleuses domestiques de changer d’employeur plus facilement, serait un premier pas crucial vers une meilleure protection. « Les travailleuses domestiques doivent être traitées comme n’importe quel autre travailleur », souligne une défenseuse des droits humains.

Les réformes légales devront inclure des dispositions sur les conditions de travail, l’accès à la justice, les droits sociaux et médicaux, et devront être accompagnées d’une formation des forces de l’ordre et des juges sur les droits des travailleurs domestiquesUn changement culturel et éducatif au sein de la société libanaise est également nécessaire pour sensibiliser les citoyens à la situation des employés domestiques.

Cependant, l’évolution de la situation des travailleurs domestiques au Liban dépendra de la volonté politique du gouvernement libanais. Des avancées concrètes semblent possibles, mais elles sont conditionnées à une véritable réforme législative et à un soutien plus fort des acteurs internationaux. Le temps presse, et la communauté internationale, ainsi que les ONG, continueront à mettre la pression sur le gouvernement libanais pour qu’il respecte ses engagements envers les droits des travailleurs domestiques.

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Newsdesk Libnanews
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