Les répercussions de l’effondrement du régime syrien de Bachar al-Assad s’étendent bien au-delà des frontières de la Syrie, exacerbant une rivalité de longue date entre deux poids lourds du Moyen-Orient : l’Arabie saoudite et le Qatar. Alors que ces deux pays cherchent à asseoir leur influence dans une Syrie fracturée, leurs stratégies divergentes révèlent une compétition stratégique aux implications régionales majeures.
Arabie saoudite : une stratégie de stabilisation
L’Arabie saoudite, acteur clé dans la région, poursuit une approche pragmatique pour sécuriser ses intérêts en Syrie. Riyad soutient principalement des factions rebelles sunnites modérées, considérées comme un rempart contre l’expansion iranienne. Selon Yedioth Ahronoth, la monarchie saoudienne accorde une importance particulière à la stabilisation des zones contrôlées par ses alliés, afin de prévenir l’émergence de groupes djihadistes plus radicaux.
Pour consolider son influence, Riyad a renforcé ses partenariats avec les États-Unis et les Émirats arabes unis. Ces alliances incluent une assistance militaire et économique destinée à contenir la menace iranienne et à affaiblir les milices chiites qui opèrent sur le territoire syrien. Cependant, cette approche suscite des critiques, notamment sur son impact limité face à la complexité du terrain syrien.
Le Qatar : une diplomatie opportuniste
De son côté, le Qatar adopte une stratégie plus audacieuse, axée sur le soutien à des factions islamistes. Doha finance des groupes qu’elle considère comme des alliés potentiels pour garantir une présence durable dans la région, même si cette approche est critiquée pour son ambiguïté. Selon Shaharit, le Qatar mise également sur sa capacité à jouer un rôle dans la reconstruction de la Syrie, utilisant sa richesse pour s’imposer comme un acteur clé dans les discussions internationales.
Cette diplomatie opportuniste reflète l’ambition de Doha de rivaliser avec Riyad pour le leadership dans le monde arabe. Le Qatar s’appuie également sur sa chaîne médiatique, Al-Jazeera, pour amplifier son influence et projeter une image de soutien aux aspirations démocratiques dans la région, tout en contournant les critiques sur son rôle dans des conflits armés.
Une rivalité exacerbée par la chute d’Assad
Avec la disparition du régime Assad, la Syrie est devenue un terrain fertile pour les ambitions des puissances régionales. Selon Haderekh, la rivalité entre l’Arabie saoudite et le Qatar ne se limite pas à un soutien militaire et financier aux factions syriennes. Elle s’exprime également dans les forums internationaux, où les deux pays défendent des visions opposées pour l’avenir politique de la Syrie.
Cette rivalité, déjà marquée par le blocus imposé au Qatar en 2017 par ses voisins du Golfe, dont l’Arabie saoudite, a pris une nouvelle dimension avec l’effondrement de l’ordre syrien. Les deux nations rivalisent pour attirer le soutien des forces internationales, tout en poursuivant des objectifs conflictuels sur le terrain.
Conséquences régionales et internationales
Cette compétition entre Riyad et Doha a des répercussions bien au-delà de la Syrie. D’un côté, elle affaiblit la cohésion des pays sunnites face à des défis communs, notamment l’Iran et la prolifération des groupes extrémistes. De l’autre, elle complique les efforts des Nations Unies et d’autres acteurs internationaux pour parvenir à une solution politique durable en Syrie.
Les factions soutenues par l’Arabie saoudite et le Qatar s’affrontent souvent indirectement, contribuant à la fragmentation du pays. Selon Yedioth Ahronoth, cette situation pourrait prolonger l’instabilité et aggraver la crise humanitaire, alors que des millions de Syriens continuent de dépendre de l’aide internationale.
Les perspectives pour la Syrie
Malgré la complexité de la situation, des opportunités de coopération existent. Des médiateurs internationaux, tels que la Turquie et les Émirats arabes unis, pourraient jouer un rôle pour faciliter un dialogue entre Riyad et Doha. La reconstruction de la Syrie offre également une occasion unique de trouver des intérêts communs, notamment sur des projets économiques à long terme.
Cependant, tant que les rivalités géopolitiques et idéologiques persisteront, la Syrie restera un terrain de compétition entre ces deux puissances. Les efforts pour stabiliser le pays devront tenir compte de cette dynamique pour éviter de nouveaux conflits et promouvoir une paix durable.