Le Premier Ministre Saad Hariri a présenté ce mardi devant le Parlement réuni en session extraordinaire, la lettre d’intention de l’action de son gouvernement. Il s’agira notamment de réformer les secteurs économiques entiers, de la production d’électricité et de l’environnement. À l’issue de la procédure qui s’achèvera ce mercredi par un vote de confiance, il est attendu que le gouvernement Hariri III puisse officiellement entrer en fonction.

Ce vote de confiance devrait intervenir ce mercredi. Le Premier Ministre a estimé pouvoir obtenir 100 voix sur les 128 qui composent le parlement libanais. Pour rappel, une majorité simple de 65 voix suffisent à accorder la confiance du Parlement au Gouvernement Hariri III.

Le Premier Ministre a également réitéré que la priorité du gouvernement sera accordée à la stabilité politique. Il a cependant spécifié que la sécurité sociale sera à l’ordre du jour.

Le nouveau gouvernement sera également attaché à la lutte contre la corruption, et a souligné l’urgence de la situation et des défis auquel le Pays des Cèdres fait face.

Il s’agira de rapidement activer le plan de réformes économiques et d’investissements publics et privés présentés lors de la conférence d’aide économique CEDRE qui s’était déroulé en avril 2018 à Paris.

“Nous voulons que ce gouvernement soit celui des actions et pas seulement des mots. Nous voulons que ce gouvernement prône les réformes audacieuses et dénonce les souffrances du peuple libanais et les aspirations de ce peuple.”
Saad Hariri

Le Premier Ministre a également réitéré son attachement à la réduction de la dette publique. Pour cela, il s’agira pour les nouvelles autorités de mettre en place une politique monétaire, a précisé Saad Hariri.

Parmi les autres priorités, la question des réfugiés syriens au Liban. Le Pays des Cèdres Liban compterait officieusement 1.5 millions de réfugiés syriens – auxquels se rajoutent, toujours de source officieuse, 450 000 réfugiés palestiniens – pour 4 millions de ressortissants libanais. La présence des réfugiés impactent durement l’économie, notamment au niveau de l’emploi avec l’offre d’une main-d’œuvre meilleur marché que celle des libanais.

Autres priorités présentées par Saad Hariri, l’amélioration du fonctionnement du secteur public, l’amélioration des transports et des communications mais également des réformes visant à accorder aux femmes plus de place dans le domaine public et sur la scène politique. Le Premier Ministre, à ce sujet, a offert aux femmes 4 ministères dont 2 régaliens, celui de l’intérieur – à Raya el Hassan, une de ses proches – et à Nada al Boustani, celui de l’Energie et des Ressources Hydrauliques pour le Courant Patriotique Libre du Président de la République, le Général Michel Aoun.

Au sujet du ministère de l’Énergie, le Premier Ministre a indiqué que son gouvernement est déterminé à offrir à la population la fourniture d’électricité 24 h sur 24 dans les plus brefs délais, sans en indiquer d’avantage.

Concernant le volet politique, le Premier Ministre a réaffirmé la volonté du Liban à protéger ses ressources naturelles face notamment à Israël. Rappelant l’engagement du Liban à appliquer la résolution 1701 du Conseil de Sécurité, Saad Hariri a rappelé que le Liban exerce tous ses efforts et sa résistance pour libérer le territoire libanais encore occupé par l’état hébreu, allusion aux fermes de Chébaa, au village de Ghajar et aux différents points litigieux de la Ligne Bleue.

En ce qui concerne le conflit avec Israël, nous déploierons tous les efforts et toutes les résistances dans le but de libérer les derniers territoires libanais occupés. (le gouvernement) affirme le droit du peuple libanais à résister à l’occupation israélienne, à repousser ses attaques et à regagner la terre occupée.

Saad Hariri a indiqué que le Liban maintiendra une politique de dissociations des autres conflits, allusion à la guerre civile syrienne ou encore au conflit larvé entre l’Arabie Saoudite d’une part et l’Iran d’autre part. Il a rappelé que le Liban devrait adopter une politique étrangère indépendante basée sur l’intérêt du Pays des Cèdres.

Les premières réactions des parlementaires

À l’issue du discours du Premier Ministre, son prédécesseur et actuel député de Beyrouth, Tammam Salam a souligné que sans lutte contre la corruption, les réformes ne seront pas efficaces. Il s’agirait, selon l’ancien premier ministre d’activer les agences de contrôles et de faire cesser l’ingérence d’hommes politiques sur le système judiciaire.

S’exprimant pour le Courant du Futur du Premier Ministre Saad Hariri. Sami el Jisr a affirmé que le bloc parlementaire votera la confiance au nouveau cabinet. Le député Aboul Hosn pour le PSP a également indiqué que son bloc parlementaire accordera la confiance. Ce soutien intervient en dépit de la polémique de l’ancien député druze Walid Joumblatt qui s’en était vivement pris au Premier Ministre lors de la mise en examen d’un officier druze des Forces de Sécurité. Idem pour la député Sethrida Geagea qui a indiqué que le bloc des Forces Libanaises accordera sa confiance au gouvernement ou ils sont représentés par 4 ministres. Il s’agira pour la député de rétablir la confiance des libanais envers l’état et ses institutions.

5 députés ont cependant fait savoir qu’ils n’accorderont pas la confiance au gouvernement Hariri III. Parmi eux, le député Kataëb Elias Hankash et ses 3 collègues.

Un commentaire?