mercredi, mars 26, 2025

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FocusLiban: Banques libanaises, la restructuration inévitable ou la faillite totale ?

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Une crise bancaire qui s’éternise : quel avenir pour les épargnants ?

Depuis 2019, le secteur bancaire libanais est en chute libre, avec des pertes estimées à 72 milliards de dollars, soit près de trois fois le PIB du pays. Les restrictions drastiques imposées sur les retraits en devises ont piégé 1,3 million de déposants, incapables de récupérer leurs économies en dollars sans subir un haircut déguisé de 70 à 80 %. Les banques, qui se sont longtemps enrichies sur les dépôts des épargnants en finançant la dette publique, sont aujourd’hui en faillite virtuelle. Sans réforme immédiate, plusieurs grandes institutions financières risquent une liquidation pure et simple.

Un plan de sauvetage bancal : les banques veulent transférer la facture aux déposants

Les banques commerciales, en partenariat avec la Banque du Liban (BDL), ont proposé une restructuration du système bancaire qui repose sur un remboursement échelonné des dépôts sur une période de 20 à 30 ans. Cette solution, bien qu’envisagée comme un moyen d’étaler les pertes et de préserver une partie du système financier, suscite une indignation généralisée parmi les épargnants et a été fermement rejetée par le FMI.

Un remboursement étalé sur trois décennies : une solution intenable pour les déposants

Le plan des banques consiste à rembourser progressivement les dépôts en dollars piégés dans le système bancaire, mais selon des modalités jugées inacceptables par la majorité des déposants. En effet, les clients ne récupéreraient leurs fonds qu’au compte-goutte, et selon un taux de conversion fixé par les banques elles-mêmes, souvent bien en dessous du taux du marché parallèle.

  • Un déposant possédant 100 000 dollars en banque avant la crise se verrait proposer un remboursement étalé sur 20 à 30 ans, à raison d’une somme annuelle limitée, et convertie en livres libanaises à des taux inférieurs au marché.
  • Cette approche, selon les calculs de plusieurs économistes, reviendrait à ce que les déposants récupèrent à peine 30 % à 40 % de la valeur réelle de leurs fonds, en raison de la dévaluation continue de la monnaie et de l’inflation galopante.
  • À titre de comparaison, la livre libanaise, qui était encore fixée à 1 500 LBP/USD avant la crise, dépasse aujourd’hui 90 000 LBP/USD, soit une perte de plus de 95 % de sa valeur en moins de cinq ans.

Cette perte de pouvoir d’achat combinée à un remboursement étalé sur des décennies revient à diluer la responsabilité des banques, qui espèrent éviter des liquidations massives en imposant aux déposants une solution de long terme qui ne fait que masquer la faillite latente du secteur bancaire.

Convertir les dépôts en obligations d’État : un transfert de la crise vers les finances publiques

En plus de ce remboursement échelonné, les banques veulent convertir une partie des 90 milliards de dollars de dépôts bloqués en obligations d’État, un mécanisme qui pourrait aggraver encore plus la crise de la dette publique. Cette proposition, fortement contestée par le FMI et par plusieurs experts économiques, comporte plusieurs risques majeurs :

  1. Un endettement public insoutenable
    Le Liban est déjà l’un des pays les plus endettés au monde, avec une dette publique dépassant 100 milliards de dollars et un ratio dette/PIB supérieur à 180 %, selon les derniers chiffres de la Banque du Liban. En convertissant les dépôts en obligations d’État, les banques chercheraient à transformer leur propre crise de liquidité en dette publique, ce qui alourdirait encore plus les charges de remboursement de l’État libanais.
  2. Un risque de défaut de paiement massif
    L’État libanais a déjà fait défaut sur sa dette en 2020, après avoir été incapable de rembourser une échéance de 1,2 milliard de dollars d’euro-obligations. Convertir les dépôts des épargnants en nouveaux bons du Trésor ou obligations souveraines revient à exposer ces épargnants à un risque de défaut ultérieur, puisqu’il est peu probable que le gouvernement puisse honorer ces engagements à long terme.
  3. Une pression accrue sur l’inflation et la livre libanaise
    Si l’État libanais venait à émettre de nouvelles obligations pour absorber les pertes des banques, il devrait financer ces remboursements soit par une impression monétaire massive, soit par une nouvelles taxes et hausses d’impôts, ce qui augmenterait encore plus la pression inflationniste. Déjà, l’inflation dépasse 140 %, et la conversion de ces dépôts en obligations risque de provoquer une nouvelle spirale hyperinflationniste.

Un rejet catégorique du FMI et des bailleurs internationaux

Le FMI a fermement rejeté cette proposition, la qualifiant de « solution bancale visant à faire porter la crise sur les citoyens plutôt que sur les banques et l’État ». Pour l’institution, la restructuration doit passer par une répartition plus équitable des pertes, impliquant :

  • Un apport en capital de la part des actionnaires des banques : les propriétaires et investisseurs des banques doivent absorber une partie des pertes, au lieu de les transférer sur les déposants.
  • La fermeture des banques insolvables : selon le FMI, certaines banques ne pourront tout simplement pas être sauvées, et leur maintien artificiel aggrave la crise.
  • La mise en place d’un mécanisme de protection des petits déposants : les personnes ayant de petites économies en banque doivent être protégées en priorité, plutôt que de voir leurs dépôts disparaître progressivement.

Le FMI et d’autres bailleurs internationaux, comme la Banque mondiale et l’Union européenne, refusent de soutenir financièrement le Liban tant qu’aucune réforme sérieuse n’est mise en place. Cela signifie que toute tentative des banques de repousser les réformes et d’imposer des pertes aux déposants pourrait aboutir à un isolement financier total du pays.

Un avenir incertain pour les déposants et l’économie libanaise

Si le plan proposé par les banques venait à être appliqué, les déposants perdraient non seulement une grande partie de leurs économies, mais ils se retrouveraient aussi piégés dans un système bancaire incapable d’assurer un retour à la normalité. L’absence de confiance dans le secteur financier pousserait encore davantage les citoyens et les entreprises à utiliser le cash, les devises étrangères et les cryptomonnaies, accélérant ainsi la disparition du système bancaire tel qu’il existe aujourd’hui.

Dans ce contexte, la pression monte sur les autorités libanaises pour imposer une restructuration plus équitable, qui protège les déposants plutôt que de privilégier les intérêts des banques. Mais avec des résistances internes fortes et des divisions politiques persistantes, la mise en place de ces réformes pourrait encore prendre du temps, un luxe que l’économie libanaise ne peut plus se permettre.

Pression du FMI : des milliards en jeu, mais sous conditions

Le Fonds monétaire international (FMI) insiste sur la nécessité d’un plan de restructuration bancaire completcomme condition préalable au déblocage d’un programme d’aide de 3 milliards de dollars destiné à stabiliser l’économie libanaise. Cette aide, bien que modeste par rapport aux 72 milliards de dollars de pertes estimées dans le secteur bancaire, est considérée comme un levier essentiel pour restaurer la confiance et amorcer un redressement financier. Toutefois, les résistances des banques et de certains acteurs politiques entravent la mise en place des réformes exigées.

Un plan de sauvetage conditionné par des réformes structurelles

Le FMI a clairement défini plusieurs mesures impératives avant tout soutien financier :

  • Fermeture des banques insolvables : Plusieurs établissements bancaires sont techniquement en faillite, incapables de restituer les dépôts des épargnants. Le FMI demande donc un assainissement radical, qui inclurait la liquidation de certaines banques irrécupérables et une restructuration du reste du secteur afin de consolider les institutions encore viables.
  • Recapitalisation des banques viables via des investisseurs privés : Le FMI insiste pour que les banques encore opérationnelles renforcent leurs capitaux propres en attirant des fonds privés, plutôt que de compter sur l’État ou les déposants pour absorber leurs pertes. Or, trouver des investisseurs reste un défi, car la confiance dans le système bancaire libanais est à son plus bas niveau.
  • Protection des petits déposants : Le FMI exige des garanties pour préserver les comptes bancaires inférieurs à 100 000 dollars, représentant la majorité des épargnants libanais. L’objectif est d’éviter un effondrement total de la confiance, déjà fortement érodée par les restrictions bancaires imposées depuis 2019.

Une opposition farouche des banques et de certains acteurs politiques

Malgré l’urgence des réformes, les banques commerciales et certains partis politiques influents s’opposent aux exigences du FMI, préférant temporiser dans l’espoir d’obtenir une aide extérieure sans conditions strictes.

Les banques cherchent à minimiser leurs pertes et éviter la faillite

Pour les banques libanaises, accepter la restructuration imposée par le FMI signifie reconnaître officiellement leur état de faillite, ce qui les exposerait à des sanctions, des poursuites judiciaires et des pertes massives pour leurs actionnaires. Elles préfèrent donc :

  • Éviter toute fermeture immédiate d’institutions insolvables, car cela risquerait de créer un effet domino et d’entraîner la panique dans tout le système financier.
  • Proposer une recapitalisation progressive, en limitant leur dépendance aux investisseurs étrangers et en cherchant des solutions internes, comme l’émission d’obligations d’État ou la prolongation du gel des dépôts.
  • Transférer une partie du fardeau aux déposants et à l’État, en espérant un plan de sauvetage sans contrepartie stricte, similaire à ceux mis en place lors des crises bancaires en Grèce ou à Chypre.

Les partis politiques freinant les réformes pour préserver leurs intérêts

Le secteur bancaire libanais est étroitement lié aux élites politiques. De nombreuses figures influentes ont des intérêts directs ou indirects dans les banques, ce qui explique leur réticence à imposer des mesures trop sévères. Plusieurs partis politiques, notamment ceux ayant profité du système financier d’avant-crise, avancent trois arguments majeurs pour retarder les réformes :

  1. Le risque social et politique : Certains dirigeants estiment que fermer des banques ou imposer des pertes aux déposants pourrait déclencher une explosion sociale, dans un pays où la population est déjà en grande précarité.
  2. L’impact sur les relations avec les pays du Golfe : Les banques libanaises entretiennent des liens étroits avec les investisseurs du Golfe, et plusieurs responsables politiques redoutent que des mesures drastiques ne compromettent ces relations, freinant ainsi d’éventuels soutiens financiers.
  3. L’espoir d’un renflouement sans conditions : Certains acteurs politiques préfèrent attendre une aide étrangère alternative, en misant sur une intervention d’un pays du Golfe ou de bailleurs internationaux moins exigeants que le FMI.

Un bras de fer entre Beyrouth et le FMI : vers une impasse financière ?

Le FMI a clairement indiqué que sans avancée sur la restructuration bancaire, aucun fonds ne sera débloqué. L’institution a également prévenu que toute tentative d’improviser des solutions de court terme (comme imprimer de la monnaie pour rembourser les dépôts ou allonger le gel des comptes bancaires) risquerait d’aggraver encore plus la crise.

Les conséquences d’un blocage prolongé pourraient être désastreuses :

  • La poursuite de la dévaluation de la livre libanaise, qui pourrait dépasser 150 000 LBP/USD d’ici fin 2025.
  • Un isolement total du Liban sur les marchés financiers internationaux, excluant le pays de toute assistance économique extérieure.
  • Une faillite bancaire totale, avec la disparition de plusieurs grandes institutions et une perte définitive des dépôts pour des millions de Libanais.

Face à cette impasse, la pression monte sur les autorités libanaises, qui doivent trancher entre accepter les conditions du FMI pour éviter un effondrement total ou maintenir le statu quo et risquer une crise encore plus grave.

Réserves en devises en chute libre : une bombe à retardement

Les réserves en devises étrangères de la Banque du Liban (BDL) sont tombées à 9,5 milliards de dollars en février 2025, contre 32 milliards en 2018, marquant une érosion alarmante des ressources financières du pays. Ces réserves incluent près de 17 tonnes d’or immobilisées, qui, bien que représentant une valeur estimée à 1,2 milliard de dollars, ne sont pas immédiatement mobilisables en raison de restrictions légales et politiques. L’effondrement des réserves monétaires met le Liban en situation critique, réduisant sa capacité à financer les importations essentielles, à stabiliser le taux de change et à honorer ses obligations financières internationales.

Un effondrement progressif des réserves en devises

Depuis le début de la crise financière en 2019, la Banque du Liban a dû puiser dans ses réserves pour maintenir artificiellement la stabilité du système bancaire, financer l’importation de produits de première nécessité (blé, carburant, médicaments) et tenter de contrôler l’hyperinflation. Cependant, cette stratégie a épuisé les réserves de manière alarmante, alors que les entrées de devises étrangères se sont effondrées pour plusieurs raisons :

  1. Chute des investissements étrangers : Les investissements directs étrangers (IDE) au Liban ont plongé de plus de 90 % depuis 2018, passant de 2,9 milliards de dollars à moins de 300 millions en 2024, en raison de la perte de confiance des investisseurs internationaux.
  2. Fuite massive des capitaux : Depuis 2019, plus de 15 milliards de dollars ont quitté le Liban vers des banques offshore ou des places financières plus sûres, aggravant l’assèchement des réserves.
  3. Effondrement des envois de la diaspora : Les transferts de la diaspora libanaise, autrefois une source clé de devises (estimés à plus de 7 milliards de dollars par an avant la crise), ont diminué de 40 %, notamment en raison de la perte de confiance dans le secteur bancaire libanais et des restrictions imposées sur les transferts internationaux.

Une dette publique colossale et une incapacité à honorer les engagements financiers

La dette publique du Liban a dépassé les 100 milliards de dollars, représentant plus de 180 % du PIB, faisant du pays l’un des États les plus endettés au monde. Cette dette, largement détenue par les banques libanaises et les créanciers internationaux, est devenue insoutenable depuis que le Liban a fait défaut sur sa dette en 2020, lorsqu’il n’a pas pu rembourser une échéance de 1,2 milliard de dollars d’euro-obligations.

Le déficit budgétaire, qui continue de croître en raison de la faiblesse des revenus de l’État et de l’augmentation des dépenses sociales, est aggravé par le manque de sources de financement extérieures. En l’absence de nouvelles lignes de crédit ou d’aides internationales, le Liban est au bord d’un défaut total, ce qui signifie :

  • L’incapacité de payer les salaires des fonctionnaires : Déjà, plusieurs secteurs publics, dont l’armée et la fonction publique, ont vu leurs rémunérations réduites et retardées.
  • L’impossibilité d’importer des biens essentiels : L’effondrement des réserves en devises entraîne une explosion des prix des biens importés, notamment les carburants et les denrées alimentaires.
  • Un isolement économique accru : Les créanciers internationaux exigent des garanties avant tout nouvel engagement financier, ce qui prive le Liban de financements extérieurs cruciaux.

Le spectre d’une faillite bancaire massive et d’une nationalisation forcée

Face à cette situation, si aucune restructuration bancaire et économique sérieuse n’est mise en place, le Liban risque une faillite totale du système bancaire, avec des conséquences désastreuses :

  1. Disparition de plusieurs banques : Déjà insolvables, certaines banques ne pourraient plus assurer leur fonctionnement et seraient contraintes de fermer, laissant des milliers de déposants sans accès à leurs fonds.
  2. Perte définitive des dépôts bancaires : Avec un système bancaire incapable d’assurer le remboursement des comptes en devises, les Libanais pourraient voir leurs économies complètement anéanties.
  3. Nationalisation du secteur bancaire : Face à l’effondrement du secteur privé, l’État pourrait être contraint de nationaliser les banques en difficulté, mais sans les fonds nécessaires pour les recapitaliser, transformant ainsi une crise bancaire en une crise budgétaire encore plus grave.

La livre libanaise à la dérive : vers un taux de 150 000 LBP/USD ?

La monnaie nationale libanaise continue de s’effondrer, franchissant la barre des 90 000 LBP/USD en février 2025, contre 1 500 LBP/USD avant la crise en 2019. Cette dévaluation massive de plus de 95 % en cinq ans représente l’une des plus graves crises monétaires de l’histoire du pays.

Le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d’alarme, avertissant que sans une restructuration urgente du secteur bancaire et une stabilisation des finances publiques, la livre libanaise pourrait plonger sous les 150 000 LBP/USD d’ici fin 2025, un niveau qui risquerait d’engendrer une spirale hyperinflationniste.

Un effondrement monétaire qui précipite l’inflation

La chute vertigineuse de la monnaie libanaise a provoqué une inflation hors de contrôle, avec des prix qui ont explosé à des niveaux record :

  • Le coût des denrées alimentaires a bondi de plus de 200 % en un an, rendant les produits de base inaccessibles pour une grande partie de la population.
  • Les prix des carburants ont été multipliés par 10 depuis 2019, avec un litre d’essence dépassant les 2 millions de livres libanaises sur le marché noir.
  • Le coût du logement et des loyers a augmenté de 150 %, poussant de nombreuses familles à quitter les villes pour chercher des alternatives plus abordables.
  • Les médicaments et soins médicaux sont devenus un luxe, avec une hausse de plus de 400 % pour certains traitements essentiels, forçant les hôpitaux à rationner leurs services.

Une catastrophe sociale : 75 % de la population sous le seuil de pauvreté

Avec la perte de pouvoir d’achat due à l’effondrement de la monnaie, la grande majorité des Libanais a basculé dans la précarité. Selon les dernières données, 75 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, contre 28 % en 2019.

  • Le salaire minimum, fixé officiellement à 9 millions de livres libanaises (environ 100 USD), ne permet plus de couvrir ne serait-ce qu’un quart des besoins alimentaires mensuels d’une famille moyenne.
  • Les travailleurs du secteur public, autrefois protégés, ont vu leurs revenus chuter de plus de 90 % en valeur réelle, rendant impossible le maintien d’un niveau de vie décent.
  • Les petits épargnants ont perdu la quasi-totalité de leurs économies, leurs dépôts bancaires étant soit gelés, soit restitués en livres libanaises à des taux très inférieurs à ceux du marché parallèle.

Une dollarisation forcée et un système économique paralysé

Face à cette situation, la dollarisation de l’économie s’est accélérée, la majorité des transactions étant désormais effectuées en dollars américains ou via des alternatives comme les cryptomonnaies.

  • Les commerces et restaurants affichent leurs prix en dollars, car les fluctuations de la livre rendent impossible toute prévision économique.
  • Les écoles et universités exigent des paiements en devises étrangères, rendant l’éducation inaccessible pour de nombreux Libanais.
  • Les propriétaires immobiliers refusent les loyers en livres libanaises, augmentant le risque de sans-abrisme pour des milliers de familles.

Cette dollarisation, bien que stabilisant certains secteurs, exclut une large partie de la population qui ne perçoit pas de revenus en dollars, creusant encore plus les inégalités économiques et sociales.

Les scénarios d’un effondrement monétaire total

Si aucune solution n’est trouvée rapidement, plusieurs scénarios catastrophes se dessinent pour l’économie libanaise :

  1. Une nouvelle dévaluation brutale : La livre libanaise pourrait atteindre 200 000 LBP/USD dès 2026 si les déficits continuent de se creuser et que la confiance dans le système financier n’est pas restaurée.
  2. Une hyperinflation incontrôlable : Sans stabilisation monétaire, l’inflation pourrait dépasser les 300 % par an, rendant tout échange économique interne quasiment impossible.
  3. Un effondrement total du système bancaire : L’incapacité à contrôler la monnaie entraînerait une disparition définitive de la confiance dans les banques, poussant encore plus les Libanais à fuir vers des solutions informelles.
  4. Une crise humanitaire de grande ampleur : Avec des salaires en chute libre et des prix toujours en hausse, une partie de la population risque la famine, les importations devenant de plus en plus inaccessibles.

Un ultimatum du FMI et des bailleurs internationaux

Outre le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne conditionnent leur aide à des réformes structurelles. Plus d’un milliard de dollars de projets d’infrastructure sont gelés, en attendant des avancées concrètes sur la transparence du secteur financier. Les pays du Golfe, autrefois alliés économiques du Liban, ont considérablement réduit leurs investissements, ne souhaitant plus soutenir un système jugé corrompu et inefficace.

Scénarios possibles : restructuration ou implosion totale

Le Liban est à un tournant historique. Le pays doit décider entre deux voies radicalement opposées :

  • Appliquer un plan de restructuration bancaire conforme aux exigences du FMI, ce qui nécessiterait des réformes douloureuses mais permettrait une stabilisation progressive.
  • Maintenir le statu quo, repoussant toute réforme pour éviter les pertes immédiates, mais au prix d’un effondrement total du système financier et d’un isolement économique mondial.

La fenêtre d’action est extrêmement réduite. Si aucune décision n’est prise avant le second semestre 2025, la situation risque de devenir irréversible, entraînant une faillite généralisée du secteur bancaire et une crise économique sans précédent.

Option 1 : La restructuration bancaire sous l’égide du FMI – Un passage obligé ?

Le Fonds monétaire international (FMI) conditionne toute aide financière au Liban à une réforme complète du système bancaire, avec trois piliers majeurs :

1. Une répartition équitable des pertes : fin du modèle bancaire défaillant

Depuis le début de la crise, les banques ont tenté de minimiser leurs pertes en transférant le fardeau sur les déposants et l’État. Le FMI exige un changement de paradigme, où les pertes seraient supportées principalement par les actionnaires des banques et les grands créanciers, et non par la population. Cela signifie :

  • L’annulation partielle des créances douteuses (prêts non remboursés, dette publique détenue par les banques).
  • La recapitalisation des banques viables par des investisseurs privés, plutôt que par des fonds publics.
  • La garantie des dépôts des petits épargnants, afin d’éviter une perte totale de confiance dans le système bancaire.

2. Une réforme monétaire et financière : stopper la spirale de dévaluation

L’un des objectifs clés du FMI est la stabilisation de la monnaie libanaise, actuellement en chute libre. Pour y parvenir, il préconise :

  • L’introduction d’un contrôle officiel des capitaux, afin de limiter la fuite des devises et empêcher les manipulations des taux de change.
  • Une réforme structurelle de la Banque du Liban (BDL), qui inclurait plus de transparence et une nouvelle politique de régulation monétaire.
  • Un programme d’ajustement budgétaire visant à réduire le déficit public en réformant la fiscalité et en coupant les subventions inefficaces.

3. L’intégration dans le système financier international : éviter l’isolement

Si ces réformes sont mises en place, le Liban pourrait progressivement réintégrer les marchés financiers internationaux, ce qui lui permettrait de :

  • Accéder à des financements extérieurs pour relancer l’investissement et la croissance.
  • Attirer des investisseurs étrangers, notamment dans les secteurs technologiques, industriels et énergétiques.
  • Rétablir la confiance des bailleurs de fonds, dont la Banque mondiale et l’Union européenne, qui ont déjà suspendu plusieurs programmes en raison de l’absence de réformes.

Option 2 : Le statu quo – Une faillite totale et un isolement financier mondial

Si le Liban choisit de ne pas appliquer ces réformesles conséquences seront désastreuses. L’inaction conduira à une faillite systémique du pays, avec des répercussions immédiates :

1. L’effondrement complet du secteur bancaire

Sans restructuration, les banques libanaises deviendront totalement insolvables, ce qui signifie que :

  • Les déposants ne récupéreront jamais leur argent, car les banques ne pourront pas honorer les retraits.
  • Plusieurs banques disparaîtront purement et simplement, faute de capitaux suffisants pour survivre.
  • Le système bancaire libanais cessera d’exister sous sa forme actuelle, entraînant une économie de plus en plus informelle et une fuite massive vers les devises étrangères et les cryptomonnaies.

2. Une explosion incontrôlable de la dévaluation et de l’inflation

La monnaie nationale continuera de perdre de la valeur à un rythme exponentiel, atteignant possiblement 200 000 LBP/USD ou plus en 2026. Ce phénomène aura des conséquences directes sur la vie quotidienne des Libanais :

  • Une inflation qui dépassera les 300 %, rendant les produits de base totalement inaccessibles.
  • Un coût de la vie insoutenable, où même les classes moyennes ne pourront plus se nourrir correctement.
  • Une dollarisation forcée du pays, où seule une minorité de personnes ayant accès à des devises étrangères pourra maintenir un niveau de vie acceptable.

3. Une crise sociale et politique majeure

Avec une population déjà exsangue, la poursuite du statu quo provoquerait une explosion sociale sans précédent :

  • Un chômage massif, avec la fermeture d’entreprises incapables de faire face à la crise.
  • Des manifestations violentes, à l’image de la révolte populaire de 2019, mais avec des risques accrus de chaos généralisé.
  • Une insécurité grandissante, avec l’émergence d’une économie parallèle et la montée du marché noir.

4. L’isolement du Liban sur la scène financière mondiale

Si le Liban refuse d’appliquer les réformes nécessaires, il sera totalement coupé du système financier international :

  • Les institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne cesseront tout soutien.
  • Les pays du Golfe ne fourniront plus d’aide financière, préférant investir dans des économies plus stables.
  • Le pays deviendra un territoire économique non viable, classé dans la même catégorie que des États en faillite comme le Venezuela ou le Zimbabwe.

Le compte à rebours de l’effondrement

Le Liban n’a plus de temps à perdre. Les experts estiment que si aucune réforme n’est engagée d’ici la fin du second semestre 2025le pays entrera dans une crise irréversible, marquée par :

  • Une hyperinflation comparable à celle du Zimbabwe dans les années 2000.
  • Une disparition de la Banque du Liban et du système bancaire national.
  • Une dépendance totale aux devises étrangères et aux marchés parallèles.

Quel choix pour le Liban ?

Le pays est donc face à un dilemme historique :

  • Accepter les réformes et engager des sacrifices pour stabiliser l’économie.
  • Refuser toute restructuration et sombrer dans un effondrement total et un isolement financier mondial.

La balle est désormais dans le camp des autorités libanaises. Chaque jour perdu rapproche le pays d’un scénario catastrophe dont il pourrait ne jamais se relever.

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