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La séance du 21 octobre au Parlement : obligation constitutionnelle, joutes politiques et calculs électoraux

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Un rendez-vous inscrit dans la Constitution

La séance du 21 octobre au Parlement a été fixée comme une date d’obligation constitutionnelle. Elle ouvre le contrat ordinaire d’automne prévu à l’article 32, qui impose la reprise des travaux législatifs et l’examen du budget. Dans les couloirs du Parlement, les préparatifs s’intensifient depuis plusieurs jours. Le président de la Chambre, Nabih Berri, a tenu à rappeler que cette convocation n’était pas une faveur politique, mais « une exigence du texte constitutionnel que nul ne peut suspendre ou différer ». Cette phrase, répétée plusieurs fois devant les journalistes parlementaires, vise à verrouiller le débat sur l’opportunité de la tenue de la séance.

Le chef de l’État, Joseph Aoun, a validé la démarche. Il a insisté sur la « nécessité de respecter les échéances prévues par la Constitution » et de préserver le fonctionnement des institutions dans un climat de « discipline et de continuité ». Dans une note adressée à ses conseillers, il a souligné que le pays ne pouvait « se permettre le luxe d’un vide institutionnel à un moment où les crises économiques et sociales atteignent leur seuil critique ». La présidence de la République cherche à afficher une image d’ordre et de stabilité, même minimale, au moment où l’attention du public reste tournée vers la situation régionale.

Le chef du gouvernement, Nawaf Salam, a, lui aussi, voulu replacer la séance dans le cadre des institutions. Lors d’une rencontre avec la presse à la Saraya, il a précisé que le gouvernement « est prêt à coopérer pleinement avec la Chambre », et que la coordination entre les deux pouvoirs « doit rester un modèle de respect mutuel, même en période d’opposition politique ». Derrière cette formule prudente se lit une volonté de maintenir un ton de modération, alors que certains députés de l’opposition dénoncent une absence de vision sur la réforme électorale.

Le symbole d’une continuité institutionnelle

Les réunions entre Baabda, Ain el-Tineh et la Saraya se sont multipliées dans les jours précédant la séance. Le ton a été mesuré mais ferme. Le président du Parlement a martelé devant ses interlocuteurs : « Le 21 octobre n’est pas une option. C’est un devoir. » Cette phrase, reprise par plusieurs médias, a servi de signal politique clair à ceux qui envisageaient de boycotter la séance. Les responsables parlementaires ont d’ailleurs noté une convergence de vue inhabituelle entre les trois présidences, chacune consciente qu’un report aurait envoyé un signal de désorganisation au moment où les institutions financières internationales exigent une visibilité politique.

Un conseiller proche de Joseph Aoun a décrit le climat des échanges avec Berri comme « pragmatique et respectueux », tout en reconnaissant des divergences sur la gestion des échéances électorales. Selon lui, « le président souhaite un Parlement actif, pas une scène de surenchère ». L’objectif est double : montrer que les institutions respectent les délais, et éviter que la session ne se transforme en affrontement politique autour du calendrier des élections.

Les lignes de fracture politiques

Sous l’apparente unité institutionnelle, les divergences demeurent profondes. Les blocs parlementaires se divisent sur la lecture à donner à cette séance. Pour la majorité, il s’agit d’une reprise normale du cycle législatif ; pour l’opposition, elle marque le début d’un repositionnement en vue des élections. Samir Geagea, chef des Forces libanaises, a estimé que « le Parlement ne peut pas se contenter de se réunir pour cocher une case constitutionnelle, alors que le pays s’effondre et que la loi électorale demeure bancale ».

Du côté du Courant patriotique libre, Gebran Bassil a tenu un discours plus nuancé : « Nous participerons à la séance parce que le respect de la Constitution n’est pas négociable. Mais nous n’accepterons pas que le Parlement se limite à valider un budget sans débat ni vision. » Cette position traduit l’équilibre fragile d’un camp partagé entre le souci d’apparaître constructif et la volonté de rappeler son rôle d’opposant.

Les députés proches du Hezbollah ont, eux, insisté sur la priorité du budget. Un cadre de la formation dirigée par Naim Kassem a déclaré que « la stabilité institutionnelle passe avant toute polémique électorale ». Il a ajouté que « le pays a besoin d’une preuve que l’État fonctionne », avant de glisser que « le moment venu, le débat sur la loi électorale se fera dans les règles ».

Les calculs autour du quorum

Dans les jours précédant la séance, la question du quorum a occupé les discussions. Plusieurs blocs avaient envisagé de boycotter pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement. Mais sous la pression de leurs bases et des appels à la responsabilité, ils ont renoncé. Un député de la Békaa a reconnu que « personne ne veut être accusé d’avoir paralysé le Parlement sur une séance obligatoire ».

Le président du Parlement, conscient de la fragilité de la majorité, a multiplié les contacts pour garantir une présence suffisante. Ses conseillers ont souligné que l’objectif était d’éviter « le spectacle d’un hémicycle vide » qui aurait entaché la crédibilité institutionnelle. Dans une conversation avec des journalistes, Berri a lancé : « Je préfère une opposition bruyante à des sièges vides. » Cette phrase, devenue virale, résume la philosophie de l’ouverture de session : donner à voir un Parlement vivant, même traversé de désaccords.

Le débat sur la portée de la séance

La question de savoir si la séance du 21 octobre pouvait aborder la loi électorale a divisé les juristes. Les uns estiment qu’elle doit rester consacrée à l’ordre du jour constitutionnel — installation des commissions et budget —, d’autres soutiennent qu’aucune disposition n’interdit d’y évoquer d’autres sujets. Le président du Parlement a tranché : « L’ordre du jour est fixé, mais la parole est libre. » Cette formule ouvre la porte à des interventions politiques qui, sans figurer à l’agenda, donneront le ton de la session.

Nawaf Salam, interrogé sur le sujet, a adopté une position prudente : « Le gouvernement respecte l’indépendance de la Chambre. Les débats parlementaires relèvent de sa compétence exclusive. » Ce renvoi à l’autonomie du Parlement vise à désamorcer toute polémique sur une ingérence de l’exécutif dans la gestion de l’ordre du jour.

Le président de la République, pour sa part, a rappelé que « la Constitution fixe les cadres, mais le dialogue reste la seule voie pour en garantir l’esprit ». Cette phrase, prononcée à l’issue d’une réunion à Baabda, a été interprétée comme un appel à éviter l’escalade verbale et les invectives attendues lors de la séance.

Le spectre du débat électoral

En arrière-plan, les discussions sur la loi électorale et le vote des émigrés continuent d’alimenter les conversations. Certains députés estiment que le gouvernement cherche à gagner du temps, d’autres accusent le Parlement de bloquer les amendements. Dans les couloirs de la Chambre, on entend des phrases comme : « Ils veulent maintenir la loi telle qu’elle est pour garder le contrôle des circonscriptions. »

Un élu du Nord a déclaré que « le débat sur le vote des émigrés ne peut plus être repoussé » et qu’il « faudra trancher avant la fin de l’année pour éviter un cafouillage en 2026 ». D’autres rappellent que la priorité reste économique. Un député de la majorité a confié : « Les élections sont encore loin, mais le pain manque aujourd’hui. Le pays a besoin d’un budget avant tout. »

Ces divergences illustrent le double niveau du moment politique : la gestion des institutions d’un côté, la préparation de l’échéance électorale de l’autre.

Baabda, Ain el-Tineh et la Saraya : un triangle sous tension

Les échanges entre les trois présidences ont pris une importance stratégique. Joseph Aoun et Nabih Berri se sont parlé à plusieurs reprises, parfois par l’intermédiaire de conseillers, pour éviter les malentendus. Leurs relations, souvent décrites comme distantes, ont retrouvé un ton plus fonctionnel. Un proche du chef de l’État a confié que « les deux hommes savent qu’ils n’ont pas le luxe d’un conflit à ce stade ».

À la Saraya, Nawaf Salam joue le rôle de médiateur institutionnel. Il a déclaré lors d’un point presse : « Nous sommes tous responsables du maintien des équilibres. Le pays a besoin d’un Parlement opérationnel et d’un exécutif cohérent. » Cette phrase résume l’esprit de coordination affiché publiquement, même si les divergences persistent sur la mise en œuvre des réformes.

Un député de la majorité a résumé la situation ainsi : « Chacun veut montrer qu’il tient sa part de la Constitution, mais personne ne veut être tenu responsable d’un blocage. » Cette attitude traduit un équilibre de méfiance qui permet, paradoxalement, la tenue de la séance.

Les réactions des blocs et la stratégie des discours

Chaque formation a préparé son intervention. Les Forces libanaises comptent dénoncer la « dérive de gestion » du gouvernement et exiger des mesures rapides sur la réforme électorale. Le Courant patriotique libre prévoit un discours axé sur la défense de la souveraineté du vote et la décentralisation. Le bloc du Hezbollah mettra l’accent sur la stabilité et la lutte contre la corruption administrative.

Un député du mouvement Amal a indiqué que Nabih Berri entendait « rappeler à tous que la Constitution ne se négocie pas » et que « la seule manière de garantir la démocratie, c’est de respecter les délais qu’elle impose ». Les observateurs s’attendent à un échange vif entre les bancs de l’opposition et ceux du gouvernement, mais sans rupture du cadre parlementaire.

Une séance test pour les institutions

La séance du 21 octobre ne se résume donc pas à une formalité. Elle cristallise plusieurs lignes de force : respect du texte constitutionnel, gestion de la tension politique, et anticipation du scrutin de 2026. Dans les rangs des conseillers, l’expression qui revient le plus souvent est « épreuve de maturité ». Un haut fonctionnaire de la Chambre a confié que « si cette séance se déroule dans le calme, ce sera déjà un signal de résilience ».

Joseph Aoun, de son côté, veut inscrire la présidence dans une logique de stabilité. Il a déclaré que « le fonctionnement régulier des institutions est le premier gage de confiance à offrir aux citoyens ». Cette position, reprise dans les milieux diplomatiques, vise à projeter une image d’État discipliné, malgré les divisions politiques internes.

Nabih Berri, fidèle à son style direct, a résumé l’enjeu : « Nous avons besoin de débat, pas de vacarme. Le Parlement n’est pas un ring, c’est un devoir. » Cette phrase, simple mais dense, résume la philosophie institutionnelle du moment : entre obligation constitutionnelle et calcul politique, la séance du 21 octobre apparaît comme le point d’équilibre fragile d’un pays qui cherche à maintenir, au moins en apparence, la continuité de ses institutions.

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