Stabilité globale des dépôts en devises au T1 2025
Selon les données publiées par la Banque du Liban (BDL) pour le mois de mars 2025, le total des dépôts en devises étrangères dans les banques libanaises a atteint 88 milliards USD au premier trimestre, un niveau quasi stable malgré les règlements mensuels estimés à 230 millions USD de dépôts bloqués en « lollars ». Cette situation s’explique par une injection nette de 500 millions USD de nouveaux dépôts dits « frais », qui a permis de contrebalancer partiellement l’érosion des anciens avoirs.
Sur ces 88 milliards USD, 84 milliards USD correspondent à des lollars et 4 milliards USD à des dépôts frais. Le maintien d’un tel volume total en devises, dans un contexte de crise bancaire persistante, suggère une forme de réancrage partiel de la confiance dans certaines banques.
Hausse des dépôts en livres libanaises convertie en dollars
Parallèlement, les dépôts en livres libanaises ont progressé de 67,9 trillions LL à 77,9 trillions LL entre décembre 2024 et mars 2025, soit une hausse de 10 trillions LL. Convertis au taux de 89 500 LL/USD, cela équivaut à 870 millions USD. Cette croissance est attribuée à une forte création monétaire, notamment à hauteur de 21,2 trillions LLinjectés par la BDL, soit 236,87 millions USD.
Tableau 1 : Indicateurs bancaires au premier trimestre 2025 (montants en USD)
Indicateur | Montant (USD) |
---|---|
Total dépôts en devises (Q1 2025) | 88,000,000,000 |
Dépôts lollars | 84,000,000,000 |
Dépôts frais | 4,000,000,000 |
Dépôts en LL (mars 2025) | 870,391,162 |
Création monétaire en LL (Q1) | 236,871,508 |
Prêts au secteur privé | 5,600,000,000 |
Fonds propres bancaires | 4,500,000,000 |
Portefeuille euro-obligations | 2,300,000,000 |
Liquidité en devises à l’étranger | 5,100,000,000 |
Cash en devises sur le territoire | 600,000,000 |
Liquidité totale en devises | 5,700,000,000 |
Solde réel de la balance des paiements (BoP) | 1,200,000,000 |
Maintien des prêts et dollarisation extrême
Le portefeuille de prêts au secteur privé est resté stable à 5,6 milliards USD fin mars 2025, malgré les remboursements de dettes en lollars par certains bénéficiaires. Cette stabilité s’explique par la reprise progressive des prêts en dollars frais par quelques banques.
Le taux de dollarisation des dépôts, déjà extrêmement élevé, s’établit à 99,0 %, en légère baisse de 0,1 point de pourcentage. Celui des prêts augmente légèrement à 97,8 %, témoignant d’un système bancaire toujours massivement dollarisé. Cette caractéristique continue de contraindre la politique monétaire nationale.
Erosion persistante des fonds propres bancaires
Les fonds propres des banques libanaises ont poursuivi leur baisse, passant de 4,8 milliards USD à 4,5 milliards USD, soit une diminution de 300 millions USD sur le trimestre. À titre de comparaison, ces fonds s’élevaient à 20,6 milliards USD en octobre 2019, avant l’éclatement de la crise. Cette érosion est liée aux pertes opérationnelles et à la mise en œuvre de la circulaire 158 qui oblige les établissements à restituer des montants en devises aux déposants.
Reprise progressive des actifs : eurobonds et liquidités
Le portefeuille d’euro-obligations a augmenté de 100 millions USD, atteignant 2,3 milliards USD fin mars. Cette hausse est attribuée à une légère appréciation des prix de marché des eurobonds, reflet d’un optimisme modéré des investisseurs institutionnels sur les perspectives de réforme et de restructuration de la dette souveraine.
En parallèle, la liquidité extérieure en devises détenue par les banques a augmenté de 400 millions USD, atteignant 5,1 milliards USD. En y ajoutant 600 millions USD de cash détenu en coffre sur le territoire libanais, la liquidité totale en dollars frais s’élève à 5,7 milliards USD.
Cependant, cette amélioration de la liquidité brute masque une diminution de 100 millions USD de la liquidité libre, c’est-à-dire réellement mobilisable. Cette contraction est liée aux pertes cumulées et aux exigences de paiements en devises imposées aux banques.
Excédent réel de la balance des paiements
La balance des paiements du Liban affiche un excédent nominal de 5,4 milliards USD au premier trimestre, principalement dû à la hausse du prix de l’or. Toutefois, corrigé de cet effet, l’excédent réel ressort à 1,2 milliard USD, ce qui signale une amélioration concrète des entrées nettes de capitaux.