Contexte budgétaire et position du ministère des Finances
Dans une interview publiée par Nahar le 27 mai 2025, le ministre des Finances a déclaré que “la restructuration du secteur public doit précéder toute embauche”. Cette affirmation traduit la ligne actuelle du gouvernement face aux exigences posées par les institutions internationales, en particulier le Fonds monétaire international.
Le Liban se trouve dans une situation de blocage. Les négociations avec le FMI sont suspendues. Le désaccord principal porte sur la nature, le calendrier et l’ampleur des réformes structurelles à entreprendre dans l’administration publique. Le FMI demande des garanties concrètes sur la maîtrise des dépenses, la réduction des déficits, et la capacité à rétablir la soutenabilité de la dette.
Le ministre souligne que les marges de manœuvre budgétaires sont “très étroites”. Il explique que toute nouvelle embauche aggraverait le déséquilibre structurel. La priorité est donnée à la réduction de la masse salariale, à la revue des doublons administratifs, et à la réorganisation des missions de service public.
Pressions du FMI et conditions non remplies
Le FMI a formulé plusieurs conditions pour débloquer une aide financière. Il exige un plan global de restructuration du secteur public. Celui-ci doit inclure une cartographie des postes existants, une stratégie de redéploiement, et un audit des ministères les plus coûteux.
Les négociateurs libanais ont proposé des engagements partiels, jugés insuffisants par les équipes du FMI. L’absence d’un cadre législatif clair sur la réforme de la fonction publique constitue un obstacle majeur. Le gouvernement affirme vouloir éviter un choc social. Le FMI réclame au contraire un calendrier contraignant, assorti d’objectifs chiffrés.
Le ministère des Finances reconnaît que les demandes du FMI sont fondées, mais estime que leur mise en œuvre immédiate est techniquement et politiquement difficile. Il propose un phasage sur deux ans, avec des jalons progressifs. Cette proposition n’a pas encore fait l’objet d’un accord formel.
Structure du secteur public et inertie administrative
Le secteur public libanais emploie plus de 280 000 personnes. Une partie importante est concentrée dans les ministères de l’Éducation, de l’Intérieur et de la Santé. Les contrats à durée indéterminée représentent la majorité, mais les contractuels et les journaliers sont également nombreux.
Depuis 2017, la grille des salaires a été révisée à la hausse. Cette réforme a accru les dépenses sans gains d’efficacité significatifs. Les doublons sont fréquents. Certains départements fonctionnent sans coordination. D’autres souffrent de sous-effectifs.
Selon Nahar (27 mai 2025), des études internes au ministère montrent que plus de 25 % des agents exercent des fonctions non productives. La digitalisation est incomplète. Le recours aux procédures manuelles demeure courant. Cette situation freine la modernisation des services publics.
Effets sur les comptes publics
La masse salariale représente plus de 45 % du budget de fonctionnement. Les transferts sociaux et les subventions énergétiques absorbent également une large part des dépenses. Le déficit primaire s’aggrave. La dette publique dépasse 150 % du PIB. La soutenabilité est menacée.
Le ministère des Finances cherche à geler les embauches, sauf dans les secteurs prioritaires. Il projette de suspendre les promotions automatiques et de revoir les indemnités. Il propose aussi de fusionner certains services. Ces mesures devraient réduire les charges à moyen terme.
Le ministre indique que sans aide externe, ces réformes ne suffiront pas. Il plaide pour un programme de soutien conditionnel. Il affirme que les efforts doivent être partagés entre les créanciers, les bailleurs et l’État.
Impact social et résistances syndicales
Toute réforme du secteur public suscite des réactions syndicales. Les principales confédérations dénoncent une logique de compression budgétaire imposée de l’extérieur. Elles craignent des licenciements déguisés, une dégradation des conditions de travail, et la disparition de certains droits acquis.
Des grèves ponctuelles ont eu lieu dans l’administration fiscale et les services techniques. Des appels à mobilisation circulent. Les syndicats exigent d’être consultés. Ils proposent une réforme négociée, fondée sur l’évaluation des besoins réels.
Le ministère des Finances assure qu’aucune mesure ne sera prise sans concertation. Il reconnaît la légitimité des revendications. Il appelle à une démarche collective. Il rappelle cependant que l’État ne peut continuer à financer un appareil administratif inefficace.
État des négociations avec les partenaires étrangers
Outre le FMI, d’autres partenaires attendent des engagements. L’Union européenne conditionne son aide à la réforme de la gouvernance publique. Plusieurs programmes de coopération sont suspendus. Les agences de notation maintiennent le pays à un niveau très bas.
Les partenaires régionaux s’inquiètent de la lenteur du processus. Certains envisagent des aides bilatérales ciblées. Mais ils demandent en contrepartie des mécanismes de suivi et de transparence. La coordination entre donateurs est difficile.
Le ministère des Finances tente de rétablir la confiance. Il organise des réunions régulières avec les ambassadeurs et les agences multilatérales. Il présente des feuilles de route. Mais sans plan de réformes validé, les décaissements sont bloqués.