Les derniers articles

Articles liés

Revue de presse du 5/05/25: Première phase des élections municipales dans le Mont-Liban

- Advertisement -

Les élections municipales et des mokhtars organisées le 4 mai 2025 dans le Mont-Liban ont marqué une étape centrale du calendrier politique national. Cette journée a été saluée pour sa bonne organisation technique et sécuritaire, avec une couverture dense par les médias et des déclarations politiques marquantes.

Déroulement et participation : bonne organisation et incidents limités

Selon Ad Diyar (5 mai 2025), le taux de participation global a atteint 44,59 %, ce qui correspond à 368 270 électeurs. Les taux de participation ont varié selon les régions : 59,40 % à Koura, 56,70 % à Jbeil, 44,82 % au Chouf, 41,51 % à Aley, 38,29 % à Baabda, et 37,91 % dans le Metn. L’organisation du scrutin a été considérée comme réussie par les autorités, avec un encadrement notable par les forces de sécurité et les instances administratives locales.

Le président de la République, Joseph Aoun, a suivi personnellement le déroulement de la journée électorale depuis le ministère de l’Intérieur. D’après Ad Diyar (5 mai 2025), il a insisté sur la nécessité de renforcer les mécanismes de lutte contre la corruption et a demandé aux services de sécurité de produire des rapports sur les pratiques illégales. Le ministre de l’Intérieur, Ahmed Hajar, a salué une journée qualifiée de « fête nationale démocratique », tout en signalant quelques irrégularités d’ordre administratif ou liées à des soupçons de fraude, qui ont été transférées aux services judiciaires compétents.

Alliances politiques et recompositions locales

Les élections ont donné lieu à des alliances électorales inédites dans plusieurs municipalités. Nahar (5 mai 2025) rapporte que des coalitions entre le Courant patriotique libre, les Forces libanaises, les Kataëb et des indépendants ont été constituées dans plusieurs localités. À Jounieh, le député Neemat Frem a qualifié la ville de centre symbolique, en saluant une dynamique de consensus autour de certaines listes locales.

À Mansourieh, le Courant patriotique libre a remporté une victoire significative contre une liste soutenue par les Forces libanaises, selon Al Akhbar (5 mai 2025). Le parti a aussi amélioré ses résultats à Choueifat, Aley et Baabda, souvent grâce à des ententes locales avec des familles influentes. Les Forces libanaises ont quant à elles conservé leur influence dans plusieurs bastions historiques.

Stratégies d’effacement et mobilisation communautaire

Dans les zones à majorité sunnite, Nida’ Al Watan (5 mai 2025) relève que le Courant du Futur n’a pas officiellement présenté de listes, mais a soutenu en coulisses plusieurs candidats indépendants. Cette stratégie a permis de maintenir une présence sur le terrain sans implication frontale. Le Parti socialiste progressiste a lui aussi limité son engagement électoral, optant pour une attitude de retrait dans certaines zones afin de préserver ses alliances avant les législatives de 2026.

À Damour, les familles locales ont dominé les listes, avec un retour de tensions autour de la gestion du foncier et des constructions sur le littoral. À Zahlé, les antagonismes entre personnalités orthodoxes ont structuré les rivalités locales. Dans plusieurs localités, les listes ont été composées sur des bases communautaires, parfois avec des municipalités formellement scindées entre composantes confessionnelles.

Configurations locales : continuités et tensions

À Deir el Qamar, George Adwan a réussi à faire élire sa liste, illustrant la capacité de mobilisation des Forces libanaises dans leur fief traditionnel. À Shweir, Dhour El Choueir ou Rmeileh, des indépendants ont remporté des sièges, souvent avec des campagnes centrées sur les services publics et la transparence. Al Akhbar (5 mai 2025) indique aussi la défaite de figures anciennes accusées de clientélisme ou d’inefficacité.

Les partis islamistes comme la Jamaa Islamiya ont montré une présence renforcée dans certaines localités du Nord et de la plaine de la Bekaa, selon Nahar (5 mai 2025) et Al Bina’ (5 mai 2025). Dans la région de Harat Hreik, les alliances entre le Courant patriotique libre et le Hezbollah ont continué à dominer sans partage.

Dans les localités mixtes comme Aley, des accords entre le Parti socialiste progressiste et le Parti démocrate libanais ont permis d’éviter des affrontements directs, aboutissant à des listes d’unité. À Baabda, les équilibres interconfessionnels ont exigé des coalitions complexes, avec des résultats équilibrés.

Politique locale : recompositions partisanes et dynamiques d’ancrage territorial

La première phase des élections municipales de mai 2025 dans le Mont-Liban a révélé de profonds réajustements au sein des équilibres politiques locaux. Les formations traditionnelles comme les partis émergents ont modifié leurs stratégies d’implantation et d’alliances pour répondre aux nouvelles attentes électorales, dans un contexte marqué par une fragmentation du vote et une affirmation des identités locales.

Réactivation des partis classiques dans les bastions traditionnels

Dans plusieurs cazas, les grands partis libanais ont retrouvé une visibilité électorale qu’ils avaient perdue lors des cycles précédents. À Jbeil, le Courant patriotique libre (CPL) a consolidé ses positions grâce à des alliances locales avec des familles influentes. Nahar (5 mai 2025) mentionne la constitution d’une liste par le CPL, soutenue également par les nationalistes syriens et par le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, face à une liste concurrente emmenée par des figures proches des Forces libanaises et des Kataëb.

Dans le caza du Metn, la concurrence s’est intensifiée entre des listes issues de coalitions hétérogènes. À Dhour El Choueir, deux listes complètes se sont affrontées : l’une appuyée par le CPL, l’autre portée par les Forces libanaises et les Kataëb, avec le soutien de Michel Murr, ce qui a permis une reconfiguration locale de rapports de force entre partis et notabilités.

À Harat Hreik, fief du Hezbollah, la reconduction des alliances avec le CPL a été mise en avant par Ad Diyar (5 mai 2025), qui rapporte que cette entente a permis de verrouiller le contrôle local de la municipalité, malgré des tensions nationales entre les deux partenaires.

Stratégies différenciées selon les contextes communautaires

Dans les régions à majorité chrétienne, comme les cazas de Kesrouan, Jbeil et Metn, la compétition s’est jouée sur la légitimité communautaire des candidats et sur leur capacité à rassembler au-delà des clivages partisans. À Jounieh, selon les propos rapportés par Nahar (5 mai 2025), le député Neemat Frem a insisté sur le rôle symbolique de la ville comme capitale mondiale des maronites. Il s’est félicité du consensus relatif qui a présidé à la constitution des listes municipales, où indépendants et personnalités partisanes ont coopéré.

À Zahlé, les tensions entre figures orthodoxes ont façonné la structuration des listes. Dans plusieurs localités, comme Baabda ou Bhamdoun, des candidats issus de la même famille ont été répartis sur différentes listes concurrentes, dans une logique de captation maximale du vote communautaire.

Lignes de fracture entre élections locales et enjeux législatifs

Selon Nahar (5 mai 2025), les alliances municipales ne préfigurent pas nécessairement les coalitions pour les élections législatives à venir. À Jounieh et dans d’autres villes, les partis ont dû composer avec des figures locales dominantes. Ces ajustements sont décrits comme le résultat de compromis parfois forcés avec des familles influentes, dont le soutien reste crucial pour espérer maintenir un ancrage électoral en 2026.

Plusieurs partis ont adopté une approche pragmatique. Ils ont choisi d’appuyer localement certaines listes de notables, tout en s’abstenant de toute implication officielle. Cette stratégie a été visible chez les Kataëb dans plusieurs villes où le parti a soutenu des coalitions sans apposer son logo ni faire campagne ouvertement.

Le rôle central des familles et des notabilités

Dans des municipalités comme Damour ou Choueifat, les structures traditionnelles des familles ont été les principales forces de mobilisation. Nida’ Al Watan (5 mai 2025) met en lumière la place prédominante des clans familiaux dans la sélection des têtes de liste et dans la conduite des campagnes. Ce phénomène s’est accompagné de tensions entre les réseaux communautaires et les logiques partisanes nationales.

À Shweir, une liste soutenue par des familles chrétiennes a affronté une autre composée d’indépendants affiliés aux partis maronites historiques. Dans plusieurs cas, comme à Chouala, des dynasties locales ont réussi à s’imposer grâce à une alliance de circonstance entre des candidats du CPL et des personnalités communautaires sans affiliation officielle.

Retraits partiels et positionnements d’attente

Le Parti socialiste progressiste, selon Nida’ Al Watan (5 mai 2025), a évité les confrontations dans plusieurs villes à majorité druze comme Aley ou Bchamoun. Le parti de Taymour Joumblatt a préféré se retirer partiellement pour préserver ses alliances futures, notamment avec le Parti démocrate libanais dans le cadre d’accords de non-concurrence.

De leur côté, les Forces libanaises ont adopté une posture plus combative, en cherchant à conserver leur ancrage dans des municipalités chrétiennes historiques. À Deir el Qamar, la liste soutenue par Georges Adwan a remporté la majorité municipale, confirmant la vigueur du parti dans ce bastion.

Émergence d’une scène locale fragmentée

La fragmentation des listes et la multiplication des candidatures indépendantes ont marqué ces élections. À Metn et Baabda, des candidats non affiliés ont réussi à percer en structurant leurs campagnes autour de thématiques locales : gestion des déchets, urbanisme, et accès aux services publics.

Selon Al Akhbar (5 mai 2025), plusieurs de ces listes ont bénéficié d’un vote protestataire dirigé contre les partis traditionnels. Dans certaines localités, ce rejet a été amplifié par des scandales locaux ou une lassitude face aux promesses non tenues lors des mandats précédents.

Diplomatie : Signaux de normalisation régionale et repositionnement international du Liban

Les élections municipales du 4 mai 2025 au Mont-Liban ont été interprétées par plusieurs acteurs internationaux comme une preuve de stabilité institutionnelle relative au Liban. Le déroulement du scrutin et l’implication des autorités politiques ont contribué à renforcer l’image d’un État capable d’assurer des échéances démocratiques, malgré les tensions internes et régionales.

La tenue du scrutin comme gage de crédibilité internationale

Selon Ad Diyar (5 mai 2025), plusieurs pays ont vu dans le maintien des élections municipales à leur date initiale un signe positif sur la résilience des institutions libanaises. L’éditorial souligne que le fait que les familles politiques et les formations locales aient accepté de se soumettre aux règles du jeu électoral a contribué à créer un environnement perçu favorablement à l’étranger.

Nahar (5 mai 2025) rapporte que la détermination du président Joseph Aoun à organiser le scrutin sans report s’inscrit dans une stratégie visant à affirmer la souveraineté institutionnelle du Liban. Cette posture a été saluée dans plusieurs milieux diplomatiques, notamment pour son contraste avec la pratique des prorogations répétées des mandats municipaux ces dernières années.

Réouverture diplomatique avec les pays du Golfe

L’un des développements majeurs du contexte diplomatique est la décision prise par les Émirats arabes unis de lever les restrictions de voyage à destination du Liban. Cette mesure, annoncée le 4 mai 2025 et relayée dans Al Bina’ (5 mai 2025), met fin à une interdiction instaurée en raison des tensions sécuritaires dans la région. La levée de l’interdiction a été présentée comme un acte de confiance dans les efforts du Liban pour restaurer la sécurité intérieure et stabiliser ses institutions.

Le président Joseph Aoun a personnellement remercié son homologue émirati, le cheikh Mohammed ben Zayed, pour cette décision, exprimant dans un communiqué officiel son espoir de renforcer davantage les relations bilatérales. Al Bina’ rapporte que cette initiative a été suivie d’une nouvelle livraison d’aide logistique à l’armée libanaise de la part du Qatar, via le Qatar Fund for Development, soulignant la réactivation du soutien des pays du Golfe au Liban dans un contexte post-électoral.

Relance du dialogue avec les instances diplomatiques européennes

Ad Diyar (5 mai 2025) note que plusieurs chancelleries européennes ont assisté aux opérations électorales par le biais d’observateurs informels ou de visites de courtoisie aux ministères impliqués dans le pilotage du scrutin. Cette présence diplomatique, bien que discrète, visait à vérifier la conformité du processus électoral aux standards démocratiques et à réévaluer la posture du Liban dans les dossiers régionaux sensibles, notamment le contrôle des frontières et la coopération sécuritaire.

L’attention accrue des ambassadeurs européens s’explique également par l’implication croissante de l’Union européenne dans les dossiers liés aux réfugiés syriens et à la gouvernance locale. Le respect du calendrier électoral a été perçu comme une ouverture possible pour renforcer les canaux d’aide au développement et les programmes de soutien à la décentralisation.

Contexte régional : dynamique de désescalade et neutralité active

Les médias libanais ont souligné l’importance de cette séquence électorale dans un contexte de désescalade relative des tensions entre l’Iran et plusieurs puissances régionales. Dans Nahar (5 mai 2025), plusieurs commentateurs évoquent la coïncidence entre le bon déroulement du scrutin municipal et les signaux d’apaisement observés dans la région, comme la limitation des tensions militaires à la frontière sud ou la poursuite du dialogue indirect entre les puissances du Golfe et l’Iran.

Ce climat régional apaisé aurait permis au Liban d’organiser les élections sans interférences sécuritaires majeures. Le ministère de l’Intérieur, selon Al Sharq Al Awsat (5 mai 2025), a indiqué que des contacts avaient été maintenus avec les parties régionales pour assurer la non-perturbation du processus électoral, même dans les zones sensibles de la Békaa et du Sud.

La diplomatie présidentielle en construction

L’approche adoptée par le président Joseph Aoun a été décrite dans Ad Diyar (5 mai 2025) comme une tentative de repositionnement de la présidence libanaise sur le plan diplomatique. En parallèle des élections, le chef de l’État a entamé des discussions avec plusieurs chancelleries arabes pour garantir la reprise progressive des relations bilatérales interrompues depuis la crise politique de 2021.

L’article indique également que l’entourage du président a reçu favorablement l’idée d’un sommet tripartite entre le Liban, la Jordanie et l’Égypte à l’été 2025, destiné à relancer les projets d’infrastructure transfrontaliers, notamment en matière énergétique.

Politique internationale : escalade régionale et répercussions stratégiques

Le 4 mai 2025, alors que le Liban organisait ses élections municipales, la région connaissait une brusque intensification de la confrontation entre Israël et les groupes armés soutenus par l’Iran, notamment au Yémen et à Gaza. L’attaque contre l’aéroport Ben Gourion en Israël, revendiquée par les Houthis, a mis en évidence la coordination croissante au sein du « front de la résistance », redessinant les lignes d’affrontement géostratégique.

Attaque contre l’aéroport Ben Gourion : une démonstration de puissance yéménite

Selon Al Bina’ (5 mai 2025), les forces armées yéménites ont lancé un missile balistique contre l’aéroport international Ben Gourion, provoquant l’interruption du trafic aérien pendant plus d’une heure et déclenchant l’évacuation de millions de passagers vers les abris. L’opération a été décrite comme un signal clair que le territoire israélien n’est plus hors de portée des groupes armés positionnés en dehors de la zone frontalière de Gaza.

L’article rapporte également que plusieurs compagnies aériennes internationales ont suspendu temporairement leurs vols vers Israël en raison de cette attaque, que l’armée israélienne n’a pas pu intercepter malgré le déploiement de ses systèmes de défense avancés.

Réponse israélienne et stratégie graduelle

En réponse, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a annoncé une série de frappes en plusieurs phases contre les positions houthies au Yémen. Ad Diyar (5 mai 2025) précise que deux frappes aériennes ont été menées par les États-Unis dans la province yéménite d’Al Jawf, en coordination avec Israël, marquant ainsi un alignement opérationnel renforcé entre Tel Aviv et Washington.

Netanyahou a déclaré que « le conflit ne se règlera pas avec une frappe unique », insistant sur la nécessité de « neutraliser la capacité de nuisance régionale du Yémen », en lien avec son appartenance au réseau soutenu par l’Iran.

Repositionnement américain et retour de Donald Trump

Dans ce contexte tendu, Al Bina’ (5 mai 2025) rapporte que l’ancien président américain Donald Trump, candidat déclaré à la présidentielle de 2026, a évoqué publiquement l’ouverture d’un canal de discussion indirect avec l’Iran. Il a admis pour la première fois la possibilité pour Téhéran de conserver un programme nucléaire à vocation civile, à condition d’une surveillance internationale renforcée.

Cette déclaration contraste avec la ligne dure adoptée par l’administration actuelle, et vise selon les analystes à se positionner comme un médiateur potentiel dans une crise régionale en pleine expansion.

Le Yémen comme pivot stratégique du conflit

Depuis janvier 2024, le Yémen est redevenu un terrain d’affrontement stratégique entre les États-Unis, Israël, et les alliés régionaux de Téhéran. D’après Al Akhbar (5 mai 2025), les attaques répétées menées par les Houthis contre des navires commerciaux en mer Rouge et les frappes contre Israël s’inscrivent dans une stratégie visant à démontrer que Sanaa reste un acteur central du front anti-israélien. L’objectif serait de consolider une dissuasion régionale multidirectionnelle, à partir de plusieurs théâtres d’opérations.

Les responsables israéliens et américains considéraient initialement le Yémen comme le maillon faible du dispositif régional iranien. Mais les frappes récentes ont mis en lumière une capacité militaire et technologique accrue du mouvement Ansar Allah.

Répercussions sur les équilibres régionaux

Cette dynamique provoque une remise en question des équilibres établis dans la région. Al Akhbar (5 mai 2025) rapporte que la Turquie est désormais perçue par Israël comme un adversaire stratégique potentiel, notamment en raison de sa demande de contrôle aérien sur le nord de la Syrie. Cela pourrait ouvrir un nouveau front de confrontation indirecte au sein de l’OTAN et fragiliser davantage les alliances traditionnelles.

Dans le même temps, la Russie a intensifié ses manœuvres diplomatiques au Levant, tandis que la Chine a renforcé ses positions navales en mer d’Oman. Ce repositionnement des grandes puissances augmente le risque de conflagration élargie dans un environnement déjà saturé de tensions militaires.

Économie : incertitudes structurelles et fragilités persistantes

Les publications libanaises du 5 mai 2025 révèlent l’absence de données macroéconomiques fraîches consolidées, mais confirment une persistance des vulnérabilités structurelles de l’économie libanaise, ainsi qu’une dépendance accrue à l’aide extérieure, notamment militaire et logistique. Par ailleurs, les évolutions du marché global des métaux rares sont suivies de près dans certains titres comme indicateurs indirects des tensions économiques mondiales pouvant affecter la région.

L’économie réelle absente de la campagne électorale

À l’exception de quelques mentions générales de réformes souhaitées, les dossiers économiques n’ont été que marginalement évoqués dans le contexte des élections municipales. Nahar (5 mai 2025) souligne que les campagnes locales ont surtout tourné autour de promesses d’aménagement urbain, de gestion des déchets ou de réhabilitation d’infrastructures, sans articulation cohérente avec une stratégie de développement économique territorial ou national.

Le mot d’ordre de l’« indépendance énergétique » a été mentionné par plusieurs candidats dans les régions du Metn et de Baabda, sans toutefois donner lieu à des propositions chiffrées ou à des engagements concrets sur des partenariats publics-privés ou des projets d’investissement.

Aide militaire étrangère : levier indirect de stabilité économique

Al Bina’ (5 mai 2025) rapporte que l’armée libanaise a reçu la troisième livraison de carburant offerte par le Qatar pour l’année 2025, dans le cadre d’un programme de soutien piloté par le Qatar Fund for Development. Cette aide vise à garantir la continuité des opérations militaires dans un contexte d’instabilité budgétaire chronique. L’aide qatarie vient ainsi s’ajouter à celle des Émirats arabes unis, qui ont récemment levé l’interdiction de voyager vers le Liban, décision interprétée comme un signe de reprise des flux économiques et touristiques régionaux.

Le président Joseph Aoun, selon le même journal, a exprimé sa reconnaissance envers les autorités émiraties, y voyant une opportunité de relancer les relations économiques bilatérales. Cette dynamique reste cependant tributaire d’un environnement politique plus stable et d’une reprise réelle de l’investissement productif.

Métaux rares et tensions géoéconomiques globales

Al Akhbar (5 mai 2025) consacre un encadré analytique aux prix des métaux rares, observés comme indicateurs sensibles du climat économique international. Les cours du scandium, du holmium ou du terbium, utilisés dans l’aéronautique, les turbines ou les dispositifs laser, connaissent une hausse continue. Le scandium, par exemple, atteint 3 204 000 dollars la tonne, ce qui reflète selon les analystes du quotidien une intensification de la compétition technologique mondiale et des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement.

Bien que ces données ne concernent pas directement l’économie libanaise, elles alimentent une lecture plus large des pressions inflationnistes régionales, dans un pays fortement importateur et peu diversifié industriellement.

Aucun indicateur macroéconomique public à jour

Les publications du 5 mai ne présentent aucun chiffre actualisé concernant l’inflation, la croissance, le chômage ou la balance des paiements. Cette absence d’indicateurs consolidés confirme les limites de l’appareil statistique national, toujours en phase de reconstitution après l’effondrement institutionnel de 2019-2021.

Les tentatives de relance de la Banque du Liban restent peu couvertes. Aucun organe n’a mentionné explicitement la reprise des négociations avec le Fonds monétaire international ou une quelconque mise en œuvre des conditionnalités prévues dans les précédents plans d’aide.

Justice : encadrement judiciaire du scrutin et plaintes électorales dispersées

Le contexte électoral du 4 mai 2025 dans le Mont-Liban a mobilisé plusieurs institutions judiciaires et de sécurité, notamment autour du traitement des infractions signalées lors de la tenue des élections municipales. Les incidents signalés restent ponctuels, mais leur gestion a illustré la réactivation partielle du rôle des autorités judiciaires en période électorale.

Interventions judiciaires limitées mais significatives

Ad Diyar (5 mai 2025) rapporte que les forces de sécurité intérieure ont enregistré plusieurs plaintes et irrégularités dans différents centres de vote. Ces plaintes portaient sur des suspicions de pressions, des tentatives d’achat de voix, et des cas de désordre administratif dans l’organisation du scrutin. Le journal précise que des ordres de poursuites ont été transférés aux juridictions compétentes, notamment en lien avec des incidents dans les cazas de Metn et de Baabda.

Les autorités judiciaires n’ont pas publié de bilan consolidé à ce sujet, et les médias se sont principalement appuyés sur des déclarations de responsables politiques ou d’observateurs locaux. L’implication du parquet n’a été évoquée que de manière indirecte.

Gestion des accès aux centres de vote

Un cas particulier rapporté par Ad Diyar (5 mai 2025) concerne l’incident survenu à Kesrouan, où un candidat local s’est vu interdire l’accès à un centre de vote. Après intervention auprès du gouvernorat, l’autorisation lui a été accordée, révélant les tensions entre procédures électorales et décisions préfectorales ponctuelles.

Ces situations ont soulevé des questions sur les marges de manœuvre des commissions de supervision électorale et sur le pouvoir discrétionnaire de certains hauts fonctionnaires dans la régulation du processus.

Absence de suites pour les allégations de corruption

Aucune source n’a mentionné de poursuites judiciaires ouvertes en lien avec des faits de corruption électorale dans le cadre du scrutin du 4 mai 2025. Les soupçons évoqués dans les médias restent à ce stade non documentés sur le plan procédural. Al Liwa’ (5 mai 2025) mentionne toutefois, de manière plus générale, que le système judiciaire libanais reste handicapé par une logique de clientélisme institutionnalisé, freinant l’instruction des affaires sensibles depuis 2019.

Aucun développement n’a été communiqué concernant les dossiers judiciaires majeurs antérieurs, notamment les enquêtes sur les explosions de Beyrouth, les circuits de détournement de fonds publics ou les affaires de blanchiment associées à certaines banques.

Rôle marginal des instances de supervision électorale

Les organes de supervision du scrutin, tels que le Conseil constitutionnel et les commissions administratives électorales, n’ont pas fait l’objet de commentaires spécifiques dans les articles publiés le 5 mai 2025. Cette invisibilité médiatique reflète probablement une neutralité stratégique, mais aussi une difficulté d’accès aux procédures de recours pour les citoyens et les candidats indépendants.

La presse a noté le faible recours à des procédures contentieuses malgré plusieurs protestations orales de perdants contestant les résultats. Aucune plainte en annulation n’avait été déposée auprès du Conseil constitutionnel au lendemain du scrutin, selon les données disponibles.

Société : pressions économiques, attentes sociales et fragmentation des solidarités

Les élections municipales organisées dans le Mont-Liban ont permis de mettre en lumière les tensions sociales persistantes au sein de la société libanaise. Derrière les discours politiques, les réalités vécues par les citoyens révèlent des enjeux majeurs d’accès aux services publics, d’épuisement des solidarités communautaires et de perte de confiance dans les mécanismes d’action collective.

Services publics à l’arrêt : des communes en incapacité fonctionnelle

Dans Al Akhbar (5 mai 2025), un article consacré aux effets de la crise sur les municipalités décrit une situation où la plupart des collectivités locales sont désormais dans l’incapacité de remplir leurs fonctions de base. Le journal mentionne une perte de capacité de planification, une pénurie de ressources, l’impossibilité de collecter les déchets ou de payer les salaires, ainsi qu’un effondrement des structures de gestion urbaine.

L’état de dégradation matérielle touche les zones rurales comme urbaines. À Jounieh, l’une des plus importantes municipalités du Mont-Liban, plusieurs candidats ont axé leurs campagnes sur des promesses de relance des infrastructures. Nahar (5 mai 2025) cite les propos d’un député local estimant que la ville dispose de toutes les bases pour redevenir un pôle économique, à condition d’un renouvellement des équipes municipales et d’un soutien institutionnel accru.

Inégalités sociales et dépendance aux aides

La question des inégalités économiques structurelles est abordée dans Nahar (5 mai 2025), notamment à travers le prisme de l’aide sociale et de ses effets pervers. Le journal analyse les risques d’une démobilisation sociale liée à la dépendance aux aides humanitaires, qui peuvent dissuader les individus de reprendre une activité professionnelle ou d’engager des démarches d’insertion. Cette tendance serait particulièrement marquée chez certains segments des réfugiés syriens, mais aussi parmi les populations libanaises les plus affectées par la crise économique de 2019-2021.

Le texte appelle à repenser les formes d’aide pour les rendre plus incitatives et orientées vers l’autonomie, en insistant sur la nécessité d’un cadre régulé évitant la reproduction des systèmes clientélistes.

Usure du tissu social local

La perte de cohésion communautaire se manifeste aussi par le recul des formes traditionnelles de solidarité à l’échelle des quartiers et des familles élargies. Les élections ont mis en évidence un affaiblissement des réseaux d’entraide dans certaines localités. Al Akhbar (5 mai 2025) évoque des tensions accrues dans les villes mixtes, où la concurrence entre familles rivales et l’absence de réponses institutionnelles efficaces ont engendré une polarisation accrue autour des identités confessionnelles ou claniques.

À Damour, des conflits liés à l’urbanisation illégale sur le littoral ont révélé l’impuissance des structures locales face à la spéculation foncière. À Naameh, les tensions communautaires ont contraint les autorités à geler temporairement la configuration administrative de la municipalité.

Engagements citoyens : faible mobilisation collective

Dans Al Sharq Al Awsat (5 mai 2025), des témoignages soulignent le désintérêt d’une partie de la population vis-à-vis des élections locales, perçues comme un rituel sans impact réel. L’absence d’offres politiques nouvelles ou de programmes crédibles a nourri un sentiment de résignation, particulièrement parmi les jeunes générations dans des zones comme l’Iqlim el-Kharroub ou certaines municipalités du Chouf.

À Tripoli, selon Ad Diyar (5 mai 2025), les listes issues de la société civile sont restées minoritaires face aux candidatures appuyées par les grands blocs politiques. Le taux d’abstention élevé reflète une désaffiliation croissante des citoyens vis-à-vis de la scène politique formelle.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.