Le 28 mars 2025, les principaux titres de la presse libanaise ont été dominés par deux thématiques majeures : d’une part, les tensions croissantes entre le président de la République, Joseph Aoun, et le Premier ministre Nawaf Salam, autour de la nomination du nouveau gouverneur de la Banque du Liban ; d’autre part, la réactivation diplomatique entre Beyrouth et Damas sous médiation saoudienne, couplée aux défis sécuritaires dans le Sud face à l’intensification des attaques israéliennes. La presse s’est largement concentrée sur les implications politiques de ces deux axes, révélant un Liban en équilibre instable entre recompositions internes et pressions géopolitiques extérieures.
Le bras de fer institutionnel autour de la Banque du Liban
Les journaux Al Akhbar (28 mars 2025), Al Joumhouriyat (28 mars 2025), Ad Diyar (28 mars 2025), Al Liwa’ (28 mars 2025), Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025), Al Sharq (28 mars 2025) et Nida’ Al Watan (28 mars 2025) ont tous consacré de longues analyses à la séance houleuse du Conseil des ministres où a été décidé le remplacement du gouverneur sortant de la Banque du Liban. Ce vote a révélé une fracture entre le président Joseph Aoun, qui a soutenu fermement la nomination de Karim Saïd, et le Premier ministre Nawaf Salam, qui s’y est opposé sans succès.
Selon Al Akhbar (28 mars 2025), le président Aoun a utilisé l’article 65 de la Constitution pour imposer le vote, après l’échec des discussions de consensus. Le journal évoque une « تأسيس لأزمة طويلة » – une cristallisation d’une future crise, tant le vote a été interprété comme un test de force entre les deux têtes de l’exécutif. Al Joumhouriyat (28 mars 2025) détaille les coulisses du vote : Saïd a obtenu 17 voix sur 24, soit la majorité requise, mais sans l’unanimité espérée par Salam. Ce dernier a exprimé sa déception en affirmant que Saïd devra désormais suivre la politique de réforme du gouvernement, notamment sur la transparence financière et la sauvegarde des droits des déposants.
Nida’ Al Watan (28 mars 2025) souligne que cette nomination pourrait préfigurer d’autres confrontations dans la distribution des postes de l’État et dans la mise en œuvre du programme de réformes exigé par le FMI. Al Liwa’ (28 mars 2025) et Ad Diyar (28 mars 2025) insistent sur le fait que cette divergence n’est pas seulement personnelle mais institutionnelle, et pourrait freiner les négociations avec les bailleurs internationaux.
Réactivation des relations syro-libanaises sous médiation saoudienne
En parallèle, plusieurs journaux, notamment Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025), Ad Diyar (28 mars 2025) et Al Akhbar (28 mars 2025), ont rapporté la rencontre sécuritaire entre les ministres de la Défense libanais, Michel Mnashe, et syrien, Merhaf Abou Qasra, à Jeddah. Cette réunion, organisée sous l’égide de l’Arabie saoudite, a porté sur la stabilisation de la frontière et la gestion du dossier des réfugiés. Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) mentionne que cette initiative a été rendue nécessaire en raison de l’échec des discussions bilatérales directes et du besoin de coordination sur les questions de sécurité transfrontalière.
Ad Diyar (28 mars 2025) précise que Riyad s’est positionnée en garante de tout futur accord, témoignant de son implication croissante dans le dossier libanais, dans un contexte où les puissances régionales cherchent à redéfinir leurs zones d’influence. Al Akhbar (28 mars 2025), tout en notant l’importance stratégique de cette rencontre, met en garde contre la complexité des négociations à venir, en particulier sur la délimitation de la frontière et le contrôle des flux humains et militaires.
Montée des tensions militaires au Sud et posture présidentielle
Sur le front sud, la situation s’est encore aggravée avec de nouvelles frappes israéliennes contre des cibles du Hezbollah. Al Quds (28 mars 2025) rapporte la mort de six personnes dans les localités de Barachit et de Yater, ainsi qu’une attaque de drone à Ma’roub. Le journal cite le porte-parole israélien Avichay Adraee, qui affirme que l’armée a visé une unité de transfert d’armement du Hezbollah.
En réaction, le président Joseph Aoun a accordé un entretien à France 24 dans lequel il réaffirme que l’armée libanaise accomplit son devoir au Sud en coordination avec le Hezbollah, tout en précisant que la suite dépendra d’un consensus national autour d’une stratégie de défense commune. Il exclut toute désescalade unilatérale ou désarmement forcé du Hezbollah, mais réaffirme l’importance du dialogue national. Ces déclarations, largement reprises dans Al Quds (28 mars 2025) et Al Sharq (28 mars 2025), placent le président au centre d’un jeu d’équilibriste entre affirmation de souveraineté et reconnaissance des rapports de force militaires.
Politique locale : rivalités institutionnelles, identités régionales et recompositions en coulisses
La scène politique libanaise au 28 mars 2025 a été marquée par une intensification des rivalités internes, sur fond de nominations controversées et de tensions identitaires. Le clivage entre les plus hautes autorités de l’État est apparu au grand jour lors de la nomination du nouveau gouverneur de la Banque du Liban. Parallèlement, la réactivation de l’aéroport de Qlayaat dans le nord du pays a suscité une vive controverse sur le plan symbolique, illustrant le poids des mémoires politiques dans la gouvernance actuelle. Des dynamiques de reconfiguration politique se dessinent aussi dans l’ombre, avec l’émergence de nouveaux axes d’alliance et des rééquilibrages dans la haute fonction publique.
Le choc Aoun-Salam sur la Banque centrale : fracture au sommet de l’État
La décision de nommer Karim Saïd au poste de gouverneur de la Banque du Liban a cristallisé une opposition inédite entre le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam. Selon Al Akhbar (28 mars 2025), le président a imposé le vote en s’appuyant sur l’article 65 de la Constitution, après l’échec de tout consensus. Nawaf Salam, convaincu de disposer d’un tiers de blocage, a été surpris par la bascule du ministre de l’Intérieur Ahmed Hajjar en faveur du président, ce qui a permis à Aoun d’atteindre les 17 voix nécessaires.
Al Joumhouriyat (28 mars 2025) précise que cette désignation ne s’est pas faite par consensus mais à la majorité absolue, ce qui a suscité de vives critiques au sein du gouvernement. Nawaf Salam, cité dans Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025), a déclaré que « Karim Saïd n’était pas mon candidat pour plusieurs raisons, notamment la défense des droits des déposants et la préservation des avoirs de l’État ». Il a néanmoins reconnu que désormais, Saïd est tenu de mettre en œuvre la politique financière de l’exécutif.
Le dossier a également mis en lumière des tensions internes au sein du gouvernement. Selon Ad Diyar (28 mars 2025), plusieurs ministres issus de partis d’opposition ou de formations centristes ont fait preuve d’ambiguïté stratégique, préférant s’aligner sur le président pour éviter de s’opposer frontalement à la présidence. Cette dynamique de réalignement souligne l’isolement progressif du Premier ministre, à qui il manquerait désormais l’assise parlementaire nécessaire pour peser face à un président qui consolide sa position.
Aéroport de Qlayaat : débat identitaire autour du nom de Réné Moawad
Un débat symbolique d’importance s’est ouvert autour de la réhabilitation de l’aéroport de Qlayaat, situé dans le gouvernorat d’Akkar, au nord du Liban. Dans un article très engagé publié par le journal Nahar (28 mars 2025), le journaliste Mohsen Al Saqqal déplore que les responsables politiques aient omis de mentionner le nom officiel de l’aéroport, baptisé en mémoire du président assassiné Réné Moawad. Ce dernier avait prêté serment à cet endroit en novembre 1989, quelques jours avant d’être tué par une explosion.
Le débat ne se limite pas à une question protocolaire : il révèle un conflit latent autour des symboles nationaux et de leur instrumentalisation politique. D’après Nahar, les habitants du nord du pays refusent que l’aéroport soit appelé simplement « Aéroport de Qlayaat », y voyant une tentative d’effacement d’une mémoire politique fondée sur la réconciliation nationale et l’accord de Taëf. La presse souligne que le Premier ministre Nawaf Salam, lors de sa visite à Tripoli, a évoqué l’aéroport sans utiliser son nom officiel, ce qui a été interprété comme un désaveu indirect.
Mohsen Al Saqqal estime que ce silence n’est pas anodin. Il écrit : « Ce n’est pas une erreur protocolaire, mais une manière de reléguer une figure historique majeure à l’arrière-plan ». Le journaliste rappelle que Moawad n’était pas un président symbolique, mais un homme politique qui incarnait un projet de réconciliation et de réforme de l’État. La controverse, portée aussi par des élus du nord et des membres de la société civile, souligne l’importance des symboles dans la structuration de l’espace politique libanais.
Recomposition discrète des équilibres politiques
En arrière-plan, plusieurs indices indiquent que le champ politique libanais est en phase de recomposition, en partie accélérée par la vacance de certaines fonctions clés et par l’agenda de réformes exigé par les bailleurs de fonds. Selon Al Liwa’ (28 mars 2025), des arbitrages délicats sont en cours pour les nominations à la tête des médias publics, notamment Télé Liban. Des références communautaires et politiques sont invoquées pour rejeter certaines candidatures, jugées non représentatives de leur « environnement confessionnel ».
Le journal souligne aussi que les tractations s’intensifient pour d’autres postes régaliens et stratégiques, sans que des équilibres durables n’aient encore été trouvés. Cette instabilité reflète un système politique en tension, où chaque décision, même technique, devient le terrain d’un affrontement politique et communautaire. Dans ce contexte, plusieurs partis cherchent à repositionner leurs cadres, en particulier en prévision d’élections municipales reportées depuis plusieurs années.
Enfin, Al Akhbar (28 mars 2025) note que le vote sur le gouverneur de la BDL a servi de test de cohésion au sein du gouvernement, certains ministres ayant modifié leur position entre les discussions préliminaires et le scrutin. Cette volatilité stratégique traduit une incertitude structurelle dans les rapports de force, accentuée par l’absence de coalitions stables au Parlement.
Diplomatie : repositionnements régionaux et rééquilibrages sous médiation internationale
La scène diplomatique libanaise au 28 mars 2025 s’inscrit dans un contexte de redéfinition des alliances régionales, avec des initiatives saoudiennes, françaises et américaines visant à stabiliser le pays. La réactivation des relations avec la Syrie, la poursuite des efforts diplomatiques avec Paris, ainsi que l’implication croissante de Washington dans la recomposition des équilibres internes font apparaître une diplomatie libanaise à la fois sollicitée et contrainte. Plusieurs journaux évoquent la complexité de ces manœuvres, révélant des logiques de souveraineté disputée.
Rencontre sécuritaire syro-libanaise à Jeddah : la diplomatie par la sécurité
La presse a largement couvert la rencontre organisée à Jeddah entre le ministre libanais de la Défense, Michel Mnashe, et son homologue syrien Merhaf Abou Qasra, sous médiation saoudienne. Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) précise que cette rencontre s’est tenue « بعد تعذر التواصل المباشر » (après l’échec du dialogue bilatéral), soulignant le rôle central de Riyad comme médiateur de substitution. Les discussions ont porté principalement sur la délimitation des frontières et le contrôle des flux de réfugiés, deux dossiers épineux qui alimentent depuis plusieurs années les tensions entre Beyrouth et Damas.
Selon Ad Diyar (28 mars 2025), la diplomatie saoudienne a proposé une « خارطة طريق » pour encadrer les engagements sécuritaires et faciliter un protocole de coopération entre les armées libanaise et syrienne. Riyad entend ainsi se positionner comme garant d’un équilibre régional, dans un contexte de retrait relatif de l’Iran et de méfiance persistante des États occidentaux à l’égard de Damas. Cette posture diplomatique saoudienne marque une évolution notable depuis la rupture de 2011, témoignant d’un pragmatisme renouvelé.
Al Akhbar (28 mars 2025) apporte un éclairage critique sur cette dynamique, soulignant les réticences internes à Beyrouth face à une normalisation sécuritaire qui pourrait être interprétée comme une reconnaissance implicite de la légitimité du régime syrien. Le journal cite également des sources diplomatiques qui redoutent que cette coopération sécuritaire ne débouche sur une mainmise accrue de Damas sur les dossiers frontaliers, au détriment de la souveraineté libanaise.
Paris, partenaire constant mais prudent
Le président Joseph Aoun, en déplacement à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron, a donné une interview à France 24 reprise dans Al Quds (28 mars 2025), dans laquelle il insiste sur la nécessité de préserver la coopération militaire avec le Hezbollah dans le Sud, tout en engageant un dialogue national pour l’élaboration d’une stratégie de défense globale. Cette position, qui cherche à conjuguer fermeté stratégique et inclusivité politique, a été perçue à Paris comme un signe d’ouverture, mais aussi comme un rappel des contraintes internes du président.
Selon Al Sharq (28 mars 2025), l’Élysée considère que Joseph Aoun reste l’interlocuteur le plus stable et prévisible du Liban. L’article note que le président français souhaite s’appuyer sur lui pour relancer les initiatives diplomatiques du groupe de contact international sur le Liban. Paris maintient son double discours : aide conditionnée à des réformes structurelles, et reconnaissance de la nécessité d’un équilibre politique endogène.
Nida’ Al Watan (28 mars 2025) évoque le soutien discret mais constant de la France aux projets d’infrastructure dans les zones rurales, notamment au Nord, dans un effort de stabilisation socioéconomique complémentaire à l’action diplomatique. Le journal indique que plusieurs responsables français présents à Beyrouth ont plaidé pour une articulation plus forte entre aide humanitaire et soutien à la gouvernance locale.
Washington et la ligne rouge du Hezbollah
La diplomatie américaine reste particulièrement active dans le dossier libanais, surtout en lien avec les tensions croissantes au Sud. Al Joumhouriyat (28 mars 2025) signale que les États-Unis ont multiplié les messages officieux rappelant l’importance d’une désescalade rapide, tout en réitérant leur refus de toute légitimation du Hezbollah dans l’architecture sécuritaire nationale. Le journal rappelle aussi que la nomination du nouveau gouverneur de la Banque du Liban a été suivie de très près par Washington, qui y voit un test de la capacité du Liban à respecter ses engagements envers le FMI.
Dans le même registre, Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) évoque une série de réunions informelles entre diplomates américains et personnalités libanaises, dans lesquelles il a été question du suivi des résolutions 1559 et 1701. L’accent a été mis sur la nécessité d’empêcher toute intégration du Hezbollah dans les structures étatiques, tout en évitant une déstabilisation générale qui nuirait aux intérêts américains dans la région.
Ad Diyar (28 mars 2025) va plus loin en affirmant que Washington envisage, à moyen terme, de conditionner toute aide économique au Liban à des engagements concrets sur le démantèlement des infrastructures paramilitaires au Sud. Cette position risque d’amplifier les tensions avec les alliés du Hezbollah au gouvernement, et de compliquer encore davantage la mise en œuvre des réformes financières attendues.
L’activisme discret du Vatican et des institutions internationales
Parallèlement, plusieurs articles font état de contacts discrets entre les autorités libanaises et le Vatican. Al Liwa’ (28 mars 2025) révèle que le patriarche maronite a transmis un message au président Joseph Aoun à travers des émissaires du Saint-Siège, exprimant son inquiétude face à la montée des tensions internes et à la marginalisation des communautés chrétiennes dans certains secteurs de l’administration publique. Le Vatican, tout en restant en retrait, suit de près la situation libanaise et plaide pour un soutien international renforcé aux institutions constitutionnelles du pays.
De leur côté, les institutions internationales restent prudentes. Al Akhbar (28 mars 2025) indique que les représentants du Fonds monétaire international, bien qu’encourageant les dernières nominations, insistent sur la nécessité d’un retour rapide à un dialogue politique crédible entre les forces en présence. Le FMI attend également que la nouvelle direction de la Banque du Liban prenne des engagements fermes en matière de transparence et de justice financière, notamment sur les dossiers de l’opacité bancaire et de la restitution des dépôts.
Politique internationale : redéploiement géopolitique et tensions régionales persistantes
Les pages internationales des journaux du 28 mars 2025 offrent un panorama dense et contrasté des grandes évolutions diplomatiques et militaires, principalement axé sur les conflits au Moyen-Orient, les efforts de médiation entre puissances, ainsi que les repositionnements stratégiques d’États influents. Trois dossiers ont dominé l’actualité : la guerre à Gaza et ses répercussions régionales, l’évolution des rapports entre la Turquie et la Syrie, et la dynamique des négociations en Afrique, notamment au Soudan.
Gaza : guerre prolongée, répression interne et diplomatie bloquée
La situation à Gaza continue de faire l’objet d’une attention prioritaire dans la presse arabe. Al Quds (28 mars 2025) rapporte la mort de 36 Palestiniens en une journée, notamment à Jabalia et Beit Hanoun, majoritairement des civils, en raison de frappes israéliennes intensifiées. La Cour suprême israélienne a, selon le journal, rejeté plusieurs recours humanitaires visant à permettre l’entrée d’aides alimentaires, consolidant ainsi ce que l’article qualifie de stratégie de famine délibérée. Al Quds met en avant une analyse juridique selon laquelle cette politique pourrait être considérée comme une pratique d’extermination déguisée.
Dans un autre registre, Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) révèle que plusieurs « agents infiltrés » soupçonnés de collaboration avec Israël ont été exécutés par le Hamas dans la bande de Gaza. L’organisation islamiste, fragilisée par les pertes de ses dirigeants et confrontée à une rare contestation interne, a opté pour une réponse radicale. Les journaux font état de manifestations hostiles au Hamas dans plusieurs secteurs de la bande, où les slogans « حماس برا » ont été scandés, ce qui est inédit depuis la prise du pouvoir par le mouvement en 2007.
Sur le plan diplomatique, l’Égypte reste en première ligne des tentatives de médiation. Toujours selon Al Quds, un projet de cessez-le-feu avec « période transitoire » a été proposé par Le Caire et relayé par le Qatar, impliquant la libération progressive d’otages israéliens en échange d’une levée partielle du blocus. Toutefois, Tel Aviv continue de conditionner toute trêve à une reddition explicite du Hamas, rendant l’équation difficilement soluble.
Turquie en Syrie : une base militaire pour remodeler l’influence régionale
Une annonce de la Turquie a surpris les observateurs : selon Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025), le ministère turc de la Défense a confirmé l’étude de la création d’une nouvelle base militaire dans le nord de la Syrie. Officiellement présentée comme un site de formation pour les forces syriennes alliées, cette infrastructure serait située dans une zone proche de la frontière turque, où Ankara exerce une influence de fait depuis plusieurs années. Le journal indique que cette décision intervient dans un contexte de relance des pourparlers indirects avec Damas sous médiation russe.
Le dossier syrien prend ainsi une tournure plus militarisée, malgré la rhétorique de stabilisation. Al Sharq Al Awsat cite des analystes militaires selon lesquels cette initiative s’inscrit dans une logique d’ancrage durable de la Turquie dans le théâtre syrien, en réponse aux menaces kurdes et à l’influence iranienne. Elle soulève toutefois des critiques, notamment de la part de Damas, qui redoute une formalisation de la partition de facto du pays.
Cette initiative turque complexifie davantage l’équilibre régional, surtout à l’heure où l’Arabie saoudite cherche à repositionner sa diplomatie de façon plus neutre. Des observateurs cités dans Ad Diyar (28 mars 2025) estiment que cette base pourrait également servir de levier dans les discussions bilatérales avec les États-Unis, alors que les relations turco-américaines restent marquées par des tensions sur le dossier kurde.
Soudan : transition incertaine et retour à la scène diplomatique
Le Soudan, ravagé par deux années de guerre entre les forces armées régulières et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a annoncé une nouvelle feuille de route. Selon Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025), le général Abdel Fattah al-Burhan a rencontré l’envoyé spécial allemand pour l’Afrique de l’Est afin de discuter de la mise en place d’un gouvernement de technocrates. Le but est de préparer des élections générales et de restaurer les services publics, dans un pays largement détruit par le conflit.
Le journal rapporte également des combats récents à Omdurman, alors que l’armée affirme avoir repris le contrôle du palais présidentiel et des principaux bâtiments administratifs. Parallèlement, un redéploiement des FSR vers la province du Nil blanc a été observé. Ce regain de tension militaire contraste avec l’annonce diplomatique, accentuant les doutes sur la faisabilité d’un processus politique crédible.
Al Quds (28 mars 2025) rappelle que des discussions ont eu lieu en marge de la mission allemande avec des représentants de l’Union africaine, en vue d’une conférence internationale de reconstruction. Berlin a signalé sa volonté de mobiliser des fonds pour la réhabilitation des infrastructures, mais sous réserve d’un arrêt des combats. L’UE et les États du Golfe restent attentistes, tout en finançant l’aide humanitaire d’urgence.
Ukraine, Iran, et recompositions globales : signaux faibles d’un ordre mouvant
En marge des crises régionales majeures, plusieurs signaux montrent l’évolution des rapports globaux. La « Paris Peace Summit », annoncée par Emmanuel Macron et Keir Starmer (Al Sharq Al Awsat, 28 mars 2025), vise à coordonner les aides à l’Ukraine et à relancer l’agenda européen de défense. Cette coopération franco-britannique post-Brexit reflète une volonté de créer une alternative diplomatique plus cohérente face à la Russie, alors que le soutien américain à Kyiv est en baisse.
Par ailleurs, l’Iran a répondu, selon Al Sharq Al Awsat, à une missive de l’ancien président américain Donald Trump via Oman. Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a évoqué une « readiness for indirect dialogue », sans que le contenu exact du message soit connu. Ce canal diplomatique indirect pourrait préfigurer une reprise prudente des pourparlers sur le nucléaire, bien que le contexte reste marqué par une méfiance réciproque.
Enfin, les tensions entre la France et l’Algérie ont refait surface. Al Quds rapporte que l’écrivain algérien Boualem Sansal a été condamné à cinq ans de prison, ce qui a suscité des réactions de protestation à Paris. L’affaire, perçue comme une atteinte à la liberté d’expression, intervient dans un climat diplomatique déjà tendu par les restrictions de visas et les critiques françaises sur la gouvernance en Algérie.
Économie : nominations stratégiques, pressions internationales et attentes de redressement
L’actualité économique libanaise du 28 mars 2025, telle que rapportée par la presse, est centrée sur la nomination controversée du nouveau gouverneur de la Banque du Liban, les attentes du Fonds monétaire international et les débats sur les réformes financières. Ces éléments traduisent à la fois une tentative de relance institutionnelle et les lourdes incertitudes qui pèsent sur le redressement économique. Les journaux insistent sur les tensions entre exigences locales, pressions internationales et méfiance de la population à l’égard du système bancaire.
Nomination de Karim Saïd à la tête de la Banque du Liban : une décision sous tension
La décision de nommer Karim Saïd gouverneur de la Banque du Liban, adoptée par 17 voix au Conseil des ministres, a été unanimement relayée dans la presse libanaise. Al Akhbar (28 mars 2025) révèle que cette nomination a été imposée par le président Joseph Aoun, au terme d’un vote dont le Premier ministre Nawaf Salam espérait sortir vainqueur grâce à un tiers de blocage. Ce calcul s’est révélé erroné en raison du basculement du ministre de l’Intérieur, qui a soutenu la candidature de Saïd.
Le journal souligne également que cette nomination marque un tournant, tant elle illustre la montée en puissance du président sur les arbitrages économiques. Al Joumhouriyat (28 mars 2025) précise que Joseph Aoun a voulu « imposer un nouveau cap économique » en rompant avec les blocages institutionnels et en accélérant les nominations. Toutefois, la fracture entre les deux têtes de l’exécutif fragilise la lisibilité de la politique économique, notamment à l’égard des partenaires internationaux.
Nida’ Al Watan (28 mars 2025) rapporte que Nawaf Salam a exprimé des réserves sur les orientations de Saïd, qu’il n’avait pas proposé, mais qu’il considère désormais comme responsable de la mise en œuvre des réformes. Il a notamment rappelé l’engagement du gouvernement à « protéger les droits des déposants » et à appliquer une politique de restructuration bancaire conforme aux recommandations du FMI.
Pressions internationales : FMI, France et États-Unis en attente de signaux
La nomination de Karim Saïd intervient dans un contexte où les attentes du FMI et des bailleurs internationaux sont de plus en plus pressantes. Al Liwa’ (28 mars 2025) précise que le Fonds a salué la désignation d’un gouverneur, après plusieurs mois de vacance, tout en soulignant que cette étape devait s’accompagner d’un plan de restructuration bancaire et d’une réforme de la loi sur le secret bancaire. Le journal évoque aussi les conditions posées par le FMI : transparence, audit des banques, et définition claire des responsabilités dans les pertes accumulées.
Al Akhbar (28 mars 2025) indique que les partenaires européens, notamment la France, ont appelé à une réactivation du plan de relance économique en suspens, condition préalable à l’ouverture de lignes de crédit supplémentaires. Le président Joseph Aoun, dans ses entretiens à Paris (Al Sharq, 28 mars 2025), a présenté la nomination de Saïd comme un « signal de sérieux », tandis que plusieurs diplomates français auraient exigé un calendrier précis de mise en œuvre des réformes.
Les États-Unis, pour leur part, suivent de près le dossier bancaire. Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) mentionne que Washington considère le choix du gouverneur comme un test politique et éthique : les prochaines décisions de Saïd devront prouver qu’il ne protège ni les anciens réseaux clientélistes, ni les grandes fortunes impliquées dans la fuite des capitaux.
Réformes financières : levée du secret bancaire et gestion des pertes
Parmi les premières mesures attendues figure la réforme de la loi sur le secret bancaire, considérée comme un obstacle à la transparence du système. Selon Al Joumhouriyat (28 mars 2025), le gouvernement a approuvé un projet d’amendement destiné à faciliter les enquêtes sur les transferts illégaux de fonds et les pratiques de dissimulation fiscale. Cette réforme, appuyée par la Banque mondiale, est aussi vue comme un outil de restauration de la confiance des déposants.
Par ailleurs, la question du partage des pertes bancaires reste au cœur du débat. Al Akhbar cite des propos tenus lors de la séance ministérielle où certains ministres ont interpellé Karim Saïd sur sa position quant à la responsabilité des banques dans la crise. Saïd aurait affirmé que « le droit de propriété est garanti par la Constitution » et que toute solution doit respecter l’article 15, ce qui semble exclure une contribution directe des établissements financiers aux pertes accumulées.
Cette position a suscité des critiques. Des membres du gouvernement, rapporte Al Liwa’, ont exprimé leur crainte que le nouveau gouverneur ne protège les banques au détriment des déposants. Des ONG locales demandent la publication intégrale des audits bancaires et la mise en place d’un fonds d’indemnisation pour les petits épargnants.
Banques, inflation et perspectives à court terme
Le secteur bancaire reste fragilisé. Aucun indicateur de retour à la confiance ne s’est confirmé. Nida’ Al Watan (28 mars 2025) précise que plusieurs établissements majeurs continuent de fonctionner avec des restrictions informelles sur les retraits, tandis que les mécanismes de conversion entre livre libanaise et dollar restent opaques. La valeur de la livre, bien que stabilisée autour de 89 000 L.L. pour 1 USD, reste sujette à de fortes pressions en raison de l’absence d’une politique monétaire lisible.
Les taux d’inflation restent élevés, bien qu’en légère baisse. Selon Al Akhbar, l’inflation annuelle s’établit à 87 %, contre 101 % un an plus tôt, principalement en raison de la relative stabilité du taux de change. Toutefois, les prix de l’alimentation et de l’énergie continuent d’augmenter. Le pouvoir d’achat des ménages s’érode et les aides sociales, même réactivées avec l’appui du Programme alimentaire mondial, restent insuffisantes.
Dans ce contexte, les experts économiques cités dans Al Liwa’ estiment que l’impact de la nomination du nouveau gouverneur dépendra de sa capacité à relancer la confiance. Des réformes techniques sont nécessaires, mais elles doivent être accompagnées d’un rétablissement du dialogue politique, sans quoi aucune mesure ne pourra inverser la dynamique de la crise.
Justice : controverses judiciaires, nominations sensibles et enquêtes en suspens
La justice libanaise traverse une phase critique où les enjeux de transparence, les pressions politiques et les nominations contestées s’entremêlent. Le 28 mars 2025, les journaux libanais se sont penchés sur plusieurs affaires reflétant les difficultés structurelles de l’appareil judiciaire. Le rôle du Conseil supérieur de la magistrature, les interventions de l’exécutif dans la nomination de postes clés, les contentieux liés à la corruption et les lenteurs dans les dossiers d’enquête emblématiques illustrent une justice à la fois fragilisée et instrumentalisée.
Nominations au sein du pouvoir judiciaire : entre équilibre politique et remise en cause de l’indépendance
La nomination de nouveaux responsables dans la hiérarchie judiciaire a été largement couverte par les journaux. Al Sharq (28 mars 2025) rapporte la désignation de Samir Al Hajjar comme procureur général de la République, une décision prise en Conseil des ministres en parallèle à d’autres nominations, notamment celle de Karim Saïd à la Banque centrale. Cette nomination n’a pas fait l’unanimité au sein de l’exécutif : certains ministres ont évoqué un manque de concertation, tandis que d’autres y ont vu une volonté de reprendre la main sur les enquêtes sensibles.
Al Joumhouriyat (28 mars 2025) et Ad Diyar (28 mars 2025) soulignent que ces nominations, bien que conformes aux procédures légales, ont été décidées selon des logiques de quotas communautaires et d’équilibre politique plus que sur la base de critères de compétence ou d’ancienneté. Le journal indique que cette pratique compromet la perception d’indépendance du pouvoir judiciaire, alimentant la défiance populaire. Des juristes cités dans Al Akhbar (28 mars 2025) dénoncent une « répartition politisée de la justice » et appellent à la création d’un organe indépendant de nomination.
Par ailleurs, Nida’ Al Watan (28 mars 2025) s’interroge sur les intentions réelles de ces changements, soupçonnés de répondre à une volonté de bloquer certaines procédures sensibles, notamment celles impliquant des figures politiques ou bancaires. Le journal évoque des pressions exercées sur le Conseil supérieur de la magistrature afin d’accélérer ou de suspendre certains dossiers, illustrant l’absence de garantie réelle d’autonomie judiciaire.
Dossiers en suspens : corruption, port de Beyrouth, fonds détournés
La lenteur des procédures dans plusieurs affaires emblématiques continue d’alimenter les critiques. Al Liwa’ (28 mars 2025) s’intéresse au dossier du port de Beyrouth, toujours bloqué malgré la nomination successive de plusieurs juges d’instruction. Les familles des victimes continuent d’exiger la levée des immunités parlementaires, mais se heurtent à un mur institutionnel. Aucun nouveau développement judiciaire n’a été annoncé malgré les promesses répétées d’aboutissement « imminent ».
Al Akhbar (28 mars 2025) évoque également les enquêtes sur les transferts illégaux de capitaux et les circuits de corruption bancaire. Selon le journal, plusieurs rapports confidentiels de la Banque du Liban ont été transmis au parquet, sans suite judiciaire concrète à ce jour. Des ONG spécialisées dans la lutte contre la corruption, comme Legal Agenda, pointent l’absence d’instruction sérieuse sur les cas documentés depuis 2020.
Parallèlement, le dossier des biens confisqués et des avoirs publics détournés reste flou. Al Joumhouriyat note que le ministère de la Justice aurait réclamé un état actualisé des procédures en cours, sans que les juridictions compétentes ne transmettent les informations demandées. Cette opacité renforce les suspicions de blocage volontaire ou d’absence de moyens logistiques et humains pour traiter les dossiers.
Défis structurels : grèves des magistrats, manque de moyens et pressions politiques
Outre les controverses liées aux nominations, plusieurs journaux relèvent l’épuisement du système judiciaire. Nida’ Al Watan (28 mars 2025) et Al Liwa’ mentionnent les mouvements de grève intermittents menés par les magistrats, en protestation contre le gel de leurs salaires en raison de la crise monétaire et du manque de ressources logistiques. Des dizaines de tribunaux fonctionnent au ralenti, voire sont fermés, faute d’électricité, de personnel administratif ou de budget pour les déplacements des juges.
Al Akhbar dresse un tableau sombre de la situation : des dossiers s’accumulent sans traitement, les audiences sont systématiquement reportées et les décisions exécutoires ne sont plus appliquées dans certains cas, faute d’huissiers disponibles. Cette paralysie partielle affecte autant les affaires civiles que pénales, et favorise le développement d’une justice informelle parallèle, notamment dans les zones rurales.
Les pressions politiques sur les magistrats complètent ce tableau. Al Joumhouriyat évoque des interventions répétées de responsables gouvernementaux pour ralentir ou orienter certaines décisions judiciaires. Plusieurs juges auraient même demandé leur mutation pour échapper à ces influences. Cette situation mine l’image d’impartialité et de professionnalisme du corps judiciaire, déjà fragilisé par les clivages communautaires.
Société : fractures sociales, insécurité, et gestion des crises humanitaires
Les articles publiés dans la presse libanaise du 28 mars 2025 révèlent une société en proie à de multiples tensions. Crise humanitaire au Sud, précarité économique persistante, tensions confessionnelles, et sentiment d’abandon dans plusieurs régions structurent un paysage social dominé par l’insécurité et la défiance envers les institutions. Les journalistes donnent la parole à des témoins du quotidien, en particulier dans les zones affectées par les frappes israéliennes, où la vie est rythmée par l’attente, l’exode et l’absence de perspectives.
Vivre sous les bombes : le Sud en état d’alerte permanent
La population du Sud du Liban continue de subir les conséquences des opérations militaires israéliennes. Al Quds (28 mars 2025) rapporte la mort de six civils à Barachit et Yater, parmi lesquels un adolescent et une femme âgée. La multiplication des frappes, combinée à l’usage de drones et à des raids ciblés, a renforcé le climat de terreur dans les localités frontalières. Selon les autorités sanitaires, citées par Al Quds, les infrastructures de santé sont débordées, les évacuations difficiles, et les blessés ne peuvent être pris en charge rapidement.
Le journal évoque également la situation des écoles, dont plusieurs ont été fermées en raison des bombardements répétés. Les cours sont interrompus, et l’enseignement à distance est quasiment impossible dans les zones rurales. Cette déscolarisation forcée accentue les inégalités régionales et renforce le sentiment d’abandon chez les habitants du Sud.
Al Akhbar (28 mars 2025) souligne que de nombreuses familles ont quitté leurs villages, trouvant refuge dans des écoles ou des bâtiments publics inoccupés plus au nord. Le journal rapporte que les capacités d’accueil sont dépassées, et que l’aide publique est largement insuffisante. L’État libanais n’a pas encore mis en place de cellule de crise dédiée, laissant les municipalités gérer seules l’urgence humanitaire.
Précarité économique et tensions communautaires : des foyers sociaux à risque
Au-delà du Sud, la crise économique alimente une insécurité sociale généralisée. Nida’ Al Watan (28 mars 2025) met en lumière la situation dans la Békaa et le Akkar, où l’absence de services publics et l’inflation aggravent les tensions. Le journal cite plusieurs habitants affirmant ne plus pouvoir accéder aux soins de santé de base ou se procurer des médicaments vitaux. Les centres médicaux sont désertés faute de personnel, et les pharmacies confrontées à des ruptures d’approvisionnement chroniques.
Al Liwa’ (28 mars 2025) revient sur la hausse des cambriolages et des actes de délinquance dans la banlieue sud de Beyrouth et à Tripoli. Des cas d’extorsion, de vols à main armée et d’agressions ont été rapportés, souvent liés à des groupes structurés opérant dans un vide sécuritaire. La population accuse les autorités de négligence et les forces de l’ordre d’inaction. Des commerçants interrogés affirment payer des « contributions » à des groupes locaux pour garantir la sécurité de leurs biens.
Parallèlement, Al Akhbar souligne que les tensions communautaires n’ont pas disparu, notamment autour de la distribution de l’aide alimentaire et de l’accès au logement. Le journal rapporte que certaines familles réfugiées du Sud sont confrontées à des refus d’accueil dans des quartiers considérés comme proches d’un autre bord politique ou confessionnel. Des ONG locales dénoncent cette fragmentation du tissu social, qui affaiblit les capacités de résilience collective.
Crise des réfugiés syriens : stigmates persistants et instrumentalisation
Le dossier des réfugiés syriens reste au cœur des débats sociaux. Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) revient sur les discussions entre les ministres libanais et syriens à Jeddah, qui ont abordé le sujet de la réadmission des réfugiés. Mais sur le terrain, la situation reste tendue. Plusieurs articles font état d’expulsions informelles de familles syriennes à Zahlé, Tripoli et Nabatiyeh, souvent sans décision judiciaire ni suivi humanitaire.
Al Liwa’ (28 mars 2025) mentionne une série d’interpellations effectuées par les forces de sécurité dans le nord du pays, visant officiellement à vérifier les identités, mais perçues comme des opérations de pression destinées à favoriser les départs volontaires. Ces pratiques sont dénoncées par Human Rights Watch et plusieurs associations locales.
Des articles de Nida’ Al Watan et d’Al Akhbar rapportent également des tensions entre les populations hôtes et les réfugiés, notamment sur le marché du travail informel. La précarité croissante alimente les accusations de concurrence déloyale, tandis que le discours politique dominant tend à désigner les Syriens comme responsables partiels de l’effondrement des services publics.
Santé mentale et détresse psychologique : les invisibles de la crise
Plusieurs articles évoquent les conséquences psychologiques de cette crise multidimensionnelle. Al Joumhouriyat (28 mars 2025) rapporte une hausse préoccupante des tentatives de suicide chez les jeunes adultes, notamment dans les régions les plus affectées par la pauvreté. Le journal s’appuie sur des données de cliniques privées et d’associations de soutien psychologique, qui signalent une multiplication des cas de détresse sévère, sans possibilité de prise en charge.
Le manque de structures spécialisées, combiné à la stigmatisation des troubles mentaux, limite l’accès aux soins. Le journal cite une psychologue à Saïda qui témoigne : « Nous recevons des jeunes de 15 à 25 ans avec des symptômes de dépression aiguë, d’anxiété généralisée, et parfois d’idées suicidaires, mais nous n’avons pas les outils pour les aider durablement ».
Al Akhbar mentionne que des projets pilotes de soutien psychosocial ont été lancés par l’UNICEF et l’UNHCR, notamment dans des écoles de la Békaa, mais que leur portée reste limitée. Les associations réclament la création d’un plan national de santé mentale, adapté aux réalités locales et doté de financements pérennes.
Culture : actualité musicale en effervescence et retour médiatisé de Dounia Batma
Le paysage culturel libanais tel que reflété dans les journaux du 28 mars 2025 s’anime principalement autour de la scène musicale, marquée par une série de concerts prévus dans les prochains jours à travers le pays, et par le retour très médiatisé de la chanteuse marocaine d’origine libanaise Dounia Batma. Cette actualité, bien que concentrée sur la musique, confirme que le Liban maintient une certaine vitalité artistique malgré les crises. Elle témoigne également du poids symbolique de la chanson populaire dans l’expression identitaire libanaise.
Dounia Batma : retour sur scène après une année de silence judiciaire
Le quotidien Al Quds (28 mars 2025) met en lumière le retour de Dounia Batma, artiste marocaine aux origines libanaises, qui fait l’objet d’une nouvelle couverture médiatique après avoir purgé une peine d’un an de prison. L’article relate que Batma, connue pour sa participation à Arab Idol et son attachement au répertoire arabe classique, a annoncé sa réapparition sur la scène artistique à travers un nouveau projet musical. Le journal ne précise pas les dates ni les lieux de ses futurs concerts, mais mentionne une intention de reprendre contact avec son public libanais.
Dans ses premières déclarations, rapportées par Al Quds, Batma évoque cette période comme un moment d’introspection : « J’ai traversé des épreuves difficiles, mais je reviens avec des chansons inspirées de la douleur et de la résilience. » Cette annonce suscite un débat sur la place des figures artistiques controversées dans la sphère publique. Certains la soutiennent comme une artiste talentueuse injustement stigmatisée, tandis que d’autres questionnent la légitimité d’un retour sans remise en cause claire des faits passés.
Ce retour soulève également des interrogations sur les mécanismes de réintégration médiatique, et sur le lien entre notoriété artistique et crédibilité morale. Dounia Batma, qui bénéficie encore d’un public fidèle au Liban, semble capitaliser sur cet attachement transfrontalier pour redémarrer sa carrière.
Une programmation musicale dense : hôtels, palaces et salles de concerts mobilisés
Contrairement à ce que laissaient présager les éditions précédentes, plusieurs journaux annoncent une série de concerts qui auront lieu à la fin mars et au début avril dans différentes régions du Liban. Cette effervescence témoigne d’un redémarrage partiel de l’activité culturelle, centrée pour l’instant sur la musique de divertissement et les grandes voix de la scène arabe.
Al Quds (28 mars 2025) et Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) rapportent que le chanteur Joe Ashkar donnera un concert à Beyrouth le 31 mars, avant de se produire au Caire le 1er avril. Le choix d’un double concert entre la capitale libanaise et une grande métropole arabe reflète la volonté des artistes de renouer avec une visibilité régionale. Ashkar, figure bien connue du répertoire pop libanais, attire un public fidèle et bénéficie du soutien des grandes chaînes musicales arabes.
Un autre événement musical majeur est annoncé à Tabarja : le chanteur égyptien Hani Shaker, ancien président du Syndicat des musiciens en Égypte, est attendu pour un concert à l’occasion du deuxième jour de l’Aïd al-Fitr. Ce choix s’inscrit dans une tradition festive où les hôtels de luxe libanais accueillent des artistes arabes pour des spectacles familiaux. Tabarja, située sur la côte nord, demeure une destination culturelle et touristique importante.
Toujours selon Al Quds, un concert conjoint du jeune chanteur Wadih El Safi Jr. (petit-fils du légendaire Wadih El Safi) et de l’artiste Majd Chahine est programmé au Plaza Palace, salle prestigieuse connue pour son ancrage dans la promotion de la chanson libanaise classique. Ce spectacle entend rendre hommage au patrimoine musical tout en lui insufflant une lecture contemporaine.
Al Sharq Al Awsat ajoute à cette liste les noms de Assi El Hallani, Melhem Zein et Ziad Bourji, qui seront à l’affiche dans divers établissements de la capitale et de la montagne durant les jours fériés. Ces artistes, représentants de la variété libanaise populaire, incarnent un attachement fort aux rythmes traditionnels, aux paroles sentimentales et à une esthétique scénique généreuse.
Le rôle central de la musique dans la résilience libanaise
L’importance accordée à ces événements musicaux dans les pages culturelles, même brèves, reflète un élément constant du paysage culturel libanais : la musique comme espace de résistance symbolique. Dans un contexte de crise prolongée, les concerts deviennent des moments de pause, de rassemblement et de célébration d’une identité collective souvent mise à mal. Ils permettent aussi le maintien d’une économie culturelle, même fragile, mobilisant producteurs, musiciens, techniciens et personnels d’accueil.
Les choix artistiques observés — entre patrimoine (Wadih El Safi Jr.), variété (Joe Ashkar, Melhem Zein), ouverture régionale (Hani Shaker), et figures médiatiques (Dounia Batma) — illustrent la diversité des goûts du public libanais, mais aussi la stratégie des organisateurs de toucher plusieurs générations et sensibilités. Cette programmation ciblée favorise également la fréquentation des établissements hôteliers et restaurants, contribuant à une relance partielle du secteur touristique.
Le soutien à ces concerts par des chaînes satellitaires arabes ou des sponsors régionaux, bien que peu détaillé dans les articles, indique un modèle de financement mixte, entre capital privé, diaspora et réseaux transnationaux. Le public, quant à lui, répond présent dès lors que l’offre musicale est variée et conforme aux standards de qualité attendus.
Sport : actualité internationale dominée par les transferts, les hommages et les qualifications mondiales
Les pages sportives des journaux arabes du 28 mars 2025, accessibles dans la presse libanaise, témoignent d’une couverture quasi exclusivement tournée vers les grandes scènes internationales, en l’absence de résultats ou de faits marquants relatifs aux athlètes ou équipes libanaises. Trois thématiques se dégagent nettement : les rumeurs de transfert touchant des figures du football européen, les hommages rendus à des personnalités sportives disparues, et les résultats des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 dans la zone asiatique. L’ensemble de ces contenus reflète l’intérêt du lectorat pour les dynamiques mondiales du sport, dans un contexte de relative invisibilité du sport libanais dans l’actualité nationale.
Football international : vers un départ d’Alexander-Arnold de Liverpool ?
Dans son édition du 28 mars 2025, Al Sharq Al Awsat consacre une pleine page aux dernières rumeurs de transfert autour du défenseur anglais Trent Alexander-Arnold, actuellement à Liverpool. Selon les informations rapportées par le journal, le Real Madrid aurait formulé une offre préliminaire pour enrôler le joueur lors du mercato estival 2025. Ce transfert serait évalué à environ 80 millions d’euros, bien que les négociations restent informelles à cette date.
Le quotidien rappelle que l’arrière droit anglais, formé à Liverpool, est l’un des cadres de l’effectif et jouit d’un statut particulier au sein du club, du fait de ses performances mais aussi de son attachement affectif à la ville. Toutefois, les changements d’entraîneur et l’évolution des ambitions sportives du club auraient contribué à nourrir des incertitudes quant à son avenir.
Le Real Madrid, de son côté, cherche à renouveler sa ligne défensive après le départ annoncé de Dani Carvajal. Alexander-Arnold, par son profil technique et sa capacité à se projeter en attaque, correspond aux besoins du club espagnol, notamment dans une perspective de renforcement en Ligue des champions. Le journal cite des sources proches du club madrilène qui affirment que ce transfert s’inscrit dans une stratégie plus large de reconstruction, intégrant également l’arrivée prévue de Kylian Mbappé et le retour d’Endrick en provenance du Brésil.
Le cas Alexander-Arnold illustre la dynamique constante du marché européen, où les joueurs phares font l’objet de surenchères et d’intérêts croisés entre les clubs de Premier League, de Liga et de Serie A. Pour les lecteurs libanais, ces mouvements restent un sujet de passion et de débat, comme en témoigne la large couverture médiatique dont ils bénéficient.
Disparition de Jamal Menad : hommage du monde arabe à un joueur emblématique
Al Quds (28 mars 2025) publie un article hommage à Jamal Menad, ancienne gloire du football algérien, décédé à l’âge de 61 ans. L’ancien attaquant, célèbre pour ses performances durant la Coupe d’Afrique des nations de 1990 remportée par l’Algérie à domicile, est salué comme un symbole d’une génération dorée du football maghrébin. Le journal revient sur son parcours, de ses débuts au CR Belouizdad à son passage remarqué dans le championnat portugais, avant de devenir entraîneur.
La disparition de Menad a suscité de nombreuses réactions dans le monde du football. Gianni Infantino, président de la FIFA, a exprimé ses condoléances dans un communiqué officiel, rappelant que « Jamal Menad représentait les valeurs du sport africain et de la passion populaire ». Plusieurs fédérations arabes, dont celles du Maroc, de Tunisie et d’Égypte, ont également rendu hommage à sa mémoire.
L’article souligne que le décès de Menad intervient dans un contexte de regain d’intérêt pour les figures historiques du football africain et arabe, souvent reléguées à la marge dans les grandes narrations sportives internationales. Sa trajectoire rappelle l’importance des carrières construites en dehors des circuits européens dominants, et leur impact dans la construction d’un imaginaire footballistique régional.
En Algérie, des discussions ont été engagées pour renommer une enceinte sportive à son nom, notamment le stade de son club d’origine, en reconnaissance de son apport à la discipline. Cette initiative, saluée par la presse sportive algérienne, illustre le rôle mémoriel du sport dans les processus de transmission collective.
Éliminatoires asiatiques pour la Coupe du monde 2026 : avancée stratégique des équipes du Golfe
Les journaux Al Sharq Al Awsat (28 mars 2025) et Al Quds rapportent les résultats des éliminatoires asiatiques pour la Coupe du monde 2026, notamment ceux des équipes du Golfe. L’Arabie saoudite s’est imposée face à l’Ouzbékistan (2-0) à Riyad, consolidant sa première place dans son groupe. Les buts ont été inscrits par Salem Al-Dawsari et Firas Al-Buraikan, deux joueurs qui évoluent dans le championnat local et incarnent la génération post-Qatar 2022.
Le journal insiste sur la maturité tactique de l’équipe saoudienne, désormais encadrée par l’entraîneur italien Roberto Donadoni, dont l’approche plus défensive semble convenir à l’effectif. Le sélectionneur a félicité ses joueurs en conférence de presse, soulignant leur discipline collective et leur capacité à maîtriser le rythme du jeu.
De son côté, le Qatar a battu l’Inde sur le score de 3-1, avec un doublé de Akram Afif, qui continue d’être la figure de proue de l’équipe nationale. La fédération qatarie a salué les progrès réalisés depuis la dernière Coupe du monde et vise désormais une qualification directe sans passer par les barrages.
L’Irak a arraché un match nul (1-1) contre la Corée du Sud à Bagdad, dans un match tendu où l’arbitrage vidéo a été longuement sollicité. Al Sharq Al Awsat note que l’Irak, souvent instable sur le plan organisationnel, parvient malgré tout à se maintenir dans la course grâce à une défense solide et des performances notables de jeunes joueurs formés localement.
Aucune mention n’est faite de la sélection libanaise dans les articles consultés, ce qui laisse à penser que soit elle n’a pas disputé de match durant cette phase, soit ses résultats n’ont pas eu de répercussion significative dans la presse régionale.