Une affluence massive pour un événement historique
Dès les premières heures de la matinée, des dizaines de milliers de personnes ont convergé vers Beyrouth pour assister aux funérailles de Hassan Nasrallah. L’ancien leader du Hezbollah, tué il y a près de cinq mois dans une frappe aérienne israélienne, était une figure centrale du mouvement. Cette cérémonie, organisée dans le stade Camille Chamoun Sports City, a déjà rassemblé des foules impressionnantes, dépassant largement la capacité initiale de l’enceinte, estimée à 50 000 places alors qu’elle ne devrait commencer que vers 13 heures, heure libanaise.
Depuis plusieurs jours, des affiches géantes représentant Nasrallah et son successeur Hashem Safieddine ont été placardées sur les murs et les ponts du sud de la capitale libanaise. L’événement a pris une ampleur considérable, illustrant le poids politique et symbolique de cette figure pour le Hezbollah et ses partisans.
Une logistique d’ampleur pour un rassemblement hors norme
Pour répondre à l’afflux de participants, les organisateurs du Hezbollah ont installé des milliers de sièges supplémentaires sur la pelouse du stade, ainsi que des écrans géants en dehors de l’enceinte. Ces installations permettent aux nombreux sympathisants qui n’ont pu entrer dans le stade de suivre la cérémonie en direct.
Depuis samedi, les routes menant à Beyrouth sont saturées de véhicules en provenance du sud du Liban et de la vallée de la Bekaa, bastions traditionnels du Hezbollah. La circulation est fortement perturbée dans la capitale, où d’importantes mesures de sécurité ont été mises en place.
La police libanaise et l’armée ont été placées en état d’alerte pour encadrer la foule et assurer la sécurité de l’événement. Plus de 4 000 agents sont mobilisés dans le secteur. Par ailleurs, l’utilisation des drones a été formellement interdite dans Beyrouth et ses environs durant la journée, et les vols à destination et en provenance de l’aéroport international de Beyrouth ont été suspendus pendant quatre heures.
Un hommage international et politique
L’événement attire des personnalités politiques de premier plan, notamment des représentants de l’Iran, principal allié du Hezbollah. Mohammad Bagher Qalibaf, président du Parlement iranien, et Abbas Araghchi, ministre des Affaires étrangères, font partie des délégations officielles venues rendre hommage au défunt leader.
Des représentants du gouvernement libanais, parmi lesquels le président du Parlement ainsi que des émissaires du Premier ministre, sont également présents. Le Hezbollah a par ailleurs invité 800 personnalités issues de 65 pays, témoignant de son influence à l’échelle régionale et internationale.
Le vice-secrétaire général du Hezbollah, Naim Qassem, a prévu de s’exprimer lors de la cérémonie pour adresser un message à la communauté chiite et aux alliés du mouvement. L’allocution, attendue avec attention, devrait notamment aborder les conséquences de la mort de Nasrallah sur l’avenir de l’organisation et les tensions géopolitiques en cours.
Un symbole de résilience pour le Hezbollah
Selon Ali Daamoush, haut responsable du Hezbollah, cette mobilisation vise à montrer à l’ennemi qu’aucune attaque ne viendra affaiblir la résistance. Le mouvement cherche à prouver que malgré les pertes subies, il conserve une base populaire solide et un soutien régional puissant.
En effet, au cours des 14 derniers mois, le Hezbollah a été frappé par des attaques ciblées, notamment la mort de plusieurs hauts responsables militaires et politiques. La disparition de Nasrallah constitue un coup majeur pour l’organisation, qui tente aujourd’hui de préserver son unité face aux défis stratégiques et militaires qu’elle rencontre.
Alors que la guerre avec Israël a provoqué une instabilité croissante, le Hezbollah veut utiliser cette cérémonie pour rassembler ses partisans et réaffirmer sa place sur l’échiquier régional. En témoigne le slogan choisi pour l’événement : « Nous sommes engagés envers le pacte », une manière de souligner la continuité du mouvement malgré les pertes.
La chaine Al Manar proche du Hezbollah diffuse des vidéos impressionnantes de la foule déjà présente depuis ce matin sur les lieux des funérailles.
Un événement sous haute surveillance dans un climat de tensions militaires
Face à l’ampleur du rassemblement et au contexte sécuritaire tendu, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place. Le Hezbollah a mobilisé 25 000 agents pour gérer la foule et assurer le bon déroulement de la cérémonie, en plus des 4 000 forces de sécurité déployées par l’État libanais.
Les routes principales menant au stade et à l’aéroport de Beyrouth ont été fermées, empêchant toute circulation non autorisée dans la zone. Les autorités ont également annoncé la suspension des licences d’armes à feu du 22 au 25 février, afin d’éviter tout débordement ou tir de célébration, une pratique courante lors de funérailles dans certaines régions du Liban.
L’espace aérien au-dessus de Beyrouth est placé sous haute surveillance en raison de survols répétés d’appareils militaires. Des avions de chasse israéliens ont été aperçus au-dessus de Beyrouth et de la vallée de la Bekaa, tandis que des drones ont été signalés dans la capitale et ses environs. Cette présence aérienne suscite de vives inquiétudes parmi les participants à la cérémonie. Toutefois, selon la chaîne libanaise Al-Jadeed, l’un des drones survolant la ville appartient à l’armée libanaise et ne serait pas israélien.
Dans le même temps, Israël a multiplié les frappes aériennes contre des positions présumées du Hezbollah. Les environs des villes de Qousaya, Ansar et al-Qlayleh, situées dans le sud du Liban et à proximité de la frontière syrienne, ont été ciblés. Ces attaques renforcent la tension et soulignent la gravité de la situation régionale.
Le Hezbollah, soucieux d’assurer la réussite de l’événement malgré ce climat explosif, a donné des consignes strictes à ses partisans, leur demandant de ne pas tirer en l’air et d’éviter tout comportement pouvant compromettre la solennité du moment. Toutefois, cette démonstration de force de l’armée israélienne au moment des funérailles envoie un signal clair sur la volatilité du conflit en cours.
Pendant ce temps, l’influence iranienne sur la situation reste forte. Ali Larijani, conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, a déclaré que le gouvernement libanais réalisera tôt ou tard qu’il ne peut y avoir de sécurité face à Israël sans la résistance. Cette déclaration illustre le soutien indéfectible de l’Iran au Hezbollah et la perception, au sein de l’axe de la résistance, que le rapport de force avec Israël est une réalité incontournable.
Alors que les funérailles battent leur plein, le stade Camille Chamoun Sports City et ses alentours sont pleinement saturés par la foule de partisans venus rendre un dernier hommage à Hassan Nasrallah. Malgré les risques sécuritaires et les frappes israéliennes, la mobilisation massive montre l’attachement des partisans du Hezbollah à leur défunt leader et leur volonté de défier l’ennemi dans un moment de forte instabilité régionale.
Une démonstration de force du Hezbollah malgré les menaces
Malgré l’intensification des frappes israéliennes et la présence menaçante de drones et d’avions de combat dans le ciel libanais, le Hezbollah a tenu à faire de ces funérailles une démonstration de force politique et populaire. Le mouvement a mobilisé l’ensemble de son réseau pour garantir une participation massive, transformant la cérémonie en un référendum tacite sur son influence au Liban et dans la région.
Dès l’aube, des centaines de milliers de sympathisants se sont rassemblés, non seulement à l’intérieur du stade Camille Chamoun Sports City, mais aussi dans les quartiers environnants où des écrans géants ont été installés pour permettre à la foule de suivre les hommages en direct. Cette affluence impressionnante dépasse largement les capacités initiales du site, prouvant que, malgré les pertes subies lors des derniers mois, le Hezbollah conserve une base populaire solide et fidèle.
Cette mobilisation massive vise à envoyer un message clair à Israël et à ses adversaires régionaux. Le Hezbollah veut montrer qu’il demeure intact en tant que force politique et militaire, capable de mobiliser ses partisans en un temps record, même après la disparition de figures majeures de son leadership. La symbolique est forte : au lieu d’un affaiblissement, ces funérailles traduisent un renforcement du sentiment de résistance parmi les soutiens du mouvement.
Le Hezbollah a également renforcé sa rhétorique anti-israélienne dans les discours entourant la cérémonie. Ali Daamoush, haut responsable du parti, a exhorté les partisans à « venir de chaque maison, village et ville pour montrer à l’ennemi que cette résistance est toujours là et prête à combattre ». Ce type de déclaration souligne la volonté du mouvement de ne pas se laisser intimider par les récentes frappes israéliennes, bien qu’il doive désormais reconfigurer sa stratégie après la perte de son chef historique.
Dans ce contexte explosif, ces funérailles prennent une dimension politique cruciale. Elles servent à rallier les soutiens, maintenir la cohésion interne et envoyer un message fort aux adversaires du Hezbollah. Si certains observateurs s’attendaient à voir le mouvement affaibli après la mort de Nasrallah, cette mobilisation prouve que l’organisation est toujours capable d’exercer une influence considérable au Liban et au-delà.
L’impact régional et les implications géopolitiques des funérailles

Les funérailles de Hassan Nasrallah dépassent largement le cadre du Liban et s’inscrivent dans un contexte régional sous haute tension. En rassemblant des délégations officielles venues de 65 pays, le Hezbollah affirme son rôle central au sein de l’axe de la résistance, qui comprend l’Iran, la Syrie, les factions palestiniennes et les groupes armés irakiens et yéménites.
L’Iran, principal allié du Hezbollah, a marqué sa présence à travers une délégation de haut rang. Mohammad Bagher Qalibaf, président du Parlement iranien, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, sont arrivés à Beyrouth pour participer à la cérémonie. Ali Larijani, conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, a profité de l’événement pour rappeler l’importance stratégique du Hezbollah dans la région, affirmant que « le Liban ne pourra jamais vivre en sécurité sans la résistance ».
Les déclarations des responsables iraniens soulignent une volonté de réaffirmer l’alliance stratégique entre Téhéran et le Hezbollah, au moment où le mouvement est sous pression militaire et diplomatique. L’assassinat de Nasrallah représente un tournant dans l’équilibre des forces au Moyen-Orient, et ses funérailles sont utilisées par l’Iran comme une occasion de mobiliser ses soutiens et de démontrer que le Hezbollah ne s’effondrera pas malgré la perte de son chef emblématique.
D’un point de vue régional, cette cérémonie est également perçue comme un test de la stabilité du Liban. Depuis plusieurs mois, la situation sécuritaire du pays est précaire, avec une recrudescence des tensions entre Israël et le Hezbollah, mais aussi des divisions internes exacerbées par la crise économique et politique. La présence de figures politiques libanaises de tous bords à ces funérailles illustre la nécessité pour Beyrouth de gérer prudemment ses relations avec le Hezbollah, tout en tentant d’éviter une confrontation directe avec Israël.
Enfin, la réaction israélienne à ces funérailles est particulièrement significative. Alors que l’événement se déroule sous une surveillance militaire intense, les récentes frappes israéliennes sur le sud du Liban et la Bekaa indiquent que l’État hébreu veut maintenir une pression constante sur le Hezbollah. Les survols israéliens au-dessus de Beyrouth sont un message clair : Israël ne laissera pas le mouvement rebondir facilement après la perte de son leader.
Dans ce climat explosif, ces funérailles ne sont pas seulement une cérémonie d’hommage, mais aussi une démonstration de pouvoir et un avertissement aux adversaires du Hezbollah. L’avenir du mouvement dépendra désormais de sa capacité à restructurer son commandement, à préserver ses alliances et à éviter une escalade militaire qui pourrait embraser toute la région.
Une transition délicate pour le Hezbollah après la mort de Nasrallah
La disparition de Hassan Nasrallah marque une période de transition critique pour le Hezbollah. En tant que chef du mouvement depuis plus de trois décennies, il a joué un rôle central dans la consolidation de la puissance militaire et politique du Hezbollah. Son leadership a permis au mouvement de devenir une force incontournable au Liban et dans toute la région. Avec sa mort, une question majeure se pose : comment le Hezbollah va-t-il gérer cette transition et maintenir sa cohésion interne face aux défis à venir ?
Le successeur de Nasrallah, Sayyed Hashem Safieddine, a lui aussi été tué dans une frappe israélienne quelques jours après son prédécesseur. Cette double perte est un coup dur pour le Hezbollah, car elle élimine non seulement un leader historique, mais aussi celui qui était censé prendre sa relève. Le mouvement se retrouve ainsi contraint de réorganiser en urgence son commandement et de désigner une nouvelle figure capable de maintenir l’unité et la discipline au sein de l’organisation.
Dans ce contexte, Naim Qassem, numéro deux du Hezbollah, semble être le leader intérimaire. Il doit désormais gérer une période de fortes turbulences internes, entre la nécessité de répondre aux attaques israéliennes et celle d’assurer une transition stable. Qassem a d’ailleurs profité des funérailles pour renforcer son image de leader, en prononçant un discours offensif réaffirmant l’engagement du Hezbollah dans la résistance contre Israël.
Un défi de leadership dans un climat de guerre
La mort de Nasrallah survient à un moment où le Hezbollah fait face à des défis sans précédent. Le mouvement est affaibli par la guerre en cours avec Israël, qui a déjà coûté la vie à plusieurs de ses hauts responsables. En parallèle, il subit une pression diplomatique accrue, notamment de la part des États-Unis et de certains pays arabes qui cherchent à limiter son influence au Liban.
Un autre facteur complique cette transition : l’instabilité politique du Liban. Le pays traverse une grave crise économique et institutionnelle, et la présence du Hezbollah dans le gouvernement est de plus en plus contestée par ses opposants internes, qui exigent son désarmement. L’accord de cessez-le-feu négocié par les États-Unis en novembre dernier stipule que le Hezbollah ne doit plus avoir de présence armée le long de la frontière avec Israël, une exigence que le mouvement rejette catégoriquement.
Dans ce contexte, la succession de Nasrallah pose plusieurs questions cruciales :
- Le Hezbollah pourra-t-il maintenir son unité sans son chef historique ?
- La nouvelle direction aura-t-elle la même autorité sur les différentes factions du mouvement ?
- Comment le Hezbollah va-t-il adapter sa stratégie face à une pression militaire et diplomatique croissante ?
Si le Hezbollah parvient à surmonter cette transition sans fragmentation interne, il prouvera sa capacité de résilience et sa solidité organisationnelle. Mais si des divisions émergent entre les différentes branches du mouvement, cela pourrait affaiblir sa position au Liban et sur la scène régionale.