Des promesses, des croyances, un rêve et une réalité

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On nous a promis un changement – On nous a promis un renouveau – On nous a promis du sang neuf – On nous a promis un espoir – On nous a promis…….

Nous avons cru au changement – Nous avons cru au renouveau – Nous avons cru au sang neuf – Nous avons espéré – Nous avons cru…..

Mais que dalle!! Comment avons-nous pu croire en tout cela? Comment avons-nous pu imaginer que le renouveau arrive et que « cette fois, c’est la bonne »?

Le gouvernement traine, les mêmes noms “ministrables” reviennent – L’échéance des élections arrive a pas de loup et …….oups… on nous dira que « selon la constitution » (que personne n’a respecté depuis belle lurette), on ne peut plus changer la loi électorale et on y va encore une fois pour des élections en Juin 2017 selon le même décompte, les mêmes têtes (avec quelques variances de noms), le même découpage démographique, social et culturel, et malheureusement le citoyen qui a tant espéré retombera dans le même chaos –

Nous ne demandons pas l’impossible, nous ne demandons pas de l’asphalte aujourd’hui avant demain, nous ne demandons pas une électricité 24/24 tout de suite, nous ne demandons pas une révision des salaires, de résoudre le déficit de la CNSS, de régulariser la présence des refugiés, de trouver une solution radicale au problème des déchets, de moderniser le système de l’éducation, d’appliquer un projet relatif aux transports, etc…

Nous réclamons un programme clair, net et précis et non pas des paroles encore dans le vide – Il semble que ceux qui ont crié victoire en nous leurrant avec leurs promesses, sont tombés eux aussi dans le piège de notre system de non transparence –

Combien faut-il encore attendre pour arriver au minimum réclamé par le citoyen ? Combien de temps faut-il pour bien découper le gâteau et s’assurer que personne n’est lésé ? Pourquoi ne pas engager des technocrates, des citoyens issus de la société civile pour former ce gouvernement, même si sa durée de vie en principe n’est que pour six mois (échéances législatives) ? Pourquoi ne pas entendre le cri du peuple et l’associer à la vie politique ? Pourquoi les jeunes ne peuvent-ils pas être compris ? Est-ce par peur de non compétence de la part des faucons, des loups et seigneurs de la guerre (et prétendue paix) ?

Les américains ont cru au changement et ont voté un outsider venu de nulle part parce qu’ils croient en un changement quelconque, même si les avis sont partagés, les français eux aussi dans la primaire de la droite et du centre, ont senti un nouveau vent, les anglais traditionnels, sont sortis de la vielle Europe , même les italiens vont lancer un referendum pour un changement, et chez nous, pauvres citoyens/moutons de panurges, nous n’avons aucun droit à la parole, ni même a l’information

Sur les bancs de l’université, nous avions entendu parler du « miracle japonais » et son rebondissement après la seconde guerre mondiale, nous avons ouïe du « rêve américain » que chaque jeune sur la plante fait au moins une fois dans sa vie, nous avons lu et relus des articles, des essais, des romans et même vu des films et documentaires sur le rebondissement de l’Allemagne après la seconde guerre mondiale aussi, ce peuple qui ne meurt jamais et qui est

devenu la première puissance économique et militaire européenne , même les russes se sont relevés de Stalingrad détruite, de la guerre froide, et récemment, Cuba, le méchant voisin des USA est devenu leurs potes – Je ne parle pas des pays arabes qui eux replongent dans le Moyen- âge avec leur printemps arabe et détruisent leur culture et histoire – Nous ne voulons pas nous comparer à ceux-là, nous voulons aspirer à de meilleurs jours, a une politique de transparence, de démocratie réelle et non pas camouflée, de programme clair efficace et faisable, non pas des paroles, des parts de gâteaux de la corruption, de l’aveuglement continue.

Nous prétendons être un pays qui se dit civilise, un pays qui aspire à imiter l’ouest et même l’est maintenant, un pays qui veut se comparer à Dubaï, et nous sommes toujours à la quête de courant électrique, d’eau, d’asphalte et du minimum requis pour vivre « décemment »

Que fait-on ? Nous sommes toujours derrière le culte de la personne, le culte du moi, le culte des régimes totalitaires, autoritaires qui appauvrissent les citoyens, qui les rends dépendants d’eux en leur promettant monts et merveilles mais en ne faisant que leurs propres intérêts – Que fait-on pour ne pas tomber dans l’oubli ? Meme notre culture, nos traditions, notre histoire deviennent inexistantes dans l’esprit des enfants et des citoyens –

Un livre d’histoire que personne n’arrive à finaliser à cause de frictions de bases politiques, un centre-ville, témoin de notre existence et des jours glorieux de Beyrouth qu’on a détruit et reconstruit différemment (comme si le but était de faire croire aux nouvelles générations que Beyrouth a toujours existe comme cela), des espaces publics qu’on s’approprient pour construire tel ou tel complexe balnéaire ou immeuble de luxe qui restera vide, des jardins qui disparaissent dans la capitale, une infrastructure qui change, un patrimoine qu’on détruit….Voila ou nous en sommes actuellement –

Sans compter la décentralisation tant réclamée qui ne vient pas – Nos villages libanais traditionnels n’existent plus que dans le livre de lecture arabe des classes primaires – Notre musée national bien que rénové n’attire personne, la bibliothèque municipale de Beyrouth pour laquelle des montants exorbitants ont été dépensés, reste vierge, tous nos sites touristiques ne sont plus que commerce pour les notables de telle ou telle région.

Fiers de notre tourisme, il est réduit à exhiber des sirènes sur les plages en été, du luxe des stations balnéaires et hivernales, des soirées de la jetset qui se terminent Dieu sait où et comment – Mais ce n’est pas seulement cela le Liban, même le citoyen libanais ne se retrouve pas dans ces publicités retransmises sur la plupart des medias.

Nous nous vantons de notre position dans la technologie, les start-ups et les jeunes (ils sont nombreux) croient encore en ce pays et sont prêts à s’investir dans cette technologie et cette nouvelle industrie – Mais combien seront-ils déçus de s’imaginer avoir un réseau de télécommunication rapide et efficace et de retomber dans la réalité avec un internet lent, des communications obsolètes, et des polémiques politiques qui ne finissent pas

Oui le libanais veut croire en ce pays, il veut rêver et vivre, il veut s’investir, il y a un sentiment d’appartenance exceptionnelle et unique en ce pays que personne ne pourra comprendre – Oui on peut rêver, oui on doit croire, oui on doit changer et réagir et vivre une vraie réalité

Fouad Salha
Economiste de formation, Fouad A Salha est l’auteur de plusieurs articles et opinions allant de la politique aux problèmes sociaux. Citoyen libanais et fier de l’être, il est actuellement membre du mouvement de la citoyenneté œuvrant pour la promotion des droits et respects du citoyen, de la démocratie et de la réforme

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