Alors que la situation sécuritaire reste fragile dans le sud du Liban, l’armée libanaise a récemment perdu l’un de ses membres lors d’une opération de déminage dans un tunnel présumé lié à une ancienne infrastructure militaire du Hezbollah. Trois autres soldats ont été blessés. Cette tragédie, survenue dans le district de Tyr, s’inscrit dans un contexte plus large de mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, visant à restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire libanais au sud du fleuve Litani.
Dans ce cadre, l’arrivée d’un avion militaire français transportant du matériel de déminage à l’aéroport international Rafic Hariri constitue un signal fort du soutien international à la mission de sécurisation menée par l’armée. Les équipements livrés visent à renforcer les capacités techniques des unités spécialisées libanaises, confrontées à un terrain particulièrement dangereux.
Une explosion meurtrière lors d’une mission technique
Lundi, un drame est survenu dans le cadre d’une mission d’ingénierie militaire. Une unité spécialisée de l’armée libanaise procédait à un relevé technique sur un site situé dans le district de Tyr, au sud du Liban, lorsqu’un objet suspect a explosé. Le bilan est lourd : un soldat a perdu la vie et trois autres ont été blessés, à des degrés jugés modérés.
Selon les informations communiquées par l’armée, l’équipe sur place procédait à la désactivation de mines et d’explosifs dissimulés dans un tunnel, vraisemblablement relié à d’anciens dispositifs militaires implantés dans la région. Ce type de mission, bien que courant dans les zones anciennement militarisées, demeure extrêmement risqué.
Une mission dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1701
Cette intervention s’inscrit directement dans l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en 2006 pour mettre fin au conflit entre Israël et le Hezbollah. Cette résolution prévoit, entre autres, que toutes les armes au sud du Litani soient placées sous le contrôle exclusif de l’État libanais, et que seules les forces armées libanaises et les Casques bleus de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban) soient autorisées à opérer dans la région.
L’incident souligne les risques auxquels sont exposées les forces libanaises dans leur tentative de restaurer pleinement l’autorité de l’État dans une zone historiquement dominée par des groupes armés non étatiques. Le président Joseph Aoun a exprimé son soutien aux soldats blessés et a salué le courage de ceux qui « paient de leur vie l’extension de l’autorité de l’État sur le sud du pays ».
Soutien logistique français à l’armée libanaise
Dans ce contexte difficile, un avion militaire français a atterri à l’aéroport international de Beyrouth, transportant une cargaison d’équipements de déminage destinés à renforcer les capacités techniques de l’armée libanaise. Cette livraison, effectuée dans le cadre d’une coopération bilatérale renforcée, a été accueillie par des officiers des deux pays.
Le matériel, spécialement conçu pour le repérage et la neutralisation des engins explosifs improvisés et des mines, devrait permettre une meilleure sécurisation des zones à risque, tout en réduisant les pertes humaines. Cette aide technique revêt une importance stratégique, dans la mesure où de nombreuses zones du sud sont encore marquées par des infrastructures souterraines anciennes, vestiges de conflits passés.
Héritage militaire du sud : tunnels et dépôts d’armes
Depuis la fin du conflit de 2006, le sud du Liban demeure une zone hautement sensible, en raison de la présence résiduelle de structures militaires cachées. De nombreux tunnels, abris souterrains et dépôts d’armement ont été identifiés au fil des années, notamment dans les zones proches de la frontière israélienne.
Le dernier incident à Tyr relance le débat sur la profondeur et la densité de ces infrastructures, certaines ayant été construites à grande échelle durant les années de conflit. Leur repérage et leur neutralisation nécessitent des moyens humains et techniques considérables, que l’armée libanaise tente de renforcer avec l’aide de partenaires étrangers comme la France.
Le rôle du Hezbollah dans la transition sécuritaire
Le président Aoun a indiqué que les opérations de démantèlement de tunnels et de récupération d’armements avaient été menées sans objection de la part du Hezbollah, ce qui suggère une forme de coopération tacite ou, du moins, une absence de confrontation directe sur le terrain. Toutefois, l’armée n’a pas encore pu déployer l’ensemble de ses unités dans tout le sud, signe que la transition vers une pleine autorité de l’État reste partielle.
Cette situation illustre les complexités du processus de désarmement et de consolidation de la souveraineté nationale, dans un pays marqué par un équilibre communautaire délicat. La résolution 1701 exige non seulement le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani, mais aussi la démilitarisation complète du sud, une tâche encore inachevée.
Avancées concrètes mais incomplètes
Des progrès ont cependant été enregistrés. Des sources proches des autorités sécuritaires indiquent que près de 190 positions militaires anciennement occupées par le Hezbollah auraient été cédées à l’armée, sur un total estimé à 265 positions recensées au sud du Litani. Ce transfert progressif marque une évolution significative, bien que le processus reste incomplet.
L’extension du contrôle de l’État est une priorité stratégique pour les autorités, notamment dans la perspective d’un apaisement durable des tensions frontalières. Toutefois, le maintien par Israël de certaines positions au sud, malgré le calendrier prévu de retrait, complique également la stabilisation de la zone.