Selon le dernier rapport du World Justice Project, le Liban se classe au 108e rang sur 142 pays dans l’Indice de l’État de droit pour l’année 2024, et au septième rang parmi les dix pays arabes évalués. Ce classement montre une légère régression par rapport à 2023, où le Liban occupait la 107e place mondiale et la même position parmi les pays arabes. Cette dégradation continue dans le classement mondial et régional souligne les défis croissants auxquels fait face le Liban en matière de gouvernance et d’application de la loi.
Classement par rapport aux autres pays et évolution depuis 2014
Le Liban se situe dans la moyenne basse du classement mondial, étant légèrement mieux positionné que des pays comme El Salvador, Madagascar, et la Russie, mais moins performant que des nations telles que le Guatemala, la Biélorussie, et la Côte d’Ivoire, qui disposent pourtant d’économies de taille similaire. Par rapport aux autres pays arabes, le Liban se situe derrière des États comme la Tunisie, l’Algérie, et le Maroc, mais se place au-dessus de la Mauritanie, du Soudan, et de l’Égypte.
L’indice de 2024 montre une détérioration par rapport aux années précédentes : depuis 2014, le Liban a chuté de 28 places dans le classement mondial et d’une place parmi les pays arabes. Cette tendance reflète des faiblesses structurelles dans la mise en œuvre de l’État de droit, qui affectent la confiance des citoyens et la stabilité globale du pays.
Méthodologie et critères d’évaluation
Le World Justice Project évalue l’État de droit en agrégeant 44 sous-facteurs, regroupés en huit catégories principales : contraintes imposées aux pouvoirs du gouvernement, absence de corruption, ouverture du gouvernement, droits fondamentaux, ordre et sécurité, application des règlements, justice civile, et justice pénale. Chaque catégorie est notée sur une échelle de zéro à un, un score élevé reflétant une meilleure adhésion aux principes de l’État de droit.
L’enquête libanaise a été réalisée auprès de 1 000 participants répartis dans les principales villes du pays (Beyrouth, Saïda et Tripoli) en 2017, et les scores de 2024 indiquent une note de 0,442 pour le Liban, en baisse par rapport aux 0,447 de 2023 et aux 0,512 de 2014. Le score du Liban reste en dessous de la moyenne mondiale de 0,55 et de la moyenne arabe de 0,475.
Classement par quartiles dans les domaines clés
Dans l’analyse comparative, les pays sont divisés en quartiles selon leur performance dans chacun des huit domaines. Le Liban se trouve dans le troisième quartile pour les catégories « contraintes imposées aux pouvoirs du gouvernement » et « ordre et sécurité, » et dans le second quartile pour « absence de corruption. » Cela signifie que le pays montre des performances modérées dans certaines catégories, mais reste en retrait dans les domaines critiques liés à la justice civile et pénale, ainsi qu’à la protection des droits fondamentaux.
Implications pour le Liban
Ces résultats indiquent un recul constant de l’État de droit au Liban, ce qui pourrait avoir des répercussions sur la stabilité économique et sociale du pays. Le faible score en matière d’absence de corruption et de respect des droits fondamentaux met en évidence des lacunes structurelles qui freinent les réformes et compliquent la gouvernance. La détérioration de ces indicateurs pourrait également affecter les relations internationales du Liban, en compromettant sa crédibilité aux yeux des investisseurs et des institutions internationales.
Le Liban fait face à une période critique où la mise en œuvre de réformes institutionnelles pourrait non seulement restaurer la confiance du public, mais aussi renforcer la résilience du pays face aux crises politiques et économiques. Pour ce faire, des mesures concrètes visant à renforcer l’indépendance judiciaire, à lutter contre la corruption et à améliorer la transparence sont nécessaires pour inverser la tendance actuelle et rehausser le niveau de l’État de droit au Liban.