lundi, avril 21, 2025

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Camps palestiniens au Liban : l’armée frappe après un complot révélé en Jordanie

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Un coup de filet dans les camps palestiniens

Les services de renseignement de l’armée libanaise ont arrêté plusieurs membres du mouvement islamiste Hamas dans trois camps de réfugiés palestiniens situés au Liban : Ain el-Helweh, dans le sud du pays, ainsi que les camps de Tyr et de Nahr el-Bared au nord. Cette opération, rendue publique le 15 avril 2025, fait suite aux révélations des services de renseignement jordaniens concernant un vaste complot visant à semer le chaos et menacer la sécurité nationale du royaume hachémite.

Selon les sources militaires libanaises citées par la chaîne Al-Hadath, affiliée au groupe Al-Arabiya, les interpellations sont directement liées à l’enquête en cours menée par la Jordanie, qui a récemment annoncé avoir démantelé une cellule de 16 individus. Ces derniers sont accusés d’avoir tenté de fabriquer des roquettes et des drones, de recruter des opérateurs, de stocker des explosifs et de recevoir des formations militaires en Jordanie mais aussi à l’étranger – en particulier au Liban.

Ces arrestations ont été menées à l’issue d’un travail de surveillance approfondi par la Direction du renseignement de l’armée libanaise. Un haut responsable militaire a précisé que l’opération visait à « prévenir toute tentative d’utiliser le territoire libanais comme base de préparation ou de lancement d’actes déstabilisateurs visant un pays frère ».

L’armée libanaise en première ligne contre toute ingérence

Face à l’ampleur des soupçons, l’armée libanaise a tenu à réagir avec fermeté. Dans un communiqué relayé par les chaînes de télévision locales et les médias arabes, les autorités militaires ont déclaré : « L’armée libanaise ne tolérera aucun acte de sabotage, que ce soit au Liban, en Jordanie ou dans tout autre pays arabe. »

Cette déclaration sans ambiguïté s’inscrit dans une volonté affichée de dissocier les institutions de l’État libanais des agissements de groupes armés ou de cellules extrémistes opérant de manière autonome dans les camps palestiniens. « Il ne sera pas permis de compromettre la sécurité du sud libanais ni d’en faire une plateforme de lancement pour des actions extérieures », ont ajouté les mêmes sources, évoquant notamment les risques pour la stabilité d’une région historiquement sensible.

Toujours selon ces responsables, un dirigeant du Hamas aurait même sollicité un rendez-vous officiel avec la Direction du renseignement militaire libanais, signe que le mouvement prend très au sérieux les répercussions de ces arrestations.

Coordination sécuritaire entre le Liban et la Jordanie

Dès l’annonce du démantèlement de la cellule en Jordanie, le président libanais Joseph Aoun s’est entretenu par téléphone avec le roi Abdallah II. Lors de cet appel, Aoun a exprimé « toute sa disponibilité à coopérer pleinement avec les autorités jordaniennes », saluant le travail de leurs services de renseignement. Il a également insisté sur l’importance d’un échange rapide d’informations, afin de « faire toute la lumière sur les liens présumés entre les individus arrêtés en Jordanie et ceux interpellés au Liban ».

Dans la foulée, le président libanais a chargé le ministre de la Justice, Adel Nassar, de coordonner les efforts judiciaires entre les deux pays. Ce dernier a pris contact avec son homologue jordanien afin de faciliter la circulation d’informations et d’expertises concernant les personnes soupçonnées d’activités subversives.

Cette coopération judiciaire et sécuritaire s’inscrit dans un contexte régional tendu, où les soupçons de connexions transfrontalières entre groupes islamistes armés se multiplient.

Le gouvernement libanais marque sa solidarité avec la Jordanie

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a lui aussi réagi officiellement à cette affaire. Dans un appel téléphonique à son homologue jordanien, Jaafar Hassan, il a exprimé « la solidarité totale du Liban avec le royaume hachémite dans la défense de sa sécurité et de sa stabilité ».

« Le Liban ne peut accepter que son territoire serve de base ou de point de passage pour des opérations menaçant la sécurité de pays frères », a affirmé Salam. Il a également précisé que le Liban était prêt à coopérer à tous les niveaux — sécuritaire, judiciaire, diplomatique — pour garantir une transparence totale dans cette affaire.

Cette prise de position intervient alors que la Jordanie a indiqué que certains membres de la cellule arrêtée sur son territoire avaient reçu une formation militaire à l’étranger, notamment dans des camps palestiniens du Liban. L’affaire prend ainsi une dimension géopolitique plus large.

Un contexte explosif dans les camps palestiniens

Les camps de réfugiés palestiniens au Liban, dont Ain el-Helweh est le plus emblématique, sont souvent décrits comme des zones de non-droit. Historiquement exclus de la juridiction sécuritaire libanaise, ces camps ont vu se développer des groupes armés de différentes obédiences, dont le Hamas, le Jihad islamique, mais aussi des factions salafistes extrémistes.

Ain el-Helweh, en particulier, a été le théâtre de plusieurs affrontements violents entre factions rivales au cours des dernières années. En 2023 et 2024, des combats ont opposé des membres du Fatah à des groupes islamistes, faisant plusieurs dizaines de morts et blessés. Le camp de Nahr al-Bared, quant à lui, avait été le lieu d’un affrontement majeur entre l’armée libanaise et le groupe Fatah al-Islam en 2007, causant d’importants dégâts et des pertes humaines considérables.

Ces antécédents nourrissent les craintes d’une instrumentalisation de ces espaces par des acteurs étrangers ou des groupes radicaux cherchant à étendre leur influence dans la région. La vigilance des autorités libanaises s’en trouve renforcée, notamment dans un contexte où le pays peine à maintenir un contrôle effectif sur l’ensemble de son territoire.

Le Liban face à la pression diplomatique et sécuritaire

Les révélations venues d’Amman ont placé le Liban sous les projecteurs de la communauté internationale. Des partenaires arabes comme l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis, mais aussi des acteurs occidentaux, suivent de près les implications de cette affaire, redoutant une reconstitution de réseaux transnationaux échappant au contrôle des États.

La Jordanie, considérée comme l’un des pays les plus stables de la région, a déjà connu par le passé des tentatives d’infiltration par des groupes extrémistes. En mai 2024, les services de sécurité jordaniens avaient annoncé avoir déjoué une tentative de contrebande d’armes vers une cellule soutenue par une puissance étrangère. Ces événements confirment la fragilité des équilibres sécuritaires au Moyen-Orient.

Face à ces pressions, Beyrouth tente d’envoyer un message clair : le Liban ne souhaite ni tolérer ni héberger des cellules pouvant menacer ses voisins. Le président Aoun et le Premier ministre Salam insistent tous deux sur la souveraineté nationale, mais aussi sur le devoir de coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.

Vers un renforcement du contrôle sécuritaire interne ?

Les arrestations récentes pourraient bien marquer un tournant dans la politique sécuritaire libanaise à l’égard des camps palestiniens. Plusieurs sources gouvernementales évoquent la possibilité de renforcer la surveillance dans ces zones, notamment par une collaboration accrue avec l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, mais aussi avec les services de sécurité palestiniens eux-mêmes.

Des discussions sont en cours pour établir des mécanismes d’inspection conjoints, en lien avec les factions palestiniennes modérées, afin d’éviter l’installation de structures militaires illégales. Certains partis politiques appellent également à réviser les accords tacites interdisant à l’armée libanaise d’intervenir dans les camps.

La société civile, de son côté, appelle à une approche équilibrée : il s’agit à la fois de préserver la sécurité nationale et de ne pas criminaliser l’ensemble des réfugiés palestiniens vivant dans ces camps souvent précaires.

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Newsdesk Libnanews
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