Alors qu’il est inculpé de détournement de fonds, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé jouerait au chaud et au froid, estime le quotidien Al Akhbar.

Le journal rappelle qu’en dépit des accusations à son encontre, le conseil des ministres a décidé hier pour le convoquer à la prochaine session en tant que responsable de la Banque du Liban pour présenter une explication de ce qui se passe sur le marché et pour entendre parler des remèdes possibles, lui conférant ainsi une légitimité sur le plan interne.

Al Akhbar estime qu’en dépit des procédures lancées à l’étranger sur fond de soupçons de détournement de fonds qu’il aurait commis avec son frère Raja, Riad Salamé aurait ainsi pris en otage la population libanaise via une réduction des sommes injectées quotidiennement par sa plateforme électronique Sayrafa, ce qui a amené à des paniques sur le marché, le retour des files d’attente devant les stations services la menace de voir le cours de la livre libanaise s’effondrer à nouveau par rapport au marché noir.

Cette version des faits a été confirmée par le ministre de l’énergie, Walid Fayyad devant le conseil des ministres. Il a ainsi noté que la Banque centrale avait imposé des restrictions sur les transferts de paiements en dollars alors que le gouvernement Mikati III demandait au contraire à la BdL de sécuriser l’injection de devises étrangères. Un accord tacite aurait été ensuite conclu afin de poursuivre ces opérations pour les 2 mois à venir.

Ainsi, le gouverneur de la BdL a unilatéralement décidé d’empêcher les entreprises comme les importateurs de carburants d’utiliser Sayrafa à condition que ces dernières versent des espèces à expédier à l’étranger pour payer les expéditions au lieu de la pratique précédente de paiement des factures en livres et de conversion en dollar via cette plateforme électronique.

Si Riad Salamé ne sort plus de l’appartement où résidait feu Edmond Naim qui a vécu pendant la guerre civile au dernier étage de la Banque du Liban en raison des menaces d’arrestations, cette action de sa part intervient alors que la recherche en vue de le remplacer aurait débuté.

Le journal Al Akhbar indique ainsi que son remplacement a été même demandé par les Etats-Unis et la France. L’ambassadrice des Etats-Unis au Liban Dorothy Shea aurait ainsi informé Riad Salamé qu’il ne pouvait plus poursuivre la relation avec lui comme avant, et qu’ils ne voient pas d’inconvénient à apporter des ajustements à la gouvernance de la Banque du Liban.

Côté français Samir Assaf – précédemment pressenti comme prochain gouverneur de la Banque du Liban – aurait été chargé par le président de la république française Emmanuel Macron de lui trouver un successeur.

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