Un tournant militaire manqué à Khan Younès
Au cœur de la bande de Gaza, Khan Younès est redevenue en mai 2025 l’épicentre d’un conflit militaire qui dépasse désormais ses propres frontières. Selon Al Bina’ (20 mai 2025), une opération terrestre israélienne, conduite avec pour objectif déclaré la capture d’un haut responsable de la résistance palestinienne, s’est soldée par un revers sévère : échec tactique, pertes humaines, retrait précipité. L’armée israélienne y aurait perdu un officier de rang, selon les informations confirmées par des sources militaires relayées par le quotidien.
L’opération, menée dans un contexte de pressions politiques croissantes sur le gouvernement israélien, marque une rupture symbolique : elle démontre les limites de l’approche militaire unilatérale adoptée depuis octobre 2023. Pour les rédactions de Al Akhbar et Al Bina’, cet échec illustre non seulement l’adaptabilité des groupes armés palestiniens, mais aussi leur capacité croissante à coordonner des ripostes, notamment à travers des tirs de roquettes, des embuscades et des tunnels offensifs.
Une résistance palestinienne renforcée et structurée
À en croire les analyses de Al Bina’, la force des opérations menées par les factions palestiniennes repose désormais sur une infrastructure semi-militaire souterraine sophistiquée et sur une logistique de communication perfectionnée. Le journal parle d’une « guerre de nerfs et de mobilité », où les groupes locaux refusent l’affrontement frontal mais sapent progressivement l’élan israélien par une guérilla méthodique.
Le renforcement de la coordination inter-factions, notamment entre les Brigades Ezzedine al-Qassam et le Jihad islamique, est souligné à plusieurs reprises dans les éditions du jour. Ces groupes, malgré des différences idéologiques, semblent avoir établi une chaîne de commandement fluide, permettant des réponses rapides aux offensives israéliennes.
Gaza dévastée : 92 % des infrastructures détruites
Mais cette résistance a un coût humain et matériel vertigineux. Ad-Diyar (20 mai 2025) cite des chiffres accablants fournis par l’UNRWA : 92 % des structures résidentielles de Gaza sont soit détruites, soit gravement endommagées. Près de 436 000 unités d’habitation sont considérées comme inhabitables. L’organisation humanitaire met en garde contre un effondrement complet du système de santé, de la distribution d’eau potable, de l’assainissement et de la collecte des déchets.
Al Akhbar (20 mai 2025) va plus loin : le journal évoque une situation de « nettoyage ethnique progressif », reprenant les termes employés par plusieurs ONG et rapporteurs indépendants. Le mot « génocide » est utilisé dans les colonnes de Al Bina’ avec une intensité nouvelle, illustrant un basculement dans la perception du conflit au sein d’une partie de la presse arabe.
Une opinion israélienne fragmentée, un pouvoir en difficulté
Sur le front intérieur israélien, les signes de lassitude s’accumulent. Ad-Diyar (20 mai 2025) évoque un effondrement du soutien populaire au gouvernement de Benyamin Netanyahou, affaibli par la durée du conflit et par l’absence de résultats tangibles. Des manifestations ont eu lieu à Tel Aviv, selon le journal, réclamant une trêve humanitaire immédiate et une révision stratégique du leadership militaire.
L’opposition parlementaire israélienne, à travers certaines figures du centre-gauche, a demandé une commission d’enquête sur les dernières opérations à Khan Younès et sur la gestion globale du conflit. Pour Al Bina’, il ne fait plus de doute que le « front intérieur israélien est fissuré », ce qui pourrait se traduire par une instabilité politique plus marquée dans les mois à venir.
Le conflit s’élargit : le Yémen entre en scène
Parallèlement, le conflit s’étend au-delà de ses frontières immédiates. Le 20 mai, les Houthis du Yémen revendiquent l’ajout du port israélien de Haïfa à leur liste de cibles stratégiques. Ils avaient déjà visé, depuis janvier, Tel Aviv, Eilat et l’aéroport Ben Gourion. Cette information, relayée par Al Bina’, marque une régionalisation du conflit sans précédent depuis la guerre de 2006 au Liban.
L’envoi de missiles à longue portée et de drones kamikazes vers Israël depuis le territoire yéménite illustre une dynamique de coalition militaire asymétrique qui dépasse le cadre palestinien. Pour Ad-Diyar, cette implication montre que « la cause palestinienne n’est plus seulement nationale, mais transnationale », portée par une logique de confrontation élargie entre Israël et l’axe dit de la résistance, qui comprend désormais de manière explicite le Yémen.
Division croissante au sein du bloc occidental
Face à cette extension du conflit, le positionnement des puissances occidentales semble en pleine recomposition. Al Bina’ (20 mai 2025) souligne que pour la première fois, des responsables européens évoquent ouvertement une révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, en raison des violations présumées du droit humanitaire. L’Allemagne et l’Espagne mènent les discussions en coulisse, alors que la France appelle à une « pause humanitaire immédiate ».
Aux États-Unis, la ligne officielle de soutien à Israël reste de mise, mais des voix dissidentes se font entendre au sein même de l’administration. Selon Ad-Diyar, une partie du Congrès fait pression sur la Maison-Blanche pour conditionner l’aide militaire américaine à une enquête sur les frappes ayant touché des écoles et des hôpitaux à Gaza.
Des mobilisations populaires ont lieu dans plusieurs capitales occidentales. À Londres, Paris et New York, des manifestations appellent à un cessez-le-feu permanent. Pour Al Akhbar, cette pression populaire pourrait « entraîner un virage diplomatique inédit, si elle continue à croître au rythme actuel ».
Trump, Poutine, et le retour du bilatéralisme stratégique
Au sommet de la hiérarchie mondiale, des signaux indiquent un retour du bilatéralisme stratégique. Al Bina’ rapporte qu’un échange téléphonique a eu lieu entre Donald Trump et Vladimir Poutine autour de la situation au Proche-Orient. Cette discussion, selon le journal, témoigne d’une tentative conjointe d’éviter une escalade incontrôlable qui impliquerait l’Iran, le Hezbollah, le Yémen et potentiellement la Syrie.
La Russie, déjà très présente dans la région via son implantation en Syrie, adopte un rôle de médiateur actif, tandis que les États-Unis voient leur influence reculer, notamment dans le Golfe. Al Bina’ indique que « la perte de centralité de Washington dans la gestion des équilibres moyen-orientaux est désormais visible, y compris chez ses alliés ».