Photo de Sigmund Freud, père de la psychanalyse, 1926 - source : Domaine Public
Photo de Sigmund Freud, père de la psychanalyse, 1926 - source : Domaine Public

Au début du XXe siècle, Sigmund Freud a fondé la psychanalyse sur sa découverte de l’inconscient et sur une nouvelle acception du mot « Liberté ». Selon Freud, la liberté doit être le moteur de la pédagogie moderne pour que le développement psychique de l’enfant ne soit pas bloqué par le « complexe d’Œdipe ».

Comment définir ce complexe ? Freud le définit comme le désir inconscient de l’enfant d’entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposé (inceste) et celui d’éliminer le parent rival du même sexe (parricide). C’est le cas par exemple du garçon qui tombe amoureux inconsciemment de sa mère et qui désire tuer son père. Il en est de même de la fille qui tombe amoureuse inconsciemment de son père (inceste) et qui désire tuer sa mère (matricide).
Ce désir universel et inconscient que tout enfant ressent envers ses parents est inspiré du drame de Sophocle, « Œdipe roi ». Qui est Œdipe ? Œdipe est un héros thébain, fils de Laïos, roi de Thèbes et de Jocaste. Un oracle avait prédit que si Laïos avait un fils celui-ci tuerait son père et épouserait sa mère. Cette prédiction se réalisa. En effet, Œdipe tua son père et épousa sa mère.

Quel rapport peut-on établir entre la pédagogie moderne et le complexe d’Œdipe ? Selon Freud et la psychanalyse, l’évolution psychique de l’enfant dépend d’un facteur précis. Pour qu’elle se fasse sans problèmes, l’enfant doit avoir la liberté de poser à ses parents et à ses éducateurs toutes les questions qui le tracassent sans aucune peur de se voir rabroué. Ceux-ci ont le devoir de lui donner les réponses adéquates à ses questions. Le rôle des parents et des éducateurs consiste, par cette approche de la pédagogie, à socialiser les instincts de l’enfant pour les transformer en tendances. L’enfant réussira ainsi à surmonter son « complexe d’Œdipe. » et à continuer sa vie sans aucun complexe.

Par contre, si l’enfant n’a pas la liberté de poser les questions qui lui passent par la tête, il ne pourra pas surmonter son « complexe d’Œdipe ». Les questions qu’il a peur de poser sont refoulées dans son inconscient. Elles y restent à l’état d’instincts. Elles se développent pour devenir des complexes qui peuvent à n’importe quel moment surgir au niveau du conscient. C’est ce qui expliquerait certaines violences commises par des détraqués sur des innocents qui ne comprennent rien à leurs actes hors-la-loi.
Il arrive parfois que ces questions refoulées se manifestent dans les rêves. L’enfant qui n’a pas pu extérioriser son désir dans la réalité l’accomplit dans le rêve. Si par exemple je rencontre une jolie fille et que j’ai envie de l’aborder mais je n’ose pas manifester mon désir à cette fille, cette situation est refoulée dans mon inconscient et je l’accomplis dans mon rêve.

Selon Freud, la liberté donnée à l’enfant doit permettre de discipliner ses instincts en vue de les transformer en tendances sociales. Malheureusement, certains parents et certains éducateurs ont mal compris le concept de liberté développé par Freud. Ils ont compris qu’il fallait donner une liberté totale à l’enfant pour ne pas le complexer. C’est ce qui explique que nous rencontrons des enfants mal élevés. Ce n’est pas leur faute. C’est la faute à leurs parents. Il s’ensuit des enfants indisciplinés à l’école et des citoyens hors-la-loi.

Nous voyons éclore la liberté sexuelle dans les sociétés européennes et celles qui se prétendent évoluées. Freud n’a jamais eu l’intention de prôner la liberté de faire le sexe n’importe comment, n’importe où et avec n’importe qui, en l’absence de tout sentiment noble. Les partenaires d’un jour se comportent pires que les animaux. Ils baisent à tour de bras. L’essentiel pour eux, c’est le plaisir physique. Pas de place pour les sentiments.

De nos jours, certains jeunes trouvent bon d’avoir des camarades pour les plaisirs sexuels. C’est le comble. Quand un garçon ou une fille a un besoin sexuel, il ou elle se permet de contacter en toute liberté son partenaire pour l’inviter à venir l’aider à assouvir ses instincts. Est-ce ainsi qu’ils comprennent ce qu’est l’amour ? L’être humain étant constitué d’un corps et d’une âme, l’amour doit être à la fois physique et psychique. Il ne peut être seulement platonique ni seulement spirituel sinon il ne serait pas amour. La liberté signifie-t-elle avoir le droit d’avorter si jamais après des actes sexuels gratuits la fille tombe enceinte. Aurait-on laissé à l’embryon la liberté de choisir entre la vie et la mort ? Où est le respect de l’être humain ?

La liberté repose sur la responsabilité. Nous devons tous être responsables de nos actes. Certains luttent pour avoir la liberté de vivre en union libre ou de contacter des mariages homosexuels. Ils sont libres de leurs actes. Ils doivent assumer la responsabilité de leurs choix. S’ils se trompent, ils doivent en subir les conséquences. Malheureusement c’est toujours la faute des autres, jamais leur faute. Je les comprends, bien que je ne sois pas de leur avis pour la simple raison qu’ils sont des exceptions aux règles sociales normales et naturelles.
A l’anarchie dans laquelle vivent certaines femmes libérées de toutes les contraintes sociales s’oppose la situation d’autres femmes qui luttent pour accéder à la liberté. Elles veulent avoir le droit de voter, de conduire, de vivre sans porter le voile. Elles rêvent de pouvoir vivre libres en compagnie d’époux qui les comprendraient et qui les traiteraient en épouses auxquelles ils permettraient d’avoir des opinions différentes des leurs. Elles désirent surtout l’abolition de la polygamie.

Sur un autre plan, la liberté d’opinion doit être protégée à une condition, elle doit se fonder sur le respect mutuel. La liberté ne peut être absolue sinon elle deviendrait anarchie. Elle est relative. Elle s’arrête là où commence la liberté d’autrui. Dans l’absolu, je suis libre de faire l’acte sexuel dans la rue sous les yeux des passants, mais je m’interdirais de le faire pour ne pas porter atteinte à la liberté des autres qui s’offusqueraient à la vue de tels ébats. On pourrait se poser certaines questions. Est-on libres de se suicider ou de pratiquer l’euthanasie ? Est-on libres de violenter les femmes ? Est-on libres de maltraiter les animaux ?

La liberté ne peut être conçue sans justice sociale. Un peuple ne peut se considérer libre s’il n’a pas la possibilité de vivre dans la dignité. La liberté de croyances est fondamentale. Pour faire respecter la religion sous l’égide de laquelle nous vivons, il faut respecter la religion des autres. Je ne comprends pas au nom de quelle liberté, les journalistes de Charlie Hebdo se sont permis de manquer de respect au prophète Mohamed. Ils sont libres d’être athées mais ils ne sont pas libres de porter atteinte aux convictions religieuses des autres. Ont-ils le droit d’agir de la sorte ? Bien sûr que non. Certains se demandent ensuite pourquoi il y a eu tant de violence après ces insolences répétées de la part de quelques têtes brûlées.

On pourrait se demander au nom de quelle liberté les grandes puissances se permettent d’aller en guerre pour imposer la démocratie à des peuples qui n’ont pas été préparés à vivre pareille aventure. Ont-elles demandé à ces peuples leur avis ? La preuve, ces guerres n’ont pas abouti à les libérer des dictateurs. Entre vivre sous les dictatures et vivre sous les tentes, ils n’auraient pas hésité de choisir le moindre mal.

Au Liban, on croit vivre en démocratie alors que c’est l’anarchie totale. Tout le monde attend de voir quand les puissances régionales et internationales vont avoir l’amabilité de libérer la volonté des députés pour leur permettre d’élire un Président de la République. Entretemps, chaque ministre du gouvernement moribond se comporte comme s’il était président. Peut-on parler de démocratie quand les déchets continuent à faire partie du paysage libanais ? Peut-on parler de démocratie quand les dirigeants font fi de l’opinion du peuple ? Et que dire quand une communauté impose sa volonté aux autres communautés par la force des armes ? N’est-ce pas une forme de dictature ? N’est-ce pas contraire à la liberté ?

Tout le monde chante la liberté mais personne ne la respecte. Nous sommes tous malades de liberté. Je me demande quand l’humanité guérira de sa maladie. Il faudrait cependant reconnaitre que la liberté est utopie car nous sommes tous dépendants les uns des autres. Personne ne peut vivre isolé des autres. Il en est de même des Etats. Il n’y a pas d’Etats indépendants. Il y a des Etats interdépendants. Nous devons tous être solidaires les uns des autres dans le respect total des spécificités de chaque communauté religieuse, sociale ou ethnique dans le monde. Cessons de nous servir de la liberté pour répandre l’anarchie parmi les peuples.

Samy Chaiban.

Samy Chaiban
Professeur de langue et de littérature françaises à la retraite, je compose des poèmes, j'écris des articles de toutes sortes pour donner mon opinion sur divers sujets d'actualité.

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