Alors que les Etats-Unis devraient prochainement annoncer un nouveau train de sanctions à l’égard de personnes proches du Hezbollah, le secrétaire général du mouvement chiite, Sayyed Hassan Nasrallah a abordé la question de l’actualité libanaise, dans un discours diffusé par la chaine Al Manar.

Hassan Nasrallah a reconnu que le Liban passe par une phase délicate notamment avec la formation du prochain gouvernement. Il a également estimé que les autorités américaines préjugent mal de la réalité des évènements en cours au pays des cèdres.

“Chaque fois que des manifestations éclatent dans un certain pays, nous constatons que les Américains interfèrent rapidement et cherchent à exploiter ces manifestations d’une manière qui sert leurs propres intérêts et non ceux des manifestants”, accuse-t-il Washington.

“Ils essaient de donner au monde l’impression qu’ils orchestrent ces protestations, que ce soit vrai ou non”, estimant que les Américains voient les manifestations au Liban, en Irak et en Syrie comme des outils pour faire pression sur l’Iran.

Reconnaissant que l’instauration de nouvelles taxes étaient une erreur commise par le gouvernement précédent, le chef du Hezbollah accuse ainsi les Américains d’avoir suggéré que les manifestations dans leurs premiers jours étaient contre l’Iran, bien que personne parmi les manifestants n’ait mentionné Téhéran.

Il a poursuivi encore, notant que l’évaluation américaine des évènements actuels au Liban est erronée et de souligner que les Etats-Unis chercheront naturellement à exploiter toutes les manifestations selon leurs intérêts et non celui des libanais.

Abordant les dernières déclarations du Secrétaire d’état américain aux Affaires Etrangères, Mike Pompeo, qui avait suggéré que le problème du Liban est le Hezbollah, il estime que les remarques de Pompeo reflètent “la bêtise de l’approche américaine”.

Les États-Unis et Israël cherchaient à exploiter les protestations du Liban pour régler des comptes avec le Hezbollah et obtenir certains gains dans le dossier du pétrole et du gaz.

Concernant la crise économique, Hassan Nasrallah accuse les USA de vouloir mettre le Liban sous tutelle et estime les Libanais capables de surmonter la crise actuelle. Le secrétaire général du Hezbollah accuse également certains pays du Golfe d’être à l’origine de fausses déclarations de responsables iraniens (NDLR: comme celui d’un responsable iranien qui indiquait qu’en cas d’attaque israélienne sur l’Iran, la riposte se ferait à partir du Liban, ce responsable a démenti être à l’origine de ces propos).

Nasrallah: nous espérons qu’un Premier Ministres désigné sera nommé.

“Les consultations devraient avoir lieu lundi et nous espérons qu’un Premier Ministre désigné sera nommé”, note Hassan Nasrallah, qui estime que le processus de formation du prochain cabinet n’est pas chose aisée. Il appelle à ne plus perdre de temps quant à la désignation du prochain locataire du Grand Sérail. Il indique que le précédent gouvernement n’aurait pas du démissionner.

Le premier choix est d’aller vers un gouvernement à sens unique, allusion à un gouvernement qui ne serait pas d’union nationale comme le précédent, ce que refuse le tandem chiite Hezbollah-mouvement Amal.

Le Pacte national interdit la formation d’un gouvernement majoritaire, estime-t-il, tout gouvernement a besoin de stabilité intérieure pour pouvoir faire face à la situation économique soulignant qu’il reviendra au prochain cabinet de prendre des décisions impopulaires et qu’il pourrait faire face à d’importants mouvements socio-économiques, allusion à la crise économique que traverse actuellement le Liban.

Par ailleurs, le dirigeant du Hezbollah a indiqué qu’un gouvernement majoritaire où serait présent le mouvement chiite pourrait être décrit comme “le gouvernement du Hezbollah”.

“Tout le monde devrait être présent dans le prochain gouvernement”, estime Hassan Nasrallah, le 3ème choix étant celui d’un gouvernement d’union nationale avec la représentation la plus large. À ce sujet, il indique ne pas être opposé à un gouvernement d’union nationale dirigé par le Premier ministre Saad Hariri qui se succèderait ainsi à lui-même.

Il rappelle également que le quatrième choix était de former un gouvernement dont le premier ministre serait nommé par Hariri. Cette proposition a été rejetée à 2 reprises après les échecs de Bahij Tabbara et de Samir Khatib.

Le Premier ministre Saad Hariri doit assouplir ses conditions préalables si un gouvernement de partenariat national doit être formé avec la présence de Saad Hariri ou d’une personne nommée par lui, indique Hassan Nasrallah qui insiste également sur la présence du Courant Patriotique Libre (CPL) au sein du prochain cabinet alors que ce dernier avait exclu sa participation, il y a 2 jours.

“Un gouvernement réformiste ne représente pas nécessairement un gouvernement technocrate”, souligne-t-il

Le Hezbollah et l’AMAL n’ont pris la décision d’attaquer personne et ont déployé des efforts importants pour maîtriser la rue

Le Hezbollah et le mouvement Amal, identifié par les médias et les manifestants comme étant à l’origine de nombreux incidents à Beyrouth avec les manifestants, n’ont pris la décision d’attaquer personne et ont déployé des efforts importants pour maîtriser la rue, note le secrétaire général du Hezbollah. Il estime également que ceux qui bloquent les routes ne bénéficient d’aucune couverture.

Précédemment, Hassan Nasrallah avait salué le travail des forces de sécurité dans la réouverture des routes et appelé la population libanaise à la patience face à ces évènements.

La crise économique, une responsabilité du gouvernement sortant

Le gouvernement sortant doit assumer ses responsabilités face à la situation économique, estime Hassan Nasrallah, qui indique que pour l’heure, aucun accord n’a été trouvé sur un quelconque candidat. “Nous espérons que le personnage qui obtiendra les votes nécessaires sera désigné lundi”, note-t-il.

“Après la désignation d’un premier ministre, nous parlerons de la composition et nous négocierons et coopérerons avec le Premier Ministre désigné pour former le gouvernement”, conclu-t-il.

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