L’agence de presse Reuters indique que le plan de restructuration de l’économie libanaise, étudié par le gouvernement lors du conseil des ministres, nécessiterait 10 à 15 milliards de dollars d’aide internationale. Aussi, ce plan, préparé par la banque Lazard pourrait ouvrir la voie à des négociations en vue d’obtenir l’aide du Fonds Monétaire International (FMI), une condition nécessaire à l’obtention de cette aide.

Le plan inclurait une restructuration de la Banque du Liban ainsi que du secteur bancaire privé via une contribution transitoire et exceptionnelle de gros déposants. Un fond spécial sera aussi créé afin de compenser les possibles pertes de ces derniers.

Le cours officiel de la livre libanaise pourrait également se déprécier, passant de 1 507 LL/USD en raison de la politique du PEG instauré en 1997, à 2 607 LL/USD en 2021, soit un niveau proche des 2 600 LL/USD mis en place par la Banque du Liban pour les comptes dont le solde est inférieur ou égal à 3 000 USD ou 5 millions de livres libanaises. Ce taux de parité passera même à 2 979 LL/USD en 2024, avec pour objectif de limiter l’endettement public à 90% du PIB en 2027 contre 170% actuellement.

Ces estimations rendent cependant les experts quelque peu sceptiques, ce plan ayant été formulé avant la crise liée au coronavirus. Ainsi, le ratio entre endettement public actuellement estimé à 92 milliards de dollars et le PIB pourrait aller jusqu’à s’aggraver, le produit intérieur brut passant de 55 milliards de dollars en 2018 à 36 milliards selon certaines estimations ou 34.4 milliards de dollars selon une étude menée par la banque d’affaire Morgan Stanley en raison de l’effet cumulé de la crise économique et du lockdown instauré pour limiter l’impact de la pandémie.

Aussi, des pertes estimées à 83,2 milliards de dollars découleraient de la dépréciation d’actifs détenus par la banque centrale, de la dépréciation du portefeuille de prêts des banques et de la restructuration de la dette publique, note ce plan. Cependant

Ces pertes induiraient une restructuration progressive des bilans des banques commerciales via un renflouement par les actionnaires existants à hauteur 20,8 milliards de dollars induisant une annulation de capital, les 62,4 milliards de dollars restants étant couverts par la “contribution exceptionnelle transitoire des grands déposants” sous force de bail-in ou de transformation de ces dépôts en action des banques, une forme de haircut ou de décôte. Il s’agira parallèlement de traquer les actifs illégaux et biens acquis.

Cependant, il reste encore à définir la contribution de chacun des parties prenantes.

Principal perdante, la Banque du Liban devrait faire face à 40 milliards de pertes financières, en raison “d’années de transactions financières déficitaires”, allusion aux fameuses opérations d’ingénieries financières menées par son gouverneur Riad Salamé, qui visaient officiellement à accumuler des réserves de change pour défendre l’ancrage de la livre libanaise face au dollars et à combler un déficit de financement de la balance des paiements via de hauts taux d’intérêts, accuse le rapport mentionné par Reuters. Des rapports économiques, notamment celui de Morgan Stanley, donnaient des estimations plus importantes, de l’ordre même de 70 milliards de dollars en cas de restructuration financière de la banque centrale.

Cependant, cette politique de maintien de la parité et des taux d’intérêts a bousculé les finances publiques dans le rouge, aggravant les déficits budgétaires années après années.

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