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Qui tiendra les rênes de l’armée libanaise ? Un enjeu entre Washington et Beyrouth

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Un poste stratégique sous tensions locales et internationales

La nomination du prochain commandant de l’armée libanaise est au cœur des discussions politiques et militaires depuis l’élection de Joseph Aoun à la présidence. Le départ de ce dernier du poste de chef de l’armée laisse vacant un poste crucial dans l’équilibre des forces au Liban. La désignation d’un successeur est d’autant plus complexe que cette institution doit composer avec les pressions internationales, notamment américaines, et les rapports de force internes, où le Hezbollah et ses alliés surveillent attentivement le processus.

Le Premier ministre Nawaf Salam, en coordination avec le président Joseph Aoun et les instances militaires, cherche à imposer un profil qui pourra assurer la stabilité du pays, préserver l’indépendance de l’armée et maintenir la coopération stratégique avec les États-Unis, sans pour autant provoquer de tensions internes. Le choix du nouveau commandant est ainsi scruté par tous les acteurs politiques du pays, tandis que Washington insiste sur la nécessité de garantir une continuité dans la coopération militaire avec l’armée américaine.

L’armée libanaise, pilier de la stabilité nationale

Depuis plusieurs décennies, l’armée libanaise joue un rôle central dans le maintien de l’ordre et la gestion des crises internes. Dans un pays marqué par des divisions confessionnelles profondes, l’armée a réussi à préserver son statut d’institution neutre et à maintenir un équilibre fragile entre les différentes forces politiques. Son rôle est d’autant plus critique que le Liban traverse une crise économique et sociale majeure, où la stabilité sécuritaire demeure un impératif.

L’armée libanaise est également un partenaire clé des États-Unis, qui lui fournissent une assistance militaire régulière sous forme d’équipements, de formations et de soutien financier. Washington voit dans cette institution un rempart contre l’expansion de l’influence du Hezbollah au sein des forces de sécurité libanaises. Cette coopération est cependant surveillée de près par le parti chiite et ses alliés, qui craignent une instrumentalisation de l’armée à des fins de contrôle extérieur.

Le futur commandant devra donc naviguer entre ces multiples enjeux : rassurer les partenaires internationaux sur la solidité de l’armée, garantir que les forces armées restent un facteur d’unité nationale et éviter toute confrontation avec les puissances politiques internes, en particulier le Hezbollah et ses alliés.

Deux candidats en lice pour le poste de commandant en chef

Les discussions se concentrent actuellement sur deux généraux pressentis pour succéder à Joseph Aoun, chacun incarnant une approche distincte de la gestion de l’institution militaire et des rapports avec les acteurs politiques locaux et internationaux.

Le premier candidat est le général Hicham Abou Hallal, actuellement en poste dans le commandement central de l’armée. Il bénéficie du soutien d’une partie de la hiérarchie militaire et est vu comme un candidat de continuité. Son profil est apprécié pour son expérience en matière de stratégie et de coordination des opérations, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des frontières. Washington verrait en lui un interlocuteur fiable pour assurer la poursuite des partenariats militaires, tandis que ses positions plus réservées sur le Hezbollah en font un choix qui pourrait éviter un affrontement direct avec le parti chiite.

Le second candidat est le général Elias Baysari, actuel responsable au sein des services de renseignement militaire. Son profil, plus technicien que politique, lui permet d’être perçu comme une option plus neutre, bien qu’il soit proche de certains cercles influents au sein du pouvoir. Son expérience dans la gestion des dossiers de sécurité nationale et des relations avec les forces étrangères joue en sa faveur. Cependant, son manque de poids politique pourrait être un handicap dans un contexte où les équilibres entre factions jouent un rôle clé dans toute nomination à un poste stratégique.

Les pressions américaines pour un commandement en continuité

Les États-Unis suivent avec une grande attention le processus de nomination, conscients que l’armée libanaise est l’un des rares leviers d’influence encore solides au Liban. L’administration américaine met l’accent sur la nécessité de maintenir un commandement aligné sur les objectifs stratégiques de Washington, en particulier pour éviter que le Hezbollah n’étende son influence sur l’institution militaire.

Le Pentagone et le département d’État ont insisté lors de récents échanges avec les autorités libanaises sur l’importance d’un commandant capable de préserver les liens avec les forces américaines et d’assurer la stabilité des financements militaires accordés au Liban. Cette pression américaine pourrait cependant être perçue comme une ingérence excessive, risquant de compliquer le processus de nomination.

Le Hezbollah et ses alliés en alerte face aux choix militaires

Le Hezbollah, de son côté, surveille de près le processus de désignation et cherche à éviter une nomination trop marquée par des influences étrangères. Hassan Fadlallah, député du parti chiite, a récemment déclaré que le choix du commandant de l’armée devait être basé sur des critères purement nationaux, et non soumis aux diktats de puissances étrangères. Cette déclaration traduit la crainte du Hezbollah de voir émerger un chef militaire qui pourrait modifier l’équilibre actuel au sein de l’armée et restreindre la marge de manœuvre du parti dans le pays.

Nabih Berri, président de la Chambre des députés et allié du Hezbollah, joue un rôle d’intermédiaire dans ces négociations, tentant d’éviter une nomination qui provoquerait des tensions excessives. Son objectif est d’assurer un choix qui ne remettrait pas en cause l’équilibre fragile entre les différentes forces du pays.

Une nomination sous haute surveillance

Le choix du futur commandant de l’armée ne sera pas seulement une décision technique ou militaire, mais avant tout une décision hautement politique. Nawaf Salam et Joseph Aoun doivent jongler entre les attentes de Washington, les exigences des forces politiques locales et la nécessité de préserver la stabilité du pays.

Si Hicham Abou Hallal semble bénéficier d’un soutien plus large au sein de l’institution militaire et des partenaires occidentaux, la candidature d’Elias Baysari n’est pas écartée, notamment en raison de son positionnement plus neutre qui pourrait faciliter un consensus politique.

Les prochaines semaines seront cruciales pour finaliser cette nomination. Une décision trop marquée par les intérêts américains risquerait de provoquer une réaction forte du Hezbollah et de ses alliés, tandis qu’un choix perçu comme trop conciliant avec ces derniers pourrait remettre en question les aides militaires étrangères, indispensables à la survie de l’armée libanaise.

Le Liban doit donc trouver une solution d’équilibre dans un contexte où chaque nomination devient un test pour la viabilité du gouvernement et la capacité du pays à préserver une relative autonomie face aux pressions internationales et régionales.

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Newsdesk Libnanews
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