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Liban sud : reconstruction gelée sur fond de suspicion de corruption

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Plus de 100 000 habitants des villes frontalières du sud du Liban restent déplacés, alors que les fonds destinés à la reconstruction demeurent bloqués, selon un rapport publié ce mardi 4 mars 2025. Les autorités libanaises ont été informées que ce gel persistera tant que la démarcation de la frontière terrestre avec Israël, la stabilité sécuritaire et la transparence dans la distribution de l’aide ne seront pas assurées. Dans un pays encore marqué par la guerre de 2024 contre Israël, ce retard exacerbe les défis d’une population en quête de retour à la normale, tandis que des initiatives locales de reconstruction se heurtent à des obstacles administratifs et sécuritaires.

Un financement sous conditions strictes

Le quotidien al-Akhbar rapporte que des sources bien informées, citant des responsables de la Banque mondiale et de l’Union européenne, ont averti que « la communauté internationale imposera des restrictions sur l’aide à la reconstruction si la corruption persiste ou si le processus est exploité politiquement ». Ces conditions reflètent une méfiance persistante envers la gestion des fonds au Liban, où des scandales financiers ont entaché les efforts de relance depuis la crise économique de 2019. Le conflit avec Israël, qui a détruit des milliers de logements et d’infrastructures au sud, a amplifié l’urgence d’une aide extérieure, estimée à plus de 10 milliards de dollars selon des évaluations préliminaires.

Le cessez-le-feu de novembre 2024, bien que maintenu dans ses grandes lignes, reste fragile. La démarcation de la frontière, un point clé des négociations, est au point mort, tandis que des violations sporadiques par les deux parties – Israël et le Hezbollah – maintiennent une tension latente. Ces incertitudes sécuritaires, combinées à des exigences de transparence, retardent le déblocage des fonds promis par les donateurs internationaux.

Répression des constructions illégales

Face à l’inaction de l’État, certains habitants ont pris l’initiative de reconstruire eux-mêmes. Dans les villes de Mays al-Jabal, Kfar Kila et Shaqra, les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont intensifié leurs patrouilles pour stopper ces opérations illégales. À Mays al-Jabal, dans le quartier ouest, cinq chantiers ont été inspectés, et la famille Ashour a écopé d’une amende pour avoir érigé une maison de 80 mètres carrés sans permis sur un terrain leur appartenant. Le maire, Abdel Menhem Shqeir, a expliqué que les FSI ont agi suite à un rapport de leur branche de renseignement, exigeant l’arrêt des travaux jusqu’à l’obtention des autorisations nécessaires.

Shqeir a fourni aux FSI des documents prouvant que les familles impliquées avaient perdu leurs maisons dans les bombardements israéliens. « Ils construisent une petite maison en attendant que l’État commence à verser des compensations et lance la reconstruction », a-t-il plaidé. Une situation similaire s’est produite dans la région de Houra, entre Kfar Kila et Deir Mimas, où Ali H. a vu son projet d’une pièce avec cuisine et salle de bain interrompu par les forces de l’ordre. Ces interventions soulignent le vide laissé par l’absence d’un plan officiel de reconstruction, poussant les habitants à des solutions improvisées.

Le sud dévasté : une attente prolongée

La guerre de 2024 a laissé des cicatrices profondes dans le sud du Liban. Plus de 90 % des habitations de certaines localités frontalières, comme Mays al-Jabal et Kfar Kila, sont endommagées ou détruites, selon les maires locaux. Environ 100 000 personnes restent déplacées, logées dans des écoles ou chez des proches à Beyrouth et ailleurs. Les efforts de retour sont entravés par l’état des infrastructures – routes impraticables, réseaux d’eau et d’électricité hors service – et par la menace persistante d’un regain de violence.

Du côté israélien, des équipes techniques, protégées par des tanks et des centaines de soldats, ont entamé l’inspection des colonies du nord près de la frontière libanaise. Les administrations locales ont décidé de démolir des centaines de maisons jugées inhabitables après les attaques du Hezbollah durant le conflit. Ce parallèle illustre l’ampleur des dégâts des deux côtés de la frontière, bien que les priorités divergent : reconstruction d’urgence au Liban, sécurisation et démolition en Israël.

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Newsdesk Libnanews
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