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Sanctions américaines contre un réseau pétrolier finançant l’armée iranienne et le Hezbollah

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Le département du Trésor des États-Unis a annoncé, ce jeudi 6 février 2025, des sanctions contre un vaste réseau international accusé de faciliter l’exportation illégale de pétrole iranien. Cette opération, qui implique des entreprises et individus en Chine, en Inde et aux Émirats arabes unis, aurait permis à l’Iran de générer des centaines de millions de dollars pour financer son programme militaire et ses groupes armés régionaux.

Un financement crucial pour les activités militaires iraniennes

L’Iran utilise ses revenus pétroliers pour soutenir ses ambitions militaires et ses alliés dans la région, notamment le Hezbollah, les Houthis et le Hamas. L’État-Major des Forces Armées iraniennes (AFGS) orchestre un système complexe de sociétés écrans et de courtiers étrangers pour organiser la vente et la livraison de pétrole brut.

Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain, a affirmé que « le régime iranien continue d’utiliser ses revenus pétroliers pour développer son programme nucléaire, produire des missiles balistiques et des drones, ainsi que financer ses groupes terroristes régionaux ». Cette annonce s’inscrit dans la stratégie de la Maison-Blanche visant à exercer une pression économique maximale sur l’Iran et à empêcher toute source de financement de ses activités déstabilisatrices.

Sepehr Energy : la pièce maîtresse du réseau de contrebande

Au cœur de ce réseau se trouve Sepehr Energy Jahan Nama Pars (Sepehr Energy), une société-écran contrôlée par l’AFGS. Déjà sanctionnée en novembre 2023 pour son rôle de soutien au ministère iranien de la Défense, Sepehr Energy utilise des méthodes sophistiquées pour masquer l’origine iranienne du pétrole exporté, notamment via la falsification de documents maritimes.

L’un des principaux navires impliqués dans cette fraude est le pétrolier SIRI (anciennement ANTHEA, IMO : 9281683), battant pavillon des Comores. Ce tanker, actuellement ancré au large de Singapour, transporte plusieurs millions de barils de pétrole iranien. Son capitaine, Arash Lavian, un ressortissant iranien, est accusé d’avoir falsifié des documents et camouflé physiquement le nom du navire pour échapper aux sanctions américaines.

Des entreprises et individus ciblés à l’échelle internationale

L’opération de l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) ne se limite pas à l’Iran. Plusieurs entreprises étrangères sont sanctionnées pour leur implication dans la logistique de la contrebande :

  • Marshal Ship Management Private Limited, une société indienne ayant également des bureaux aux Philippines et aux Émirats arabes unis, est accusée de fournir des équipages aux navires liés à Sepehr Energy. Son directeur, Ryan Xavier Aranha, est désormais sous sanctions.
  • Miletus Line Ltd (Seychelles) et Gozoso Group Ltd (Hong Kong) sont visés pour avoir affrété des pétroliers transportant du pétrole iranien vers la Chine.
  • Ocean Dolphin Ship Management Ltd (Hong Kong) et Umbra Navi Ship Management Corp (Kazakhstan/Seychelles) sont identifiées comme gestionnaires de navires impliqués dans ces activités illicites.

Deux pétroliers supplémentaires sont également désignés comme propriétés bloquées en raison de leur implication :

  • OXIS (IMO : 9224805), sous pavillon camerounais, a livré en décembre 2024 près de deux millions de barilsde pétrole iranien vers la Chine.
  • GIOIOSA (IMO : 9198082), sous pavillon panaméen, a transporté 700 000 barils de pétrole iranien.

Un resserrement de l’étau sur les exportations pétrolières iraniennes

Cette nouvelle série de sanctions vise à priver l’Iran d’un levier financier essentiel pour son armée et ses groupes alliés. En octobre 2024, le gouvernement américain avait déjà déclaré que les secteurs pétrolier et pétrochimique iraniens étaient des cibles prioritaires de sanctions. L’OFAC renforce ainsi son contrôle sur les flux maritimes et financiers permettant à Téhéran de contourner les embargos internationaux.

Les États-Unis rappellent également que toute entité collaborant avec les personnes et entreprises sanctionnées s’expose à des sanctions secondaires. Cela signifie que les banques et entreprises internationales qui traiteraient avec ces acteurs pourraient être exclues du système financier américain.

L’AFGS et le contrôle de Sepehr Energy : une supervision militaire directe

L’État-Major des Forces Armées iraniennes (AFGS) joue un rôle central dans la gestion des revenus pétroliers détournés. Son responsable financier, le général Jamshid Eshaghi, est directement impliqué dans les ventes de pétrole iranien à la Chine en coordination avec les Gardiens de la Révolution islamique (IRGC).

Trois autres filiales de Sepehr Energy, récemment identifiées, sont également sanctionnées :

  • Sepehr Energy Hamta Pars
  • Sepehr Energy Jahan Nama Taban
  • Sepehr Energy Paya Gostar Jahan

Leurs dirigeants, Farshad GhaziFarbod Mohseni Ahari, et Mohammad Ali Riazi Kolahdozmahaleh, figurent également sur la liste des personnes sanctionnées.

Des pétroliers sous surveillance accrue

En plus des navires cités précédemment, les États-Unis ajoutent de nouvelles unités à leur liste de surveillance :

  • CH BILLION (IMO : 9276585), sous pavillon panaméen, a transporté du pétrole iranien en août 2024 après un transfert avec un navire de la National Iranian Tanker Company (NITC).
  • STAR FOREST (IMO : 9237632), immatriculé à Hong Kong, aurait transféré pour plus de 100 millions de dollars de pétrole iranien ces dernières années au profit des Gardiens de la Révolution.

Leurs sociétés propriétaires, Young Folks International Trading Co., Limited (Hong Kong) et Lucky Ocean Shipping Limited (Chine), sont désormais sous sanctions.

Conséquences des sanctions et avertissements américains

Les sanctions imposées signifient que tous les actifs des personnes et entreprises ciblées détenus aux États-Unis sont gelés. De plus, toute transaction impliquant ces entités est désormais interdite pour les entreprises américaines et leurs partenaires.

L’OFAC rappelle que les violations des sanctions américaines peuvent entraîner des poursuites civiles et pénales, et que les institutions financières travaillant avec les acteurs désignés risquent des sanctions secondaires.

En parallèle, Washington insiste sur le fait que les sanctions ne sont pas un outil de punition mais un levier pour inciter à un changement de comportement. Un processus de retrait de la liste des entités sanctionnées est disponible pour celles qui souhaitent démontrer leur conformité avec les réglementations américaines.

Vers un isolement économique renforcé de l’Iran ?

Avec cette nouvelle vague de sanctions, les États-Unis réaffirment leur engagement à limiter la capacité de l’Iran à financer ses activités militaires et terroristes. La Chine, principal client du pétrole iranien, pourrait être amenée à reconsidérer certains de ses accords pour éviter des complications avec Washington.

Dans un contexte de tensions internationales accrues, notamment au Moyen-Orient, cette offensive économique américaine vise à resserrer l’étau sur le régime iranien. Reste à voir si ces mesures suffiront à contraindre Téhéran à modifier sa politique ou si l’Iran trouvera d’autres moyens de contourner les restrictions.

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Newsdesk Libnanews
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