Les titres des journaux libanais du 16 mai 2025 convergent vers un même centre de gravité : la tournée de Donald Trump au Moyen-Orient, les effets d’annonce diplomatiques, les échecs humanitaires à Gaza, et la reconfiguration des équilibres régionaux. La Une s’organise autour d’une double dynamique : une hyperactivité visible de la diplomatie américaine, et une paralysie presque totale de ses effets concrets sur le terrain, en particulier à Gaza.
Dans Al Bina’ (16 mai 2025), l’éditorial de Nasser Kandil souligne l’échec patent des dirigeants arabes à obtenir la moindre avancée significative en matière de cessez-le-feu à Gaza. Tandis que Donald Trump termine une tournée qui lui a permis de sécuriser l’engagement de près de 3,6 trillions de dollars en promesses d’investissements et de coopérations stratégiques, aucun résultat tangible n’a été enregistré sur le plan humanitaire ou politique. Le journal rapporte les propos de plusieurs diplomates onusiens mettant en garde contre une catastrophe imminente à Gaza. Le compte à rebours aurait commencé pour des milliers d’enfants et de patients, faute de nourriture et de médicaments. Les appels à un cessez-le-feu immédiat, à l’ouverture des couloirs humanitaires et à un accès pour les convois de l’ONU n’ont reçu que des réponses dilatoires.
Gaza et l’urgence humanitaire : alerte des agences internationales
Al Sharq Al Awsat (16 mai 2025) insiste sur le contraste saisissant entre les fastes diplomatiques observés à Doha et Abu Dhabi, et le silence pesant sur les opérations militaires en cours dans la bande de Gaza. La visite de Trump aux Émirats est décrite comme un succès diplomatique, tant par la qualité des relations affichées avec Mohammed ben Zayed que par l’annonce d’un plan d’investissement massif de 1,4 trillion de dollars dans des secteurs stratégiques comme la technologie, l’énergie et l’intelligence artificielle. Toutefois, aucune déclaration n’a mentionné explicitement la situation humanitaire à Gaza, ni les conditions d’un éventuel accord sur le sort du prisonnier américano-israélien Eidane Alexander, dont la libération est présentée comme un levier de négociation dans les discussions avec le Hamas.
La même scène diplomatique est relayée par An-Nahar (16 mai 2025), qui met l’accent sur l’aspect cérémoniel de la visite de Trump à Abu Dhabi. Le journal rapporte les mots du président américain s’adressant à son hôte : « Tu es un guerrier fort, très intelligent, avec une vision que peu de gens partagent ». En retour, le président émirati a annoncé que son pays investirait massivement aux États-Unis durant la prochaine décennie. Ces échanges, fortement symboliques, apparaissent comme un pacte de stabilité entre les deux pays, à contre-courant de l’instabilité que connaît la région.
Leaderships et lignes de fracture régionales
Ad Diyar (16 mai 2025) insiste sur l’hypocrisie perçue de cette tournée. Tandis que Trump se félicite de ne « pas vouloir la guerre avec l’Iran », il renforce les alliances militaires régionales, tout en assurant à Tel Aviv un appui total dans ses opérations. Le journal note aussi la frustration croissante de certains cercles diplomatiques arabes, qui voient dans cette posture un alignement stratégique sans contrepartie concrète sur les dossiers critiques comme la Palestine ou la Syrie. Un passage du journal évoque la crainte d’un isolement progressif d’Israël, si les États-Unis poursuivent leur stratégie unilatérale d’endiguement de l’Iran sans chercher un cadre régional de dialogue.
Diplomatie parallèle : Syrie, Israël et médiation émiratie
Dans Al Akhbar (16 mai 2025), les révélations sur des échanges secrets entre Washington, Tel Aviv et Damas donnent un relief plus complexe à cette diplomatie de façade. Le journal cite plusieurs sources selon lesquelles des discussions avancées auraient eu lieu entre des représentants du nouveau pouvoir syrien dirigé par Ahmed al-Shara et des émissaires israéliens, facilitée par Abu Dhabi. Ces discussions porteraient notamment sur une désescalade militaire dans le sud de la Syrie, en échange d’un gel des frappes israéliennes et d’un contrôle renforcé des factions armées. Ce contexte redonne un rôle stratégique à la Syrie, désormais considérée par Washington comme un levier utile dans la régulation sécuritaire du front nord d’Israël.
L’écho de cette recomposition est également perceptible dans Al Joumhouriyat (16 mai 2025), qui décrit les efforts saoudiens pour asseoir une nouvelle architecture régionale. La tournée de Trump aurait été, selon le journal, l’occasion d’une tentative de repositionnement de Riyad, qui cherche à affirmer une diplomatie d’équilibre en ménageant à la fois Tel Aviv et Téhéran. Mais le journal reste sceptique sur la capacité réelle de l’Arabie saoudite à imposer une dynamique inclusive, tant les fractures internes au monde arabe persistent.
L’impasse humanitaire au cœur des tensions
À l’arrière-plan de cette recomposition géopolitique, la question palestinienne reste entière. Al Bina’ (16 mai 2025) dresse un constat d’échec collectif : malgré les multiples sommets et appels à la paix, aucun progrès n’a été enregistré. Le journal note que les pressions sur Tel Aviv pour un cessez-le-feu restent cosmétiques, et que le président américain s’est abstenu de tout commentaire public lors des dernières frappes qui ont causé plus de cent morts en une journée.
Les morts de Gaza, le jeu de puissance des alliances, et la marginalisation des institutions internationales sont autant de signes d’un dérèglement du système diplomatique régional. Ce que ces unes dévoilent, c’est une région soumise à un brouillage stratégique : d’un côté, des promesses d’investissements, de stabilité, de coopération technologique ; de l’autre, un effondrement de toute capacité d’action collective en matière de sécurité et d’humanitaire.
Une diplomatie spectacle, sans leviers concrets
L’édition de Al Sharq (16 mai 2025) rappelle en note secondaire la crainte d’une escalade au Yémen, où des frappes israéliennes récentes ont visé des cibles autour de Sanaa, en réponse à des attaques attribuées aux Houthis. Ce prolongement de la guerre hors de Gaza confirme, selon le journal, la porosité des fronts et la fragilité d’un équilibre régional menacé de toutes parts.
Ainsi, à travers les discours de puissance et les échanges diplomatiques spectaculaires, les quotidiens libanais révèlent une réalité brutale : celle d’un effondrement des mécanismes de régulation, où les priorités sécuritaires l’emportent sur toute logique humanitaire, et où les alliances stratégiques s’établissent au prix d’un abandon du droit international. Le personnage de Donald Trump, omniprésent dans cette actualité, incarne cette tension : moteur d’un mouvement géopolitique sans boussole, catalyseur de pactes asymétriques, mais aussi révélateur d’une diplomatie spectacle vidée de substance.
Politique locale : recomposition électorale, tensions institutionnelles et fractures internes
Élections municipales : recompositions et jeux d’alliance inédits
L’actualité libanaise du 16 mai 2025 est marquée par une recomposition visible du paysage politique local à travers les élections municipales. Selon Al Bina’ (16 mai 2025), la liste « Beyrouth Bitajama’na » s’est imposée comme une force incontournable à Beyrouth. Composée de formations alliées comme le Hezbollah et Amal, cette liste a révélé une capacité à fédérer au-delà des lignes traditionnelles, mettant en évidence un glissement stratégique dans les équilibres politiques urbains. Cette coalition a attiré des figures qui, la veille encore, s’opposaient à l’influence du duo chiite sur la scène politique. Le quotidien souligne que cette participation massive confirme la centralité de ce bloc dans le débat public.
Ad Diyar (16 mai 2025) rapporte des tensions à Beyrouth liées à une baisse du taux de participation, particulièrement marquée dans les quartiers sunnites, ce qui a ravivé le débat sur la représentativité réelle des conseils municipaux. Le journal pointe également une féroce bataille dans la circonscription chrétienne pour le contrôle des postes de mokhtar, illustrant un regain d’activisme chez les partis maronites, notamment les Forces Libanaises, engagées à contrer des tentatives d’affaiblissement symbolique par leurs adversaires.
Zahleh et Tripoli : fronts symboliques de la bipolarisation
An-Nahar (16 mai 2025) met en lumière l’enjeu particulier de la troisième phase des élections locales, notamment à Zahleh et Tripoli. Dans cette dernière, les Alaouites ont créé la surprise en décrochant plusieurs sièges de mokhtar, un fait inédit qui reflète une recomposition identitaire locale et une consolidation d’un vote communautaire jusque-là fragmenté. À Zahleh, ville emblématique du catholicisme libanais, les formations chrétiennes se livrent une bataille féroce. Des sources rapportées par le journal évoquent des tentatives de marginalisation des Forces Libanaises par des alliances ponctuelles réunissant des indépendants et des figures locales anciennement affiliées au Courant Patriotique Libre.
Al Sharq (16 mai 2025) souligne que ces municipales ont ravivé les tensions entre réseaux communautaires et tentatives d’émancipation politique. Le journal rapporte des témoignages d’électeurs dénonçant des pressions communautaires dans plusieurs quartiers mixtes, notamment à Bourj Hammoud et à Chiyah, où des électeurs ont affirmé avoir reçu des sollicitations explicites pour voter sur des bases religieuses plutôt que programmatiques.
Tensions autour de la gouvernance : conflits institutionnels latents
Toujours selon An-Nahar (16 mai 2025), un épisode symbolique a alimenté les tensions entre le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam. Le chef de l’État aurait refusé de participer au sommet arabe de Bagdad, préférant déléguer cette représentation à son Premier ministre. Cette décision a été interprétée comme un camouflet au chef du gouvernement, accusé par certaines voix proches du président de ne pas suffisamment incarner la neutralité active réclamée par Beyrouth dans les dossiers régionaux. Nawaf Salam, de son côté, aurait insisté pour porter un discours de réforme et d’alignement sur les standards internationaux, en particulier dans le domaine judiciaire et administratif.
Al Sharq (16 mai 2025) mentionne que le président Aoun a reçu une invitation officielle pour participer au sommet sur le financement du développement organisé par les Nations unies en Espagne. Cette invitation, selon le journal, place le Liban dans une position diplomatique délicate, en raison des divergences internes sur la posture à adopter dans les enceintes internationales.
Rumeurs, accusations et affaires locales : fragmentation de l’autorité
An-Nahar (16 mai 2025) revient aussi sur l’éviction du gouverneur du Nord, Ramzi Nohra, mis à la disposition du ministère de l’Intérieur pour cause de mauvaise gestion. Cette affaire a provoqué un effet domino, des rumeurs circulant à propos d’autres hauts fonctionnaires également visés par des accusations de corruption, notamment dans le secteur des permis de construire et de la gestion des déchets. Des campagnes anonymes sur WhatsApp ont contribué à diffuser des accusations virulentes à l’encontre d’un autre gouverneur du Mont-Liban, renforçant le climat de méfiance envers l’administration locale.
Dans le même esprit, Al Bina’ (16 mai 2025) signale que les résultats électoraux ont mis en échec les tentatives de plusieurs partis de verrouiller l’espace local à leur avantage. Le quotidien évoque un recul relatif des candidats soutenus par le Courant Patriotique Libre dans certaines zones de la Békaa et du Chouf, traduisant un affaiblissement de leur influence territoriale.
Réformes en attente : pressions internationales et contraintes internes
D’après Al Bina’ (16 mai 2025), les capitales occidentales et Riyad conditionnent désormais leur soutien financier à des réformes institutionnelles concrètes, notamment en matière de fiscalité, d’indépendance judiciaire et de politique de sécurité. Le journal note que les États-Unis, via leur ambassade, ont intensifié leurs signaux sur la nécessité pour le Liban de désarmer les milices illégales comme condition préalable à toute aide significative.
La même édition met en avant une analyse politique soulignant que toute tentative de réforme profonde est vouée à l’échec si elle ne s’accompagne pas d’une résolution de la question de la souveraineté de l’État face aux entités armées non étatiques. Dans cette optique, plusieurs sources politiques affirment que les municipales 2025 sont un test grandeur nature de la capacité du pouvoir central à exercer une autorité réelle dans les territoires périphériques.
Le Parlement et les signaux de blocage politique
Enfin, la couverture politique de Al Bina’ (16 mai 2025) relate que la session parlementaire de la veille n’a abouti qu’à l’adoption d’un seul texte d’urgence, lié à la criminalisation des tirs de joie. Le reste des propositions a été reporté ou transféré aux commissions. Ce ralentissement législatif est interprété par les observateurs comme un signe de paralysie institutionnelle persistante, malgré la pression des échéances économiques et sociales.
Diplomatie : négociations bloquées, médiations croisées et lignes de fracture régionales
Blocage diplomatique autour de Gaza : impasse confirmée
L’ensemble des journaux libanais du 16 mai 2025 s’accorde à souligner l’enlisement des négociations autour de la situation à Gaza. Al Bina’ (16 mai 2025) affirme que les discussions engagées depuis plusieurs semaines, notamment via le Qatar, l’Égypte et les États-Unis, n’ont produit aucun résultat concret. Le journal rapporte que malgré les tentatives américaines de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il accepte une trêve temporaire ou l’ouverture de couloirs humanitaires, les réponses israéliennes ont été qualifiées de dilatoires, et la situation humanitaire continue de se détériorer.
Ad Diyar (16 mai 2025) évoque également un durcissement du langage diplomatique israélien, en réponse aux demandes de cessez-le-feu portées par Doha et Le Caire. Selon des sources diplomatiques citées par le journal, les Israéliens insistent sur la nécessité d’une victoire militaire claire avant toute concession politique. Cette posture a bloqué l’initiative franco-qatarie visant à négocier simultanément un échange de prisonniers et un cessez-le-feu de 72 heures.
Dans le même esprit, Al Sharq Al Awsat (16 mai 2025) revient sur la rencontre entre les dirigeants qataris et l’administration américaine, lors de laquelle il a été confirmé que le Hamas refusait de renoncer à certaines conditions minimales, notamment le retrait israélien des zones densément peuplées et la levée partielle du blocus. L’initiative allemande, qui consistait à séparer les négociations humanitaires des négociations militaires, a également échoué à convaincre les protagonistes.
Rôle ambigu des Émirats et diplomatie parallèle
Une thématique récurrente dans les analyses est le rôle croissant des Émirats arabes unis dans les discussions autour de Gaza et de la Syrie. Al Akhbar (16 mai 2025) rapporte que des émissaires émiratis ont servi de courroie de transmission entre Tel Aviv et Damas. Le journal évoque des discussions indirectes ayant porté sur des garanties sécuritaires au sud de la Syrie, où Israël exige une neutralité armée des forces pro-iraniennes.
Cette même source révèle également que les négociateurs émiratis ont tenté d’imposer un format de négociation trilatéral, excluant le Liban, pour régler les tensions régionales autour du Golan. Le quotidien met en garde contre la marginalisation de Beyrouth dans ces processus, en dépit de l’implication du Hezbollah dans la région et de son influence sur certaines factions syriennes.
Al Joumhouriyat (16 mai 2025) insiste sur les risques d’une normalisation progressive entre Damas et Tel Aviv, facilitée par les Émirats, sans mécanisme de concertation avec les autres pays arabes. Le journal cite une source gouvernementale libanaise anonyme affirmant que ce type de canal parallèle affaiblit la position collective arabe dans le dossier palestinien et légitime de fait le statu quo militaire israélien.
Multiplication des initiatives sans coordination
Al Sharq (16 mai 2025) détaille une série d’initiatives diplomatiques dispersées et peu coordonnées. En plus des efforts émiratis, le journal évoque l’activisme de la Turquie, qui a envoyé son ministre des Affaires étrangères en tournée régionale pour proposer un sommet tripartite avec l’Iran et la Syrie. Le texte note l’absence totale de réaction libanaise à cette proposition, signe d’un affaiblissement de la diplomatie libanaise régionale.
Parallèlement, Al Bina’ (16 mai 2025) évoque le rôle du Vatican qui, tout en adoptant un ton neutre sur Gaza, a envoyé une lettre de soutien au Liban pour son rôle de médiateur « éthique » dans les affaires humanitaires. Le journal précise toutefois que cette prise de position reste essentiellement symbolique et n’a pas été suivie d’effet concret.
Al Akhbar (16 mai 2025) signale également l’entrée en scène d’acteurs secondaires, notamment le Koweït et Oman, qui ont tenté de réactiver l’initiative de la Ligue arabe en proposant un plan de surveillance internationale à la frontière entre Gaza et l’Égypte. Selon le journal, ces tentatives ont été immédiatement rejetées par Israël.
La diplomatie américaine et le verrouillage stratégique
Une large place est accordée par la presse à la tournée régionale de Donald Trump. Dans Al Bina’ (16 mai 2025), il est mentionné que l’ex-président américain, dans son retour diplomatique au Moyen-Orient, a insisté sur une approche sécuritaire, conditionnant toute solution politique à une reddition totale du Hamas. Ce positionnement a été critiqué par des responsables jordaniens et égyptiens, selon le journal, qui l’accusent d’alimenter un cycle de guerre sans fin.
Ad Diyar (16 mai 2025) insiste sur le contraste entre les discours officiels américains, qui parlent de stabilité, et les livraisons d’armes croissantes à Israël, documentées par des observateurs régionaux. Le journal affirme que ces contradictions nuisent à la crédibilité des États-Unis comme médiateur neutre.
An-Nahar (16 mai 2025) rapporte que la diplomatie américaine a tenté de redorer son image en organisant une réunion à huis clos avec les ONG humanitaires opérant à Gaza, sans représentants politiques. Le but aurait été d’identifier les besoins prioritaires en matière de santé et d’alimentation. Cependant, le journal précise que cette rencontre n’a débouché sur aucun engagement financier nouveau.
Le Liban en retrait diplomatique
La plupart des journaux s’accordent à constater un affaiblissement du rôle du Liban dans les discussions régionales. Al Bina’ (16 mai 2025) note que malgré la présence du Hezbollah dans la guerre des récits régionaux, aucune délégation libanaise officielle n’a été invitée aux pourparlers multilatéraux sur Gaza organisés à Istanbul. Le journal souligne qu’historiquement, Beyrouth avait toujours joué un rôle, même marginal, dans les conférences arabes.
Al Joumhouriyat (16 mai 2025) souligne que la position diplomatique libanaise est paralysée par les divergences entre le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, notamment sur la posture à adopter vis-à-vis de l’Iran. Selon des sources parlementaires, cette division rend toute prise de parole cohérente au niveau régional impossible.
Enfin, Al Sharq Al Awsat (16 mai 2025) conclut que le Liban a été perçu par les autres pays arabes comme une variable secondaire dans la crise actuelle, sa fragilité institutionnelle l’empêchant d’assumer un rôle constructif dans les médiations en cours. Cette marginalisation, notent plusieurs éditorialistes, pourrait avoir des effets durables sur sa capacité à défendre ses intérêts dans les recompositions régionales à venir.
Politique internationale : diplomatie d’influence, affrontements narratifs et redéploiements stratégiques
Tournée de Donald Trump : consolidation des alliances dans le Golfe
La tournée régionale de Donald Trump occupe une place centrale dans les journaux du 16 mai 2025, soulignant une nouvelle dynamique d’influence entre les États-Unis et les monarchies du Golfe. Al Sharq Al Awsat (16 mai 2025) rapporte que la visite de Trump à Abu Dhabi s’est conclue par l’annonce d’un investissement émirati de 1,4 trillion de dollars aux États-Unis sur dix ans, dans des domaines jugés stratégiques par les deux parties : défense, cybersécurité, transition énergétique et technologies de rupture. Le journal cite les propos de Mohammed ben Zayed, saluant Trump comme « un leader visionnaire » et insistant sur la « complémentarité entre la force économique américaine et l’ambition stratégique des Émirats ».
Dans le même registre, Al Bina’ (16 mai 2025) souligne que Trump, tout en déclarant ne pas vouloir de guerre avec l’Iran, a promis aux dirigeants du Golfe des garanties de sécurité « plus robustes que jamais ». Ce discours a été interprété comme un engagement implicite des États-Unis à maintenir leur présence militaire dans la région, en dépit de pressions budgétaires internes.
Ad Diyar (16 mai 2025) note cependant que cette tournée n’a pas abordé la question palestinienne, ni les répercussions humanitaires du conflit à Gaza. Le silence volontaire de Trump sur ces questions, selon le journal, renforce l’idée d’un redéploiement stratégique fondé exclusivement sur les intérêts de sécurité et les retombées économiques.
Israël et l’affirmation d’une politique étrangère offensive
Israël occupe une place transversale dans les éditions du 16 mai 2025, à travers ses relations bilatérales et son action militaire. Al Akhbar (16 mai 2025) rapporte que l’État hébreu a multiplié les consultations discrètes avec les chancelleries européennes afin de prévenir toute tentative de reconnaissance diplomatique de l’État palestinien dans le cadre d’un vote à l’ONU. Le ministère israélien des Affaires étrangères a, selon le journal, mis en place une cellule de crise chargée de coordonner les réponses diplomatiques à ces initiatives.
Al Sharq (16 mai 2025) évoque une offensive diplomatique israélienne en Afrique, avec une série d’accords bilatéraux signés récemment avec le Kenya, le Rwanda et le Ghana. Ces accords portent notamment sur la cybersécurité, les drones et la gestion de l’eau. Le journal y voit une stratégie de contournement des critiques occidentales, visant à renforcer les alliances du Sud global.
Par ailleurs, Ad Diyar (16 mai 2025) revient sur la visite du chef du Mossad en Arabie saoudite, où il aurait rencontré des responsables sécuritaires pour discuter de la coordination régionale face aux menaces iraniennes. Le journal évoque des échanges de renseignements accrus sur les réseaux de transfert d’armes vers le Yémen, en particulier via le détroit de Bab el-Mandeb.
Arabie saoudite : diplomatie de neutralité active
La politique étrangère saoudienne est analysée comme une tentative d’équilibrer les pôles de pouvoir tout en défendant des intérêts propres. Al Joumhouriyat (16 mai 2025) cite des sources diplomatiques affirmant que Riyad cherche à jouer un rôle d’équilibre entre les États-Unis, la Chine et l’Iran. Le journal rapporte que l’Arabie saoudite a discrètement réactivé le format trilatéral avec Pékin et Téhéran, initié en 2023, pour discuter de la sécurité maritime dans le Golfe.
Al Sharq Al Awsat (16 mai 2025) consacre une large analyse à la stratégie d’investissement diplomatique de l’Arabie saoudite en Asie du Sud-Est. Des projets de coopération sécuritaire auraient été proposés à l’Indonésie et à la Malaisie, autour de la lutte contre l’extrémisme religieux et la stabilisation des routes énergétiques. Ces démarches s’inscrivent dans une volonté de se positionner comme acteur pivot dans les équilibres indo-pacifiques.
Al Bina’ (16 mai 2025) aborde aussi la question de la coordination saoudo-égyptienne sur le dossier soudanais. Les deux capitales auraient échangé plusieurs notes diplomatiques sur la nécessité de pousser les factions rivales soudanaises à un accord de cessez-le-feu sous supervision africaine, sans ingérence occidentale.
Iran : diplomatie sous pression, résilience régionale
La presse du 16 mai 2025 rend compte d’une diplomatie iranienne active mais contrainte. Al Akhbar (16 mai 2025) relate que Téhéran a exprimé son indignation après l’annonce de nouveaux exercices militaires israélo-américains dans le Golfe. Le journal cite un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères dénonçant « une provocation délibérée visant à justifier une présence étrangère continue ».
An-Nahar (16 mai 2025) évoque la visite du ministre iranien des Affaires étrangères en Turquie et au Qatar, avec pour objectif de renforcer les liens économiques et de coordonner les positions sur Gaza. Selon le journal, l’Iran tente de positionner son action diplomatique sur une double base : soutien à la résistance palestinienne et plaidoyer pour une sortie politique négociée.
Al Joumhouriyat (16 mai 2025) signale par ailleurs que la diplomatie iranienne a relancé son initiative de médiation au Yémen, en lien avec Oman, pour stabiliser le front houthiste dans un contexte de pressions croissantes de Riyad et Washington.
Turquie, Russie, Chine : stratégies de présence
Plusieurs articles abordent la diversification des acteurs dans les relations internationales régionales. Al Sharq (16 mai 2025) rapporte que la Turquie a proposé d’organiser une conférence régionale à Istanbul sur la reconstruction post-guerre à Gaza, incluant des ONG, des États arabes et des bailleurs de fonds asiatiques. Le journal note toutefois l’absence d’adhésion forte à cette initiative, perçue comme un outil d’influence intérieure en Turquie.
Al Bina’ (16 mai 2025) mentionne l’activité diplomatique russe, qui s’est concentrée sur des discussions avec l’Égypte et l’Algérie autour de la coordination énergétique. La Russie chercherait à renforcer sa présence dans le bassin méditerranéen via un partenariat énergétique incluant des livraisons de GNL, tout en proposant une médiation sur la Syrie.
Enfin, Al Sharq Al Awsat (16 mai 2025) souligne que la Chine a officiellement invité plusieurs dirigeants du Golfe à participer à un forum économique spécial à Shanghai, dédié à la transition verte et à l’intelligence artificielle. Cette invitation est analysée comme une réponse directe à la tournée de Trump, visant à réaffirmer l’ancrage chinois dans le Golfe.
Afrique et Amérique latine : les nouveaux horizons
La section internationale d’Al Sharq (16 mai 2025) revient sur la progression diplomatique des puissances régionales au sein du continent africain. Les Émirats arabes unis, selon le journal, ont signé un protocole de coopération sécuritaire avec le Nigéria sur la lutte contre le trafic d’armes. Le même article souligne un intérêt grandissant des monarchies du Golfe pour l’Afrique de l’Est, avec des projets de ports logistiques et de hubs aériens.
Al Akhbar (16 mai 2025) note une intensification des échanges diplomatiques entre le Brésil et l’Iran, en marge du sommet sud-sud de Montevideo. Le président brésilien aurait proposé un forum multilatéral pour le dialogue entre les puissances du Sud, incluant des représentants de l’Union africaine et des pays du Golfe.
Enfin, Al Joumhouriyat (16 mai 2025) aborde l’accord récent entre l’Arabie saoudite et le Mexique pour une coopération dans l’industrie du lithium, perçue comme stratégique pour les deux pays dans le cadre de la transition énergétique mondiale.
Économie : lente reprise, stabilité fragile et défis structurels
Climat général : prudence dans la reprise, attentes encadrées
Selon Ad Diyar (16 mai 2025), la situation économique du Liban s’inscrit dans une phase de transition, marquée par une relative stabilité politique et la présence d’un nouveau gouverneur à la Banque du Liban. Ce climat plus serein, comparé aux années de crise aiguë, nourrit des attentes de reprise modérée, bien que les défis structurels persistent. Le journal souligne que les efforts gouvernementaux se concentrent désormais sur le rétablissement de la confiance dans les institutions économiques et sur la remise en route des mécanismes de gouvernance financière.
Le gouvernement de Nawaf Salam, appuyé par le président Joseph Aoun, poursuit une ligne de réformes prudentielles, avec un discours orienté vers la discipline budgétaire, la réhabilitation du secteur public et la relance de la croissance à travers des partenariats régionaux. Ad Diyar (16 mai 2025) mentionne également la préparation d’un projet de coopération économique tripartite avec l’Égypte et la Jordanie, qui pourrait inclure des programmes d’échange d’expertise dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture et des télécommunications.
Indicateurs : stabilisation des prix et gestion monétaire
Le même journal rapporte que l’inflation enregistrée au premier trimestre 2025 a été contenue à +14,19 %, selon les chiffres communiqués par la Direction centrale des statistiques. Cette décélération par rapport aux années précédentes est attribuée à la stabilisation relative du taux de change officiel et à la disponibilité accrue de certaines matières premières. Néanmoins, cette moyenne masque de fortes disparités selon les secteurs : les hausses ont été plus importantes dans les produits alimentaires importés, les frais scolaires et les services médicaux.
Sur le plan monétaire, Ad Diyar (16 mai 2025) indique que la Banque du Liban poursuit une politique de réduction progressive des interventions sur le marché parallèle des devises. Le gouverneur actuel, dont le nom n’est pas précisé dans le journal, aurait mis en œuvre un mécanisme de gestion des réserves axé sur la transparence et la coordination avec le ministère des Finances. Le journal note cependant que la dualité des taux de change n’est pas encore résolue, et que les disparités persistent entre les transactions officielles et celles effectuées sur le marché libre.
Secteur bancaire : méfiance persistante et transition institutionnelle
La situation du secteur bancaire est abordée de manière nuancée dans Ad Diyar (16 mai 2025). Le journal fait état d’un regain de confiance partiel, lié à l’entrée en fonction d’une nouvelle direction à la Banque du Liban et à l’adoption de lignes directrices plus strictes pour les établissements financiers. Toutefois, les déposants restent prudents, et les banques poursuivent une politique de limitation des retraits en devises, dans le cadre de procédures encadrées par des circulaires spécifiques.
Un rapport interne mentionné dans le journal indique que la restructuration du secteur bancaire reste l’un des axes majeurs du programme de réforme. Le ministère des Finances envisage d’imposer une révision du portefeuille d’actifs non performants, en coordination avec les autorités monétaires et les représentants des banques commerciales. Cette réforme, toujours en discussion, vise à relancer le crédit productif tout en consolidant les bilans bancaires.
Commerce et flux financiers : relance progressive sous contrainte
Le commerce extérieur reste fragile, comme le souligne Ad Diyar (16 mai 2025), qui évoque des échanges commerciaux encore très dépendants des importations de biens essentiels. Les exportations agricoles et agroalimentaires peinent à retrouver leur niveau d’avant-crise, en raison de la faiblesse des capacités logistiques et de la hausse des coûts de production. Le journal indique que le ministère de l’Agriculture a lancé un plan pilote d’exportation de pommes de la Békaa vers les marchés du Golfe, avec le soutien d’investisseurs privés.
Du côté des flux financiers, le journal note une reprise partielle des transferts de la diaspora libanaise, en particulier depuis le Canada et les États-Unis. Ces transferts restent toutefois inférieurs aux niveaux de 2019. Les autorités monétaires espèrent encourager ces flux par la mise en place de produits d’épargne attractifs en devises, gérés par des institutions financières semi-publiques. Ce projet est encore en phase de conception.
Politiques publiques : réformes administratives et lois économiques
La dynamique législative en matière économique est évoquée dans Ad Diyar (16 mai 2025), qui rapporte que plusieurs projets de loi relatifs à la fiscalité, à la fonction publique et à la transparence administrative sont en cours d’examen au Parlement. Un texte visant à encadrer les appels d’offres publics a été déposé par le ministère de l’Économie, avec pour objectif de réduire la corruption dans les marchés publics.
En parallèle, le gouvernement prépare un décret-loi sur la digitalisation des services administratifs, présenté comme une étape nécessaire pour accroître l’efficience de la gestion publique et lutter contre les phénomènes de clientélisme. Le journal indique que cette initiative est soutenue par des partenaires européens, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas.
Investissements et partenariats : ouverture prudente
Ad Diyar (16 mai 2025) signale également que plusieurs missions diplomatiques étrangères ont rencontré le Premier ministre Nawaf Salam pour explorer des projets d’investissements conjoints. La Hongrie, le Qatar et l’Italie auraient manifesté un intérêt pour des partenariats dans les secteurs du traitement de l’eau, des énergies renouvelables et de la formation professionnelle. Ces projets en sont au stade de l’étude de faisabilité, sans calendrier défini.
Le journal mentionne aussi le lancement d’une plateforme intergouvernementale pour la coordination des projets économiques entre le Liban et ses partenaires du Levant. Cette plateforme serait hébergée par le Conseil des ministres et devrait permettre de centraliser les initiatives de développement régional.
Entreprises locales : disparités sectorielles et initiatives isolées
Enfin, Ad Diyar (16 mai 2025) donne un aperçu du tissu économique libanais à travers une série de témoignages d’entrepreneurs. Dans les services, certaines entreprises technologiques continuent à croître, notamment dans le domaine des logiciels de gestion administrative et de commerce en ligne. Toutefois, dans l’industrie manufacturière et le bâtiment, la situation reste très difficile, avec un ralentissement des chantiers et une baisse significative des commandes.
Le journal met en avant l’exemple d’une PME de production de savon traditionnel à Saïda, qui a réussi à exporter ses produits vers des marchés niche en Europe. Ce type de réussite reste marginal, mais est perçu comme un indicateur de résilience ponctuelle. Le ministère de l’Industrie envisage de développer un label national pour ces produits artisanaux à valeur ajoutée, afin de renforcer leur visibilité à l’international.
Justice : nominations sensibles, soupçons de corruption et regain d’activisme judiciaire
Conseil supérieur de la magistrature : nominations et tensions latentes
Al Bina’ (16 mai 2025) consacre un article aux récentes nominations au sein du Conseil supérieur de la magistrature. Le journal précise que plusieurs postes stratégiques ont été pourvus après des mois de blocage, dans un climat de tensions institutionnelles. Ces décisions ont été prises sur recommandation conjointe du président Joseph Aoun et du ministre de la Justice, dans un effort visant à restaurer la capacité opérationnelle de l’appareil judiciaire.
Le journal rapporte que les nouveaux membres, désignés dans le cadre d’un décret spécial, sont issus de diverses régions du pays, dans le but d’assurer une représentativité confessionnelle équilibrée. Toutefois, certains partis politiques, notamment les Forces Libanaises et le Courant Patriotique Libre, ont exprimé des réserves sur la procédure, évoquant un manque de transparence dans la sélection. Des ONG de lutte contre la corruption, citées par le journal, réclament une réforme plus structurelle de ce haut conseil, pour garantir son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif.
Lutte contre la corruption : relance prudente de plusieurs dossiers
Ad Diyar (16 mai 2025) revient sur la réactivation de plusieurs affaires de corruption, longtemps suspendues. Parmi elles figure le dossier des marchés publics attribués au ministère des Travaux publics, ouvert depuis 2021. Le parquet financier aurait relancé les convocations de plusieurs anciens hauts fonctionnaires, notamment en lien avec des travaux d’infrastructures à Baabda et Zgharta.
Le journal indique également que le dossier des fonds alloués à la reconstruction post-explosion de Beyrouth est désormais entre les mains d’un nouveau juge d’instruction, après le retrait pour cause de santé de son prédécesseur. Des responsables d’ONG locales auditionnés dans le cadre de cette affaire dénoncent la perte de documents administratifs cruciaux, rendant difficile la traçabilité des flux financiers.
Selon Al Joumhouriyat (16 mai 2025), le ministère de la Justice aurait transmis une série de rapports internes au parquet général concernant les dysfonctionnements dans les appels d’offres liés à l’électricité. Ces éléments pourraient donner lieu à l’ouverture d’un nouveau volet judiciaire dans le cadre du scandale chronique du secteur énergétique.
Dossiers bancaires : prudence et lenteurs procédurales
Al Akhbar (16 mai 2025) mentionne les développements du dossier concernant d’anciens dirigeants de la Banque du Liban, notamment Riad Salamé. Le journal affirme que le parquet n’a pas encore statué sur la recevabilité des nouvelles pièces versées par les autorités européennes, en particulier celles en provenance de France et de Suisse. Un conseiller du ministre de la Justice, cité anonymement, évoque une “extrême prudence” dans le traitement de ces documents, dans un souci de sécurité juridique.
Le même journal révèle que des magistrats spécialisés dans les affaires financières ont été saisis de nouvelles plaintes contre deux établissements bancaires, accusés d’avoir permis la fuite de capitaux à l’étranger en 2019 et 2020. Toutefois, aucun mandat d’arrêt n’a encore été émis, et les banques concernées nient toute implication, en invoquant la conformité aux circulaires de la BDL à l’époque.
Affaires pénales : faits divers et meurtres en série
An-Nahar (16 mai 2025) rapporte l’arrestation d’un individu suspecté de plusieurs meurtres dans le caza de Aley. Le suspect, âgé de 43 ans, aurait été interpellé à proximité de Choueifat après une traque de deux semaines. Selon les forces de sécurité intérieure, il serait impliqué dans au moins trois homicides depuis mars 2024. L’arme du crime, une carabine modifiée, a été saisie lors de l’intervention.
Dans le même journal, un autre fait divers judiciaire est relaté : une bande spécialisée dans le vol de bijouteries a été démantelée à Nabatiyé. L’opération, menée conjointement par les services de renseignement militaire et les forces de police, a permis la récupération d’un butin évalué à plus de 800 000 dollars. Les suspects ont été transférés devant le tribunal militaire, car deux d’entre eux sont des militaires en activité.
Al Sharq (16 mai 2025) mentionne également l’ouverture d’une enquête sur une tentative d’empoisonnement collectif dans un internat privé à Zahlé. Selon les premiers éléments, des produits chimiques auraient été introduits dans l’eau potable de l’établissement. Aucun décès n’est à déplorer, mais sept élèves ont été hospitalisés pour intoxication. Le parquet de la Békaa suit l’affaire, en lien avec la brigade criminelle.
Dossiers anciens : mémoire judiciaire et quête de justice
Plusieurs journaux soulignent la réouverture symbolique de dossiers judiciaires anciens. Al Sharq Al Awsat (16 mai 2025) rapporte que le ministère de la Justice a autorisé la déclassification partielle des archives liées aux disparitions forcées durant la guerre civile. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec des organisations internationales de défense des droits de l’homme, et vise à favoriser les procédures de vérité historique.
Le journal note que cette mesure a suscité des réactions divergentes : si les associations de familles de disparus y voient une avancée, certains responsables politiques redoutent une instrumentalisation judiciaire à des fins partisanes. Le ministre de la Justice aurait assuré que seules les procédures pénales liées à des crimes non prescrits seront concernées.
Conditions carcérales : surpopulation et tensions
Al Bina’ (16 mai 2025) publie un rapport sur les conditions de détention dans les prisons libanaises, dénonçant une surpopulation chronique. À la prison de Roumieh, les cellules prévues pour six détenus en hébergent parfois jusqu’à quinze. Le journal indique que le ministère de la Justice a demandé une rallonge budgétaire pour la rénovation de plusieurs établissements pénitentiaires, dont celui de Zahle.
La même source précise que les tensions se sont multipliées entre les différentes communautés de détenus, en particulier dans les ailes affectées à des groupes extrémistes. Des unités anti-émeutes ont dû intervenir à deux reprises en avril. Des ONG telles que ALEF et Human Rights Watch ont alerté les autorités sur les violations des droits fondamentaux en milieu carcéral, notamment l’accès aux soins médicaux.
Réforme judiciaire : avancées partielles et blocages structurels
La réforme du système judiciaire reste une revendication récurrente. Al Joumhouriyat (16 mai 2025) souligne que malgré l’adoption d’un décret renforçant les prérogatives des juges d’instruction, l’indépendance de la magistrature est toujours limitée par l’ingérence politique. Le journal cite un juge de la cour d’appel expliquant que « les nominations restent soumises à l’équilibre confessionnel, au détriment de la compétence ».
Le ministère de la Justice a toutefois annoncé le lancement d’un programme de formation continue pour les magistrats, en partenariat avec l’École nationale de la magistrature française. Cette initiative, qui vise à standardiser les méthodes d’instruction et de motivation des jugements, est saluée comme un premier pas vers la professionnalisation de la justice.