Hier, lors de sa première rencontre avec le conseil d’administration de l’Association des banques, le gouverneur de la Banque du Liban, Karim Souaïd, a clarifié sa feuille de route pour restaurer la confiance et la stabilité du secteur bancaire, tout en préservant l’indépendance de l’institution centrale.
Une relation purement commerciale
Selon Al Akhbar, Karim Souaïd a insisté sur le fait que les interactions entre la Banque du Liban et les banques commerciales relèvent exclusivement de mécanismes commerciaux, sans ingérence directe de l’État ni du Fonds monétaire international. Il a ainsi affiché sa volonté de dissocier :
- Les pertes accumulées par le secteur bancaire, qui seront traitées au sein d’un cadre de restructuration dédié.
- La dette souveraine de l’État, dont le plan de remboursement ne sera pas corrélé à la situation de la Banque du Liban, afin d’éviter toute injonction des détenteurs d’Eurobonds visant la saisie des réserves d’or.
Réduction du volume des dépôts
Toujours d’après Al Akhbar, le gouverneur prépare un plan pour réduire le stock de dépôts en contrainte, en combinant :
- Un réexamen des intérêts élevés versés jusque-là aux banques, avec possibilité de récupérer une large part de ces créances.
- L’augmentation du plafond de retraits, permettant de restituer une partie des fonds aux ménages et de relancer l’activité économique.
Ces mesures devraient être mises en œuvre via des circulaires internes et, potentiellement, des montages financiers similaires à ceux employés par l’ancienne gouvernance, sans pour autant remettre en question l’indépendance de la Banque du Liban.
Capitalisation et liquidité comme critères de survie
Karim Souaïd a écarté la théorie d’une « banque bonne » et d’une « banque mauvaise », affirmant que chaque établissement dispose d’un passé, d’un présent et d’un avenir. Pour « vivre », chacune devra satisfaire aux nouvelles exigences de capitalisation, garantir sa liquidité et se conformer aux normes prudentielles fixées par la Banque du Liban.
Partenariat avec Ancora
Par ailleurs, la délégation de l’Association des banques était accompagnée d’un représentant d’Ancora, firme internationale spécialisée dans la restructuration de dettes souveraines, chargée de négocier avec l’État la renégociation des Eurobonds et le traitement des placements bancaires auprès de la Banque du Liban.
Ce positionnement, rapporté par Al Akhbar, illustre la volonté de combiner expertise internationale et pilotage interne pour sortir progressivement le secteur bancaire de l’impasse tout en préservant la souveraineté monétaire.