Je parle de ces enseignants, piliers de la société, réduits à quémander leur dignité. Jadis respectés et honorés, ils se retrouvent aujourd’hui prisonniers d’un système qui les condamne à l’indigence. Leur salaire, autrefois suffisant pour mener une vie décente, ne représente plus qu’un simulacre de revenu, une somme dérisoire face à la flambée des prix et à la voracité d’une crise économique sans pitié.
Je parle de l’humiliation sourde qui ronge les éducateurs aux écoles publiques contraints de jongler entre dettes et privations. Comment transmettre le savoir avec ferveur quand le ventre crie famine ? Comment enseigner les valeurs de mérite et d’abnégation quand l’effort n’engendre que le mépris et la précarité ? L’enseignant, ce guide éclairé, se mue en ombre vacillante, ballotté entre l’amour de sa mission et la nécessité de survivre.
Je parle de l’Aïd el-Fitr et de la fête de Pâques qui arrivent bientôt et qui, au lieu d’être un moment de joie, ravivent la douleur des promesses non tenues. Ces pères et mères, la voix tremblante, doivent avouer à leurs enfants que les vêtements neufs resteront un rêve lointain, que le festin espéré ne viendra pas , que le sapin de Pâques , lui aussi, devra se contenter de sa nudité . Que dire à ces petits qui, les yeux pétillants d’innocence, s’accrochent encore à l’illusion que leurs parents peuvent tout?
Je parle d’un État absent ,sourd aux cris de détresse de ceux qui façonnent l’avenir. L’éducation, pourtant pierre angulaire de toute nation, est devenue un champ de ruines où errent des enseignants abandonnés. Et face à cette déréliction, les gouvernants détournent le regard, accaparés par leurs privilèges et insensibles à la détresse de ceux qui bâtissent la conscience de demain.
Je parle d’une frustration étouffée , d’une indignation grandissante et d’un peuple qui, lassé de voir son système éducatif s’éffondrer, réclame justice et dignité. Combien de temps encore les enseignants du secteur public, qu’ils soient contractuels ou titularisés, garants du savoir et de la pensée, devront-ils sacrifier leur existence sur l’autel de l’indifférence? Combien d’enfants devront-ils apprendre, trop tôt, que l’injustice est la première leçon de l’école de la vie ?