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Les entreprises libanaises qui misent sur l’exportation pour survivre à la crise

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L’exportation comme alternative face à un marché intérieur en crise

Dans un contexte où la consommation locale s’effondre et où l’instabilité monétaire rend les affaires difficiles, certaines entreprises libanaises adoptent une stratégie tournée vers l’exportation pour maintenir leur activité et préserver leur rentabilité. Les secteurs agroalimentaire, technologique et industriel apparaissent comme les plus dynamiques sur les marchés étrangers, tirant profit de la demande internationale et des accords commerciaux existants.

L’industrie agroalimentaire en particulier connaît une croissance soutenue de ses exportations, malgré les défis logistiques et financiers liés aux restrictions bancaires et aux fluctuations du taux de change. Des produits emblématiques comme l’huile d’olive, le vin et certaines spécialités libanaises bénéficient d’une forte demande sur les marchés du Golfe et en Europe, offrant ainsi une opportunité précieuse aux producteurs locaux pour contourner les difficultés économiques nationales​.

Avec un taux de change à 89 700 LBP pour un dollar et une inflation de 192 %les coûts de production locaux sont devenus extrêmement élevés, poussant de nombreuses entreprises à chercher des revenus en devises étrangères pour stabiliser leur rentabilité. L’exportation apparaît ainsi comme une bouée de sauvetage pour ces sociétés, leur permettant d’échapper aux contraintes du marché intérieur tout en assurant un certain dynamisme économique.

L’industrie agroalimentaire en première ligne de l’exportation

Parmi les secteurs qui résistent le mieux à la crise économique, l’agroalimentaire libanais se distingue par une forte capacité d’adaptation et d’expansion à l’international. Grâce à la renommée de certains produits traditionnels et à une demande croissante sur les marchés étrangers, les entreprises de ce secteur réorientent leurs stratégies commerciales vers l’exportation, notamment en Europe et dans le Golfe.

L’huile d’olive libanaise fait partie des produits les plus prisés à l’international. Réputée pour sa qualité et son mode de production artisanal, elle attire particulièrement les marchés européens et du Moyen-Orient, où la demande pour les produits alimentaires naturels et biologiques ne cesse d’augmenter. En 2024, les exportations d’huile d’olive libanaise ont connu une hausse de 18 % par rapport à l’année précédente, atteignant un chiffre d’affaires de 220 millions de dollars​.

Le secteur viticole représente un autre pilier des exportations libanaises. Avec des cépages uniques et une production qui combine tradition et modernité, le vin libanais séduit une clientèle internationale, en particulier en France, en Allemagne, aux États-Unis et dans les pays du Golfe. En 2024, les exportations de vin ont progressé de 12 %, permettant aux producteurs de maintenir une activité stable malgré la crise nationale​.

D’autres produits phares, tels que les confiseries libanaises, les épices et les conserves alimentaires, rencontrent également un succès croissant à l’étranger. Les producteurs qui ont investi dans des certifications internationales et des labels de qualité bénéficient d’un avantage compétitif sur les marchés étrangers, leur permettant d’attirer des distributeurs internationaux et d’augmenter leurs ventes en devises étrangères.

Cependant, cette orientation vers l’exportation ne se fait pas sans difficultés. Les entreprises doivent composer avec une infrastructure logistique en déclin, notamment des ports congestionnés, des délais d’expédition plus longs et des coûts de transport en augmentation. De plus, les restrictions bancaires compliquent les transactions internationales, rendant les paiements et les transferts de fonds plus lents et plus coûteux​.

Pour pallier ces obstacles, certaines entreprises développent des partenariats avec des distributeurs étrangers, ce qui leur permet de sécuriser leurs ventes et de bénéficier d’un meilleur accès aux marchés internationaux. D’autres misent sur la digitalisation de leurs ventes, en utilisant les plateformes de commerce en ligne et les réseaux sociauxpour toucher une clientèle plus large et diversifiée.

Malgré ces défis, l’exportation reste une alternative clé pour les entreprises agroalimentaires libanaises, leur offrant une source de revenus stable en devises étrangères et une opportunité de pérenniser leur activité face aux incertitudes du marché intérieur.

Les entreprises technologiques et industrielles à la conquête des marchés étrangers

Au-delà du secteur agroalimentaire, les entreprises technologiques et industrielles libanaises jouent également un rôle de premier plan dans la stratégie d’exportation pour survivre à la crise. Grâce à l’essor du numérique et aux opportunités qu’offre l’internationalisation, certaines entreprises spécialisées dans les solutions fintech, les services cloud et l’ingénierie ont su s’adapter aux nouvelles réalités économiques et tirer parti des marchés extérieurs.

Le secteur des technologies financières (fintechs) est l’un des domaines qui connaît une expansion rapide, malgré la situation économique locale difficile. Face à l’effondrement du système bancaire traditionnel et aux restrictions sur les transactions en devises étrangères, plusieurs entreprises ont développé des solutions alternatives, telles que les plateformes de paiement numérique, les portefeuilles électroniques et les services de transfert de fonds décentralisés.

Ces services sont particulièrement appréciés par la diaspora libanaise, qui représente un marché clé pour ces entreprises, car elle cherche des moyens plus efficaces et moins coûteux pour envoyer de l’argent au Liban. Grâce à des accords avec des banques étrangères et des systèmes de paiement internationaux, ces fintechs parviennent à générer des revenus en devises fortes, échappant ainsi aux contraintes du système financier local​.

Le secteur du développement logiciel et des services numériques connaît également une croissance à l’international. Plusieurs entreprises libanaises spécialisées dans le développement d’applications mobiles, la cybersécurité et l’intelligence artificielle ont réussi à attirer des clients étrangers, notamment dans les pays du Golfe, en Europe et en Afrique du Nord. Cette internationalisation leur permet de se positionner sur des marchés en plein essor, tout en bénéficiant de contrats libellés en dollars ou en euros, leur offrant une protection contre l’instabilité monétaire locale​.

Dans le domaine industriel, les entreprises d’ingénierie et de fabrication cherchent elles aussi à s’imposer sur les marchés extérieurs. Avec un marché local au ralenti en raison de la chute des investissements publics et privés, certaines entreprises se tournent vers des projets internationaux, en signant des contrats d’exportation pour des équipements industriels, du matériel de construction ou des composants électroniques.

Cependant, ces entreprises sont confrontées à plusieurs obstacles majeurs, notamment les coûts d’exportation élevés, le manque de financement pour développer leurs infrastructures et la concurrence accrue des entreprises étrangères. Pour surmonter ces défis, certaines d’entre elles s’appuient sur des partenariats stratégiques avec des groupes internationaux ou recherchent des subventions auprès d’organisations régionales et internationales​.

L’essor du commerce électronique représente également une opportunité pour les petites entreprises et les entrepreneurs. Grâce à des plateformes comme Amazon, Shopify et des marketplaces spécialisées, plusieurs marques libanaises réussissent à vendre leurs produits à l’international, en ciblant des marchés de niche comme les produits artisanaux, la mode et les cosmétiques naturels.

La diversification des exportations vers le numérique et l’industrie permet ainsi d’atténuer les effets de la crise et d’assurer un flux de revenus plus stable en devises étrangères. Cependant, la viabilité de cette stratégie dépend de l’amélioration des infrastructures logistiques et financières, ainsi que de la capacité des entreprises à s’adapter aux exigences des marchés internationaux.

Les défis structurels freinant l’expansion des exportations libanaises

Malgré l’essor de certaines entreprises à l’international, l’exportation reste un défi majeur pour les entreprises libanaises, qui doivent composer avec une série d’obstacles structurels limitant leur capacité à se développer à l’étranger. Ces défis, à la fois logistiques, financiers et réglementaires, ralentissent le potentiel d’internationalisation des entreprises et réduisent leur compétitivité sur les marchés internationaux.

L’un des principaux freins à l’exportation est l’état des infrastructures logistiques et de transport, qui n’a cessé de se détériorer ces dernières années. Le port de Beyrouth, autrefois un hub régional clé pour le commerce maritime, fonctionne encore à un niveau réduit depuis l’explosion de 2020. Cela entraîne des délais d’expédition plus longs, une augmentation des coûts de transport et une baisse de la fiabilité des exportations. De nombreuses entreprises doivent désormais passer par des ports étrangers, notamment ceux de Chypre et de la Turquie, ce qui alourdit encore plus les frais logistiques et complique la gestion des chaînes d’approvisionnement​.

Le système bancaire en crise constitue un autre obstacle majeur. En raison des restrictions sur les transactions internationales, de nombreuses entreprises peinent à recevoir leurs paiements en devises étrangères ou à effectuer des virements bancaires à leurs fournisseurs. Certaines entreprises exportatrices n’ont d’autre choix que d’ouvrir des comptes bancaires à l’étranger, une solution qui n’est pas accessible à toutes les sociétés, en particulier aux petites et moyennes entreprises (PME). Cette instabilité monétaire rend la gestion des flux financiers très complexe, forçant certaines entreprises à négocier des paiements en espèces ou en cryptomonnaies pour contourner les blocages​.

Les coûts de production élevés constituent également un handicap pour la compétitivité des entreprises libanaises à l’export. Avec une inflation annuelle dépassant les 192 % et une livre libanaise s’échangeant à 89 700 LBP pour un dollar, les entreprises doivent faire face à des hausses de prix sur les matières premières, l’énergie et la logistique. Les coupures d’électricité obligent de nombreuses entreprises industrielles à fonctionner avec des générateurs privés, ce qui multiplie leurs coûts énergétiques et réduit leur marge bénéficiaire​.

Les barrières réglementaires et administratives ralentissent également les exportations. Le Liban souffre d’un environnement bureaucratique complexe, avec des réglementations souvent incohérentes et difficiles à appliquer. Les exportateurs doivent composer avec des taxes élevées, des délais d’approbation prolongés et des processus douaniers lourds, ce qui limite leur compétitivité face aux producteurs étrangers qui bénéficient de procédures simplifiées.

À cela s’ajoute une concurrence régionale accrue. Les pays voisins, notamment la Turquie, l’Égypte et les Émirats arabes unis, investissent massivement dans leurs infrastructures industrielles et logistiques, offrant des produits similaires à des prix plus compétitifs. Dans ce contexte, les entreprises libanaises doivent redoubler d’efforts pour se différencier, soit par la qualité de leurs produits, soit par des stratégies commerciales innovantes.

L’accès limité aux financements empêche aussi de nombreuses entreprises d’investir dans leur expansion internationale. Les banques locales ne proposent plus de prêts aux entreprises, et les investisseurs étrangers hésitent à financer des projets basés au Liban en raison de l’incertitude économique et politique. Cette situation limite les capacités d’innovation et de développement, empêchant les entreprises libanaises d’accroître leur production et d’explorer de nouveaux marchés​.

Malgré ces obstacles, certaines entreprises parviennent à s’adapter et à contourner ces difficultés en établissant des partenariats stratégiques avec des distributeurs étrangers, en utilisant des plateformes de vente en ligne et en se concentrant sur des marchés de niche où la qualité prime sur les coûts. Toutefois, sans une amélioration structurelle de l’environnement économique, ces solutions ne peuvent suffire à relancer durablement l’exportation libanaise.

Les solutions pour renforcer les exportations libanaises et garantir leur pérennité

Face aux nombreux défis structurels qui entravent l’expansion des exportations libanaises, plusieurs solutions peuvent être envisagées pour améliorer la compétitivité des entreprises à l’international et assurer un développement économique durable. Ces stratégies nécessitent une coordination entre les acteurs privés et publics, ainsi qu’un soutien accru des institutions internationales.

1. Investir dans les infrastructures logistiques et énergétiques

L’un des principaux freins aux exportations libanaises est l’état dégradé des infrastructures logistiques et énergétiques. Pour faciliter les échanges commerciaux, il est essentiel de moderniser les installations portuaires et les corridors de transport. Le port de Beyrouth, qui joue un rôle clé dans les exportations du pays, doit bénéficier d’un plan de reconstruction accéléré, afin de réduire les délais d’expédition et les coûts logistiques.

De même, l’amélioration du réseau routier et la modernisation des infrastructures aéroportuaires permettraient de fluidifier les échanges et de garantir une meilleure accessibilité aux marchés étrangers. L’investissement dans des zones industrielles bien équipées pourrait également aider les entreprises manufacturières à améliorer leur productivité et à réduire leurs coûts opérationnels.

Sur le plan énergétique, la mise en place d’un réseau d’électricité stable et abordable est indispensable pour permettre aux entreprises de fonctionner à pleine capacité. Aujourd’hui, les coûts énergétiques élevés, liés à la dépendance aux générateurs privés, grèvent lourdement les marges bénéficiaires des entreprises exportatrices. En investissant dans les énergies renouvelables et les infrastructures de distribution, le Liban pourrait réduire ces coûts et accroître sa compétitivité sur les marchés internationaux.

2. Assouplir les restrictions bancaires et faciliter les transactions financières

Les restrictions bancaires actuelles compliquent les transactions internationales des entreprises libanaises, en limitant leur capacité à recevoir et à envoyer des paiements en devises étrangères. Il est crucial de mettre en place des mécanismes financiers plus flexibles, qui permettent aux exportateurs d’accéder plus facilement à leurs fonds et de sécuriser leurs transactions.

Une solution possible serait d’autoriser les entreprises à ouvrir des comptes offshore dans des banques étrangères, leur offrant ainsi un accès direct aux devises sans passer par les contraintes du système bancaire local. Certaines fintechs libanaises ont déjà commencé à proposer des alternatives numériques aux transactions bancaires classiques, facilitant les paiements internationaux et permettant aux entreprises d’échapper aux restrictions imposées par le secteur financier national.

Par ailleurs, la mise en place de garanties de crédit à l’exportation pourrait encourager les investissements dans le secteur industriel et technologique, en réduisant les risques liés aux fluctuations monétaires et aux retards de paiement. Des institutions comme la Banque du Liban ou des organismes internationaux pourraient jouer un rôle de facilitateur en proposant des mécanismes de financement adaptés aux exportateurs.

3. Améliorer le cadre réglementaire et simplifier les procédures douanières

Le Liban souffre d’un environnement bureaucratique complexe et inefficace, qui ralentit considérablement les démarches administratives liées aux exportations. Pour renforcer la compétitivité des entreprises sur les marchés internationaux, il est impératif de simplifier les procédures douanières, de réduire les taxes à l’exportation et d’accélérer les délais d’approbation des certificats et autorisations commerciales.

L’instauration d’un guichet unique numérique pour les exportateurs permettrait d’alléger les formalités administratives, en regroupant toutes les démarches en un seul point d’entrée. Cette digitalisation des services pourrait réduire le temps nécessaire pour exporter un produit, en évitant les retards bureaucratiques et la corruption.

L’adhésion à des accords commerciaux régionaux et internationaux pourrait également faciliter l’accès des entreprises libanaises aux marchés étrangers. Une intégration renforcée dans les accords de libre-échange avec l’Union européenne et les pays du Golfe offrirait de nouvelles opportunités aux exportateurs, en réduisant les barrières tarifaires et en facilitant la circulation des biens et services.

4. Encourager la diversification des marchés et l’innovation

Pour assurer une croissance durable des exportations, les entreprises libanaises doivent éviter de dépendre d’un nombre restreint de marchés et de secteurs. La diversification des débouchés, notamment vers l’Afrique, l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine, pourrait réduire la dépendance aux économies européennes et du Golfe, qui connaissent parfois des ralentissements conjoncturels.

L’innovation et la montée en gamme des produits sont également des leviers essentiels pour maintenir une position concurrentielle à l’international. En investissant dans la recherche et le développement, la certification qualité et le design produit, les entreprises libanaises peuvent mieux se positionner sur les segments premium des marchés étrangers.

L’État et les chambres de commerce pourraient jouer un rôle clé en soutenant les entreprises innovantes par le biais d’incitations fiscales, de programmes de formation et de fonds d’investissement dédiés à l’exportation.

5. Renforcer la coopération entre les entreprises libanaises et les investisseurs internationaux

Le renforcement des relations commerciales entre les entreprises locales et les partenaires étrangers est une opportunité majeure pour stabiliser et développer les exportations. La mise en place de joint-ventures avec des entreprises internationales, de partenariats stratégiques avec des distributeurs et d’accords de sous-traitance industrielle peut aider les entreprises libanaises à accéder à de nouveaux marchés tout en bénéficiant d’un accompagnement structurel.

Des missions économiques et des salons internationaux spécifiques pourraient être organisés pour promouvoir les produits libanais à l’étranger et attirer de nouveaux investisseurs intéressés par le marché libanais.

En outre, la mobilisation de la diaspora libanaise, qui joue un rôle crucial dans l’économie nationale, pourrait favoriser le développement des exportations. De nombreux entrepreneurs libanais établis à l’étranger possèdent des réseaux commerciaux et financiers solides, qui pourraient être mis à profit pour renforcer la présence des produits libanais sur les marchés internationaux.

Vers un nouveau modèle économique centré sur l’exportation

Si l’exportation représente une opportunité clé pour les entreprises libanaises, elle ne pourra se développer durablement sans une refonte des politiques économiques et industrielles. Le Liban doit miser sur un modèle de croissance fondé sur l’internationalisation des entreprises, la modernisation des infrastructures et la mise en place d’un environnement des affaires plus transparent et plus compétitif.

À court terme, les entreprises qui réussiront à s’adapter aux nouvelles exigences du commerce international, à diversifier leurs débouchés et à innover seront celles qui survivront à la crise et réussiront à s’imposer sur la scène mondiale.

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