mardi, avril 29, 2025

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L’indice des prix à la consommation progresse de 12 % en février 2025, tiré par les services financiers et l’éducation

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Inflation générale et tendances sectorielles
L’indice des prix à la consommation (IPC) au Liban, mesuré par le Consultation & Research Institute (CRI), a enregistré une hausse de 11,9 % en glissement annuel pour le mois de février 2025 par rapport à février 2024. Cette progression globale masque des hausses très marquées dans certaines catégories, avec notamment une envolée de 37,5 % pour la rubrique « autres biens et services » et de 30,5 % pour les dépenses liées à l’éducation. Ces hausses sectorielles traduisent à la fois les déséquilibres structurels de l’économie libanaise et les effets persistants de la crise inflationniste déclenchée depuis 2019.

Forte pression sur les services : éducation et soins de santé en tête
Le secteur de l’éducation a connu une inflation de 30,5 %, principalement alimentée par une hausse de 45,5 % des frais de scolarité. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte de revalorisation des salaires dans les établissements privés et de dépréciation monétaire, rendant les charges fixes difficilement compressibles pour les écoles. Dans le domaine de la santé, l’indice a progressé de 13,1 %, avec des hausses notables dans les services ambulatoires (+18,7 %) et hospitaliers (+12,1 %). Les assurances santé ont également vu leurs primes croître de 8,9 %, reflet d’un ajustement tarifaire face à l’instabilité monétaire.

Alimentation : hausse modérée mais généralisée
L’indice « alimentation et boissons » a augmenté de 12,6 % sur un an. Tous les sous-segments ont contribué à cette inflation : les produits alimentaires (+12,9 %), les produits du tabac (+11,3 %), les boissons alcoolisées (+5,8 %) et les boissons non alcoolisées (+3,5 %). Parmi les hausses les plus marquées figurent les produits alimentaires divers (+45,2 %), les fruits (+37,6 %), les poissons et fruits de mer (+33,6 %), ainsi que les céréales et produits de boulangerie (+16,3 %). À l’inverse, certaines catégories ont vu leurs prix baisser, comme les sucres et confiseries (-6,8 %) et les matières grasses (-4,9 %).

Logement, transports et loisirs : hausses contenues mais significatives
Le poste « logement » a progressé de 3,1 %, porté par la maintenance domestique (+8,6 %) et l’énergie domestique (+2,7 %), alors que les abonnements à l’eau et les taxes municipales sont restés stables. Pour les transports et télécommunications, la hausse est de 9,6 %, entièrement imputable aux transports (+9,8 %), tandis que les services téléphoniques sont restés inchangés. Les loisirs enregistrent une hausse de 7,6 %, notamment en raison de l’augmentation des prix des produits culturels et des activités de restauration (+3,2 %).

Autres biens et services : l’impact massif des services financiers
La plus forte hausse de l’ensemble des catégories revient au poste « autres biens et services », avec une progression spectaculaire de 37,5 %. Cette augmentation est principalement due à la hausse de 569,7 % des services financiers. Cette flambée s’explique par la répercussion directe des marges bancaires, des frais de retrait en devises étrangères et des coûts liés à la compensation des pertes de pouvoir d’achat dans le système bancaire. D’autres hausses sont relevées dans les secteurs de la bijouterie (+42 %) et des soins personnels (+24,2 %), alors que le poste « voyage » est resté stable.

Secteurs en repli : habillement, sucre et confiseries
Seul le poste « habillement » affiche une baisse sur un an (-6,8 %), en raison notamment de la baisse des prix des chaussures (-12,7 %) et des vêtements (-4,7 %). Cette évolution pourrait refléter une baisse de la demande intérieure sur ces produits non essentiels ou une stratégie de déstockage des enseignes commerciales. D’autres baisses ponctuelles sont observées sur les produits sucrés et certaines matières grasses, indiquant une tendance à la rationalisation des prix dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat.

Comportement des prix à la consommation : tableau récapitulatif
Le tableau ci-dessous synthétise les principales évolutions en février 2025 pour chaque poste :

CatégorieVariation annuelle (%)
Autres biens et services+37,5
Éducation+30,5
Santé+13,1
Alimentation et boissons+12,6
Transports et télécommunications+9,6
Loisirs+7,6
Logement+3,1
Biens de consommation durables+2,1
Habillement-6,8

Analyse macroéconomique : perspectives inflationnistes
La structure de cette inflation reste largement tirée par les services et certains produits alimentaires, ce qui confirme la persistance d’une inflation importée et sectorielle. Les tensions sur les taux de change, bien que momentanément stabilisées sur le marché parallèle autour de 89 600 LP pour un dollar, continuent d’exercer une pression indirecte sur les prix domestiques. Les projections de Bloomberg, mentionnées dans le même rapport, anticipent toutefois une baisse de l’inflation annuelle à 21,2 % pour 2025, puis à 15 % en 2026, ce qui suppose un recul progressif des tensions monétaires et une modération des prix internationaux de l’énergie et des biens de consommation.

Données institutionnelles : Consultation & Research Institute (CRI)
Le CRI est une institution libanaise indépendante spécialisée dans la recherche économique, fondée en 1995. Elle publie régulièrement des indices de conjoncture, de confiance des consommateurs, ainsi que l’indice des prix à la consommation. Ses études sont largement utilisées par les analystes, les institutions financières et les organismes internationaux présents au Liban.

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