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Les réserves de la Banque du Liban augmentent de 4,8 milliards grâce à la flambée des prix de l’or

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Une hausse remarquable dans un contexte de crise persistante
Entre décembre 2024 et mars 2025, les réserves totales de la Banque du Liban (BDL) sont passées de 34,2 milliards à 39,1 milliards de dollars, soit une hausse de 4,8 milliards (+14 %). Cette augmentation est essentiellement attribuée à l’appréciation de la valeur de l’or détenu par la banque centrale, qui représente plus de 87 % de cette croissance. Les réserves en or sont passées de 24,1 à 28,3 milliards de dollars, bénéficiant d’un contexte international favorable aux actifs refuges.

Le rôle décisif du métal jaune
Avec 9,2 millions d’onces d’or détenues dans ses coffres, la BDL possède l’un des stocks d’or les plus importants au monde par rapport à son PIB. Entre fin décembre 2024 et fin mars 2025, le cours de l’once d’or est passé de 2 624,50 à 3 080 dollars, entraînant une revalorisation mécanique des avoirs libanais. En mars 2025, le stock d’or valait 28,34 milliards de dollars, soit 4,24 milliards de plus qu’en décembre. Cette flambée reflète la fuite globale vers les actifs refuges, dans un contexte d’incertitudes géopolitiques croissantes et de tensions commerciales mondiales déclenchées par la nouvelle politique tarifaire des États-Unis.

Tableau de synthèse des réserves officielles de la BDL

IndicateurDécembre 2024Mars 2025Variation ($)
Réserves en or24,10 Mds28,34 Mds+4,24 Mds
Réserves de change liquides10,14 Mds10,73 Mds+0,59 Mds
Total des réserves34,24 Mds39,07 Mds+4,83 Mds

Des réserves de change toujours limitées
En dehors de l’or, les réserves de change liquides n’ont progressé que de 592 millions de dollars sur la période. Ce niveau reste insuffisant pour couvrir plusieurs mois d’importations, et souligne la fragilité des positions externes nettes du Liban. Cette réalité relativise la bonne nouvelle de l’appréciation de l’or : la capacité réelle de la BDL à intervenir sur les marchés ou à honorer les demandes de retrait reste très contrainte sans mécanisme de refinancement extérieur.

Un débat national relancé sur l’utilisation des réserves d’or
La hausse des réserves en or a ravivé un débat ancien sur leur mobilisation éventuelle pour combler le déficit du secteur bancaire ou rembourser partiellement les déposants. Plusieurs responsables politiques ont évoqué cette possibilité, présentée comme une « solution de dernier recours ». Toutefois, l’opérationnalisation de cette idée soulève de nombreuses objections techniques, juridiques et économiques. L’or est juridiquement inaliénable sans l’approbation du Parlement, et sa vente pourrait envoyer un signal de désespoir aux marchés internationaux.

Un levier stratégique mais non liquidable à court terme
Dans la hiérarchie des actifs, l’or joue un rôle de réserve de valeur, mais non de liquidité immédiate. Le vendre en contexte de crise reviendrait à transformer une garantie de long terme en ressource budgétaire à effet transitoire, ce qui irait à l’encontre de toutes les recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Par ailleurs, les prix de l’or sont volatils, et une correction du marché entraînerait mécaniquement une baisse des réserves affichées.

Le Liban, pays avec le plus fort ratio or/PIB au monde
Avec une richesse nationale fortement contractée et une croissance encore balbutiante, le Liban présente en mars 2025 un ratio or/PIB avoisinant 100 %, le plus élevé au monde. Ce chiffre spectaculaire, qui reflète surtout la faiblesse du dénominateur (le PIB), masque une asymétrie inquiétante entre richesse apparente et capacité économique réelle. Le pays dispose ainsi d’un stock de richesse figée, mais reste incapable d’activer des leviers de politique économique sans financement externe.

L’appréciation de l’or : un trompe-l’œil de stabilité ?
La présentation publique des réserves de la BDL comme une preuve de « solidité » financière est discutable. Si la hausse des réserves donne une image rassurante sur le plan comptable, elle ne reflète pas une amélioration des fondamentaux macroéconomiques : pas d’excédent commercial, pas de retour des dépôts, pas d’accord avec le FMI. La flambée de l’or est un phénomène exogène qui n’est ni le fruit de réformes internes ni de croissance économique réelle. En cela, elle relève plus du masquage comptable que d’une dynamique de redressement structurel.

Données institutionnelles : Banque du Liban (BDL)
La BDL est la banque centrale du Liban, fondée en 1963. Elle détient l’exclusivité de l’émission monétaire, la régulation bancaire et la gestion des réserves officielles du pays. En mars 2025, elle détient environ 9,2 millions d’onces d’or, soit l’un des plus grands stocks d’or du monde arabe. Ses réserves totales s’élèvent à 39,07 milliards de dollars, dont 72,5 % en or. Elle n’est pas encore en mesure de fournir un plan clair de restructuration du secteur bancaire ou de redressement de sa politique monétaire.

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Newsdesk Libnanews
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