lundi, juin 16, 2025

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Nucléaire iranien : cinquième round des négociations États-Unis–Iran à Rome

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Enjeux majeurs autour de l’enrichissement de l’uranium

Les États-Unis et l’Iran ont entamé, le 23 mai 2025 à Rome, leur cinquième cycle de négociations sur le programme nucléaire iranien. Organisées dans un climat diplomatique tendu, ces discussions portent principalement sur l’enrichissement de l’uranium, une question centrale qui conditionne tout accord futur. Le médiateur omanais, Badr al-Busaidi, conduit ces pourparlers, réunissant des émissaires américains comme Steve Witkoff et Michael Anton, et l’équipe iranienne menée par le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi.

Un bras de fer sur l’enrichissement nucléaire

L’exigence américaine : zéro enrichissement

Les États-Unis, à travers plusieurs déclarations officielles, dont celle du président Donald Trump, insistent sur l’arrêt total de l’enrichissement d’uranium en Iran. Cette position s’est durcie ces derniers mois, poussant les négociateurs américains à considérer tout maintien de cette activité comme incompatible avec une levée des sanctions. La porte-parole du Département d’État, Tammy Bruce, a déclaré : « Nous croyons en la réussite des négociations, mais cela exige la fin de toute forme d’enrichissement. »

La réponse iranienne : une ligne rouge non négociable

L’Iran, de son côté, considère l’enrichissement comme un droit souverain. Abbas Araghchi a été catégorique sur X (anciennement Twitter) : « Pas d’enrichissement = pas d’accord. » Cette position rappelle l’échec du projet de swap de combustible nucléaire proposé en 2010, déjà refusé par Téhéran à cause du transfert hors du territoire national.

Tableau : Évolution des positions sur l’enrichissement

PartiePosition en 2023Position actuelle (2025)Exigence centrale
États-UnisEnrichissement limitéInterdiction totaleAucun enrichissement autorisé
Iran3.67 % autoriséMaintien sur placeSouveraineté nucléaire
Médiation omanaiseNeutreFacilitation d’un consensus régionalAccord multilatéral régionalisé

La menace militaire en toile de fond

Le spectre d’un conflit armé

Donald Trump a réaffirmé sa volonté de recourir à des frappes ciblées sur les installations nucléaires iraniennes si aucun accord n’émerge. Cette perspective militaire, soutenue par Israël, renforce les tensions régionales. De son côté, l’Iran a averti qu’il prendrait des « mesures spéciales » pour défendre ses installations, notamment son site souterrain de Fordo, protégé en profondeur contre d’éventuelles frappes.

Israël : acteur externe sous tension

Tel-Aviv menace depuis plusieurs semaines d’intervenir unilatéralement, accusant l’Iran d’approcher un seuil critique pour la fabrication d’une bombe. L’Iran a prévenu qu’en cas d’attaque, les États-Unis seraient considérés comme complices, une rhétorique qui alourdit la diplomatie.

Une économie iranienne en sursis

Effondrement du rial et inflation galopante

Le rial iranien a franchi la barre symbolique du million pour un dollar en avril 2025, avant de légèrement se stabiliser avec la reprise des négociations. Cette dévaluation massive reflète l’extrême fragilité économique du pays, en proie à une inflation supérieure à 50 % selon la Banque centrale iranienne. Les sanctions ciblées, comme celles imposées sur les composés chimiques sensibles (dont le perchlorate de sodium), asphyxient les chaînes industrielles.

Pression sociale interne croissante

À cette situation économique s’ajoutent des tensions internes : protestations contre la hausse potentielle des carburants subventionnés, contestation du port obligatoire du hijab, et critiques croissantes de la jeunesse urbaine contre les élites dirigeantes.

Vers un accord multilatéral régional ?

Une alternative étudiée : le consortium régional

Une proposition alternative circule parmi les négociateurs : la création d’un consortium régional d’enrichissement supervisé par l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Ce modèle permettrait à l’Iran d’accéder à du combustible à usage civil, sans enrichissement national. Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont exprimé un intérêt pour un tel mécanisme, qui renforcerait la coopération nucléaire régionale tout en rassurant les États-Unis et Israël.

Un processus encore fragile

Le médiateur omanais a rappelé que ces discussions « n’engagent pas encore les capitales », soulignant le caractère exploratoire de ce cycle. Néanmoins, la persistance des échanges prouve une volonté de compromis, malgré les divergences structurelles.

Enjeux géopolitiques élargis

Les discussions de Rome s’inscrivent dans un contexte marqué par l’érosion de l’ »Axe de la résistance », cher à Téhéran. L’affaiblissement du régime syrien, les frappes israéliennes contre des positions chiites en Irak, et les revers subis par les milices houthies au Yémen isolent davantage l’Iran. Un accord avec les États-Unis offrirait à la République islamique une bouffée d’oxygène diplomatique, susceptible de modifier profondément l’équilibre stratégique au Moyen-Orient.

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Newsdesk Libnanews
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