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Sud Liban : un avion A-29 Super Tucano survole pour la première fois le nord du Litani

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Un événement militaire inédit s’est produit ce jour dans le ciel du sud du Liban. Pour la première fois, un avion de combat A-29 Super Tucano, appartenant aux forces aériennes libanaises, a effectué un vol à basse altitude au nord du fleuve Litani, couvrant un ensemble de localités stratégiques. Ce survol, particulièrement remarqué dans les milieux militaires et sécuritaires, intervient dans un contexte où l’armée cherche à affirmer davantage sa présence opérationnelle dans une région historiquement sensible et marquée par de fortes tensions militaires.

Ce vol vient renforcer un signal déjà amorcé deux semaines plus tôt, lorsque un avion de reconnaissance de type Cessna avait, pour la première fois, survolé des zones similaires. L’apparition successive de ces deux appareils signale un changement de posture notable dans l’approche militaire libanaise, combinant surveillance aérienne et démonstration de capacité opérationnelle dans une région longtemps en dehors de son contrôle aérien effectif.

Une première opération de survol dans le cœur du Sud

Le survol du Super Tucano A-29 a été observé au-dessus de plusieurs villages situés au nord du fleuve Litani, dans une zone qui comprend notamment Zahrani, Zawtar (orientale et occidentale), Mifdoun, Jibchit, Harouf, Abba, Doueir, Sharqieh, Nmairiyeh, Toul, Kfour et Zbedine. Le vol s’est déroulé à une altitude relativement basse, permettant une observation directe du terrain et une visibilité maximale de l’appareil dans les cieux du sud.

Il s’agit là d’une première historique pour ce type d’avion de combat dans ce secteur. L’armée libanaise n’avait jamais auparavant engagé ce modèle d’appareil aussi profondément dans l’espace aérien sud-libanais. Cette opération s’inscrit dans une dynamique de reprise en main de la souveraineté aérienne sur un territoire où les interventions militaires se sont jusqu’ici concentrées au sol, via des patrouilles ou des raids.

Une démonstration post-conflit dans un contexte régional tendu

Ce survol intervient quelques mois seulement après la fin d’un conflit armé prolongé entre Israël et le Hezbollah, qui a duré plus d’un an, de la mi-2023 à la fin novembre 2024. Ce conflit a été marqué par deux mois d’hostilités intensives, au cours desquels des troupes israéliennes ont été engagées au sol au Liban et de nombreux échanges de tirs ont visé des infrastructures civiles et militaires.

Le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, négocié sous l’égide des Nations Unies, visait à mettre un terme durable aux hostilités et à restaurer les conditions d’une stabilisation progressive au sud du Liban. Ce cessez-le-feu repose en grande partie sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui stipule que seules l’armée libanaise et les forces de la FINUL peuvent être présentes au sud du Litani, excluant toute force armée non étatique.

C’est dans ce contexte de post-conflit fragile, où les autorités libanaises cherchent à renforcer leur emprise sur des territoires anciennement militarisés, que l’armée libanaise a intensifié ses opérations de terrain… et désormais son activité aérienne.

L’armement aérien au service de la souveraineté territoriale

L’A-29 Super Tucano est un avion de combat léger, polyvalent et adapté aux terrains difficiles. Conçu pour des missions de surveillance, d’appui tactique et d’intervention rapide, il constitue un outil stratégique pour l’armée libanaise, notamment dans des zones frontalières ou à topographie complexe comme le sud du Liban.

Ce type de mission marque une montée en puissance symbolique autant qu’opérationnelle. En choisissant de déployer un avion d’attaque dans une zone aussi sensible, l’armée entend affirmer sa capacité à contrôler l’espace aérien national, y compris dans les régions historiquement dominées par d’autres forces.

Cette démonstration de force aérienne permet également d’envoyer un signal clair de réappropriation de la souveraineté, dans le prolongement des efforts menés au sol pour sécuriser les infrastructures, démanteler les anciens sites militaires et établir une présence institutionnelle renforcée.

Un prolongement logique au survol de reconnaissance Cessna

Le survol du Super Tucano fait suite à une autre initiative remarquable : le vol, il y a deux semaines, d’un avion de type Cessna, spécialisé dans les missions de reconnaissance et de surveillance. Ce précédent marquait déjà un tournant dans la posture aérienne libanaise, ouvrant la voie à des opérations plus affirmées et visibles.

Alors que la mission du Cessna était essentiellement axée sur l’observation, celle du Super Tucano introduit une dimension offensive potentielle, même si l’objectif du vol demeure démonstratif. Cette complémentarité entre surveillance passive et capacité d’intervention crée une nouvelle dynamique d’anticipation sur le terrain, renforçant la vigilance autour des axes jugés sensibles.

Une démonstration dans une zone politiquement délicate

Le choix du secteur survolé n’est pas anodin. Le nord du fleuve Litani, bien que formellement sous l’autorité de l’État, reste une zone de tensions historiques et de fortes sensibilités politiques et militaires. C’est un espace où la présence d’acteurs armés non étatiques a longtemps été tolérée ou passée sous silence, dans un équilibre fragile entre sécurité nationale et stabilité locale.

En intensifiant ses vols militaires dans cette région, l’armée cherche à rompre avec la logique de zones grises, où l’État n’intervient que ponctuellement. La présence visible d’un avion de combat est un acte politique autant que militaire. Elle symbolise une volonté de rétablir une souveraineté continue, non négociée et proactive.

Impact psychologique et symbolique

Au-delà de la portée opérationnelle, ces survols ont un impact psychologique fort. Pour les habitants des villages concernés, la vision d’un avion militaire national dans leur ciel quotidien peut être perçue comme un signe de protection, voire de normalisation de la présence de l’État.

À l’inverse, pour les groupes armés encore présents ou actifs dans certaines zones, cette intensification des vols constitue un avertissement clair : le territoire est désormais sous surveillance active, et toute activité non autorisée pourrait être détectée ou neutralisée rapidement.

L’armée libanaise, en rendant visible sa supériorité technologique dans l’espace aérien, change le rapport de force latent dans certaines régions, sans même engager de confrontation directe.

Une stratégie de redéploiement sécuritaire plus vaste

Ces opérations s’intègrent dans une stratégie plus large de redéploiement sécuritaire national, amorcée progressivement au sud depuis plusieurs mois. Elles s’ajoutent aux actions terrestres telles que le démantèlement de tunnels, la saisie d’armes, et l’arrestation de figures clés impliquées dans des trafics transfrontaliers.

L’intégration des moyens aériens dans cette stratégie démontre une approche multidimensionnelle de la sécurité : contrôle du sol, surveillance de l’espace aérien, renseignement et intervention rapide. Cette stratégie vise à rétablir un monopole effectif de l’État sur la violence légitime, dans le respect du droit national et des engagements internationaux.

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Newsdesk Libnanews
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