jeudi, mars 27, 2025

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Décryptage des déclarations du Premier ministre Nawaf Salam sur les négociations avec le FMI

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Un processus de négociation toujours bloqué

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a récemment pris la parole pour clarifier l’état des discussions avec le Fonds monétaire international (FMI), qui durent depuis plusieurs mois sans issue favorable. Selon El Sharq (13 février 2025), il a reconnu que les négociations étaient au point mort, principalement en raison des conditions strictes imposées par l’institution financière internationale. « Les exigences du FMI restent difficiles à concilier avec les réalités économiques et politiques du Liban », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de protéger les déposants tout en restructurant le secteur bancaire​.

Depuis le début de la crise économique en 2019, le Liban cherche désespérément un soutien financier international pour stabiliser son économie en faillite. L’objectif des négociations est d’obtenir un programme d’aide d’environ 3 milliards de dollars, qui permettrait de renforcer les réserves en devises, de restaurer la confiance des investisseurs et d’initier un plan de redressement économique. Cependant, les conditions imposées par le FMI, notamment une réforme en profondeur du secteur bancaire et une politique d’austérité budgétaire, suscitent une forte opposition au sein du gouvernement et du Parlement.

Le Premier ministre a notamment souligné que l’une des principales exigences du FMI était la restructuration du secteur bancaire. Depuis le début de la crise financière en 2019, les banques libanaises sont en grande difficulté, incapables de restituer l’argent des déposants et confrontées à une défiance généralisée de la population. Selon Al 3arabi Al Jadid (13 février 2025), le FMI exige une refonte complète du système bancaire, impliquant la fermeture de certaines banques insolvables et la mise en place de mécanismes de protection pour les épargnants​.

Or, cette réforme est très mal perçue par l’élite politique et financière libanaise, qui craint une remise en cause du système qui a longtemps favorisé des relations privilégiées entre les banques et les dirigeants du pays. Nawaf Salam a insisté sur la nécessité de protéger les déposants tout en trouvant une solution viable pour les banques. Il a affirmé que son gouvernement était prêt à travailler sur un plan de restructuration progressif, mais a dénoncé « des conditions qui risquent d’aggraver la souffrance des Libanais au lieu de la résoudre ».

En plus du secteur bancaire, un autre point majeur de blocage concerne les subventions étatiques. Le Liban, en pleine crise économique, maintient encore certaines subventions sur des produits de première nécessité comme l’essence, le blé et certains médicaments. Cependant, le FMI exige la suppression progressive de ces aides, estimant qu’elles coûtent trop cher à l’État et favorisent la contrebande vers la Syrie. Selon El Sharq (13 février 2025), le gouvernement libanais rechigne à appliquer cette mesure, car elle entraînerait une flambée immédiate des prix et une détérioration encore plus marquée du pouvoir d’achat des Libanais​.

Le Premier ministre a reconnu que cette question des subventions était « l’une des plus sensibles dans les négociations ». Il a expliqué que « toute réduction brutale des aides entraînerait une explosion sociale et une instabilité politique ». Le gouvernement tente donc de négocier un étalement progressif de ces réformes afin de limiter l’impact sur la population, mais le FMI insiste sur des mesures rapides et effectives avant de débloquer le moindre financement.

L’autre condition du FMI qui pose problème concerne la lutte contre la corruption et la transparence des finances publiques. Depuis plusieurs décennies, l’État libanais est gangrené par des pratiques de mauvaise gestion financière, une situation qui a contribué à l’effondrement du pays. Selon Al 3arabi Al Jadid (13 février 2025), le FMI exige la mise en place de réformes strictes de gouvernance, notamment l’instauration d’une loi sur la transparence budgétaire et la réorganisation des finances publiques pour éviter les détournements de fonds​.

Le Premier ministre a assuré que le Liban s’engageait « fermement dans la voie de la transparence et de la bonne gouvernance », mais a souligné que des résistances « politiques et administratives » ralentissaient le processus. En effet, plusieurs figures influentes au sein du gouvernement et du Parlement sont directement impliquées dans la gestion opaque des finances publiques, ce qui freine la mise en place de véritables réformes.

En conclusion, Nawaf Salam a affirmé que le Liban ne pouvait pas accepter un accord qui risquerait d’exacerber la crise humanitaire et sociale. Il a insisté sur la nécessité d’un compromis avec le FMI, qui permettrait au pays d’accéder à une aide financière tout en évitant un choc trop brutal pour l’économie et la population. Cependant, les discussions restent bloquées sur ces points de désaccord, et il est peu probable qu’un accord soit conclu à court terme.

Les tensions internes autour des négociations avec le FMI

Au-delà des discussions techniques avec le Fonds monétaire international (FMI), le Premier ministre Nawaf Salam doit faire face à une opposition interne qui complique encore davantage les négociations. Plusieurs forces politiques, notamment celles issues du Parlement et des milieux bancaires, s’opposent à des réformes trop contraignantes, ce qui empêche le gouvernement d’avancer efficacement. Selon Al Joumhouria (13 février 2025), une fracture politique majeure est apparue entre ceux qui soutiennent une restructuration rapide du système financier et ceux qui souhaitent préserver les intérêts des banques et des élites économiques​.

Le principal point de discorde concerne la répartition des pertes du secteur bancaire. Depuis le début de la crise, des milliards de dollars de dépôts ont été gelés dans les banques libanaises, empêchant de nombreux citoyens d’accéder à leurs économies. Le FMI exige que ces pertes soient assumées de manière équitable entre l’État, les banques et les déposants, mais cette approche est rejetée par de nombreux acteurs du système financier. Nawaf Salam a déclaré que « le gouvernement ne peut pas permettre que les déposants soient les seuls à payer le prix de la crise », mais il fait face à une forte pression des milieux bancaires qui refusent toute remise en cause de leur gestion passée.

Selon El Sharq (13 février 2025), plusieurs députés et ministres influents s’opposent également aux réformes demandées par le FMI, notamment en ce qui concerne la levée des subventions et la restructuration du secteur public​. Certains partis politiques craignent qu’une privatisation de certains services publics, comme l’électricité ou les télécommunications, ne profite qu’à une minorité et ne vienne aggraver les inégalités sociales. D’autres estiment que les mesures d’austérité risquent de provoquer un soulèvement populaire, alors que la population souffre déjà d’une paupérisation rapide et d’une inflation galopante.

Le Premier ministre a tenté de répondre à ces critiques en affirmant que « toute réforme doit être menée avec justice et en prenant en compte les réalités sociales », mais il a également prévenu que le Liban ne pouvait plus se permettre d’attendre. « Le choix est simple : soit nous mettons en place des réformes avec le soutien du FMI, soit nous plongeons dans une crise encore plus grave », a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à Al 3arabi Al Jadid (13 février 2025)​.

Une population prise en otage par la crise économique

Alors que les élites politiques et financières négocient les termes d’un éventuel accord, la population libanaise continue de subir de plein fouet les effets de la crise. Selon Ad Diyar (13 février 2025), le taux de pauvreté a dépassé les 70 %, et la majorité des familles n’arrivent plus à couvrir leurs besoins essentiels​.

L’inflation, qui a atteint des niveaux records, a provoqué une flambée des prix, notamment sur les produits de première nécessité. Les subventions sur certains biens ont été réduites ces derniers mois, entraînant des hausses importantes sur des produits comme le pain, l’essence et les médicaments. « Nous ne savons plus comment survivre », témoigne un habitant de Beyrouth interrogé par El Sharq (13 février 2025). « Les prix augmentent tous les jours, nos salaires ne valent plus rien, et personne ne nous donne de solutions »​.

Face à cette détresse croissante, plusieurs économistes et observateurs estiment que l’absence d’un accord avec le FMI pourrait aggraver encore davantage la crise. Selon Al Liwa’ (13 février 2025), les réserves de la Banque centrale sont à un niveau critique, et sans un soutien financier extérieur, le pays risque de ne plus pouvoir importer certains biens essentiels dans les mois à venir​.

Le Premier ministre Nawaf Salam a reconnu l’urgence de la situation et a promis que son gouvernement continuerait à travailler pour débloquer les négociations. Cependant, il a aussi souligné que « sans un consensus politique interne, aucun accord ne pourra être conclu », mettant ainsi en lumière les obstacles majeurs qui freinent toute avancée.

Quelles perspectives pour un accord ?

Si le Liban veut parvenir à un accord avec le FMI, plusieurs défis devront être surmontés :

  • Un consensus politique interne : Le gouvernement doit convaincre les différentes forces politiques d’accepter des réformes structurelles, tout en trouvant un équilibre pour ne pas aggraver la crise sociale.
  • La restructuration du secteur bancaire : Les pertes des banques doivent être réparties de manière équitable, en évitant de faire peser l’ensemble du fardeau sur les déposants.
  • Lutte contre la corruption et transparence budgétaire : Le FMI exige des garanties claires sur la gestion des finances publiques avant de débloquer le moindre financement.
  • Un plan de transition économique viable : Il est crucial que le Liban propose un plan réaliste qui permette d’accompagner la levée des subventions et d’atténuer les effets de l’austérité.

Malgré ces nombreux défis, certains observateurs restent optimistes. Selon Al Joumhouria (13 février 2025), des avancées mineures ont été réalisées dans les discussions techniques avec le FMI, et une solution intermédiaire pourrait être trouvée dans les prochains mois​.

Toutefois, tant que les tensions politiques internes persistent, il est peu probable qu’un accord soit conclu rapidement. En attendant, le Liban continue de s’enfoncer dans une crise dont les conséquences pourraient être dramatiques si aucune solution n’est trouvée à court terme.

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Newsdesk Libnanews
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