Pardonnez-moi mon optimisme par rapport à la situation économique actuelle. Ceux qui me suivent depuis de nombreuses années, savent – à juste titre – que j’étais pessimiste, parce que je voyais cette crise que nous affrontons actuellement venir. Tous nos indicateurs économiques devenaient rouges, les uns après les autres, jusqu’à ce que le pire advienne et le pire n’est pas encore advenu d’ailleurs, puisqu’on peut encore attendre le défaut.

Les autorités publiques, économiques et monétaires nous mentaient, prétendant que ce n’était que temporaire, que tout allait bien et qu’on vivait dans le meilleur des pays.
C’était évidemment un mensonge que la population pouvait croire. Mais c’était une construction psychologique quand les ratios, indicateurs et tout chiffre démontrait le contraire. Cela leur permettait de vivre au-delà de leurs possibilités matérielles au lieu de thésauriser pour mieux affronter la tempête qui s’annonçait déjà comme les personnes bien informées ou en situation de compréhension ont pu le faire.

Cependant, la crise aujourd’hui nous rappelle la réalité de notre situation. On dirait que le Libanais prend aujourd’hui des leçons d’économie en accéléré et appréhende mieux les risques au risque d’une panique notamment dans le système financier auquel il ne croit plus, à juste titre cela dit.

Aussi, la crise a un côté positif dans ce sens.

Désormais, on fini par réaliser qu’il faille prendre des mesures qui sont désormais, non nécessaires, mais vitales. Cela est un grand changement.
Précédemment, dès qu’on évoquait les mots de dévaluation, de haircut ou décote, de restructuration de la dette publique, on était vilipendé, voir même dernièrement on mettait en danger l’état, avec même des accusations d’atteinte à l’état même. Or ce n’étaient qu’un constat face à des critères économiques qui ont fini tout de même par se réaliser.
Aujourd’hui, ces mots même de dévaluation, de haircut ou décote, de restructuration de la dette publique ne sont plus tabous. On ne doit pas les écarter. Il est temps aussi que les plus hautes autorités de l’état descendent un peu de la tour d’ivoire et se mettent à réaliser que le déni ne marche plus. Il faut prendre des décisions et non seulement les prendre mais les exécuter.

On n’a plus le luxe d’attendre des vaines promesses d’amélioration des conditions sociales et économiques. On doit faire des actes de nature à changer ce à où ce déni nous a mené.

Le premier acte doit être celui de la transparence, celui de dire déjà haut et fort que c’est la mauvaise gérance de la chose publique au travers des crises politiques et la gabegie de l’argent public – faute même de budget – qui sont le principal facteur de l’endettement public. Il s’agit aussi de prendre des décisions concernant la mitigation de cet endettement public via la dévaluation pour diminuer la part des bons du trésor par rapport au PIB, de la restructuration en premier avec le même objectif et en dernier lieu et recours, celui de la décote pour permettre à la population de participer à la relance du système économique.

Le deuxième acte est celui de la responsabilité et notamment des banques qui n’ont pas su diversifier leurs portefeuilles et qui en savaient au final plus qu’investir dans les biens immobiliers et la dette de l’état. Il est temps de les placer, dans un premier sous acte, face à leurs responsabilités dans la crise avec une restructuration de la dette à leur dépend et non au dépend des épargnants. Il est temps aussi de réacquérir des compétences et de savoir au final investir dans des secteurs productifs et le secteur privé, seul créateur de richesse. Pour cela, la dévaluation peut s’avérer être un mal nécessaire, pour diminuer le coût de la main d’oeuvre. Le Liban n’est probablement pas la Grèce mais il n’est également ni la Suisse, ni Dubai et encore moins les pays arabes pétroliers à l’heure où j’écris ces lignes. Le Liban est comparable à un pays rentier qui a vécu au-delà de ses moyens.

Le troisième acte est celui de l’avenir. Il s’agit de trouver un nouveau modèle économique. Le pétrole ou le gaz promis est dans un horizon lointain. La crise est actuelle. Nous n’avons pas le luxe d’attendre 2027 au mieux pour résoudre les choses. Il y a des secteurs économiques qui ont été longtemps négligés et pour lesquels le Liban possède tout de même un avantage compétitif, déjà son savoir-faire que nous avons trop longtemps exporté pour en faire profiter d’autres économies que la notre. Il s’agit aussi du secteur agricole qui aurait dû être stimulé au lieu de stimuler le secteur immobilier. Il s’agit de l’industrie, non pas comme celle qu’on concevait il y a 40 ans mais celle d’aujourd’hui, avec les nouvelles technologies si les infrastructures nécessaires à ces industries puissent être mises en place rapidement. Ces moyens existent mais ont été bloqués jusqu’à présent sous des excuses les plus lamentables, les unes après les autres et par les demandes de certains hommes politiques de commissions plus faramineuses les unes que les autres.

Mon optimisme s’explique par le fait qu’on en a les moyens et que la crise désormais visible ne nous donne pas d’autres choix que de procéder aux réformes nécessaires et à les mettre en oeuvre au lieu de tergiverser comme cela était précédemment le cas. Il s’agit désormais de pouvoir rebondir quand on aura touché le fond.

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